Pierre Pichery
1863 - 1952
Né le 14 juin 1863 à Villeny (Loir-et-Cher).
Député de Loir-et-Cher de 1902 à 1920.
Sénateur de Loir-et-Cher de 1920 à 1941.
Pierre Pichery appartenait à une vieille famille de Cour-Cheverny (Loiret-Cher) où ses ancêtres exerçaient la médecine depuis de nombreuses générations. Son père avait abandonné la tradition familiale pour étudier le droit et s'installer comme industriel non loin de son pays natal, à Villeny, où il acquit le domaine de Bonneville.
Pierre Pichery fit ses études à Paris et y demeura ensuite un certain temps, s'adonnant à des recherches d'histoire locale. Puis il revint à Villeny pour s'occuper du domaine que lui avait laissé son père. C'est ainsi qu'il fut conduit à s'intéresser aux questions agricoles et qu'il fut bientôt appelé par ses concitoyens à siéger dans les diverses assemblées locales et ensuite à les représenter au Parlement au cours d'une carrière publique fort longue qui ne connut aucune interruption.
En 1892, il entre au conseil municipal de Villeny dont il sera maire à partir de 1900. Il siège au conseil d'arrondissement de 1895 à 1897 et est élu pour la première fois conseiller général dans le canton de Neung-sur-Beuvron le 7 mai 1899. En 1902, il se présente aux élections législatives dans la circonscription de Romorantin : il est élu député le 11 mai, l'emportant de peu au second tour par 7.818 voix contre 7.240 à son concurrent Georges Martin, ancien sénateur. Pierre Pichery sera ensuite constamment réélu en rencontrant de moins en moins d'opposition.
Le 6 mai 1906, il obtient 11.382 suffrages sur 16.225 suffrages exprimés ; le 24 avril 1910, il est seul candidat et obtient 10.881 suffrages sur les 19.543 inscrits ; le 26 avril 1914, c'est par 10.792 voix sur 14.684 suffrages exprimés qu'il est réélu ; enfin, aux élections du 16 novembre 1919, il arrive en tête de la liste républicaine radicale, avec 19.089 suffrages.
Très peu de temps après cette dernière élection, il est amené à quitter la Chambre des députés - dans laquelle il a siégé pendant quatre législatures complètes - pour entrer au Sénat. Il est en effet élu sénateur de Loir-et-Cher le 11 janvier 1920, au deuxième tour de scrutin, par 317 voix sur 620 suffrages exprimés et, en conséquence, se démet de son mandat de député le 22 janvier suivant. Il sera confirmé dans son mandat sénatorial le 6 janvier 1924, au premier tour, par 517 voix sur 588 suffrages exprimés et le 16 octobre 1932, au troisième tour, par 418 voix sur 620 suffrages exprimés.
Ainsi, Pierre Pichery a représenté au Parlement son département de Loir-et-Cher, de façon continue, de 1902 à 1941, date d'expiration de son dernier mandat sénatorial. Il s'était inscrit au groupe de la gauche radicale au Palais Bourbon et, au Sénat, au groupe de la gauche démocratique radicale et radicale-socialiste, avant de devenir non-inscrit pendant les dernières années.
Comme député, il fit partie, durant la guerre de 1914-1918, de la commission des affaires extérieures et de la commission de l'armée, commissions qui lui confièrent plusieurs missions à accomplir : il se rendit, notamment, deux fois auprès de l'armée d'Orient, fit un rapport sur la Grèce et un autre sur l'accord franco-anglais relatif au statut de la Syrie, accord qui prévoyait de placer sous influence française la région pétrolifère de Mossoul. Il avait également participé aux travaux de la commission de législation fiscale depuis 1902 et présenté à ce titre plusieurs rapports.
Au Sénat, il fut membre de la commission des chemins de fer et des travaux publics, de la commission des douanes et, en 1938, de la commission des affaires étrangères. Mais les questions sociales - en particulier celles qui concernaient l'agriculture - retenaient aussi son attention : c'est ainsi qu'il déposa en 1937 une proposition de résolution relative à l'application à l'agriculture de la législation sur les allocations familiales.
Le 10 juillet 1940, à Vichy, il vota en faveur du projet de loi constitutionnelle présenté par le gouvernement du maréchal Pétain.