Jean Pierre-Bloch

1905 - 1999

Informations générales
  • Né le 14 avril 1905 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 17 mars 1999 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVIe législature
Mandat
Du 26 avril 1936 au 19 novembre 1941 *
Département
Aisne
Groupe
Socialiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Aisne
Groupe
Socialiste

* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936

Biographies

Né à Paris le 14 avril 1905.

Député de l'Aisne de 1936 à 1942. Membre de l'Assemblée Consultative provisoire d'Alger en 1943 et de Paris en 1944-1945.

Député à la première Assemblée Nationale Constituante en 1945-1946. Délégué général à l'Intérieur, du Gouvernement provisoire de 1943 à 1945.

Après avoir poursuivi ses études secondaires aux Lycées Charlemagne et Henri-IV, Jean Pierre-Bloch fait carrière dans le journalisme. Il est simultanément rédacteur au Populaire et correspondant de divers journaux de la France d'outre-mer. En 1932 la section de Laon du parti socialiste le désigne comme candidat aux élections législatives des 1er et 8 mai. Il obtient 3.424 voix au premier tour de scrutin contre 8.366 à Rillart de Verneuil (U.R.D.) et 4.864 à Bach, candidat radical. Il se désiste au second tour en faveur de ce dernier. Deux ans plus tard une élection partielle a lieu dans la même circonscription. Pierre-Bloch, de nouveau candidat, dénonce la trahison des partis de droite, les ligues fascistes, la politique de déflation. Il vient cette fois en seconde position au premier tour de scrutin et, au deuxième tour, il n'est battu par Lenain (U.R.D.) qu'à 172 voix de majorité.

Il adresse au président de la Chambre une demande d'invalidation contre son concurrent motivée par les faits suivants: vol constaté de bulletins de vote dans vingt communes du canton de Sissonne, distribution de tracts le jour du scrutin par la voie aérienne, pression patronale publique sur les électeurs. Le 11e bureau de la Chambre propose d'ouvrir une enquête et le 14 mars 1935 au cours d'un débat orageux cette conclusion, appuyée par Vincent Auriol et Georges Monnet et combattue par les députés Besse et Franklin-Bouillon est rejetée.

Peu de temps après, Pierre-Bloch est élu conseiller général de l'Aisne (canton de Marle) et, en 1935 adjoint au maire de Laon.

En 1936, il se présente de nouveau à la députation comme candidat du Front populaire. En tête au premier tour, le 26 avril, il obtient au scrutin de ballottage le 3 mai, 1.800 voix de majorité et bat le député sortant Lenain. Membre des commissions de l'armée, du commerce, de l'Algérie, des colonies et protectorats, il dépose divers rapports et propose de créer un corps d'inspecteurs du travail agricole. Il intervient notamment dans la discussion du projet relatif à l'ouverture de grands travaux pour lutter contre le chômage, dans celle concernant la prorogation des pouvoirs accordés au Gouvernement en matière de conciliation et d'arbitrage des conflits du travail (1937).

Il publie la même année un livre intitulé « L'affaire Frankfurter ».

Très versé dans les questions d'Afrique du Nord - sa famille maternelle était d'ailleurs originaire d'Alger -. il est nommé vice-président de la Commission d'enquête sur la situation politiqué et économique des indigènes en Algérie et se prononce nettement, notamment dans un article de « Marianne » pour le projet Blum-Viollette. Il intervient encore dans la discussion d'interpellations relatives à la politique extérieure du Gouvernement (1939).

Mobilisé au début de la guerre, volontaire pour le front, il sert comme brigadier d'artillerie puis à sa sortie de l'Ecole d'artillerie de Poitiers, comme sous-lieutenant dans la région de Montmédy et reçoit deux citations. Permissionnaire, le 16 janvier 1940, il se prononce pour la déchéance des élus communistes. Fait prisonnier par les Allemands le 22 juin 1940 dans la région de Nancy (donc absent à Vichy, le 10 juillet 1940) il s'évade le 17 novembre, passe en zone non occupée. Membre du Comité directeur du parti socialiste clandestin il entre dans la Résistance et en compagnie de Max Hymans organise à Villemblard (Dordogne) le premier parachutage d'hommes et d'armes en France. Arrêté à Marseille, le 20 octobre 1941 par la police de Vichy, enfermé au camp de Mauzac, il s'évade de nouveau en juillet 1942 et gagne Londres par l'Espagne.

Il est alors condamné à mort par le tribunal d'Etat de Lyon. Il a raconté cette partie de sa vie dans « Mes Jours heureux » (1946). Engagé dans les Forces françaises libres, membre de l'Etat-major particulier du Général de Gaulle, il devient chef des services politiques du B.C.R.A.

Membre de l'Assemblée Consultative provisoire dès le 9 novembre 1943, il préside la Commission des affaires musulmanes, et demande, appuyé par Fernand Grenier, le rétablissement du décret Crémieux abrogé par Pétain. Il rédige une adresse aux magistrats et forces de répression du Gouvernement de Vichy et demande le jugement de Pucheu. Nommé délégué général à l'Intérieur dans le Gouvernement d'Alger, le 17 novembre 1943, il met au point les mesures de suspension des journaux ayant collaboré avec l'ennemi. Dans une volonté d'apaisement il fait libérer Ferhat Abbas et propose d'accorder progressivement la citoyenneté à tous les musulmans. Mais la non - application de l'ordonnance du 7 mars 1944 aboutit aux événements de Sétif-Guelma en juillet 1945.

Le 21 octobre 1945 il se présente dans l'Aisne aux élections à la première Assemblée Nationale Constituante et sa liste obtient 57.170 suffrages. Il est élu ainsi que son ami Bloncourt. Il est également réélu aux élections cantonales- il le sera constamment par la suite - et conseiller municipal de Marle.

Ses collègues de l'Assemblée Nationale Constituante le nomment Juré à la Haute Cour de justice.

Membre de la Commission des territoires d'outre-mer, il dépose une proposition de loi tendant à accorder l'amnistie aux algériens pour faits politiques, rapporte le projet de loi portant transfert et dévolution de biens et d'éléments d'actifs d'entreprises de presse et d'information (5 avril 1946), prend part à la discussion d'interpellations sur la situation de la France d'outre-mer et intervient activement dans l'élaboration de la loi Lamine-Gueye sur les assemblées locales des territoires d'outre-mer.

Il n'est pas candidat lors des élections à la seconde Assemblée Nationale Constituante ni aux deux premières législatures de l'Assemblée Nationale : sa qualité de président de la Société nationale des entreprises de presse le rendait d'ailleurs inéligible.

En 1950 Pierre-Bloch est nommé président du Comité d'action de la résistance. Après la dissolution de la S.N.E.P. qu'il présidait depuis 1946 et dont il devient Président honoraire en 1953, Pierre-Bloch reprend sa carrière de journaliste. Il se présente de nouveau à la députation dans l'Aisne aux élections générales du 2 janvier 1956. Sa liste, présentée par Leymdrey obtient 47.870 voix et n'a qu'un seul élu. Il est de nouveau candidat aux élections des 23 et 30 novembre 1958. Au premier tour de scrutin il arrive en troisième position derrière Bricout (U.N.R.) et Renard (communiste). Il refuse de se désister et assure ainsi au second tour la victoire du candidat de l'U.N.R. qui obtient 26.393 voix contre 15.767 à Renard. Lui-même avait eu 14.544 suffrages.

Il est l'auteur de divers ouvrages : Charles de Gaulle, Premier ouvrier de France (1944) ; Liberté et servitude de la presse en France (1952) ; Les causes politiques de l'antisémitisme en France; Sept ans de la S.N.E.P. (1954) ; Le vent souffle sur l'Histoire (1956) ; Carnet d'un voyageur en Israël (1957) ; Khrouchtchev en France (1961).

Commandeur de la Légion d'honneur, décoré de la Croix de guerre, (6 citations), officier de la Médaille de la résistance, il est en outre titulaire de nombreuses autres décorations françaises et étrangères.


PIERRE-BLOCH (Jean)
Né le 14 avril 1905 à Paris
Décédé le 17 mars 1999 à Paris

Député de l’Aisne de 1936 à 1942
Commissaire adjoint à l’intérieur dans le Comité français de Libération nationale (novembre 1943-août 1944)
Membre de la première Assemblée nationale constituante (Aisne)

(voir la première partie de la biographie dans le Dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, pp. 629-630)

Engagé volontaire en 1939, le brigadier, puis sous-lieutenant d’artillerie Pierre-Bloch est fait prisonnier le 22 juin 1940 dans la région de Nancy. Absent de Vichy le 10 juillet, il ne fait guère de doute que son vote aurait été hostile aux pleins pouvoirs dévolus au gouvernement du maréchal Pétain. Evadé en novembre, il gagne la zone libre, entre dans la résistance et organise le premier parachutage d’armes en France. Arrêté à Marseille le 2 octobre 1941, enfermé au camp de la Mauzac, il s’évade en juillet 1942 et parvient à gagner Londres via l’Espagne, après plusieurs mois de détention au camp de Miranda. Engagé un temps dans les forces françaises libres, il dirige ensuite les services politiques du BCRA avec Louis Vallonet et Jacques Bingen.
En novembre 1943, il est appelé à siéger à l’Assemblée consultative d’Alger. Mais il est rapidement promu commissaire adjoint à l’intérieur, aux côtés d’Emmanuel d’Astier, à la faveur du remaniement qui fait entrer au CFLN les anciens parlementaires et les représentants de la Résistance. En liaison étroite avec Georges Boris, il prépare l’organisation administrative de la France à la Libération. Il prend part à divers débats, notamment sur les questions de censure et d’épuration.
Quand l’Assemblée regagne Paris, en octobre 1944, Jean Pierre-Bloch conserve son siège et appartient aux commissions de l’intérieur et de la France d’outre-mer. Par la suite, il siège à la commission de coordination des affaires musulmanes qu’il préside. Il intervient dans la discussion budgétaire pour l’exercice 1945 et, à plusieurs reprises, dans les débats suscités par les émeutes du Constantinois.
Le 21 octobre 1945, il se présente à l’élection de l’Assemblée constituante dans le département de l’Aisne qui l’avait élu en 1936. La liste SFIO qu’il dirige obtient 57 170 voix sur les 213 409 suffrages exprimés et deux sièges sur les six à pourvoir. Membre des commissions des territoires d’outre-mer et de la presse, de la radio et du cinéma, il est nommé juré à la Haute Cour de justice. Il dépose deux textes importants : une proposition de loi d’amnistie politique en Algérie et un rapport sur la réorganisation de la presse, de la radio et du cinéma. C’est sur ces mêmes questions qu’il intervient en séance : comme président de la commission d’enquête, dans la discussion des conclusions sur les opérations électorales du département d’Oran ; comme rapporteur, dans la discussion sur la dissolution des biens des entreprises de presse. Par ailleurs, il débat d’une éventuelle fixation du régime électoral, de la composition, du fonctionnement et de la compétence des assemblées locales des territoires d’outre-mer.
Réélu conseiller général de l’Aisne et conseiller municipal de Marle, il ne se présente pas à la seconde Assemblée nationale constituante, ni à la première Assemblée nationale. Candidat au Conseil de la République, le 24 novembre 1946, il n’est pas élu. Il se présente à nouveau à la députation dans l’Aisne le 2 janvier 1956, mais en seconde position derrière Marcel Levindrey, seul élu. Il est à nouveau candidat, les 23 et 30 novembre 1958, dans la deuxième circonscription de l’Aisne, mais arrivé en troisième position, il est battu au second tour par le candidat gaulliste Maurice Bricourt. D’ultimes tentatives, en 1962 et 1967, comme candidat suppléant de Marcel Levindrey, n’auront pas davantage de succès.
Entre-temps, Jean Pierre-Bloch a présidé de 1946 à 1953 la Société nationale des entreprises de presse, gestionnaire des actifs de plusieurs centaines de journaux placés sous séquestre à la Libération. Puis, il a accepté la présidence, jusqu’en 1987, d’Universal Publicité. Toujours membre de la SFIO, puis du Parti socialiste, il a orienté son activité militante contre toutes les formes de racisme, comme président, depuis 1948, de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) et la Commission consultative de la Ligue des droits de l’Homme.
Grand-croix de la Légion d’honneur et titulaire de nombreuses décorations, Jean Pierre-Bloch a laissé plusieurs ouvrages de souvenirs comme Le Temps d’y penser encore (Simoën, 1977), Jusqu’au dernier jour (Albin Michel, 1983) ou Alger capitale de la France en guerre (Universal, 1989).
Il disparaît le 17 mars 1999, à l’âge de 93 ans.