Louis Pimont
1905 - 1975
PIMONT (Louis, Marcel)
Né le 20 février 1905 à Laguenne (Corrèze)
Décédé le 9 novembre 1975 à Bordeaux (Gironde)
Député de la Dordogne de 1962 à 1968 et 1973 à 1975
Le nom de Louis Pimont est associé au socialisme périgourdin sous Charles de Gaulle et Pompidou, aux côtés de l’homme fort de la SFIO du département de la Dordogne, Robert Lacoste et au Bergeracois où Louis Pimont fait carrière comme sous-préfet d’abord, sous la IVème République puis député et maire de Bergerac, sous la Vème République.
Louis Marcel Pimont n’est pourtant pas originaire de Dordogne. Né à Laguenne, en Corrèze, le 20 février 1905, ses liens avec la Dordogne ne sont créés qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale quand sa carrière dans l’administration préfectorale l’amène à Périgueux comme secrétaire général de la préfecture en janvier 1945. Auparavant, le fils de Jean Pimont, armurier et de Jeanne Marthon, fait ses études secondaires au collège d’enseignement général de Souillac dans le Lot puis entre à l’Ecole nationale des travaux publics. Ses débuts professionnels s’effectuent en Corrèze, dans la préfecture de son département natal, où il gravit un à un tous les échelons, rédacteur, en 1925, puis chef de bureau, chef adjoint de cabinet du préfet (1er octobre 1940) puis chef de division (16 août 1944) et enfin, délégué dans les fonctions de préfet de la Corrèze à la Libération (août 1944).
La Résistance accélère la carrière de Louis Pimont qui, dans les heures tragiques, s’est engagé dans les rangs des combattants de l’ombre ce qui lui vaut la croix de guerre 1939-1945, la rosette de la Résistance et celle de chevalier de la Légion d’honneur en février 1946. Après avoir exercé la fonction de secrétaire général en Dordogne du 11 janvier 1945 au 26 novembre 1946, Louis Pimont est nommé sous-préfet de Parthenay (Deux-Sèvres) puis du 19 janvier 1949 à 1956, sous-préfet de Bergerac. Durant ces six années, Louis Pimont apprend à connaître le département de la Dordogne et son homme fort, le député socialiste Robert Lacoste, président du Conseil général. Le socialisme rapproche les deux hommes. Louis Pimont est socialiste depuis l’adolescence et Lacoste lui rendit hommage à sa mort en déclarant : « c’était un de mes plus anciens et plus sûrs compagnons de lutte. Nous avons toujours partagé les mêmes idées qui devaient conduire Louis Pimont dans la voie du socialisme, un socialisme très soucieux des données de l’expérience, des principes de vérité et de justice ».
Quand Lacoste est affecté en Algérie comme ministre résident, en février 1956, il choisit Louis Pimont comme chef adjoint, puis chef de cabinet et conseiller technique à compter du 1er juin 1957. A Paris, Louis Pimont est le correspondant de Lacoste. Il continue à collaborer avec Lacoste après sa nomination comme préfet hors cadre le 21 février 1958. Avec le changement de République, Louis Pimont décide de se consacrer définitivement à sa patrie d’adoption dont il a, selon les mots utilisés dans sa profession de foi de 1962, « connu pendant douze ans de carrière administrative, les difficultés et les besoins ». Ayant obtenu un congé spécial le 19 décembre 1961 – puis en retraite à compter de novembre 1966 -, il entreprend alors une carrière politique. En quelques années, il s’intègre avec succès dans les divers échelons du monde politique du Bergeracois (conseiller général de Bergerac en juin 1961 puis député en novembre 1962, conseiller municipal de Bergerac en 1965 et enfin, maire de Bergerac à partir du 28 janvier 1968) et garde jusqu’à sa mort la confiance des électeurs si on excepte l’échec des législatives de 1968 qui conduit à une parenthèse dans sa vie parlementaire.
Une telle carrière est saluée en 1975 par le président Edgar Faure, dans l’éloge funèbre : « elle représente assez bien cette catégorie de préfets républicains, de ces serviteurs de l’Etat, passés tout naturellement sur la scène politique après avoir depuis longtemps fixé leur choix sans que jamais cependant nul n’eût mis en doute dans leur fonction administrative leur objectivité et leur sens du devoir, pas plus qu’une fois revêtus de la toge parlementaire, ils ne donnent l’impression d’être des technocrates déguisés ».
Son entrée dans la vie politique nationale, Louis Pimont l’effectue lors des élections législatives de novembre 1962, sous l’étiquette « républicain-socialiste ». Son programme apparaît très modéré, sans aucune attaque envers l’UNR ou le régime, un programme exclusivement axé sur les questions nationales qu’il évoque sous la forme d’un catalogue « politique générale, administration, éducation nationale, agriculture » etc. pour terminer par « rapatriés ». Sa candidature dans la 2e circonscription de la Dordogne est facilitée par sa bonne connaissance du terroir mais aussi par la rupture entre le député sortant, Henri Sicard et sa famille politique, l’UNR. Face à lui, Pimont a quatre candidats dont Sicard sous l’étiquette « républicain indépendant ». Au 1er tour, Pimont arrive nettement en tête avec 11105 voix sur 40852 suffrages exprimés devant Roger Morand-Monteil (9320, Sicard (9180), le communiste André Lichtenberg (7975) et Marcel Ventenat (3272). Le 25 novembre, il l’emporte avec 26759 voix face à Morand-Monteil (16065). En 1967, Louis Pimont, candidat de la FGDS, retrouve deux de ses adversaires de 1962, Lichtenberg (PCF) et Sicard (« apparenté Centre démocrate ») mais doit, cette fois, affronter un candidat gaulliste, Robert Aulong. Sa profession de foi garde la même allure qu’en 1962. Il reste en tête au 1er tour (14522 sur 48478 exprimés) devant Aulong (13877), Lichtenberg (10064) et Sicard (10015). Au soir du 2e tour, il sort largement vainqueur de son duel avec Aulong (28977 contre 30172).
En 1968, seuls trois candidats (le communiste Viguera, le gaulliste Capelle et le socialiste Louis Pimont) s’affrontent. Au 1er tour, le recteur Jean Capelle (UDR) est loin devant le député sortant (23624 sur 48173 face à 17020) et le 2e tour confirme : Louis Pimont est battu (22346) par Capelle (27400).
Mis à l’écart par les électeurs aux législatives en 1968, Pimont tente en vain d’entrer au Sénat lors du renouvellement de 1971. C’est en 1973 que sonne l’heure de la revanche et le retour au Parlement. Pourtant la situation locale s’avère compliquée : pas moins de neuf candidats s’affrontent dont un PSU et des membres dissidents de la majorité ! Pimont rappelle dans sa profession de foi : « nos options, nos buts sont les mêmes (…). Nous sommes des démocrates et des socialistes ». La critique envers le pouvoir est plus vive : « La majorité, au pouvoir, sans partage, depuis quinze ans, a accentué l’inégalité sociale en favorisant une minorité de privilégiés (…). Il faut que ces élections soient (…) enfin celles de l’espoir « ou « d’un côté : l’immobilisme, de l’autre : le progrès, le changement ». Le 4 mars, sur 50985 suffrages exprimés, Pimont recueille 14423 voix, loin devant le républicain indépendant, Claude Guichard (9129), le communiste Viguera (8802), le candidat du Mouvement réformateur, Jean-Pierre Joussain (6763) et le gaulliste Bertrand des Garets (6548). Le 11 mars, Pimont l’emporte avec 27714 voix contre 24762 à Guichard.
Le député de Bergerac s’apparente au groupe socialiste en 1962, à celui de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste en 1967 et à celui du parti socialiste et des radicaux de gauche en 1973. Pendant ses mandats à l’Assemblée nationale, force est de souligner que Louis Pimont n’a pas eu une grande activité parlementaire. En huit ans, il a appartenu à deux commissions seulement, celle de la défense nationale et des forces armées (1962-1968 puis 1975) et celles affaires culturelles, familiales et sociales (1975). Pimont intervient fort peu : une seule fois en 1964 pour justifier un vote, deux en 1967 sur les droits des combattants en Afrique du Nord et sur les questions agricoles, notamment dans le Sud-Ouest et deux en 1973-74 dans la discussion budgétaire et à propos des anciens combattants soit cinq prises de parole…Son action sur ce dernier point a porté comme cela est rappelé dans son éloge funèbre au Palais-Bourbon : « il fut de ceux qui s’attachèrent à obtenir l’attribution de la carte du combattant aux anciens d’Afrique du nord qu’il avait bien connus ». Pimont s’abstient sur la ratification du traité franco-allemand (13 juin 1963) mais vote la motion de censure déposée contre le retrait de la France de l’OTAN (20 avril 1966) et celle contre les pouvoirs spéciaux du gouvernement en matière économique et social du 9 juin 1967. Le 28 novembre 1974, Pimont vote la loi sur l’interruption volontaire de grossesse.
Quand Louis Pimont meurt le 9 novembre 1975 des suites d’une intervention chrirurgicale, le journal Sud-Ouest rappelle, à propos de la succession, que « dans le Bergeracois, davantage que pour un socialiste, c’est pour Louis Pimont que, jusqu’à présent, on a voté ». Pimont laisse, effectivement, le souvenir d’un homme convivial, dévoué au service public et pas sectaire, fortement imprégné d’un socialisme SFIO un peu à l’ancienne, à l’image de celui de Robert Lacoste. Sa disparition intervient au moment où la gauche et le socialisme en particulier connaît une importante évolution et où accède aux responsabilités une nouvelle génération comme en témoignent ceux qui l’incarnent désormais en Dordogne, à compter du milieu des années 1970, à l’image de Michel Manet, Bernard Bioulac, Lucien Delmas ou Michel Suchod.