Joseph Pinvidic
1900 - 1976
PINVIDIC (Joseph)
Né le 15 novembre 1900 à Landivisiau (Finistère)
Décédé le 21 janvier 1976 à Landivisiau
Sénateur du Finistère de 1948 à 1951
Député du Finistère de 1951 à 1962
Joseph Pinvidic naît le 15 novembre 1900 à Landivisiau où il passe son enfance. Au terme de ses études secondaires, il se rend à Lyon pour y intégrer l'Ecole de médecine vétérinaire. Sorti docteur en médecine vétérinaire de la Faculté de Lyon en 1927, Joseph Pinvidic revient au pays pour y exercer sa profession.
Son intérêt pour la vie politique se manifeste en 1935, date à laquelle il est appelé à siéger au conseil municipal de sa commune dont il est le premier adjoint en 1941. Il en devient par la suite le premier magistrat en 1944. Le 23 septembre 1945, Joseph Pinvidic, alors proche des indépendants, se présente avec succès aux élections cantonales dans le canton de Landivisiau. Il conservera ses deux mandats tout au long de la IVe République.
Son enracinement local alors solidement établi, il se met à briguer le 7 novembre 1948 un mandat au Conseil de la République. Il se présente en deuxième position derrière Antoine Vourc'h sur la liste du Rassemblement du Peuple Français. Avec 753 voix sur 1795 suffrages exprimés, cette liste remporte deux des quatre sièges à pourvoir, et Joseph Pinvidic est élu. A son arrivée au Conseil de la République, il rejoint le groupe d'Action Démocratique et Républicaine, et est nommé membre de la commission du ravitaillement et des boissons dont il est le vice-président en 1951, et de celle de l'agriculture qu'il quitte en 1950 pour celle des affaires économiques, des douanes et des conventions commerciales.
Mise à part sa question orale du 15 février 1949 sur les mesures que compte envisager le ministre de l'agriculture pour atténuer la crise agricole ouverte depuis près d'un an et où il espère trouver les débouchés indispensables à l'écoulement de l'excédent de certains secteurs agricoles, il n'a recours à aucun autre instrument de l'initiative et du contrôle parlementaire.
Ses interventions publiques sont a contrario relativement nombreuses. Elles portent essentiellement sur les questions intéressant alors la commission de l'agriculture et notamment : l'accord international sur le blé signé à Washington, les aménagements fiscaux en matière de bénéfices agricoles et de revenus fonciers, la politique agricole du gouvernement en 1949 ; les crédits de fonctionnement du ministère de l'agriculture en 1950 ; et les dépenses de fonctionnement des services de l'agriculture en 1951.
Il prend également part aux discussions portant sur divers sujets, parmi lesquelles : le budget des PTT et l'obligation de vaccination par le BCG (1949) ; l'enseignement des langues et dialectes locaux et les aides accordées aux populations sinistrées (1950) ; les crédits militaires (1951).
Toutefois, ses fonctions sénatoriales prennent fin prématurément à la suite de son succès aux élections législatives du 17 juin 1951 comme tête de liste du Rassemblement du Peuple Français. Aucun apparentement n'est conclu entre les partis de la Troisième Force. Sa liste arrive en tête avec trois sièges sur les dix à pourvoir et un score de 27,8% : Joseph Pinvidic devient député en recueillant 107 659 voix des 375 012 suffrages exprimés. Le mouvement gaulliste fait alors jeu égal avec le MRP, et devance communistes et socialistes qui n'ont que deux élus chacun.
A l'Assemblée nationale, il est nommé à la commission de l'agriculture durant toute la durée de son mandat, à celle de la famille, de la population et de la santé publique jusqu'au 20 janvier 1953, date à laquelle il rejoint celle de la marine marchande et des pêches. En 1955, Joseph Pinvidic se met à siéger aux commissions de la production industrielle et des affaires économiques. Le 2 février, la commission des moyens de communication et de tourisme, à laquelle il appartient également, le désigne comme membre de la commission de coordination pour l'étude des questions relatives à la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier). En 1952, à la scission du RPF, il s'inscrit au groupe des Indépendants d'Action Sociale et Républicaine (ARS).
Parlementaire plus actif à l'Assemblée qu'au Conseil de la République, Joseph Pinvidic a recours au nom de la commission de l'agriculture à deux avis relatifs aux travailleurs migrants (1953) et la protection des animaux (1954) ainsi qu'à deux rapports portant sur la prophylaxie de la tuberculose bovine et le contrôle de la salubrité des viandes (1954). Par ailleurs, il dépose en son nom propre, le 18 décembre 1954, une proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à accorder au titre des secours de première urgence un crédit de quinze millions de francs en faveur des veuves, orphelins et ascendants des marins de son département disparus en mer au cours de la dernière tempête.
Joseph Pinvidic intervient également à de nombreuses reprises à la tribune, essentiellement sur les questions d'agriculture. La plupart tournent autour du problème de la viande face à la récente épizootie de fièvre aphteuse venue du Danemark. Ainsi, Joseph Pinvidic dépose le 13 octobre 1953 une demande d'interpellation pour dénoncer l'insuffisance de la production de vaccins pour enrayer l'épidémie, l'importation des viandes et animaux vivants dont il veut réduire les crédits, les charges fiscales excessives et proposer l'échelonnement de barèmes par qualité et par catégorie, l'estampillage du service de l'inspection sanitaire, les réductions des prix du transport ferroviaire.
Membre de la commission de la marine marchande et des pêches à partir de 1953, il intervient, à deux reprises en décembre 1954, sur le projet de loi relatif aux dépenses du ministère des travaux publics, des transports et du tourisme pour l'année à venir. Il évoque à cette occasion le problème du cabotage, les transports par la SNCF à destination des secteurs voisins des ports côtiers, et la réparation des ports maritimes et l'entretien des petits ports.
Joseph Pinvidic s'abstient volontairement lors de l'investiture des gouvernements d'Antoine Pinay (6 mars 1952) et de Pierre Mendès France (le 17 juin 1954). Il vote pour la CED (30 août 1954).
Joseph Pinvidic est réélu le 2 janvier 1956. Il conduit cette fois la liste d'Union des Indépendants et Paysans présentée par l'ARS qui a conclu un apparentement avec le MRP et le RGR. Mais sa liste n'arrive qu'en deuxième position n'obtenant que deux sièges sur les dix à pourvoir et un score de 15,8% : Joseph Pinvidic est réélu député, recueillant 67 052 voix des 398 472 suffrages exprimés. Devancé par le MRP, l'ARS fait alors jeu égal avec le PCF et la SFIO.
Joseph Pinvidic, rejoint, à l'Assemblée, le groupe des Indépendants et Paysans d'Action Sociale (IPAS) et retrouve la commission des moyens de communication et du tourisme, celle de la production industrielle et de l'énergie, celle de la famille, de la population et de la santé publique qu'il quitte pour la commission de l'agriculture en 1957.
Durant cette législature, il est l'auteur de deux propositions de résolution tendant à inviter le gouvernement à alléger, pour la première le 20 décembre 1956, les charges fiscales des commerçants, industriels et entrepreneurs forains durement atteints par les restrictions de carburant et à prendre, pour la seconde le 18 octobre 1957, les mesures nécessaires pour permettre la liberté de vente des viandes de qualité supérieure.
Il concentre à nouveau ses nombreuses interventions sur les questions d'agriculture en dénonçant la hausse des produits alimentaires (1956) et en appelant le gouvernement à prendre des mesures pour lutter contre la tuberculose bovine (1956) et l'épidémie de fièvre aphteuse (1957).
Après avoir accordé sa confiance au général de Gaulle et approuvé la révision de la loi constitutionnelle les 1er et 2 juin 1958, Joseph Pinvidic est réélu en novembre 1958.
PINVIDIC (Joseph, Yves, Marie)
Né le 15 novembre 1900 à Landivisiau (Finistère)
Décédé le 21 janvier 1976 à Landivisiau (Finistère)
Sénateur du Finistère de 1948 à 1951
Député du Finistère de 1951 à 1962
Né à Landivisiau, Joseph Pinvidic y fit ses études secondaires puis il partit à la Faculté de médecine de Lyon où il obtint son diplôme de docteur vétérinaire. Revenu dans sa ville natale pour exercer sa profession, il épousa Marguerite Herry le 17 novembre 1926. De cette union naquirent cinq enfants. Président du syndicat départemental des vétérinaires, il entra en politique à l’occasion des élections municipales du printemps 1935. Farouchement hostile au Rassemblement populaire, républicain de la droite catholique et nationale, engagé à la Fédération républicaine de France dirigée par Louis Marin tout en étant fortement attiré depuis le début des années trente par le programme du lieutenant-colonel François de La Rocque, il fut élu conseiller municipal de Landivisiau. Lorsqu’en juillet 1936 les Croix-de-Feu furent transformées en Parti social français, il y adhéra sur-le-champ et devint l’un des dirigeants de la fédération finistérienne – la plus puissante de Bretagne et l’une des plus puissantes du parti à l’échelle nationale – en charge des questions agricoles et de l’action paysanne. Comme nombre de militants du PSF, il fut à la fois maréchaliste et hostile à la Collaboration. En 1941, il devint premier adjoint au maire de Landivisiau, mais sans jamais se compromettre avec le régime de Vichy. Au printemps 1945, il conduisit la liste des droites aux élections municipales et fut élu maire de la commune, fonction qu’il conserva vingt années. En septembre, il conquit le siège de conseiller général du canton de Landivisiau et fut porté à la présidence du conseil général du Finistère, poste qu’il occupa jusqu’en 1950.
Comme bien des anciens du PSF, il s’engagea au Parti républicain de la liberté à la Libération dès sa fondation en décembre 1945 puis adhéra avec enthousiasme au Rassemblement du peuple français, lancé par Charles de Gaulle au printemps 1947. Il devint rapidement l’une des figures les plus en vue du Rassemblement dans le Finistère. En tête de la liste du RPF aux élections de novembre 1948 au Conseil de la République, il fut élu sénateur et siégea au groupe d’Action démocratique et républicaine. Membre du Conseil national du Rassemblement (commission de l’agriculture), il fut désigné pour diriger le « bureau politique » chargé de préparer les élections législatives dans le Finistère. Il fut élu député le 17 juin 1951 et siégea au groupe gaulliste au Palais-Bourbon. À l’image de plusieurs dizaines de députés gaullistes, dont beaucoup issus du PSF, il fut intéressé par « l’expérience Pinay » en 1952. Il mit toutefois plus de temps à quitter le Rassemblement que d’autres parlementaires tels Joseph Halleguen, député-maire de Quimper, mais finit par rejoindre le Centre national des indépendants et paysans de Roger Duchet en juillet 1954. Il s’apparenta au groupe des Républicains indépendants. Le 2 janvier 1956, il conduisit la liste du CNIP dans le Finistère, Jean Croüan, autre grande figure du Rassemblement passé au Centre national et devenu député à l’occasion de l’élection partielle de 1955, occupant la deuxième place sur la liste. Réélu député, il s’inscrivit au nouveau groupe indépendant et paysan d’action sociale qui fusionnait les anciens groupes RI, indépendant paysan et IARS sous la présidence d’Antoine Pinay.
Fidèle de bout en bout à la stratégie de la direction du CNIP favorable, dans la crise du 13-Mai, au retour de Charles de Gaulle, ce fut donc tout naturellement qu’il fut investi en novembre 1958. Candidat dans la 5e circonscription du Finistère (cantons de Daoulas, Landivisiau, Lesneven, Ploudiry, Plouescat, Plouzévédé, St-Thégonnec et Sizun), il y affronta cinq adversaires : Marcel Lucas (PCF, 1 810 voix), François Manach (SFIO, 8 046), Louis Guillou (ancien député du MRP jusqu’en 1951, 10 724) et deux candidats sans étiquette, dissidents de la mouvance paysanne agrarienne non intégrés dans le CNIP (Pierre Abeguille, conseiller général de Ploudiry, candidat en 1951 sur la liste du Parti paysan : 9 290 voix ; Alain Jaouen, « paysan » : 5 418). Joseph Pinvidic avait choisi comme suppléant Pierre Dantec, « cultivateur » à Ploudaniel, président de la Mutualité sociale agricole du département. Avec 14 878 suffrages, il arriva en tête le 23 novembre, améliorant de 1 500 voix environ son score de 1956, sans toutefois reconquérir l’ensemble des électeurs poujadistes (Jean Demarquet avait eu 4 000 voix) qui avaient alors fait défaut au CNIP deux ans plus tôt, l’empêchant d’être la première force politique finistérienne. Le 30 novembre, il l’emporta avec 19 318 voix contre Louis Guillou (16 769) et Pierre Abeguille (10 497) en ayant obtenu le report sur son nom de la grande majorité des électeurs d’Alain Jaouen.
Il s’inscrivit à nouveau au groupe IPAS, présidé désormais par Henry Bergasse. Élu membre de la commission de la Défense nationale et des forces armées le 27 janvier 1959, il rejoignit la commission de la Production et des échanges le 8 octobre. Mais dès le 13 octobre, il retourna siéger à la commission de la Défense. Le 16 décembre 1960, il retrouva sa place à la commission de la Production et y demeura jusqu’à la fin de la législature.
Pendant la législature, Joseph Pinvidic déposa une proposition de loi visant à créer une estampille-label destinée à marquer les viandes « de qualité » (n° 462, 16 décembre 1959). Il intervint plusieurs fois à la tribune, essentiellement à propos des questions agricoles. Le 25 juin 1959 : discussion du projet de loi de programme relative à l’équipement agricole – sur l’estampille de qualité pour la viande de bœuf. Le 23 octobre 1959 : sur les prix agricoles à l’occasion d’une série de questions orales au gouvernement. Le 17 mai 1960 : discussion du projet de loi d’orientation agricole – marché de la viande, aménagement des abattoirs, création d’un label de qualité. Le 31 mai 1960 : discussion du projet de loi programme relatif aux investissements agricoles – défense nécessaire des produits maraîchers bretons contre la concurrence de ceux du Bas-Rhône Languedoc. Le 9 novembre 1960 : projet de loi de finances pour 1961 – il dénonça le refus de la RFA de privilégier les achats de viandes françaises dans le cadre du Marché commun. Le 13 juin 1961 : discussion du projet de loi autorisant l’approbation d’un accord douanier dans le cadre du traité de Rome – il réclama une péréquation des tarifs de transport des produits agricoles bretons, pénalisés par leur éloignement géographique des grands marchés de consommation européens. Le 10 novembre 1961 : projet de loi de finances pour 1962 – refus de voir taxer les viandes marquées du label « extra ». Le 16 novembre enfin, où il lut son rapport (n° 1526, déposé le 10 novembre 1961) sur le projet de loi n° 1434 autorisant l’approbation de l’accord, signé le 21 juin 1961, relatif à l’extension des contingents tarifaires à l’ancienne zone du Nord du Maroc et de la province de Tanger.
La législature fut d’abord marquée pour le CNIP par sa difficulté à se situer face à la politique algérienne du chef de l’État telle qu’il l’avait redéfinie lors de son discours du 16 septembre 1959. Joseph Pinvidic avait un profond respect pour Charles de Gaulle même s’il n’appartenait pas à l’Union pour la nouvelle République. Il soutint toujours de ses votes au Palais-Bourbon le gouvernement de Michel Debré, et notamment la loi scolaire de décembre 1959 qui allait parfaitement dans le sens qu’il souhaitait. Il était toutefois favorable au maintien de l’Algérie dans la France et n’appela pas officiellement à voter « oui » au référendum sur le principe de l’autodétermination, le 8 janvier 1961. Il se tint plutôt à distance des affrontements internes qui occupèrent toute l’année 1961, prirent un tour passionné et débouchèrent sur le remplacement de Roger Duchet par Camille Laurens au secrétariat général du CNIP. En 1962, il se détacha peu à peu du régime : il s’abstint volontairement lors du vote qui suivit la déclaration de politique générale du nouveau Premier ministre, Georges Pompidou, le 27 avril 1962 ; le 5 juillet, il ne prit pas part au vote sur la levée de l’immunité parlementaire de Georges Bidault ; enfin le 4 octobre, il vota la motion de censure contre le gouvernement, refusant la réforme constitutionnelle modifiant le mode d’élection du président de la République. Pourtant, ne souhaitant probablement pas – tout comme son collègue et ami politique Jean Croüan, député IPAS de la 6e circonscription – s’engager jusqu’au bout dans un combat contre le chef de l’État qu’il jugeait douteux, il ne se représenta pas aux élections législatives anticipées de novembre 1962, laissant ainsi la 5e circonscription à un nouvel élu de l’UNR.
Il poursuivit sa carrière politique locale jusqu’au milieu des années soixante.
Une rue de Landivisiau porte aujourd’hui le nom de Joseph Pinvidic.