Jean, Ignace, Alexis, Winoc Plichon
1863 - 1936
Né le 14 juin 1863 à Bailleul (Nord), mort le 22 septembre 1936 à Oxelaere (Nord).
Député du Nord de 1889 à 1920.
Sénateur du Nord de 1920 à 1924.
Député du Nord de 1924 à 1936.
Issu d'une famille bourgeoise établie de longue date dans la Flandre-Maritime, dont le berceau était la petite localité de Bailleul, Jean Plichon devait servir fidèlement sa petite patrie sous la IIIe République comme son père la servit sous la monarchie, le Second Empire et les débuts de la République. En effet, Ignace Plichon, son père, fut député du Nord en 1846, puis de 1857 à 1870, ministre des Travaux publics dans le cabinet Emile Ollivier (1870), siégea au centre droit de l'Assemblée nationale et fut un des partisans du duc de Broglie. Après ses études secondaires, Jean Plichon est admis à l'Ecole des arts et manufactures de Paris d'où il sort en 1886, en troisième rang. Il devient alors ingénieur des mines à Béthune.
Deux ans plus tard, son père décède. Son fils n'a aucune difficulté à prendre sa succession politique. Dès 1888, il le remplace au Conseil général du Nord, élu par l'un des cantons de sa ville natale. Aux élections législatives du 22 septembre 1889, il se présente dans la 2e circonscription d'Hazebrouck comme candidat monarchiste et est élu, au premier tour, par 7.721 voix contre 2.511 à Delassus, républicain.
A la Chambre, il prit place sur les bancs de la droite mais se rallia bientôt à la République. Ingénieur, très au fait des problèmes industriels, financiers et agricoles, il devait devenir membre de conseils d'administration de nombreuses affaires industrielles ou bancaires (Kali Sainte-Thérèse, Forges de Denain-Anzin, Mines de Béthune, Crédit Industriel et Commercial, Banque Scalbert, Compagnie électrique du Nord-Ouest, etc...). Sa compétence en fit l'un des orateurs les plus écoutés de la Chambre pour les affaires économiques et financières.
Il soutint durant toute sa carrière parlementaire la thèse protectionniste, intervenant ou rapportant sur tous les projets douaniers. Il prit notamment une part importante aux travaux de la commission Méline en 1892 qui fit voter les droits protecteurs sur le blé. Après la guerre, sa position reste aussi ferme : en 1922, il présente un rapport sur la situation économique mondiale où il prône la nécessité de ménager à la production française la possibilité d'être à l'abri de la concurrence étrangère. C'est avec courage qu'il participa aux discussions concernant la religion et l'Eglise notamment à l'époque de la loi de séparation, de la dénonciation du Concordat et de la persécution des congrégations. La constance de ses vues économiques se manifeste de mandat en mandat car il ne cesse d'être réélu : En 1893, par 7.781 voix contre 3.528 à Biebuyck, républicain. Au cours de cette législature, il est élu secrétaire de la Chambre (1894 et 1895) ; en 1898, par 9.169 voix contre 748 au socialiste Descheerder ; en 1902, par 10.036 voix contre 764 à Vanderputte, socialiste collectiviste. Plichon s'inscrit au groupe agricole et au groupe des républicains indépendants ; en 1906, par 9.451 voix contre 1.507 à Vanderchooten ; en 1910, par 8.451 voix contre 2.440 au même ; en 1914, par 7.339 voix contre 2.829 à Vanderchooten. Réélu le 19 novembre 1929 sur la liste d'union nationale républicaine avec 91.456 voix sur 374.022 votants, il démissionne en 1920 pour se faire élire sénateur du Nord, le 11 janvier 1920. Malgré sa notoriété, il ne recueille que 1.436 voix sur 2.508 votants. C'est peut-être ce qui le décidera, quatre ans plus tard, à renoncer à son mandat de sénateur pour se faire élire à nouveau député le 11 mai 1924 sur la liste d'entente républicaine démocratique qui recueille 104.225 voix. Il s'inscrit au groupe de l'union républicaine démocratique. Dès lors il ne quittera plus le Palais Bourbon où son siège lui est confirmé par ses concitoyens les 22 avril 1928 et 8 mai 1932 au second tour par 5.648 voix contre 5.275 à Biebuyck. A partir de cette date il siège au groupe républicain et socialiste.
Dans l'une et l'autre assemblée ses centres d'intérêt demeurent les mêmes. Malgré son âge - il a 51 ans en 1914- il prend part à la guerre, y gagne la Légion d'honneur et la Croix de guerre et la termine avec le grade de lieutenant-colonel, titre dont il fera désormais précéder son nom.
Représentant d'une région sinistrée et envahie - Bailleul a beaucoup souffert - il interviendra souvent, notamment au Sénat, en faveur des départements dévastés. Officier de réserve, il est un membre influent de la commission de l'armée où sa participation à l'élaboration des grandes lois militaires fut importante. Il étudie aussi les problèmes sociaux et intervient dans les discussions sur les projets de loi sur les retraites ouvrières et les assurances sociales.
Après les élections de 1932, sa santé se dégrade et à partir de 1933 il ne peut plus faire que de courtes apparitions dans les couloirs du Palais Bourbon. Il meurt, âgé de 73 ans, le 22 septembre 1936, à Oxelaere, où il résidait depuis 1918, sa maison de Bailleul ayant été détruite pendant la guerre. A sa place, siégeait déjà à la Chambre son neveu, Jean-Pierre Plichon. Il avait été élevé au grade d'officier de la Légion d'honneur, en décembre 1923.
Date de mise à jour: février 2014