Michel Rocard

1930 - 2016

Informations générales
  • Né le 23 août 1930 à Courbevoie (Seine - France)
  • Décédé le 2 juillet 2016 à Paris (Paris - )

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 26 octobre 1969 au 1er avril 1973
Département
Yvelines
Groupe
Non inscrit
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIe législature
Mandat
Du 3 avril 1978 au 22 mai 1981
Département
Yvelines
Groupe
Socialiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 2 juillet 1981 au 23 juillet 1981
Département
Yvelines
Groupe
Socialiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 2 avril 1986 au 14 mai 1988
Département
Yvelines
Groupe
Socialiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IXe législature
Mandat
Du 13 juin 1988 au 23 juillet 1988
Département
Yvelines
Groupe
Socialiste

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 2 octobre 1995 au 18 novembre 1997

Gouvernement

Chef du Gouvernement
du 11 mai 1988 au 23 juin 1988
Chef du Gouvernement
du 23 juin 1988 au 16 mai 1991

Fonds d'archives

La division des Archives de l’Assemblée nationale conserve de nombreux documents d’archives photographiques et audiovisuels :
- 2007-050/162 Gouvernements Rocard et Cresson (1989-2002).
- 2015-042/10 Banc du gouvernement Rocard : 15 clichés noir et blanc (1988).
- 2015-042/13 Questions au gouvernement, Rocard II : 10 clichés couleur (1988-1991) ; Bérégovoy : 14 clichés couleur (1992-1993) ; Balladur : 2 clichés couleur (1993-1995). Discours de politique générale de Pierre Bérégovoy : 15 clichés couleur (1992) (1988-1995).
- 32 P 41 Mission d’information sur les opérations militaires menées par la France, d’autres pays et l’ONU au Rwanda, également désignées sous le nom « fonds Quilès ». – Audition du 30 juin 1998 de M. Gérard Prunier, du colonel Alain Le Goff, du colonel André Schill, de M. Michel Rocard, de Mme Édith Cresson, de M. Roland Dumas et de Mme Edwige Avice, tenue des auditions : verbatim des auditions, exposés, pièces complémentaires, correspondance ; envoi des corrections : lettres d’accompagnement, liste des observations du colonel Schill, compte rendu commun corrigé, extrait de comptes rendus corrigé d’Édith Cresson, compte rendu corrigés de MM. Roland Dumas et Michel Rocard (1998).
- 32 P 221-222 30 juin 1998 - Audition de Michel Rocard, d’Édith Cresson, de Roland Dumas et d’Edwige Avice. Cassette 1 et 2.
- 2007-095/81 Trombinoscope : 256, Michel Rocard.

LesArchives nationales conservent de nombreux documents concernant les activités ministérielles et parlementaires de Michel Rocard. Le fonds Michel Rocard réunit les dossiers qu’il a constitués au cours de ses différents mandats ministériels et parlementaires. Ces documents concernent aussi l'engagement politique de Michel Rocard, apportant un éclairage sur son action au Parlement européen et dans le domaine international.

Fonds privés
- 680AP/1-680AP/122, 680AP/131-680AP/165, 680AP/168-680AP/326, 680AP/336-680AP/378, 680AP/AV/379-680AP/AV/385, 680AP/386-680AP/392, 680AP/400-680AP/423 : Fonds Michel Rocard (1953-2013).
- 581AP/20-581AP/25, 581AP/62-581AP/68 : Fonds du Parti socialiste unifié (1968-1989).
- 5AG/4 : fonds François Mitterrand.

Fonds publics
- 19870103/1-19870103/10 : Premier ministre ; Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale (DATAR) - Délégation interministérielle à l'aménagement et à la compétitivité du territoire (DIACT) (1961-1983).
- 19860075/1-19860075/12 : Premier ministre ; Ministres et secrétaires d'État délégués ; Ministre d'État chargé du plan et de l'aménagement du territoire (1981-1983).
- 19860324/1-19860324/3 : Premier ministre ; Ministres et Secrétaires d'État délégués ; Ministre d'État chargé du plan et de l'aménagement du territoire (1981-1982).
- 19880002/1-19880002/41 : Premier ministre ; Cabinet du Premier Ministre et services rattachés ; Cabinet ; Conseiller technique (1981-1986).
- 19900171/1-19900171/63 : Agriculture ; Cabinet du Ministre ou du Secrétaire d'État (1972-1985).
- 19920622 à 19920624 : Premier ministre ; Cabinet du Premier Ministre et services rattachés ; Cabinet ; Conseiller (1988-1991).
- 19920629 : Premier ministre ; Cabinet du Premier Ministre et services rattachés ; Cabinet ; Chef du Cabinet (1988-1991).
- 19920227 : Premier ministre ; Cabinet du Premier Ministre et services rattachés ; Cabinet ; Directeur du Cabinet (1988-1991).
- 19920408 : Premier ministre ; Cabinet du Premier Ministre et services rattachés ; Cabinet ; Service photographique (1988-1991).
- 19930009 : Premier ministre ; Cabinet du Premier ministre et services rattachés ; Cabinet ; Secrétariat particulier (1988-1989).
- 19930409/1-19930409/27 : Premier ministre ; Cabinet du Premier ministre et services rattachés (1988-1991).
- 19950125/1-19950125/7 : Premier ministre ; Cabinet du Premier ministre et services rattachés ; Cabinet ; Chargé de mission (1989-1991) : lettres, discours, note, lettre de mission.
- 19970008/1-19970008/6 : Premier ministre ; Ministres et secrétaires d'Etat délégués ; Ministre d'État chargé du plan et de l'aménagement du territoire ; Cabinet et services rattachés au Ministre ; conseiller technique (1980-1984).
- 20020435/1-20020435/17 : Premier ministre ; Secrétariat général du Gouvernement ; Service documentation (1970-1986) ; Service dossiers, procès-verbaux (1986-) (1970-1990).
- 20030446/1-20030446/158 : Premier ministre ; Secrétariat général du Gouvernement ; Service information et diffusion (1968-1996).

La Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, à Paris, conserve une lettre dactylographiée et signée Michel Rocard, datée du 27 novembre 1972, dans le fonds Vercors.

Le fonds Y des Archives de la Bibliothèque de la Société de l'histoire du protestantisme français, qui concerne principalement Eric Westphal, renferme également un rapport de Michel Rocard sur l’Oued Goussine, ainsi qu’une correspondance entretenue avec Éric Westphal. Ces documents sont classés sous la cote 038Y11, boîte 3.

À Nanterre, la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) conserve le fonds Daniel Guérin, relatif au colonialisme et à l'anticolonialisme comportant de Michel Rocard (F DELTA 721/78-103). La bibliothèque conserve également le fonds du Parti socialiste unifié dont Michel Rocard a été secrétaire national, de juin 1967 à novembre 1973 (F DELTA RES 678 ; F DELTA 703/1-86).

La Fondation Jean- Jaurès conserve un fonds documentaire important relatifs aux actions et aux déclarations des dirigeants du Parti socialiste, entre 1971 et 1985, dont celles de Michel Rocard.

Le service des archives de Nouvelle-Calédonie conserve des fonds relatifs aux accords de Matignon, sous les cotes 117W-588, 117W-590, et 531W-49/50.

Les Archives municipales de Conflans-Sainte-Honorine, dans le département des Yvelines, conservent un fonds Rocard entré par voie extraordinaire, sous le numéro 3Z.

Le site internet michelrocard.org permet l’accès aux discours, livres, articles et aux documents audiovisuels concernant Michel Rocard.

La famille de Michel Rocard a fait don, à la Bibliothèque de l’Assemblée nationale, de plusieurs centaines de livres, provenant de sa bibliothèque personnelle, dont de nombreux ouvrages dédicacés par leurs auteurs.

Biographies

Biographie de la Ve République

ROCARD (Michel)
Né le 23 août 1930 à Courbevoie (Hauts-de-Seine)
Décédé le 2 juillet 2016 à Paris

Député des Yvelines de 1969 à 1973, de 1978 à 1981, puis de 1981 à 1986 et de 1986 à 1988.
Sénateur des Yvelines de 1995 à 1997.
Premier ministre de 1988 à 1991.
Ministre d’État, ministre du Plan et de l’aménagement du territoire de 1981 à 1983.
Ministre de l’Agriculture de 1983 à 1985.

Michel Rocard naît le 23 août 1930 à Courbevoie d'une famille de la bourgeoisie, protestante par sa mère, Renée Favre, directrice d’un foyer de jeunes filles. Son père, Yves Rocard est professeur de physique à l’École normale supérieure (ENS) et, après avoir pris une part active à la Résistance, il est l’un des responsables de la création de la force de dissuasion atomique française. Tout en étant élève à l'École alsacienne, Michel Rocard trouve dans l’engagement chez les Éclaireurs unionistes une échappatoire au carcan familial : « L’enfance est terriblement sérieuse », rappelle-t-il en citant Vercors. Il y passera quatorze ans, dont trois comme chef de la troupe n° 241 « Paris-Luxembourg ». À 15 ans, dans le cadre de ses activités dans le scoutisme, il accueille des rescapés des camps de concentration à l'hôtel Lutétia. Ce souvenir fondera son engagement politique après guerre.

Après des études au lycée Louis-le-Grand, il décide de braver l'interdit paternel en s'inscrivant, en 1947, à Sciences Po alors que son père le destinait à une carrière scientifique. Celui-ci, désapprouvant le choix de son fils lui coupe toute ressource, même s'il accepte qu'il continue à vivre dans l’appartement familial. Il l'oblige désormais, pour financer ses études, à travailler dans le laboratoire de l'ENS. Michel Rocard y fait en quelque sorte la rencontre du socialisme au travers de la personne de M. Bertin, tourneur-fraiseur, militant trotskiste, engagé dans les Brigades internationales pendant la guerre d'Espagne, sous l'encadrement duquel il travaille pendant plusieurs mois.

En 1949, refusant la tentation communiste – dès 1947 il a lu J'ai choisi la liberté de Kravtchenko – et sensible à l’engagement européen, il rejoint la Fédération nationale des étudiants socialistes, affiliée à la SFIO, dont il devient le secrétaire général en 1954. C'est là qu'il fait la rencontre de Pierre Mauroy, alors chargé des jeunesses socialistes, qui restera un ami jusqu'à son décès en 2013. Il engage les étudiants socialistes dans l'opposition à la guerre d'Indochine, puis à la guerre d'Algérie, ce qui lui vaut l'inimitié du premier secrétaire Guy Mollet. Il participe également avec des militants de la Jeunesse étudiante chrétienne au basculement de l'Union nationale des étudiants de France (UNEF) dans le camp progressiste en 1957. C'est durant cette campagne, à la Faculté de droit de Paris, qu'il affronte pour la première fois Jean-Marie Le Pen alors à la tête de la « corporation étudiante ».

En 1956, il intègre l'École nationale d'administration (promotion « Dix-huit Juin »), effectuant notamment une partie de sa scolarité au cabinet d'Alain Savary, alors secrétaire d'État chargé des affaires tunisiennes et marocaines. À sa sortie de l'ENA, il est affecté à l'Inspection générale des Finances, mais contrairement au reste de sa promotion, peut rester effectuer son stage à Paris en raison de ses obligations familiales – il a épousé Geneviève Poujol en 1954 dont il a deux enfants, Sylvie et Francis. Militant de la section SFIO du VIème arrondissement de Paris, il coécrit avec Henri Frenay un rapport « sur le drame algérien » dans lequel il dénonce la politique de Guy Mollet en Algérie. C'est cette même année qu'il rejoint le courant de la SFIO opposé à la guerre, intitulé Comité socialiste d'études et d'action pour la paix en Algérie, qui fondera en 1958 le Parti socialiste autonome (PSA) en rupture avec la SFIO.

Mais cette année-là, toute sa promotion de l'ENA est envoyée en Algérie pour prendre ses premières fonctions, après l'arrivée au pouvoir du général de Gaulle. Michel Rocard y retrouve là un ami d'enfance, Jacques Bugnicourt. Celui-ci l'alerte sur la situation de centaines de milliers de ruraux parqués dans des camps par l'armée française, afin d'empêcher les combattants algériens d'avoir accès à du ravitaillement et à des abris. Près d'un million de personnes y vivent dans des conditions sanitaires très préoccupantes. Les décès se comptent ainsi par milliers, notamment parmi la population en bas âge.

Le jeune Michel Rocard prend contact avec le cabinet de Paul Delouvrier, délégué général du gouvernement en Algérie, par l'intermédiaire d'Éric Westphal, un ami d'enfance. Celui-ci lui confie la mission officielle d'étudier les changements de propriété foncière, tout en rédigeant un rapport secret sur les camps de regroupement. Il rend son rapport le 17 février 1959 et en communique un exemplaire à l'Elysée, par le biais d'un de ses camarades de promotion, Jean Maheu, et un autre au cabinet d'Edmond Michelet, ministre de la Justice. C'est de là que le document est livré à la presse, le 16 avril, dans France-Observateur, puis le lendemain dans Le Monde. Il est alors attribué à six fonctionnaires de l'Inspection des finances. Pourtant, assez rapidement, le Premier ministre Michel Debré apprend qu'il n'y a qu'un seul auteur et qu'il s'agit de Michel Rocard. Il demande sa révocation de l'Inspection des finances, finalement rejetée grâce à l'intervention du ministre de la Justice Edmond Michelet. Le rapport aura un grand retentissement dans la presse, même si l'identité de Michel Rocard n'est jamais dévoilée, et conduit à un débat très vif à l'Assemblée nationale entre Waldeck Rochet, le secrétaire général du PCF et le Premier ministre, le 9 juin 1959. Il suscite également, en mai 1959, une forte mobilisation, notamment des associations d'entraide comme le Secours catholique, le Secours populaire et la Cimade.

Michel Rocard rejoint en 1958 le PSA, né de la scission des opposants à la politique algérienne de Guy Mollet, qui devient le Parti socialiste unifié (PSU) en 1960, après la fusion avec l'Union de la gauche socialiste (UGS) dirigée par Gilles Martinet. Il participe au même moment aux activités du Club Jean Moulin, un réseau de hauts fonctionnaires et d'intellectuels réticents au pouvoir gaulliste et souhaitant renouveler la gauche, ainsi qu'à l'Association pour la démocratie, l’éducation locale et sociale (ADELS) qu'il dirige en 1964. Il milite alors sous le nom de Georges Servet pour ne pas mettre en péril sa fonction et c'est sous ce nom qu'il entre au bureau national du PSU en 1965 comme responsable de la formation. Cela l'amène notamment à participer, en mai 1966, aux « Rencontres socialistes de Grenoble » visant à définir les éléments d’un programme socialiste moderne. Le rapport « Les voies de passage au socialisme » dont, sous le pseudonyme de Geoges Servet, il y présente la synthèse et dans lequel les nationalisations ne sont pas considérées comme une fin en soi, celui sur « La gauche et la monnaie », considérant que la gauche ne doit pas céder à l’inflation, et, plus encore, son rapport sur le sous-développement régional « Décoloniser la province », publié en novembre 1966, après le colloque de Saint-Brieuc, lui assurent une notoriété certaine au sein du socialisme non-communiste.

Un an plus tard, alors que le PSU se divise sur la question du ralliement à la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS), fondée autour de François Mitterrand après sa campagne à l’élection présidentielle de 1965, Michel Rocard, avec Édouard Depreux et Marc Heurgon, s’y oppose, alors que la plupart des cadres du parti avec à leur tête Gilles Martinet, y sont favorables. En revanche la base rejette l'accord avec la FGDS et Michel Rocard, en juin 1967, prend à 37 ans la direction du parti. « Le PSU m’a permis de vivre une existence extraordinaire mais purement intellectuelle, intègre et désintéressée, et pourtant marquée au sceau d’un constat d’échec enregistré électoralement : nous n’avons eu, au mieux, que quatre députés à la fois (« Si ça vous amuse », chronique de mes faits et méfaits, Flammarion, 2010). ». En mai 1968, le PSU s’engage derrière le mouvement étudiant. Le 27 mai 1968, à l’appel de l’UNEF, est organisé par la gauche non communiste un grand rassemblement contestataire au stade Charléty à Paris. Michel Rocard est présent à la tribune avec Pierre Mendès France, Jacques Sauvageot et Alain Geismar. Mais les partis de gauche ne parviennent pas à s’entendre, alors que le Parti communiste et la CGT organisent le 29 mai, sous la pression populaire, une manifestation de 500 000 personnes sous le mot d'ordre de « gouvernement populaire ».

Si c'est Marc Heurgon qui contrôle véritablement le parti, Michel Rocard est jugé mieux à même que son allié de l'époque pour le représenter. Il devient rapidement le principal visage de l'organisation, d'autant qu'il est choisi en 1969 pour être le candidat du PSU à l'élection présidentielle. Celle-ci lui assure un écho sans précédent, en dépit du faible résultat obtenu (3,61 %). C'est d'ailleurs à la suite de cette campagne qu'il entre pour la première fois au Palais-Bourbon le 26 octobre 1969, comme député de la 4ème circonscription des Yvelines, regroupant les cantons de La Celle-Saint-Cloud et Marly-le-Roi ainsi que les communes du Chesnay et des Clayes-sous-Bois. Il réussit le tour de force de battre le Premier ministre sortant, Maurice Couve de Murville, avec 53,78 % des suffrages exprimés contre 46,22 %, doublant son score du premier tour (20,49 % des suffrages exprimés contre 40,95 % à Maurice Couve de Murville). Faisant campagne sur le thème « un peu pompeux », reconnaît-il, « Vérité, justice, responsabilité », il bénéficie, en effet, de l’audience procurée par sa candidature à l’élection présidentielle, de la dimension nationale du duel du second tour, du soutien de l’Association nationale des rapatriés d’Algérie, du désistement du candidat communiste et des consignes de vote en sa faveur du candidat centriste.

Député non inscrit, il présente deux propositions de lois. La première (26 avril 1972) sur la diminution et l'encadrement des charges locatives. La seconde, quant à elle, vise à permettre à des consommateurs de s'associer pour porter plainte contre des institutions ou des entreprises, sur le modèle des « class actions » américaines (4 octobre 1972).

Il est membre de la commission des affaires culturelles puis de la défense nationale. Le 7 octobre 1970, opposant la question préalable au projet de loi de programme relative aux équipements militaires de la période 1971-1975, il critique la crédibilité de la force de dissuasion nucléaire française tout en en acceptant le principe, alors même que son parti y est opposé. Mais c'est surtout dans le domaine économique qu'il intervient, lors de la discussion des projets de loi de finances initiale successivement déposés au cours de la législature, les 12 décembre 1969, 23 octobre 1970, et 24 octobre 1972, ainsi que de celle du projet de loi portant approbation du VIe Plan de développement économique et social, le 17 juin 1970. Il défend, le 28 novembre 1972, une politique d’intervention de l'État dans la lignée des thèses de Keynes et critique notamment le statut de la Banque de France qui dépossède, selon lui, le gouvernement de la possibilité d'intervenir dans la gestion de la monnaie. Il considère, le 13 décembre 1972, que cette revalorisation du rôle de l'État dans l'économie doit permettre de mieux maîtriser l'internationalisation des échanges et de résister à l'importance prise par les grandes entreprises multinationales. Seul représentant du PSU à l'Assemblée, il se fait également entendre dans le domaine social, défendant, le 21 mai 1970, le droit des fonctionnaires à l’exercice des fonctions à mi-temps, en particulier en ce qui concerne les femmes qui assurent les tâches du foyer, demandant, le 14 décembre 1971, une revalorisation des retraites lors de la discussion du projet de loi portant amélioration des retraites du régime général de Sécurité sociale, critiquant, le 1er décembre 1971, l’organisation du travail temporaire, et défendant, le 15 décembre 1971, son amendement tendant à interdire toutes les entreprises de travail temporaire hormis l'Agence nationale pour l'emploi. Il intervient en outre dans le domaine de la sécurité, dénonçant la politique répressive du gouvernement, notamment le 29 avril 1970, dans la discussion du projet de loi tendant à réprimer certaines formes nouvelles de délinquance. Le texte du discours sera publié en 2009, avec celui de François Mitterrand (François Mitterrand et Michel Rocard, Vous frappez à tort et à travers, Paris, Seuil, 2009).

Il se présente aux élections législatives de 1973, publiant un ouvrage de campagne, distribué dans sa circonscription, Un député pour quoi faire ? qui dresse un bilan de son activité de député, mais la conjoncture favorable qui lui avait permis de battre dans la circonscription Maurice Couve de Murville est très différente. La droite s'y montre, cette fois-ci, unie derrière Marc Lauriol qui obtient, le 4 mars, au premier tour 14 460 voix, soit 29,21 %, Michel Rocard n’obtenant que 12 056 voix, soit 24,3 %, devant Antoine Casanova, candidat du Parti communiste français pour l’Union populaire et le programme commun, 8 208 voix, soit 16,5 %. Au second tour, le 11 mars 1973, Michel Rocard est battu avec seulement 22 531 voix (46,2 %), par son adversaire de l’Union des Républicains de Progrès qui rallie 26 275 suffrages (53,8 %). Peu après il décide d’agir autrement, choisissant de quitter la direction de son parti, le PSU, afin d'amorcer un rapprochement avec le Parti socialiste (PS). Ce dernier est en effet en pleine croissance depuis le Congrès d'Epinay, en 1971, qui a vu François Mitterrand en prendre la tête. Le PSU a, en revanche, perdu une partie de son électorat, n’obtenant en 1973 que 2 % des suffrages au lieu de 3,9 % en 1968, après qu’a été rendue publique la décision de Pierre Mendès France de quitter le parti, dénonçant sa dérive gauchiste.

Le rapprochement socialiste s'opère en octobre 1974 aux Assises du socialisme qui, après l’élection présidentielle, poursuivent le mouvement d’unification des socialistes. Un tiers des militants du PSU autour de Michel Rocard et de Robert Chapuis – qui lui avait succédé à la tête du PSU – rejoint alors le PS, avec des syndicalistes de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), tels Jacques Chérèque et Pierre Héritier, et des membres d'associations proches appelées « troisième composante ». En octobre 1975, Michel Rocard se voit confier un poste de secrétaire national. Il espère conquérir une mairie située à moins de 100 kilomètres de Paris « prenable sur la droite mais pas sur la gauche […] qui se trouve dans une circonscription législative également prenable sur la droite». Il choisit, plutôt que Pont-Sainte-Maxence dans l’Oise, première circonscription envisagée, Conflans-Sainte-Honorine, port fluvial de 30 000 habitants situé au confluent de l’Oise et de la Seine géré par le port autonome de Paris et capitale de la batellerie artisanale. C’est aussi la 3ème circonscription des Yvelines mitoyenne de celle dans laquelle il avait été précédemment élu. En mars 1977, il est élu maire de Conflans-Saint-Honorine au premier tour face au maire sortant Gilbert Legrand. Il souhaite développer les équipements de la ville dont il entend faire un « laboratoire de démocratie participative ». Aux élections législatives de 1978, il arrive en tête au premier tour avec 25 777 voix, soit 26,5 %, face au député sortant du Rassemblement pour la République (RPR) Gérard Godon, 24 782 voix, soit 26 %. Il l’emporte au second tour, le 19 mars 1978, avec 51 539 voix, soit 53 %, face à son adversaire, 45 731 voix, soit 47 % des suffrages exprimés.

Commentant ce soir-là la défaite électorale de la gauche au plan national malgré un gain de 16 sièges supplémentaires, il déclare : « Un certain style de politique, un certain archaïsme sont condamnés », phrase sonnant comme un désaveu de François Mitterrand. Tenant un discours d’espoir à une gauche déçue par un nouvel échec, il connaît une forte hausse dans les sondages. Très rapidement, il apparaît comme le seul capable de battre Valéry Giscard d'Estaing à la prochaine élection présidentielle de 1981. Il rassemble également derrière lui ceux qui ont participé depuis le milieu des années 1960 à la « gauche autogestionnaire », ainsi que ceux qui se montrent plus réticents à l'égard de l'Union de la gauche à tout prix défendue par François Mitterrand, notamment Gilles Martinet, Jean-Pierre Cot et Edgard Pisani. Il définit ainsi les contours de ce courant à Nantes, au Congrès des fédérations départementales tenu les 17 et 18 juin 1977, au lendemain des élections municipales où la gauche avait été victorieuse, évoquant les « deux cultures » de la gauche française et lançant un débat entre la deuxième gauche, décentralisatrice, régionaliste, héritière de la tradition autogestionnaire et la gauche, jacobine, centralisatrice et étatique. Le Centre d’études, de recherches et d’éducaton socialiste (CERES), qui tient un colloque en juin 1978, tend à se rapprocher de Pierre Mauroy dans la perspective d’une alliance contre Michel Rocard. Mais critiquant la « contribution des Trente », c’est-à-dire des Conventionnels rappelant leur rôle dans la création du PS au Congrès d’Épinay, le mouvement de Jean-Pierre Chevènement s’oppose en juillet à la mise à l’écart du courant regroupé autour de Michel Rocard. Le 17 septembre 1978, ce dernier persiste à déclarer qu’« un certain style politique est condamné » et « qu’il faut probablement parler plus vrai, plus près des faits ».

C'est un Michel Rocard bien différent du jeune espoir de 1969 qui revient au Palais-Bourbon. Il apparaît désormais comme un des principaux leaders du PS, voire un présidentiable potentiel pour 1981. C'est pourtant toujours dans le domaine économique qu'il s'investit le plus, étant membre de la commission des finances. Il incarne en effet l'expertise dont le PS essaie de se doter en matière économique, alors qu’il souffre d'un éternel soupçon d'incompétence en ce domaine. Il intervient ainsi dans la discussion des projets de loi de finances : projet de loi de finances rectificative pour 1978, le 9 octobre 1978, projet de loi de finances initiale pour 1979, le 17 octobre 1979, projet de loi de finances pour 1980, le 17 novembre 1979, projet de loi de finances pour 1981, le 14 octobre 1980. Il intervient également dans la discussion du projet de loi portant approbation d'un rapport sur l'adaptation du VIIème Plan, le 29 novembre 1978. Il critique la politique de rigueur du gouvernement qui touche, selon lui, plus particulièrement les plus défavorisés sans pour autant lutter efficacement contre l'inflation. Il prône en revanche les nationalisations et la réduction du temps de travail comme moyens de relance de l'économie et de baisse du chômage.

Il intervient cependant moins en séance publique sous cette législature que sous la précédente, seulement 7 fois entre 1978 et 1981, au lieu de 31 fois entre 1969 et 1973. Pour lui, c'est ailleurs que se joue son destin national, principalement au sein du Parti, mais aussi des médias, pour renforcer son image dans l'opinion. Il dépose en revanche de nombreuses propositions de loi, notamment sur les accidents de la vie quotidienne touchant les consommateurs et les usagers, le 2 octobre 1979 ; sur la moralisation de la vie politique, le 5 décembre 1979. Nombre d’entre elles correspondent aux activités de la circonscription, notamment la batellerie : proposition de loi portant amélioration du statut des bateliers par diverses mesures économiques, fiscales et sociales en faveur du transport fluvial, le 11 juin 1980 ; proposition de loi tendant à instituer des bourses de voyage au bénéfice des familles non sédentaires, le 25 juin 1980. Il intervient également sur l'ouverture d'une carrière à Limay, le 24 novembre 1978 ; le développement des voies navigables de France avec Jacques Mellick, le 12 octobre 1979 ; ainsi que pour demander plus de subventions de l'État pour les transports collectifs des écoles des Yvelines, le 19 décembre 1980. Il intervient aussi dans la discussion de la déclaration du gouvernement relative à l'intervention française au Zaïre, critiquant l’envoi des troupes dans un pays étranger sans consulter la représentation nationale et observant qu’en l’absence d’accord d'assistance militaire entre le Zaïre et la France, tout mouvement de troupes, en droit, relève de l'acte de guerre et qu’aux termes de l'article 35 de la Constitution, seul le Parlement est habilité à prendre une décision en la matière (18 mai 1978).

Mais il ne parvient pas à convaincre le Parti socialiste encore largement contrôlé par François Mitterrand. Le 1er avril 1978, lors de la réunion des délégués des différents courants du PS, la motion du premier secrétaire obtient une majorité relative (40,1 %), même si Michel Rocard obtient un beau succès (20,4 %) avec des partisans dans toutes les fédérations. Au congrès de Metz, du 6 au 8 avril, dont l’enjeu est le maintien de François Mitterrand à la tête du PS mais aussi la mesure de l’influence de Michel Rocard, le débat sur les deux cultures du socialisme français se poursuit en avril 1978, dans le prolongement du Congrès de Nantes de l’année précédente. Pour François Mitterrand, évoquant Jaurès et Blum : « Tout passe d’abord par la transformation du régime économique, ce qui pose, en termes clairs, le problème de la propriété » et il convient de mettre en place une planification directive. Michel Rocard, critique à l’encontre d’un « économisme marxiste », répond que « le socialisme ne se résume pas à une administration généralisée » et qu’il faut tenir compte des lois du marché. C’est François Mitterrand qui l’emporte avec 46,97 %, face à Michel Rocard (21,25 %), Pierre Mauroy, qui en appelle à la synthèse (16,80 %), et au CERES (14,98 %). Michel Rocard fait la promesse au premier secrétaire de ne pas se présenter contre lui à l’élection présidentielle si celui-ci choisit de se porter candidat pour la troisième fois. Le maire de Conflans tente néanmoins de le pousser au retrait continuant son offensive médiatique. Le 2 juillet 1978, il confirme que si François Mitterrand ne se présente pas à l’élection présidentielle, il sera candidat à l’investiture du PS. Toutefois, commentant les événements de Pologne, il demande une réplique de la France dans l’hypothèse d’une intervention soviétique suggérant que la marine nationale « aille chercher sur la plage » les Polonais qui voudraient quitter le pays. Cette déclaration est vivement critiquée par Lionel Jospin, secrétaire national du PS chargé des relations internationales. Le 19 octobre 1980, alors que débute la procédure de désignation du candidat socialiste, Michel Rocard lance depuis les locaux de sa mairie l’appel de Conflans censé être le pendant de « l'Appel de Chamalières », déclaration de candidature de Valéry Giscard d'Estaing à l’élection présidentielle de 1974. Aux socialistes, il « propose d’être leur candidat à la présidence de la République » dans le respect de ses engagements et, aux Français, de « conquérir ensemble le pouvoir pour devenir ensemble les responsables de la France. » Le député des Yvelines apparaît sur tous les écrans de télévision tendu et regardant la mauvaise caméra. Son discours est peu clair et laisse planer le doute sur son choix en cas de nouvelle candidature du premier secrétaire. Le 29 octobre, Pierre Mauroy déclare que « si François Mitterrand est candidat, il sera le candidat de tous les socialistes ». François Mitterrand profite des points faibles de son adversaire pour présenter à son tour sa candidature, le 6 novembre 1980, entraînant immédiatement le retrait de Michel Rocard. Celui-ci soutient donc François Mitterrand durant la campagne de 1981, étant notamment appelé comme caution économique afin de répondre aux attaques contre le programme socialiste lancées par le président Valéry Giscard d'Estaing, le 8 mai 1981. Le 10 mai 1981, François Mitterrand est élu président de la République. Le 22 mai, Michel Rocard accède pour la première fois à des fonctions ministérielles, devenant ministre d'État chargé du Plan et de l'aménagement du territoire dans le gouvernement de Pierre Mauroy. Le portefeuille paraît toutefois mince étant donné la place prise par Michel Rocard dans le jeu politique depuis le milieu des années 1970. Le Plan ne correspond plus à l’âge d’or de la période de Jean Monnet, pendant laquelle prévalait le consensus politique, économique et social de la reconstruction et de la modernisation, et n’est plus « l'anti-hasard » de Pierre Massé, car il ne permet pas de prévoir les crises dans un environnement international caractérisé par l'incertitude. Le ministre va donc devoir se battre durant deux ans pour imposer son domaine de compétence, alors que son ministère chevauche plusieurs secteurs, l'économie, les transports, l'agriculture, les affaires européennes. Après la dissolution de l’Assemblée nationale, il est élu le 21 juin 1981 au second tour des élections législatives, dans la même circonscription, avec Martine Frachon comme suppléante, obtenant 52 541 voix, soit 60,3 %, face à Bruno Mégret, candidat UNM-RPR, 37 577 voix, soit 39,7 %.

Maintenu dans les mêmes fonctions le 23 juin dans le deuxième gouvernement de Pierre Mauroy, il se montre en profond désaccord avec la politique économique qu’il juge n’être pas assez rigoureuse. Toutefois, afin de ne pas fragiliser davantage sa place au PS comme au gouvernement, il refuse d'évoquer publiquement son désaccord et intervient désormais le moins possible dans les médias. Il en est de même à l'Assemblée nationale et au Sénat où il se cantonne essentiellement à son domaine ministériel : le Plan, notamment lors de la présentation, le 11 décembre 1981, du projet de loi approuvant le plan intérimaire pour 1982 et 1983 ainsi que du projet de loi portant réforme de la planification, les 14 et 15 juin 1982. Il estime que c’est « une grande affaire » dans la mesure où cela réintroduit « un peu de dignité et de souveraineté interne dans les relations entre l’État et les régions » mais que, même si l’on ne pratique plus « la politique du saupoudrage de subventions sur décision unilatérale de l’État », la France ne parvient qu’au stade d’une semi-décentralisation. Il défend tout particulièrement la mise en place des contrats de plan État-région, créés par la loi du 29 juillet 1982 portant réforme de la planification, considérant qu’il s’agit d’« un changement majeur dans le modèle vertical » rendu plus fonctionnel et d’un accélérateur du développement des régions. Ceux-ci permettent au gouvernement, par l'intermédiaire du préfet de région représenté par son secrétaire général aux affaires régionales (SGAR), de s'accorder avec l'exécutif de la région sur la réalisation de projets relatifs à l'aménagement du territoire régional et sur la part de chaque entité dans le financement. Il présente le projet de loi portant modification du statut des agglomérations nouvelles, rappelant, le 6 octobre 1982, l'attention qu'il a toujours porté au problème des villes nouvelles et l’intérêt présenté par ces villes au regard de la planification. Il y souligne aussi les défauts majeurs du régime de la loi de 1970 et la nécessité du renforcement de la coopération intercommunale.

Le remaniement ministériel de mars 1983, dans le contexte du « tournant de la rigueur », lui permet de sortir selon ses propres termes du « placard qu’il a su décorer » pour diriger le ministère de l’Agriculture, « ministère de pleine puissance », fort d’une administration de 30 000 fonctionnaires. Fils de la ville il a néanmoins rencontré des agriculteurs, étant jeune fonctionnaire. Succédant à Édith Cresson, il doit apaiser des tensions avec les syndicats agricoles, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) demandant la suppression des montants compensatoires monétaires. Les autres organisations agricoles, Cercle national des jeunes agriculteurs (CNJA), Confédération nationale des syndicats de travailleurs paysans (CNSTP) et Mouvement de défense des exploitants familiaux (MODEF), réclament des mesures complémentaires pour les petits et moyens exploitants. Toutes jugent insuffisante la hausse des prix agricoles obtenue lors de la réunion des ministres européens de l’Agriculture en mai 1983. Le ministre de l’Agriculture assure qu’il n’y a « pas de réforme de la politique agricole commune sans des sacrifices relatifs ». Président du conseil agricole au premier semestre 1984, il est également confronté à la crise des excédents de produits laitiers et négocie à Bruxelles la mise en place de quotas. À l’été 1984, est négocié au Conseil européen de Fontainebleau le rabais sur la contribution du Royaume-Uni au budget européen, ou « chèque britannique », qui représente environ deux tiers de l'excédent de la contribution britannique par rapport aux dépenses de l'Union européenne (UE) à destination du Royaume-Uni. Durant cette période, il est fréquemment sollicité dans les séances de questions au gouvernement et de questions orales sans débat. Il défend à l’Assemblée nationale le projet de loi, adopté par le Sénat, modifiant certaines dispositions du code rural relatives aux caisses de mutualité sociale agricole et présente le projet de loi relatif au contrôle des structures agricoles et au statut du fermage. Alors que le débat sur la réforme de l'enseignement menée par Alain Savary s’amplifie, Michel Rocard fait adopter à l'unanimité deux projets de loi sur l'enseignement agricole, l'un portant rénovation de l'enseignement agricole public, le 4 juin 1984, et l'autre portant réforme des relations entre l'État et les établissements d'enseignement agricole privé, inspiré des modalités d’aide financière de la loi Debré de 1959, soulignant en séance publique, à l’Assemblée nationale, le 22 novembre 1984, l’absence de conflit sur un texte relatif à l’enseignement privé.

En dépit de ces succès obtenus au cours des deux années qu’il considère comme les deux plus belles de sa vie professionnelle, Michel Rocard se trouve dans une situation plus complexe à partir de 1984. Son ami Pierre Mauroy a été remplacé à la tête du gouvernement, au mois de juillet, par Laurent Fabius. Celui-ci plus jeune que le député des Yvelines, défend comme lui une politique économique plus ouverte au capitalisme, voire au libéralisme. Très rapidement, le jeune Premier ministre parvient à rattraper Michel Rocard dans les sondages et même, au début de l'année 1985, à le dépasser. En outre, pour amoindrir la défaite annoncée de la gauche aux législatives de 1986, le couple exécutif envisage d’introduire le mode de scrutin proportionnel. Michel Rocard choisit alors de s'opposer à cette mesure considérant qu’elle ouvre la porte de l'Assemblée nationale à de nombreux députés du Front national. Il démissionne du gouvernement, le 4 avril 1985, en pleine nuit, et rejoint l’Inspection des finances où sa première enquête est relative aux modalités de la dette publique.

Il repart aussitôt en campagne, se déclarant candidat à l'élection présidentielle de 1988, cette fois « jusqu'au bout ». S’il se soucie de l'opinion, il essaie également de renforcer sa position dans le parti, reconstituant son courant mis en sommeil en 1981, et au sein duquel naissent, les Clubs Convaincre et proposant l’institution d’un revenu minimum d’insertion. Le courant rocardien obtient 29,5 % des voix au Congrès de Toulouse, en octobre 1985, avec la motion « Convaincre » face à la motion « Rassembler autour du Parti socialiste pour réussir la nouvelle étape » de Lionel Jospin (71,5 %). Toutefois, la cohabitation, à partir de mars 1986, tourne à l’avantage du président de la République qui retrouve une cote de popularité positive, alors que Michel Rocard peine à faire entendre sa voix dans l'opposition frontale entre François Mitterrand et Jacques Chirac.

Il retrouve son siège de député le 16 mars 1986. La liste « Pour une majorité de progrès avec le président de la République », qu’il conduit dans les Yvelines, obtient, avec 31 %, 4 députés alors que la liste du RPR conduite par Michel Péricard obtient, avec 29,3 %, le même nombre de sièges. Il n'intervient en séance publique que pour défendre la motion de censure déposée par le président du groupe socialiste Pierre Joxe, le 15 mai 1986, menant un véritable réquisitoire à l’encontre du chef du gouvernement tant dans le domaine de l'audiovisuel qu'en matière fiscale, agricole et économique. Membre de la commission de la défense nationale et des armées, il obtient l’accord de son groupe pour que ses collègues socialistes votent le budget de la défense, alors qu’ils votent contre les autres, et c'est lui qui intervient au nom du groupe socialiste, le 9 avril 1987, dans la discussion du projet de loi de programme relatif à l'équipement militaire pour les années 1987-1991. Il montre un visage plus conciliant constatant un accord entre la majorité et l'opposition sur les grandes orientations en matière de défense et d'armement.

C’est tardivement, le 22 mars 1988, que François Mitterrand annonce qu’il est candidat à sa succession à la présidence de la République. Il choisit à cette fin le journal télévisé du soir d'Antenne 2, dénonçant « un risque pour le pays », soutenant que des « esprits intolérants », des « partis qui veulent tout », des « clans », des « bandes », des « factions » menacent « la paix civile ». Prenant pour slogan « La France unie », il décide d’adresser par courrier et voie de presse une longue Lettre aux Français. Michel Rocard renonce alors une nouvelle fois à sa candidature. Réélu le 8 mai 1988 avec 54,02 % des suffrages exprimés face à Jacques Chirac, François Mitterrand souhaite élargir sa majorité et nomme, le 10 mai 1988, Michel Rocard Premier ministre après la démission de Jacques Chirac. Cette nomination marque la réunion au sommet de l’État de la gauche classique et de la deuxième gauche. Michel Rocard accepte de devenir Premier ministre alors que, confesse-t-il, ses relations avec François Mitterrand sont exécrables ; car il se considère, selon ses propres mots, « comme porteur d’une vision un peu rénovée du socialisme démocratique, plus adaptée au marché, plus innovante sur le plan social ». Il adresse le 28 mai une lettre circulaire à tous les ministres et secrétaires d’Etat, comportant ses instructions pour les principes et l'organisation de l'action gouvernementale, véritable code de déontologie de l’exécutif gouvernemental. Celle-ci publiée au Journal officiel donne des instructions en ce qui concerne le respect de l’État de droit ; du législateur ; de la société civile ; de la cohérence de l’action gouvernementale et de l’administration. « Il n’est pas d’usage qu’un Premier ministre s’adresse aux membres de son gouvernement sous la forme que j’ai choisie ici », affirme-t-il. « Sa gamme d’expression habituelle ne connaît guère, en effet, de formules intermédiaires entre la déclaration politique et la classique circulaire. Mais notre pays se trouve assailli de trop de difficultés, notre appareil d’État devenu trop distant de la société civile, pour dédaigner, ici comme ailleurs, les démarches nouvelles. » Il se dit en effet à l’écoute des aspirations de la société civile. En ce qui concerne l’action gouvernementale, la circulaire indique: « La Constitution dispose que le Premier ministre « dirige l’action du gouvernement », lequel « détermine et conduit la politique de la nation ». Il en résulte que, dans l’exercice de mes fonctions constitutionnelles, je serai amené non pas, comme le donne à penser une expression usitée mais impropre, à « rendre des arbitrages », mais bien à prendre des décisions. Je souhaite cependant que mon intervention reste exceptionnelle et que vous exerciez la plénitude de vos responsabilités. »

Le 14 mai 1988, François Mitterrand dissout l’Assemblée nationale élue en mars 1986 faute d’une « majorité parlementaire solide et stable ». Michel Rocard est réélu député au second tour, le 12 juin 1988, avec 22 643 voix, soit 54,9 %, face à son adversaire de l’Union pour la démocratie française (UDF) Jean Fraleux, 18 600 voix, soit 45,1 %. La gauche avec 52,07 % des voix totalise 306 sièges mais le PS n’atteint pas la majorité absolue. L’Union du rassemblement et du centre (URC) obtient 272 sièges. Le deuxième gouvernement de Michel Rocard, nommé le 29 juin, compte 49 membres. Il se caractérise par une certaine ouverture préconisée par le président de la République mais qui reste limitée à quelques figures de droite et du centre. Il s’agit de Michel Durafour, ministre de la Fonction publique et des réformes administratives, Jacques Pelletier, ministre de la Coopération et du développement, Jean-Pierre Soisson, ministre du Travail, Jean-Marie Rausch ministre du Commerce extérieur, Lionel Stoléru, secrétaire d'État au Plan et Hélène Dorlhac de Borne, secrétaire d’État chargée de la Famille. Le Premier ministre souhaite gouverner autrement : « Je rêve d'un pays où l'on se parle à nouveau » affirme-t-il, le 29 juin 1988, dans la déclaration de politique générale du gouvernement non suivie de vote, « Je rêve de villes où les tensions soient moindres. Je rêve d'une politique où l'on soit attentif à ce qui est dit, plutôt qu'à qui le dit. Je rêve tout simplement d'un pays ambitieux dont tous les habitants redécouvrent le sens du dialogue – pourquoi pas de la fête ? – et de la liberté. Je suis de ceux qui croient, au plus profond d'eux-mêmes, que la liberté, c'est toujours la liberté de celui qui pense autrement ». C’est dans un discours prononcé plus tard, le 20 septembre 1990, devant le bureau du PS réuni en séminaire à Joué-lès-Tours, que Michel Rocard exprime le plus nettement sa conception de la démocratie et de l’art de gouverner. Aujourd’hui, dit-il, notre démocratie devient, de plus en plus, un système dans lequel le peuple existe et ne laisse à personne d’autre que lui-même le soin de l’exprimer. » Contraints de faire preuve de modestie par rapport à l’intelligence du peuple, « nos gouvernements doivent, dans le monde d’aujourd’hui, rechercher avant tout l’appui de l’opinion ». Jean Guigné, suppléant de Michel Rocard, remplace celui-ci à l'Assemblée nationale durant toute la IXe législature.

Dans la nouvelle configuration politique de 1988, le Parlement occupe une place centrale qu’il conserve durant les trois années de son gouvernement. Si l'on compare le nombre de ses interventions à celui de ses prédécesseurs, Michel Rocard intervient plus que Jacques Chirac (31 interventions contre 24) et Pierre Mauroy (29 interventions pour ce dernier). Lui-même souligne, dans son discours de politique générale, l'importance de gouverner avec le Parlement et incite ses ministres à rechercher le compromis : « Un amendement de la majorité n'est pas un crime de lèse-majesté. Un amendement de l'opposition n'est pas a priori illégitime ni dépourvu de sens national ». Dans la discussion de la motion de censure, le 9 décembre 1988, il fait un éloge de la restauration du Parlement. Pour faire adopter les projets de loi, Michel Rocard et son gouvernement doivent rechercher des majorités alternatives. Guy Carcassonne, en particulier, membre du cabinet en qualité de conseiller aux relations avec le Parlement, est à la manœuvre, obtenant une majorité à géométrie variable, tantôt grâce au soutien de députés centristes, tantôt de députés communistes, et n’hésite pas à chercher l'appui de députés non inscrits selon les cas, lorsque les deux groupes décident de voter contre le projet de loi, par exemple, en ce qui concerne la contribution sociale généralisée (CSG) en 1991. L’adoption d’un texte peut s’avérer difficile, en raison d’oppositions de part et d’autre à l’Assemblée nationale et du rejet du Sénat ou d’échec de la commission paritaire, ce qui rallonge la durée d’examen. Ainsi, en juillet 1988, le projet de loi portant amnistie fait l’objet d’une large concession au groupe communiste, celle de permettre aux salariés protégés, licenciés pour faute lourde, d’être réintégrés.

Parmi les premières mesures examinées par le Parlement, Michel Rocard, qui avait été nommé chef du gouvernement 5 jours après l’assaut mené contre la grotte d’Ouvéa, fait adopter par l’Assemblée nationale, dès le 4 juillet, le projet de loi constituant le premier volet de l’accord Matignon sur la Nouvelle-Calédonie. Après l’envoi par le gouvernement d’une mission de dialogue en Nouvelle-Calédonie, un rapport d’évaluation avec des propositions sur l’avenir du territoire est remis au Premier ministre. Celui-ci reçoit le 15 juin ensemble, à l’hôtel Matignon, le chef de file de la majorité caldoche RPCR (Rassemblement pour la Calédonie dans la République), Jacques Lafleur, et le leader des indépendantistes, Jean-Marie Tjibaou, du Front de libération kanake et socialiste (FLNKS). Un accord est conclu à Matignon, le 26 juin 1988, dans un esprit conciliateur en vue de transférer à l’État les pouvoirs du conseil exécutif du territoire pendant un an à compter du 14 juillet 1988. En annexe de la déclaration il est prévu qu’un projet de loi sur les futures institutions de la Nouvelle-Calédonie soit soumis à referendum et qu’un scrutin d’autodétermination soit organisé, après une période de développement, en 1998. « Une page nouvelle va pouvoir s’inscrire, non par les armes mais par le dialogue et la tolérance, par le travail et la volonté », déclare Michel Rocard. Le 6 novembre 1988, le oui l’emporte au referendum à 80 % validant les accords de Matignon, mais l’abstention atteint 62,96 %.

La première réforme sociale, dont la discussion commence à l’Assemblée nationale en octobre 1988, vise, conformément aux engagements, à reconnaître un droit nouveau, celui d'obtenir de la collectivité des moyens d'existence. Fondé sur la solidarité nationale, le revenu minimum d’insertion (RMI) constitue une nouvelle catégorie de prestation sociale garantissant à toute personne, disposant de faibles revenus, un minimum de ressources. Le projet de loi fait l’objet d’un large accord en première lecture à l’Assemblée nationale mais il est critiqué par le Sénat en ce qui concerne la décentralisation de la procédure d’attribution. Il est adopté définitivement le 30 novembre 1988 et la loi, promulguée le 1er décembre, entre en application le 15 décembre 1988. « Les procédures prévues pour gérer le RMI et les contrats d’insertion ont vite été engorgées », reconnaît Michel Rocard. En effet, la prestation avait été envisagée comme une aide temporaire, destinée à aider ceux qui sont à la recherche d’emploi en pensant qu’ils en trouveraient très vite, alors que le stock de chômeurs est en progression constante.

Le 3 juillet, le Premier ministre annonce que l’impôt sur les grandes fortunes (IGF), instauré par le gouvernement Mauroy dans la loi de finances pour 1982 et supprimé par le gouvernement Chirac dans la loi de finances rectificative pour 1986 à compter du 1er janvier 1987, sera rebaptisé impôt de solidarité sur la fortune (ISF) avec un seuil de 4 millions de francs et un taux maximal inférieur à 1 % et sera plafonné de façon à ce que le total de l’impôt (revenu, fortune) ne dépasse pas 80 % des revenus du contribuable. Il considère que cet impôt est une contribution de solidarité, non « une revanche contre les riches » et qu’il convient de définir « un meilleur équilibre entre la solidarité nécessaire et la pertinence économique ». Il réussit à obtenir, malgré l’opposition du président de la République et de la majorité du gouvernement, le plafonnement de l’impôt, « c’est-à-dire que la somme de l’impôt sur le revenu cumulé à celui de la fortune ne dépasse pas 75 % du total des revenus du contribuable chaque année afin d’éviter tout exode fiscal ». L’ISF, rétabli par la loi de finances pour 1989 à compter du 1er janvier 1988, est également un moyen de redistribution devant participer au financement du RMI, comme le Premier ministre l’avait annoncé le 29 juin 1988 dans son discours de politique générale.

Le 8 novembre 1989, Michel Rocard annonce le dépôt d'un projet de loi de modernisation du service public de la Poste, rendant autonomes La Poste et France Telecom. Après la remise d’un rapport de synthèse par Hubert Prévot, à l'issue du débat public sur l'avenir de la Poste et des Télécommunications, et des négociations sur les classifications du personnel, le projet de loi est adopté en conseil des ministres le 21 mars 1990. La réforme transforme l’administration des PTT en deux entreprises publiques. Le projet de loi est adopté en première lecture le 12 mai 1990 : par 284 voix, celles du groupe socialiste, de 2 UDC, dont Raymond Barre, et de quelques non-inscrits, contre 45 voix (26 communistes, 3 RPR, 13 UDF et 3 non-inscrits), et avec l’abstention des députés RPR, UDF, UDC. L’abstention de la droite et du centre facilite effectivement l’adoption de la loi, le 27 juin 1990.

La situation d’absence de majorité absolue du groupe socialiste, amène cependant le Premier ministre à recourir largement, 28 fois, à la procédure d’engagement de la responsabilité du gouvernement sur le vote d’un projet de loi, conformément à l'article 49 alinéa 3 de la Constitution. La procédure a pour effet de suspendre immédiatement la discussion du texte. Elle est employée pour la première fois, le 15 décembre 1988, s’agissant du projet de loi relatif à la création du Conseil supérieur de l’audiovisuel car le Premier ministre prend acte d’une absence de majorité pour voter ce texte qu’il estime cependant « équilibré et novateur ». Le recours à cette procédure permet de combattre l’obstruction. Ainsi la discussion du projet de loi relatif au statut et au capital de la Régie industrielle des usines Renault, transformant celle-ci en société anonyme et autorisant l’ouverture de son capital au secteur privé, donne lieu, en avril 1990, à l’Assemblée nationale à la multiplication des dépôts d’amendements et à une intense bataille de procédure conduite par le groupe communiste. Aussi le Premier ministre engage-t-il, le 28 avril, en première lecture, la responsabilité du gouvernement sur « un élément essentiel du développement économique de notre pays ». Le projet de loi, ensuite très modifié par la majorité du Sénat, fait l’objet d’un vote contre, non seulement par le groupe communiste mais aussi par le groupe socialiste. Il est adopté après un désaccord de la commission mixte paritaire en lecture définitive par l’Assemblée nationale le 28 juin 1990. Dans la mesure où le texte sur lequel le gouvernement engage sa responsabilité est considéré comme adopté en l’absence de vote ou d’adoption d’une motion de censure, une proportion importante des interventions de Michel Rocard devant l’Assemblée, en qualité de chef de gouvernement – un tiers soit 11 sur un total de 31 interventions – est ainsi consacrée à la défense de sa politique dans la discussion d’une motion de censure. Il joue habilement des divisions de la droite entre le RPR, l’UDF et même le Centre des démocrates sociaux (CDS) qui a son propre groupe à l'Assemblée nationale (Union du Centre). Dans cette période marquée par plusieurs affaires, il doit également répondre aux attaques de l’opposition de droite sur ces sujets, sans pour autant être impliqué lui-même (réponse à une question de Franck Borotra, le 28 juin 1989 ; question de Jean-Jacques Hyest, le 25 avril 1990). Le gouvernement répond au dépôt d’un grand nombre de motions de censure successives. L’opposition dénonce notamment son « laxisme » à l'égard des mouvements sociaux (9 décembre 1988), sa politique d'immigration (3 juin 1989), la politique de défense (5 octobre 1989) et les « affaires » (4 mai 1990). La gauche non plus ne le ménage pas, critiquant son absence de politique sociale (questions de Louis Mexandeau, le 29 novembre 1989 et d’André Lajoinie, le 4 avril 1990).

C'est lors du vote sur la CSG, instituée par la loi de finances pour 1991, qu'il ressent le plus la fragilité de sa majorité à l’Assemblée. Il considère qu’il s’agit d’un impôt juste « qui consiste principalement à assainir « économiquement le financement de la Sécurité sociale en ne le faisant pas peser sur les seuls salaires, donc aux dépens de l’emploi ». Le Conseil constitutionnel a confirmé la nature fiscale de la CSG, jugeant que cette contribution assise sur les revenus d’activité et de remplacement avait la nature d’un prélèvement fiscal entrant dans la catégorie des « impositions de toute nature », au sens de l’article 34 de la Constitution. Le groupe communiste choisit de voter la motion de censure déposée par la droite sur la CSG, protestant contre l’engagement de responsabilité sur le projet de loi de finances pour 1991 et un projet de loi relatif à la santé publique. Michel Rocard s’adresse ainsi, le 19 novembre 1990, aux députés de l’opposition : « Vous pouvez faire tomber le gouvernement, mais vous ne pouvez pas diminuer ses exigences, celles de la durée et de la continuité dans l’effort. C’est justement parce que cette tâche est ample et ambitieuse, parce qu’elle requiert autant d’humilité que de persévérance, que j’aspire à la poursuivre. » La pression est aussi très forte sur les députés centristes dont seulement quelques-uns vont voter pour. C'est finalement du côté de députés indépendants, notamment d’Outre-Mer, que Michel Rocard trouve une majorité, à 5 voix près, pour rejeter la motion de censure.

C’est lui qui prend l’initiative de la conférence de La Haye réunissant, le 11 mars 1989, les chefs d’État et de gouvernement de 24 pays pour une conférence sur la protection de l'atmosphère du globe. Elle se conclut par un appel aux nations du monde entier pour aider à la lutte contre la destruction de la couche d'ozone, dont la convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques est le prolongement. Il crée une Mission « effet de serre » qui met au point, dès ses premières années d’activité, le concept de taxe carbone, visant à décourager les émissions de dioxyne de carbone.

Cette même année, il doit affronter l’opinion lorsqu’en juin, à la demande du Président François Mitterrand, sont adoptés par le conseil des ministres deux projets de loi organique et ordinaire visant à établir de nouvelles règles pour le financement des partis politiques et des campagnes électorales et comprenant des mesures relatives aux marchés locaux. Mais la polémique relative à l’amnistie des infractions commises avant le 15 juin 1989, en rapport direct ou indirect avec les ressources de l’activité politique, l’emporte sur le débat relatif aux mesures de moralisation. Le Premier ministre justifie l’amnistie en déclarant que « la fraude a été très générale et tous azimuts. Il s’agit de sortir de l’alternative actuelle entre la fraude et la mendicité » par un recours accentué aux fonds publics et une répression plus sévère des infractions. Discuté en première lecture à l’Assemblée nationale, en octobre 1989, le projet de loi qui supprime l’amnistie des délits de financement des activités politiques est modifié par le Sénat et adopté définitivement par l’Assemblée nationale qui rétablit l’amnistie. La loi du 15 janvier 1990 relative à la limitation des dépenses électorales et à la clarification du financement des activités politiques étend le plafonnement des dépenses électorales limitées par la loi du 11 mars 1988 à l’élection présidentielle et aux élections législatives, à tous les types d'élections, et ouvre le financement public aux formations politiques non représentées au Parlement. Elle permet par ailleurs aux partis de bénéficier, dans la limite de plafonds, de financements privés. Une même personne morale ne peut cependant verser annuellement plus de 500 000 francs aux partis. Pour veiller à l'application de la loi, une commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques est créée.

Le 8 novembre 1989, le Premier ministre est interrogé lors de la séance des questions au gouvernement sur le port du foulard islamique à l’école et sur le respect du principe de laïcité. Rappelant que le Coran n’impose pas le port du foulard et que « les musulmans qui vivent en France ne le revendiquent pas », il s’efforce de dépassionner le débat : « Le vieux laïc que je suis n’accepte pas que le visage de la laïcité soit d’abord répressif. Je la veux plutôt convaincante, persuasive, rayonnante. […] Je sais que quelques-uns voudraient faire entrer toutes les religions à l’école, mais il ne faut pas confondre l’école multiconfessionnelle et l’école laïque. »

Dans le contexte d’une crise du transport aérien et alors que la transformation des structures économiques se heurte au principe établi par François Mitterrand dans la Lettre à tous les Français, « ni privatisations, ni nationalisations », le Premier ministre décide, le 12 janvier 1990, l’achat par l’État au groupe Chargeurs SA de la majorité du capital de la compagnie privée UTA, permettant à Air France, par le biais des actions d’Air Inter détenues par UTA, de prendre le contrôle d’Air Inter. À la suite de l’ouverture par la Commission européenne d’une procédure à l'encontre de cette opération, un accord conclu entre le gouvernement français et la Commission met fin à la procédure, sous réserve d'obligations imposées par la Commission à Air France, visant à préserver les conditions de la concurrence entre les compagnies aériennes en France. L’opération permet alors à Air France d’investir dans le renouvellement de sa flotte, avant un retournement de cycle du transport aérien.

Dans le domaine de la santé, Michel Rocard appuie le ministre de la Santé, Claude Évin, dans la négociation d’un accord avec les professions médicales et paramédicales sur le montant maximal autorisé des dépenses de leur secteur. S’agissant de la politique de prévention, la loi Évin du 10 janvier 1991, relative à la lutte contre le tabagisme et l'alcoolisme, établit le principe d'une interdiction de fumer dans les lieux affectés à un usage collectif, ainsi que dans les lieux collectifs de transport, et de la publicité directe ou indirecte en faveur du tabac. Elle limite le droit de faire de la publicité pour les boissons alcoolisées afin de protéger les jeunes des opérations de marketing. Il fait également préparer le projet de loi portant réforme hospitalière, discuté en juin et juillet 1991, ayant pour objectif de réduire le nombre de lits en s’appuyant sur une planification de plus en plus contraignante. Mettant en place un schéma d’organisation sanitaire, élaboré dans chaque région, la loi relance la coopération interhospitalière avec l’extension du champ de réalisation des syndicats interhospitaliers et la constitution de groupes d’intérêt économique (GIE) et d’intérêt public (GIP).

Mais les relations avec le président de la République sont de plus en plus difficiles, en dépit de la stratégie du Premier ministre, visant systématiquement à se référer au chef de l'État et à ses écrits. Le Congrès de Rennes, du 15 au 18 mars 1990, qui révèle de violentes rivalités à l’intérieur même du groupe soutenant François Mitterrand, accroît particulièrement l'inimitié du Président à l'égard de son Premier ministre qu’il considère comme responsable du déchirement du PS. Affirmant sa préférence pour Laurent Fabius, lors d’une émission télévisée le 25 mars 1990, François Mitterrand reconnaît toutefois la place occupée par Michel Rocard à la tête de la majorité : « Il est évident que le Premier ministre en fonction, s’il réussit assez pour conduire la majorité actuelle à la victoire électorale en 1993, sera en situation d’être le candidat de tous pour la confrontation présidentielle. » La guerre du Golfe assure un répit à Michel Rocard, qui exprime un point de vue identique à celui de François Mitterrand devant les assemblées convoquées en session extraordinaire à Versailles, le 27 août 1990. Le président de la République condamne, en effet, dans un message au Parlement réuni en Congrès, l’invasion du Koweït par l’Irak qualifiée d’« intolérable violation du droit » et se déclare « favorable à tout dialogue utile dès lors que celui-ci sert la paix sans rien céder sur les principes, c’est-à-dire sur le droit ». Devant l’Assemblée nationale, Michel Rocard vient défendre l’action de la France fondée, à l’exclusion de tout bellicisme, sur la fermeté, la cohérence et la continuité. « L’histoire nous a appris, déclare-t-il, que lorsque l’on veut éviter un affrontement au prix d’un déshonneur, on obtenait l’un plus l’autre. » En 1991, un nouvel état de grâce semble même toucher le couple exécutif. La guerre du Golfe permet au Premier ministre comme au président de la République de regagner une cote positive dans l'opinion. Le consensus se fait autour de la position française, y compris à l'Assemblée. À deux reprises, Michel Rocard vient informer le Parlement du conflit les 16 janvier et 19 mars 1991. De nouveau convoqué en session extraordinaire, le Parlement se prononce le 16 janvier 1991 sur une déclaration de politique générale du gouvernement sur le recours à tous les moyens pour participer à la libération du Koweït. Rappelant que, parmi les soldats participant à la guerre du Golfe, ne figurera aucun appelé du contingent, même s'il se portait volontaire, le Premier ministre souligne que l’action déterminée de la France suppose « de ne jamais se laisser écarter de l’objectif recherché. L'évacuation du Koweït est le seul poursuivi et se suffit à lui-même : il ne s'agit ni d'écraser l'Irak ni non plus d'établir un lien direct avec d'autres problèmes ». Le 19 mars, le Parlement étant réuni en session extraordinaire après la fin de la guerre du Golfe, le Premier ministre rend hommage devant l’Assemblée nationale aux militaires français tout en constatant la nécessité d’« une adaptation de notre armée ». Il rend aussi hommage à la résolution du président de la République et estime que l’espoir d’un monde « régi par le droit et non par la loi du plus fort […] ne doit pas retomber. »

Mais peu après la fin du conflit, le 15 mai 1991, au lendemain d’un débat à l’Assemblée nationale sur l’avenir des retraites, François Mitterrand le contraint à démissionner. C'est Édith Cresson qui est choisie pour le remplacer. L'ancienne ministre de l'Agriculture et des Affaires européennes avait démissionné du gouvernement Rocard un an auparavant pour rejoindre un grand groupe industriel, ayant évoqué un risque d’immobilisme de la politique du Premier ministre. Dressant un bilan de son action à Matignon, Michel Rocard reconnaît avoir « réussi à tenir plus de trois ans et cinq jours… ce qui n’est pas si mal » et explique son combat pour imposer les réformes à ses yeux indispensables. Examinant son bilan, il estime qu’il n’a jamais cherché à faire du spectaculaire : « En vérité je me considère en politique comme un arboriculteur. Lorsque l’on plante une graine ou une jeune pousse, il convient d’avoir la patience et le courage de la laisser grandir en paix. Ma méthode, c’est la négociation, une approche technique et détaillée – et j’oserais même dire scientifique – des problèmes à résoudre. » Au mois de mai 1991, la maîtrise des grands équilibres économiques de la France, malgré la récession mondiale, permet d’envisager les adaptations nécessaires à l’entrée dans le grand marché unique au 1er janvier 1993. La popularité de Michel Rocard reste à un niveau élevé, le baromètre de la SOFRES indiquant 50 % d’opinions favorables.

Après son départ de Matignon, Michel Rocard se place en retrait, espérant préserver ses chances pour l'élection présidentielle de 1995. Toutefois, il est rapidement pris dans le tourbillon d'impopularité du PS, d'autant qu'il cherche à s’en rapprocher afin de s'assurer de son soutien pour l’élection présidentielle de 1995. Il devient certes le « candidat naturel », mais ne parvient plus à se distinguer du Parti affaibli. Aux élections législatives de 1993, le PS n’obtient que 17,5 % des suffrages exprimés alors que l’Union pour la France (UPF), alliance électorale entre le RPR et l'UDF, obtient avec les divers droite 43,4 % des voix. La nouvelle majorité se compose de 484 députés, dont 207 UDF, 242 RPR et 37 divers droite, tandis que le PS obtient 67 élus et le PCF 24. Michel Rocard avec 27,2 % au premier tour, le 21 mars 1993, contre 38,5 % pour Pierre Cardo, candidat UDF, maire de Chanteloup-les-Vignes, est battu au second tour dans la 7e circonscription des Yvelines, avec 21 770 voix soit 47,2 % contre 24 399 voix, soit 53 % des voix à son adversaire. Il profite toutefois de la fronde contre Laurent Fabius, devenu premier secrétaire du PS un an avant, pour prendre la direction provisoire du PS à laquelle il accède avec 81 % des suffrages exprimés. Il engage alors une œuvre de refondation du parti visant à faire l'autocritique de l'action accomplie depuis 1981, mais aussi à dynamiser le militantisme en son sein. Ainsi les États généraux du progrès en juin 1993 sont ouverts à tous les sympathisants. Il engage également des pourparlers avec les autres formations de la gauche, en vue d'une alliance programmatique – les Assises de la transformation sociale –, dans la lignée de son discours de Montlouis-sur-Loire, en février 1993, où, pendant la campagne pour les élections législatives, il invitait à une refondation comme en 1920 et proposait un « big bang politique pour bâtir, dès les législatives passées, un mouvement socialiste ouvert aux écologistes, aux centristes et aux communistes rénovateurs ». Pensant renforcer encore le retour du PS au premier plan, il choisit de conduire la liste aux élections européennes de 1994. La campagne est une épreuve difficile pour celui qui est devenu premier secrétaire au Congrès du Bourget (22-24 octobre 1993). Une liste « L’Europe commence à Sarajevo », menée par Léon Schwartzenberg et annoncée par Bernard-Henry Lévy, vient contraindre son discours, l'obligeant à courir derrière cette liste qui en définitive se retire à l’approche des élections, avant que la liste Énergie radicale, menée par Bernard Tapie, ne vienne rattraper celle de l'ancien Premier ministre. Le résultat final de la liste socialiste, 14,49 % des voix, est très décevant, loin derrière la liste d’Union de la majorité, 25,58 % et peu avant les listes de Philippe de Villiers, 12,33 % et de Bernard Tapie, 12,33 %. Il contraint Michel Rocard à la démission de son poste de premier secrétaire, le 19 juin 1994, lors d’un conseil national du Parti socialiste. Demandant l’approbation d’un programme de rénovation du parti et un élargissement de la direction, il est désigné par une majorité comme le responsable de l’échec électoral. Il abandonne alors pour une troisième fois sa course à l’élection présidentielle, ne se sentant plus « en position », au profit de Jacques Delors puis, après le retrait de ce dernier, de Lionel Jospin. Le 24 septembre 1995, il est élu au Sénat où il siège à la commission des affaires étrangères. Il est cosignataire de trois propositions de loi, l’une tendant à préciser le mode de calcul de la durée maximale de détention provisoire autorisée par le code de procédure pénale, une autre tendant à donner à la Cour d'assises la possibilité de délivrer un mandat de dépôt contre un accusé en liberté provisoire et une troisième tendant à compléter des dispositions relatives à l'inscription sur les listes électorales en dehors des périodes de révision. Il intervient, le 4 juin 1996, dans le débat qui suit la déclaration du gouvernement sur les états généraux de l'Université, le 29 novembre 1996, dans la discussion des crédits budgétaires pour 1997 du secrétariat général de la défense nationale les 4, 5 et 6 février 1997 et, les 11 et 12 mars 1997, au cours des lectures successives du projet de loi portant diverses dispositions relatives à l'immigration.

Cependant, en 1997, il choisit de démissionner de ses fonctions de sénateur pour se consacrer principalement à son mandat européen. Il prend une part active aux travaux des commissions dont il est membre. C’est d'abord la commission du développement et de la coopération qu'il préside entre 1997 et 1999. Il publie alors un ouvrage sur le développement en Afrique, Pour une autre Afrique. Puis entre 1999 et 2002, il préside la commission sur l'emploi et les affaires sociales, recherchant une intervention accrue de l'UE dans ce domaine, et participant au débat politique français autour des 35 heures. En effet, en 1997, l’alternance lui fait un temps espérer le ministère des Affaires étrangères mais c’est la jeune génération, avec Dominique Strauss-Kahn, Martine Aubry, Élisabeth Guigou, Hubert Védrine et Michel Sapin qui accède aux responsabilités dans le gouvernement de Lionel Jospin. Dans le débat sur les projets de loi relatifs aux 35 heures, il critique une réforme mise en place, selon lui, sans réelle concertation. Il regrette également que les 35 heures soient imposées comme durée légale obligatoire par la loi, alors qu'il juge préférables des négociations par branche afin de fixer la durée du travail et l'adaptation de la rémunération correspondante. Enfin, entre 2002 et 2004, il préside la commission de la culture, de la jeunesse, de l'éducation, des médias et des sports du Parlement européen.

Il est réélu député européen, le 13 juin 2004, après avoir mené la liste dans le grand sud-est, région dans laquelle il n’a jamais été élu mais où il dit vouloir affronter Jean-Marie Le Pen, déjà adversaire dans les joutes étudiantes des années 50. Pour lui « l’objectif absolument majeur, c’est l’Europe sociale », déclare-t-il pendant la campagne électorale. Il l'emporte largement avec 28,62 %, score proche de celui du PS, 29 % à l’échelon national, un record dans cette zone électoralement difficile pour le PS.

En novembre 2007, il est conseiller politique de l’ONG, le Cercle Polaire, sur un projet de traité international de protection de l’environnement arctique et demande au conseil des ministres de l’UE, dans un projet de résolution sur la gouvernance arctique dont il est corédacteur, adopté par le Parlement européen en octobre 2008, d’engager dès que possible des négociations aux fins d’adopter un traité international de protection de l’Arctique. Il préside le conseil d'orientation scientifique de la fondation Terra Nova dès sa création, en 2008.

Victime d’un accident cardio-vasculaire survenu en Inde, en juin 2007, il démissionne de ses fonctions de député européen en janvier 2009 mais poursuit encore de nombreuses activités politiques. Il se consacre notamment à la mission d'ambassadeur chargé de la négociation internationale pour les pôles arctique et antarctique que lui confie, le 18 mars 2009, le président de la République Nicolas Sarkozy. En juillet 2009, il préside à la demande du gouvernement français une conférence d'experts sur l'institution d'une contribution climat énergie et remet son rapport le 28 juillet 2009. Il y préconise une taxe carbone de 32 euros par tonne de CO2. En août 2009, il copréside, avec Alain Juppé, la commission sur le grand emprunt qui remet son rapport au président de la République le 19 novembre 2009. Chargée de réfléchir à la destination des fonds levés dans le cadre d’un futur emprunt national, la commission opte pour un montant de 35 milliards d’euros en faveur de l’innovation, sans toutefois se prononcer sur l’ouverture de l’emprunt au public. Il continue à s’exprimer sur plusieurs sujets politiques. Il dénonce ainsi les dangers liés à la multiplication potentielle des détenteurs de l’arme nucléaire, exprime ses réserves sur le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe, critique la politique économique de François Hollande, qu’il appelle à ne pas se représenter à l’élection présidentielle de 2017.

Il délivre un message sur le rôle du politique : « Le métier politique ne consiste pas à inventer les solutions. C'est l'affaire d'experts, de chercheurs, de spécialistes en sciences exactes et plus encore en sciences humaines. Le métier politique, explicitement et limitativement, consiste, devant un problème repéré, à faire l'inventaire des solutions proposées par la science ou la technique, puis à choisir celle qu'il pense pouvoir faire accepter à l'opinion et grâce à cela la traduire dans les décisions législatives ou réglementaires. »

Il décède, le 2 juillet 2016, d'une longue maladie. Après une cérémonie au Temple de l'Église protestante unie de l'Étoile, le 7 juillet,, un hommage national présidé par le président de la République, François Hollande, lui est rendu dans la cour d'honneur des Invalides. Ses cendres sont inhumées, en présence de François Hollande, à Monticello, près de l'Île-Rousse (Haute-Corse), d'où est originaire sa dernière épouse, Sylvie. Au terme de soixante ans de vie politique, Michel Rocard laisse une Lettre aux générations futures en espérant qu’elles nous pardonneront. Il y admet que jamais les défis pour les nouvelles générations n’ont été aussi complexes à relever. Mais il y affirme sa foi en l’intelligence humaine pour changer la donne et sa conviction que cela ne pourra se réaliser que par une volonté de réapprendre à vivre ensemble.

Titulaire de plusieurs décorations étrangères, il a été élevé Grand-croix de l'ordre national de la Légion d'honneur le 14 juillet 2015. En juin 2017 a été inaugurée, à Conflans-Sainte-Honorine, une Maison citoyenne portant son nom.