Gustave Roch
1844 - 1923
Né le 10 mars 1844 à Aigrefeuille (Loire-Inférieure), mort le 12 août 1923 à Aigrefeuille.
Député de la Loire-Inférieure de 1893 à 1919.
Né à Aigrefeuille, petite ville proche de Nantes le 10 mars 1844, Gustave Roch, ses études classiques terminées, vint faire son droit à Paris où il s'inscrivit tout d'abord comme avocat. Mais rapidement rentré au pays, il ne tarde pas à s'inscrire au barreau de Nantes. Il participa alors très activement aux luttes politiques des dernières années de l'Empire, et tout particulièrement à la campagne antiplébiscitaire de 1870. Engagé dans l'armée de la Loire, il sollicita bientôt les suffrages de ses concitoyens et fut élu dès 1873 conseil-1er général, fonction qu'il occupera sans interruption jusqu'à sa démission en 1881. Après son mariage avec la Norvégienne Frédérike Olsen, le goût des responsabilités et l'insistance de ses amis le conduisirent à se porter candidat à la députation en 1876. Cette tentative - réitérée en 1877 et 1881 - s'avéra infructueuse et le candidat conservateur M. de La Biliais, également conseiller général, conserva son siège jusqu'en 1885 malgré la modification de la loi électorale.
Mais son abandon apparent des responsabilités politiques en 1881 ne devait pas durer. Le 1er mai 1892 il est élu conseiller municipal de Nantes sur la liste républicaine et désigné comme adjoint au maire.
Au renouvellement législatif des 20 août et 3 septembre 1893, sa candidature est présentée par les comités de l'alliance républicaine et le congrès des délégués républicains. Il est élu au second tour avec 7.163 voix sur 12.684 votants l'emportant ainsi largement sur le député sortant conservateur M. Le Cour Grandmaison qui n'obtint que 5.435 voix. Inscrit au groupe de la gauche radicale, secrétaire de l'union progressiste, ce siège est définitivement perdu pour les conservateurs.
Aux élections de mai 1898, il bat l'avocat monarchiste Giraudeau au second tour avec 7.978 voix contre 5.942. Son succès est encore beaucoup plus éclatant le 11 mai 1902 où il obtint au second tour 9.147 voix sur 10.472 votants, ne laissant à son adversaire le docteur Joüon, conseiller général, que 347 voix. Aux élections de mai 1906, il est d'ailleurs élu dès le premier tour (avec 9.665 voix sur 18.647 votants, Dumat, son adversaire principal n'en recueillant que 8.821).
Cette présence continue à la Chambre lui permit de s'intéresser tout particulièrement, non seulement aux questions d'intérêt local, mais également aux questions ouvrières et sociales. Tout d'abord membre de la commission concernant le monopole de l'alcool par l'Etat (1893), il devint membre de la commission du commerce et de l'industrie, puis des douanes. A ce titre, il intervint à de nombreuses reprises pour la répression des fraudes, en matière de conserves alimentaires, et lors de la révision du tarif douanier. Préoccupé par les questions d'approvisionnement, il prend part à de très nombreuses discussions budgétaires relatives au ministère de la Guerre et des Colonies.
Il fait également partie du groupe de défense des ouvriers et employés de l'Etat, des chemins de fer, des ports et de la marine marchande. Il participa en conséquence en 1901, aux discussions du projet de loi sur la marine marchande et consacra l'essentiel de son activité parlementaire à la défense et à l'amélioration de la situation des personnels : chargés de cours de lycée, agents des postes, ouvriers des manufactures d'Etat, ouvriers de l'habillement aux armées, employés du service colonial des ports de la métropole, inscrits maritimes, cheminots, etc... Il interviendra notamment à l'occasion des budgets en faveur de l'amélioration des salaires et des régimes de retraite des personnels militaires et votera en avril 1910 la loi créant les retraites ouvrières et paysannes. Patriote, soucieux d'assurer à la France une marine et une armée solide, il est dans le domaine religieux partisan de la séparation de l'Eglise et de l'Etat qu'il votera (il déposera lors de la discussion un amendement sur les dettes relatif aux travaux concernant les édifices).
Au renouvellement législatif d'avril 1910, il est à nouveau élu le 24 avril dès le premier tour, dominant avec 7.782 voix M. Kerzerho, radical, qui ne recueille que 5.143 voix sur 13.841 votants. La fidélité de ses électeurs lui était assurée. C'est ainsi qu'en mai 1914, il fut réélu avec pratiquement le même nombre de voix (7.188 voix contre 4.791 à son adversaire direct, Faure).
Pendant cette période, il est membre de la commission du travail. Ses interventions sont nombreuses : outre ses traditionnelles interventions budgétaires, il participa aux discussions du projet de loi réduisant à 10 heures la durée du travail dans l'industrie et de la proposition relative au secret et à la liberté de vote. Mais à partir de 1914, son activité devint plus réduite et il n'interviendra que très rarement. Il ne se représentera pas aux élections de novembre 1919 où le scrutin de liste avec représentation proportionnelle amènera le succès de la liste d'union nationale dans la 2e circonscription de Nantes dont il avait été pendant vingt-six ans l'élu. Il mourut peu de temps après dans sa ville natale le 12 août 1923.