Ernest, Jean Roche
1850 - 1917
- Informations générales
-
- Né le 29 octobre 1850 à Bordeaux (Gironde - France)
- Décédé le 27 décembre 1917 à Paris (Seine - France)
1850 - 1917
Né le 29 octobre 1850 à Bordeaux (Gironde), mort le 27 décembre 1917 à Paris (10e).
Député de la Seine de 1889 à 1960 et de 1910 à 1914.
Ernest Roche est né à Bordeaux où il exerça très jeune la profession de graveur. Fils d'ouvrier, ouvrier lui-même, il fut tout naturellement sensibilisé aux questions syndicales auxquelles il consacra une grande partie de son temps avant de devenir député à l'âge de 39 ans : membre du Comité socialiste révolutionnaire blanquiste de Bordeaux, secrétaire de la Chambre syndicale des mécaniciens, il est délégué des associations syndicales ouvrières au Congrès de Marseille. Fondateur de la Voix du Peuple, il deviendra peu après sa venue à Paris, en 1881, responsable de la rubrique ouvrière de l'Intransigeant, charge qu'il assumera sans interruption jusqu'en 1906.
Mais ce publiciste était aussi un homme d'action. Partisan convaincu d'Auguste Blanqui, il prit, en 1879, l'initiative de sa candidature. Celui-ci, interné à Clair-vaux à perpétuité fut mis en liberté, élu député de Bordeaux, et bientôt invalidé. Lui-même fut condamné à quinze mois d'emprisonnement (il fut gracié au bout de six mois) pour sa participation à l'organisation des grèves de mineurs d'Anzin et surtout de Decazeville.
Après plusieurs tentatives infructueuses aux élections municipales et législatives, il est enfin élu, le 4 octobre 1889, député du XVIIe arrondissement de Paris (2e circonscription), obtenant dès le premier tour 8.953 voix contre 7.758 à Edmond Le Pelletier, républicain.
Sa carrière politique est dès lors assurée. Socialiste révolutionnaire blanquiste, il ne cessera de combattre pour l'amnistie et l'abolition des tribunaux d'exception. Rallié au programme du général Boulanger, il milita en faveur de la révision de la Constitution, de la suppression du Sénat et du referendum.
Ses interventions à la Chambre tendent toutes à assurer la défense de l'opprimé, qu'il s'agisse non seulement d'améliorer le sort des ouvriers, mais également des personnes inquiétées pour leurs opinions ou leur action politiques.
En 1891, il demanda à interpeller le ministre de l'Intérieur sur l'emploi des sommes prélevées sur le produit du pari mutuel et revendiquées par la ville de Paris, puis sur les manifestations ouvrières du 1er mai 1891 et les événements de Fourmies et de Charleville. Censuré à cette occasion, il est exclu temporairement de la Chambre.
Il combattit également le gouvernement très énergiquement à propos du projet de loi restreignant la liberté de la presse. Enfin, il prit une part active à la suppression, votée en 1893, des bureaux payants de placement pour les ouvriers et employés. Ses interventions vigoureuses, jugées parfois excessives, lui valurent d'être réélu dès le premier tour le 20 avril 1893. Avec 7.530 voix contre 4.369, il l'emporta très largement sur son adversaire habituel, le républicain radical indépendant Lepelletier.
Le 8 mai 1898, ses électeurs renouvelèrent fidèlement son mandat et il l'emporta encore très largement sur R. Balu par 9.598 voix contre 5.877. Son activité pendant cette période ne se démentira pas.
Le 27 avril 1902, il est candidat dans la 3e circonscription du XVIIe arrondissement. Dès le premier tour, il l'emporte sur le socialiste Brousse, mais de peu (5.790 voix contre 5.091). La situation devait se renverser et aux élections de 1906, il échoua au second tour devant ce même adversaire, élu avec 6.451 voix sur 14.265 inscrits, E. Roche n'en obtenant que 4.992. Mais cet échec ne fut que de courte durée. Blessé sur le champ de bataille politique, selon sa propre expression, il ne tarda pas à retrouver son siège, pour une seule législature il est vrai. Aux élections du 8 mai 1910, il l'emporta de justesse au second tour avec 5.520 voix contre 5.424 voix à Brousse. Mais, le 26 avril 1914, il est très franchement battu dès le premier tour : F. Brunet, conseiller général et conseiller municipal de Paris, lui ravit son siège avec 5.832 voix contre 2.884. La mort ne devait lui laisser le loisir de poursuivre le combat.
Son activité durant cette période agitée du début du siècle reste importante : partisan farouche, dès 1903, de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, qu'il vota, il interpella le gouvernement sur sa politique religieuse, demanda la suppression du budget des cultes, proposa la fermeture des établissements congrégationnistes non autorisés et prit part au débat sur l'autorisation des congrégations enseignantes.
Le sort des ouvriers resta également l'une de ses préoccupations.
Battu aux élections d'avril 1914, il mourut en pleine guerre le 17 décembre 1917.
Il fut le fondateur de la première « soupe populaire » créée dans le XVIIe arrondissement et subventionnée depuis par le Conseil municipal de Paris.