Jules, Antoine Roche

1841 - 1923

Informations générales
  • Né le 22 mai 1841 à Serrières (Ardèche - France)
  • Décédé le 8 avril 1923 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 21 août 1881 au 14 octobre 1885
Département
Var
Groupe
Union républicaine
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IVe législature
Mandat
Du 18 octobre 1885 au 14 octobre 1889
Département
Savoie
Groupe
Union républicaine
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Ve législature
Mandat
Du 22 septembre 1889 au 14 octobre 1893
Département
Savoie
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIe législature
Mandat
Du 20 août 1893 au 31 mai 1898
Département
Savoie
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 8 mai 1898 au 31 mai 1902
Département
Ardèche
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 27 avril 1902 au 31 mai 1906
Département
Ardèche
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IXe législature
Mandat
Du 6 mai 1906 au 31 mai 1910
Département
Ardèche
Groupe
Progressiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Xe législature
Mandat
Du 24 avril 1910 au 31 mai 1914
Département
Ardèche
Groupe
Républicain progressiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIe législature
Mandat
Du 26 avril 1914 au 7 décembre 1919
Département
Ardèche
Groupe
Fédération républicaine

Biographies

Député de 1881 à 1889, né à Saint-Etienne (Loire) le 22 mai 1841, neveu d'un ancien évêque de Gap, il fit ses études au collège Stanislas et son droit à Paris. Inscrit au barreau de Lyon, il prit part aux luttes de l'opposition démocratique contre l'Empire, et se présenta en 1868, sans être élu, comme candidat indépendant, au conseil général de l'Ardèche.

Rédacteur en chef du journal l'Ardèche (1870), il applaudit à la révolution du 4 septembre, devint secrétaire général de la préfecture à Privas, et se porta, sans succès, candidat aux élections pour l'Assemblée nationale, le 8 février 1871, dans le département de l'Ardèche : il échoua, avec toute la liste républicaine, et n'obtint que 26 000 voix. Révoqué, puis réintégré, au mois de mai suivant, comme secrétaire général de la préfecture du Var, il dut encore abandonner ses fonctions administratives en 1873, et se consacra tout entier au journalisme, d'abord dans les départements du Jura et de la Savoie, puis à Paris, où il collabora au Petit Parisien, au Siècle et au Rappel.

Aux élections du 4 octobre 1877, M. Jules Roche se présenta à la députation dans l'arrondissement de Largentière, et essuya un nouvel échec. Appelé par M. Clemenceau à contribuer à la fondation de la Justice, il y défendit les idées radicales, se fit élire, comme républicain intransigeant, en 1879, conseiller municipal de Paris pour le quartier de Bercy, siégea au conseil dans le groupe de l'autonomie communale, et prit une part importante aux délibérations. Rapporteur du budget des cultes de la ville de Paris, il conclut au rejet absolu de toute subvention. Il présenta aussi un rapport remarqué sur les immeubles appartenant à la ville et occupés gratuitement par les congrégations.

Réélu, le 9 janvier 1881, il devint vice-président du conseil municipal. Lors des élections législatives du 21 août suivant, M. Jules Roche fut envoyé à la Chambre des députés par l'arrondissement de Draguignan (Var), avec 7 072 voix (13 553 votants, 26 174 inscrits), contre 3 387 à M. Félix Anglès et 2 704 à M. Ferdinand Bertin. Il avait posé, en même temps, sa candidature radicale socialiste dans deux autres circonscriptions, la 1re de Privas, où il réunit, sans être élu, 4 273 voix, contre 6 618 au candidat opportuniste, M. Chalamet, et le 12e arrondissement de Paris, où il obtint 3 847 voix, contre 7 942 au député sortant, réélu, M. Greppo, 1 029 à M. Harry et 658 à M. Fruneau.

Il prit place, tout d'abord, à l'extrême-gauche, et vota, d'accord avec M. Clemenceau, pour la séparation de l'Eglise et de l'Etat, et pour toutes les motions radicales. Il débuta à la tribune le 6 mars 1882, dans la discussion de la loi des maires, pour réclamer l'application de cette loi à la ville de Paris. Précédemment, il avait élaboré une proposition tendant à la suppression du budget des cultes, à la dispersion des congrégations religieuses, et à la sécularisation de leurs biens, et une autre, réclamant l'abrogation des lois qui ont établi des archevêchés et des évêchés en dehors de ceux fixés par le Concordat. Constamment choisi pour faire partie de la commission du budget, il fut rapporteur du budget des cultes, de celui de l'instruction publique, et enfin rapporteur général du budget (juin 1885), ainsi que d'autres lois financières. En mars 1882, il proposa, par voie d'amendements, une série de réductions au budget des cultes : ces réductions l'eussent porté de 42 millions à 8. Il fut également chargé du rapport sur le projet de loi tendant à allouer des indemnités et pensions viagères aux victimes du 2 décembre. Il commença alors à se séparer de ses amis de l'extrême gauche sur la question de l'organisation judiciaire : s'étant déclaré, en 1883, partisan du maintien de l'inamovibilité, contrairement aux opinions qu'il avait soutenues à la Chambre l'année précédente, M. Jules Roche se rapprocha de l'Union républicaine, prit part (1884) à la discussion du projet de loi sur l'instruction primaire, soutint le système de M. Paul Bert, puis se rallia bientôt sans réserve à la politique opportuniste, et vota les crédits de l'expédition du Tonkin. Il avait quitté la Justice pour collaborer à la République française.

Aux élections du 4 octobre 1885, ce fut comme candidat du parti modéré qu'il se porta à la fois dans la Savoie, dans l'Ardèche, dans la Seine et dans le Var : l'Ardèche lui donna 39 168 voix (88 137 votants), la Seine 100 206 voix (434 011 votants), et le Var 11 942 (54 669 votants). Il ne fut élu que dans la Savoie, le 4e et dernier, par 29 120 suffrages, sur 53 829 votants et 67 617 inscrits. Pendant cette législature, M. Jules Roche s'occupa presque exclusivement de questions d'affaires et de finances. Il parla (juin 1887) contre une réforme prématurée de la contribution foncière des propriétés bâties et des portes et fenêtres ; demanda (10 mars 1888) l'ajournement des réformes financières jusqu'à présentation de lois spéciales ; fut rapporteur du projet de loi sur l'Exposition universelle de 1889. Rapporteur du budget de 1889, et nommé, cette dernière année, président de la commission chargée de l'examen de la loi de finances de 1890, il soutint de ses votes les cabinets Rouvier et Tirard, et se prononça, dans la dernière session :
- pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement (11 février 1889),
- pour l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution,
- pour les poursuites contre trois députés membres de la ligue des patriotes,
- pour le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse,
- pour les poursuites contre le général Boulanger.


Né le 22 mai 1841 à Saint-Etienne (Loire), mort le 8 avril 1923 à Paris (17e).

Député du Var de 1881 à 1885.

Député de la Savoie de 1885 à 1898.

Député de l'Ardèche de 1898 à 1919.

Ministre du Commerce, de l'Industrie et des Colonies du 17 mars 1890 au 8 mars 1892.

Ministre du Commerce et de l'Industrie du 8 mars au 6 décembre 1892.

(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. V, p. 171).


Jules Roche, anti-clérical militant, se sépara de l'extrême gauche dès 1884 pour devenir chef de l'union républicaine avant d'adhérer au parti progressiste. Elu au scrutin de liste en 1885 député de la Savoie, il y fut réélu dès le premier tour dans la circonscription de Chambéry le 22 septembre 1889, malgré le retour au scrutin uninominal et l'interdiction des candidatures multiples, triomphant aisément de M. Descottes, candidat monarchiste, avec 10.299 voix contre 5.928. Au renouvellement du 8 mai 1898, il battit, avec 6.808 voix, Jules Carret, ancien député radical socialiste (3.857 voix) et César Bouchage révisionniste (2.867 voix). Pendant cette période, il reste membre de la commission du budget et intervint dans la discussion du mode de nomination des membres de cette commission.

Le 17 mars 1890, il devint ministre de l'Industrie, du Commerce et des Colonies dans le cabinet Freycinet, portefeuille qu'il conservera dans le cabinet Loubet constitué le 24 février 1892. Il s'illustra dans ses fonctions en soutenant l'importante discussion du tarif des douanes où il sut s'opposer avec talent aux protectionnistes. Il défendit également le projet de loi sur le travail des femmes et des enfants dans les établissements industriels.

Sous le cabinet Loubet, il fut amené à soutenir la discussion du projet relatif au Conseil de prud'hommes (1892), et divers textes sur la conciliation et l'arbitrage, destinés à prévenir les grèves. Il est en outre considéré comme le créateur de l'office du travail.

Après avoir démissionné avec ce ministère le 18 novembre 1892, Jules Roche, menacé de poursuites dans l'affaire de Panama, proteste véhémentement à la Chambre le 20 décembre 1892 et bénéficiera finalement d'un non-lieu le 7 février 1893.

Après le renouvellement législatif de 1893, il fit partie de la commission du budget et de la commission de l'armée, dont il devint vice-président, et rapporteur du budget de la Guerre en 1894. C'est également à cette époque qu'il dépose une proposition de loi sur les sociétés d'assurance sur la vie.

Au retour d'un voyage d'études en Russie, en Orient et dans une grande partie de l'Europe, qui donnera lieu à plusieurs articles dans le Figaro et dans les grands journaux régionaux (1895-1896), il fait adopter par le Conseil général de l'Ardèche, dont il est membre depuis 1886, un vœu s'élevant contre le projet d'impôt global sur le revenu. Puis en 1897, lors de la discussion du projet sur le privilège de la Banque de France, il intervint à propos de l'organisation du crédit agricole.

Lors du renouvellement législatif de mai 1898, il abandonnera la Savoie pour se présenter en Ardèche (2e circonscription de Tournon). Il y fut élu dès le premier tour par 9.088 voix contre 7.543 à Albert Le Roy, radical, en remplacement du vicomte de Vogué, conservateur, qui ne se représentait pas. Ce changement de circonscription traduit également l'infléchissement de sa ligne politique vers la modération, ce qui lui vaudra d'être réélu sans discontinuer dans cette circonscription jusqu'après la guerre.

Le 27 avril 1902, il écrasa dès le premier tour avec 8.603 voix le socialiste Ganne qui n'obtint que 109 voix. Le 6 mai 1906, les suffrages recueillis par Balliman (4.802 voix) ne l'empêchent pas d'être élu au premier tour avec 8.612 voix. Quant au renouvellement du 24 avril 1910, aucun candidat ne se présenta contre lui. Il obtint 8.035 voix ; les bulletins blancs ou nuls furent de 2.510 et les abstentions de près de 7.000.

Le 26 avril 1914, il sera une dernière fois élu dès le premier tour, également avec 6.974 voix contre 5.184 à Maurin, sur 12.459 votants. En 1919, en effet, il sera victime de la modification de la loi électorale. Ces élections se déroulèrent selon le scrutin de listes et la représentation proportionnelle ; bien que la liste d'union républicaine nationale, en tête de laquelle il se présentait, obtînt 4 des 5 sièges de la circonscription, il fut éliminé par son colistier J. Duclaux-Monteil qui obtint 3 voix de plus que lui.

Député de l'Ardèche pendant cette dernière période, J. Roche devint membre de la commission du suffrage universel et resta membre de celle du budget, mais il prit peu part aux débats parlementaires.

Dans l'affaire Dreyfus, lors du second procès qui eut lieu à Rennes en 1899, malgré ses renseignements sur Esterhazy, il se borna, en 1899, à faire une déclaration sans véritable importance.

Particulièrement compétent en matière économique et sociale, il intervint lors de l'examen d'un projet de loi relatif à l'impôt sur le revenu (1904), contre lequel il prendra publiquement position le 5 mars 1909, cet impôt lui apparaissant comme une immixtion insupportable dans les affaires privées des citoyens, et comme la destruction des principes essentiels de 1789.

Au cours de cette dernière législature (1906-1910) il devint membre de la commission des douanes, et rapporta à ce titre le projet de loi modifiant le tarif des douanes ainsi que celui portant approbation de la convention franco-suisse.

Pendant la guerre (1914-1919), Jules Roche retrouve une importante activité. Il est membre de la commission des crédits. Il dépose alors de nombreuses propositions de loi, qu'il rapportera, en urgence, tendant à protéger les propriétaires de valeurs mobilières et de rentes françaises, dépossédés par faits de guerre. Il proposera le lancement d'une loterie nationale.

Le hasard des élections ne lui permit pas de continuer à siéger à la Chambre après la guerre. Son âge avancé (78 ans) ne fut certainement pas étranger à son élimination de la vie politique après trente-trois ans d'activité. D'ailleurs il s'éteindra à Paris, âgé de 82 ans, le 8 avril 1923.

On lui doit de très nombreux ouvrages spécialisés :
- Le budget des cultes (1883),
- Allemagne et France (1898),
- L'Armée française et l'armée allemande (1895),
- Contre l'impôt sur le revenu (1896),
- Finances et Politique (1899),
- L'Impôt général sur le revenu (1894),
- Nos finances (1899),
- La politique économique de la France (1894),
- Les budgets du XIXe siècle (1901),
- L'impôt sur le revenu (1909).

Il était décoré de la Grande Croix de Sainte-Anne de Russie.