Marcel Roclore
1897 - 1966
ROCLORE (Marcel, Louis, François)
Né le 25 août 1897 à Saulieu (Côte d'Or)
Décédé le 27 octobre 1966 à Dun-lès-Places (Nièvre)
Ministre d'Etat du 22 janvier au 22 octobre 1947
Ministre de l'agriculture du 22 octobre au 24 novembre 1947
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Côte-d’Or)
Député de la Côte-d'Or de 1946 à 1951 et de 1956 à 1958
Issu d'une lignée de pharmaciens et de médecins, fils du directeur du service des enfants assistés de la Côte-d'Or, Marcel Roclore entame des études de médecine lorsqu’éclate la première guerre mondiale. Mobilisé en janvier 1916 dans l'artillerie, il est versé dans les services de santé comme médecin auxiliaire, où son courage lui vaut la croix de guerre et une citation à l'ordre du régiment. Après le premier conflit mondial, il achève ses études et devient docteur en médecine. Marié trois fois au cours de sa vie, il a quatre enfants de son premier mariage.
Sa carrière politique débute en 1935, quand il devient conseiller municipal de Saulieu. Aux élections législatives de 1936 où il se présente comme candidat du parti agraire, il se désiste au deuxième tour pour faire barrage au candidat socialiste. Durant toute sa carrière, il reste intéressé par les problèmes agricoles.
Lors de la seconde guerre mondiale, il est médecin-chef. Fait prisonnier, il est libéré en août 1940. En 1941, il refuse d'être nommé maire par Vichy et entre dans la Résistance. Membre fondateur du maquis du Morvan, membre du Comité départemental de Libération (CDL) en novembre 1943, il fait partie du Comité directeur de "Ceux de la Résistance". A la Libération, il est nommé chargé de mission pour les affaires économiques au commissariat de la République de Dijon et reprend son activité politique.
Sur le plan local, il est élu en 1945 maire de Saulieu et le reste jusqu'en 1965, date à laquelle il démissionne car sa liste n'a pas la majorité absolue. En 1945, il est élu également conseiller général de Saulieu, fonction à laquelle il est constamment reconduit au premier tour, à chaque élection. Il devient président du Conseil général de la Côte d'Or en 1951. Très impliqué dans la vie de sa ville et de son département, il est au moment de son décès le président de plusieurs associations visant à la promotion de sa région et à l'amélioration de ses équipements.
Au plan national, il est élu député de la Côte d'Or aux deux Assemblées constituantes de 1945 et 1946, à chaque fois second sur la liste des Républicains Indépendants du chanoine Kir. Sous la première Constituante, il est membre de la commission de la famille, de la population et de la santé publique et de la commission des moyens de communication et des postes, télégraphes et téléphones. Il dépose une proposition de loi, deux rapports et un rapport supplémentaire. Le thème dominant est celui de la lutte contre la prostitution en France. Il intervient douze fois en séance publique, notamment sur la politique du ravitaillement et sur la Constitution et la Déclaration des droits. Il est rapporteur d’un projet de loi contre le proxénétisme.
Sous la deuxième Constituante, il retrouve la première commission précitée, exclusivement. Il dépose, le 25 juillet 1946, une proposition de loi tendant à modifier la réglementation des réquisitions de voitures automobiles, de chevaux et mulets. Il prend la parole à douze reprises, sur des thèmes très divers : rémunération des personnels et pensions (11 juillet 1946) ; épuration dans la magistrature (26 juillet 1946) ; politique du ravitaillement (30 juillet 1946) ; établissement de la Constitution de la République française (3 et 28 septembre 1946). Comme les autres députés de l'opposition de droite, il vote contre les deux projets de Constitution et les nationalisations.
En octobre 1946, il est élu député Indépendant et devient vice-président de l’Assemblée nationale, de 1948 à 1951. Il préside la commission de la famille, de la population et de la santé publique durant toute la législature, excepté durant sa présence au gouvernement (janvier-novembre 1947). Du 22 janvier au 22 octobre 1947, il occupe le poste de Ministre d'Etat dans le premier cabinet Ramadier, avec le titre de vice-président du Conseil. Déjà inquiet du manque de fermeté supposé vis-à-vis des communistes et des indépendantistes algériens, il se soucie du problème indochinois. Il fait partie de ceux qui, hostiles aux négociations avec le Vietminh, souhaitent gagner la guerre pour envisager ensuite une solution politique. Il s’emploie également à proposer l’attribution d’un contingent spécial de décorations pour les territoires d’Outre-mer, en mars 1947.
Du 22 octobre au 24 novembre 1947, il est ensuite ministre de l'agriculture dans l'éphémère second cabinet Ramadier, ministère difficile car très impopulaire au moment où le problème du ravitaillement obsède la population. Décidé à faire baisser les prix agricoles, il se heurte, par son antiétatisme, aux projets de ses collègues socialistes, en particulier à André Philip. Le caractère éphémère du second cabinet Ramadier ne lui permet pas d’intervenir en séance publique, ni de déposer de projets de loi.
A l'Assemblée nationale, simple député après le 20 novembre 1947, Marcel Roclore, toujours président de la commission de la famille, de la population et de la santé publique, appartient aussi à la commission des affaires étrangères (1947-1949). Vice-président de l’Assemblée nationale, il s’installe au perchoir durant 147 séances de la législature 1946-1951. Durant la même période, ses 33 autres interventions concernent essentiellement des questions médicales et de santé, auxquelles sa formation le destine particulièrement. A cet égard, il se distingue dans ses fonctions de rapporteur de la proposition de loi relative à la législation contre l’alcoolisme, le 1er février 1949. Il intervient, dans la même fonction, dans la discussion d’une proposition de résolution relative au reclassement du personnel du centre national de la pénicilline, le 18 mai 1949. Il remplit la fonction de rapporteur pour avis à plusieurs reprises (11 février 1949 ; 10 avril 1951) et celle de rapporteur suppléant, le 31 mai 1949. Il se signale enfin par son appui à la politique européenne et atlantiste.
Lors des élections de juin 1951, malgré l'apparentement entre le RPF et les Indépendants, Paysans et Républicains nationaux, la désunion avec le chanoine Kir, qui mène une liste concurrente de concentration républicaine, entraîne un affaissement des voix des Indépendants, ce qui coûte à Marcel Roclore, toujours deuxième de liste, son siège de député.
Cependant, en août 1951, l'Assemblée nationale l'élit conseiller de l'Union française en remplacement d'Estèbe. Réélu en juillet 1952, il siège au sein du groupe d'Union Métropole-Outre-mer, puis chez les Indépendants, jusqu'à sa démission en janvier 1956. Membre de la commission des affaires sociales en 1951-1952 et de celle de l'agriculture, de l'élevage, des chasses, des pêches et des forêts de 1951 à 1956, il occupe la vice-présidence de l'Assemblée de l'Union française, d'octobre 1952 à décembre 1953. Il y fait quelques interventions ponctuelles, dans le domaine médical, mais aussi pour appuyer l'action de l'armée en Indochine ou le projet de Communauté européenne de défense (CED).
Il est réélu député, en janvier 1956, comme Indépendant et Paysan d'Action sociale. Il siège aux commissions de la famille, de la population et de la santé publique (1956-1958), de l’intérieur (1956-1958), des affaires étrangères (1958). Son action parlementaire se concentre sur deux points : son engagement européen, et surtout la sauvegarde des liens historiques de la France avec ses anciennes colonies et la conservation de l'Algérie. Aussi, durant cette législature écourtée, dépose-t-il une proposition de loi, deux rapports et un avis. Il intervient à quinze reprises en séance publique, souvent sur la question algérienne, dont il est l’un des spécialistes. C’est le cas le 19 janvier et le 18 décembre 1956, le 22 mars 1957 et tout au long du mois de septembre suivant, à l’occasion de la discussion du projet de loi sur les institutions d’Algérie. Il quitte la commission de l’intérieur à ce moment-là, à cause des points de vue inconciliables qui la divisent. Partisan d'une politique de fermeté vis-à-vis des indépendantistes considérés comme des terroristes, opposé à tout défaitisme, il préconise cependant une vaste politique de réformes politiques, administratives, économiques et sociales. La pacification et le retour à l'ordre sont pour lui un préalable au sauvetage de l'Algérie française, qui passerait par la mise en place de l'autonomie, la modification du statut et des droits des indigènes - sans aller jusqu'au collège unique - et le développement économique. Il participe à une enquête parlementaire sur place. En juillet 1957, il est rapporteur pour avis d’un projet de loi portant ratification des traités instituant la communauté économique européenne (CEE) et l’Euratom. Il souhaite appliquer le marché commun à l’industrie pharmaceutique, harmoniser les systèmes sociaux européens, surveiller la radioactivité de l’atmosphère, de l’eau et du sol.
Indépendant au sens propre du terme et peu suspect de sectarisme, Marcel Roclore a une autorité morale qui dépasse les limites de son groupe parlementaire, comme en témoignent ses vice-présidences à l'Assemblée nationale et à l'Assemblée de l'Union française. Il entretient des relations avec de nombreuses personnalités ne faisant pas partie des Indépendants. Il s'est lié, en particulier, à François Mitterrand, alors que celui-ci cherchait à s'implanter à Château-Chinon, et est devenu proche de sa famille. Par contre, ses relations avec les Indépendants se sont progressivement distendues, sans toutefois être rompues avec eux.
En 1958, il est confortablement élu député (IPAS) de la quatrième circonscription de la Côte d'Or (Montbard). Ses désaccords avec la majorité gaulliste le poussent à se rallier à l'opposition représentée par son ami Mitterrand. Il ne se représente pas à la députation en 1962 et vise alors une élection au Sénat au sein d'une coalition de centristes de gauche. Sa courte défaite au deuxième tour, face à Roger Duchet, sénateur sortant soutenu par les modérés, achève de l'éloigner de ses anciens amis Indépendants.
Retiré de la vie politique nationale depuis lors, Marcel Roclore décède brutalement le 27 octobre 1966. Chevalier de la Légion d'honneur, Grand-croix de l'Ordre de Saint-Charles, Commandeur de la Santé publique, Commandeur du Mérite agricole, il était titulaire des croix de Guerre 1914-1918 et 1939-1945 et de la médaille de la Résistance.
ROCLORE (Marcel, Louis, François)
Né le 25 août 1897 à Saulieu (Côte-d’Or)
Décédé le 27 octobre 1966 à Dun-lès-Places (Nièvre)
Membre de la première puis de la seconde Assemblée nationale constituante (Côte-d’Or)
Ministre d’Etat du 22 janvier au 22 octobre 1947
Ministre de l’agriculture du 22 octobre au 24 novembre 1947
Député de la Côte-d’Or de 1946 à 1958 et de 1958 à 1962
(Voir première partie de la biographie dans le Dictionnaire des parlementaires français (1940-1958), tome 6, p. )
En avril 1958, Marcel Roclore vota, comme la majorité du groupe des IPAS, contre le gouvernement de Félix Gaillard qui fut ainsi renversé. Mais le 13 mai, contrairement au choix effectué par la direction de son parti, il vota, par refus du coup de force algérois, en faveur de l’investiture de Pierre Pflimlin. Il évolua cependant dans les jours suivants et se rallia à la « solution De Gaulle » à partir du 26 mai. Le 1er juin, il investit le gouvernement de Charles de Gaulle. Les 23 et 30 novembre 1958, il fut candidat du CNIP dans la 4ème circonscription de Côte-d’Or, le département ayant été découpé en quatre circonscriptions à l’occasion de l’adoption de la nouvelle loi électorale. Au premier tour, il obtint 10 936 suffrages, face à six autres candidats : trois de gauche – Jacques Garcia (PCF, 4 664 voix), Fernand Petitfour (SFIO, 6 177 voix) et Robert Kuhn (radical, 4 324 voix) – et trois de droite – Camille Darcy et Gabriel Moreau (modérés sans étiquette, 5 699 et 2 373 voix), et Georges Martin (poujadiste, 2 673 voix). Par rapport au scrutin de 1956, Marcel Roclore avait perdu près de 4 000 suffrages mais il fut aisément élu au second tour avec 19 091 voix face aux candidats communiste (5 042 voix) et socialiste (10 710 voix).
Il s’inscrivit, comme précédemment, au groupe des IPAS présidé par Antoine Pinay puis, dès janvier 1959, par Henry Bergasse. Il fut désigné membre de la Commission des affaires étrangères le 27 janvier 1959 et reconduit à ce poste jusqu’à la fin de la législature. Il appartint aussi au Sénat de la Communauté à compter du 8 juillet 1959. Se sachant malade, il réduisit progressivement son activité parlementaire. A partir de 1960, sur les conseils de son médecin, il ne siégea plus en séance de nuit, déléguant son droit de vote à son collègue François Japiot, député IPAS de la 2ème circonscription de Côte-d’Or. Il déposa deux propositions de lois visant à enrayer l’alcoolisme (n° 209, 8 juillet 1959 ; n° 1274, 28 juin 1961) et prit part à la discussion de différents projets de loi, souvent secondaires : article 56 de la réforme fiscale (29 octobre 1959), reconstruction des ponts détruits en 1940 (20 novembre 1959), lutte contre l’alcoolisme (2 décembre 1959 et 5 décembre 1960), fixation de l’ordre du jour de l’Assemblée (28 octobre 1959 et 7 juillet 1960), statut de la Fédération nationale des sports équestres (9 mai 1961), fixation de la date des élections cantonales et municipales (10 mai 1962), cession définitive des Etablissements français de l’Inde (12 juillet 1962).
A partir du 16 septembre 1959, jour du discours du chef de l’Etat sur « l’autodétermination » de l’Algérie, Marcel Roclore commença à prendre ses distances avec la direction de son parti, la stratégie du secrétaire général, Roger Duchet, visant à dénoncer les concessions faites au FLN – autant de trahisons de l’esprit du 13-Mai à ses yeux – pour accroître le malaise qui s’emparait de l’UNR et favoriser une scission du parti gaulliste autour de Jacques Soustelle. Le député-maire de Saulieu apprécia fort peu l’attitude, pour le moins compréhensive, de Roger Duchet et de Raymond Marcellin, secrétaire général adjoint, envers les insurgés de la « Semaine des barricades », fin janvier 1960. Lors du 4ème congrès du CNIP (30 novembre-2 décembre 1960), il fit partie des 17 parlementaires Indépendants et paysans qui présentèrent une motion favorable au principe de l’autodétermination : elle recueillit 441 mandats tandis que la motion de la direction, présentée par Henry Bergasse, François Valentin et Raymond Pinchard, président du groupe RI au Sénat, hostile au référendum de janvier 1961, en recueillit 1 360. Le 21 décembre, il persista dans son opposition en co-signant une lettre circulaire des minoritaires, initiée par Raymond Mondon et Aimé Paquet, qui appelait officiellement à voter « oui » le 8 janvier 1961.
Son conflit avec le sénateur-maire de Beaune devint publique quand il écrivit dans Le Bien public du 3 février 1961 un article intitulé « Les occasions manquées » dans lequel il justifiait son vote au référendum du mois précédent. Il laissait entendre – non sans recomposer quelque peu les faits – que son hostilité à Roger Duchet remontait au temps du vote manqué de la loi-cadre de 1957. Quand survint le « putsch des généraux », il téléphona directement au préfet de Côte-d’Or, dès le 22 avril, pour lui signifier son soutien indéfectible au chef de l’Etat. Le conseil municipal de Saulieu, comme 163 autres conseils de Côte-d’Or sur 716, vota une motion condamnant sans équivoque l’entreprise des quatre généraux putschistes. Le 28 avril, il fit adopter par le conseil général une motion exigeant le châtiment des traîtres : seuls Félix Kir et Roger Duchet s’abstinrent. Au cours des débats houleux de novembre-décembre 1961 au Palais-Bourbon en vue de l’adoption du budget de 1962, Marcel Roclore vota systématiquement pour le gouvernement, comme trois de ses collègues parlementaires côte-d’oriens (Albert Lalle, François Japiot et le sénateur Etienne Viallanes), tandis que Félix Kir et Roger Duchet émettaient de leur côté des votes systématiquement hostiles.
Au référendum de ratification des Accords d’Evian, le 8 avril 1962, quatre des six parlementaires Indépendants et paysans de Côte-d’Or, dont Marcel Roclore, et 17 des 34 membres du comité directeur du Centre départemental appelèrent à voter « oui » tandis que Félix Kir et Roger Duchet s’abstenaient. Les quatre députés IPAS de Côte-d’Or retrouvèrent une certaine unité face au gouvernement de Georges Pompidou : unanimement, ils s’abstinrent lors du vote qui suivit sa déclaration de politique générale (27 avril 1962) puis votèrent les motions de censure des 16 juillet (force de frappe) et 5 octobre 1962. Mais Marcel Roclore n’en continuait pas moins de s’éloigner de son parti. En juin 1962, peu avant l’ouverture du 5ème congrès du CNIP à Troyes, il participa à la création d’un « groupe d’études » qui rassemblait la fraction des Indépendants et paysans favorable à une coopération étroite avec les gaullistes, et annonçait la scission du parti à l’automne suivant, autour de Raymond Mondon et de Valéry Giscard d’Estaing.
Quand Roger Duchet, évincé de la direction du parti à la fin de l’année précédente, fit savoir qu’il se représenterait aux élections sénatoriales – à la différence de son co-équipier Etienne Viallanes, décidé à se retirer de la vie politique après son échec aux élections cantonales de 1961 – le député-maire de Saulieu prit la tête d’une coalition inattendue contre l’ancien secrétaire général du CNIP. En août 1962, lors du congrès départemental des indépendants, placé sous la présidence du député-maire de Dijon, il annonça son souhait de se présenter au Sénat, expliquant que son état de santé ne lui permettait plus de supporter les charges qu’imposait un mandat de député. Mais Roger Duchet obtint deux tiers des suffrages en sa faveur. Marcel Roclore choisit alors de tout mettre en œuvre pour provoquer la défaite du sénateur-maire de Beaune. Ayant cherché en vain le soutien d’Antoine Pinay, replié sur son département de la Loire depuis janvier 1960, il passa finalement un accord avec l’UNR. Roger Frey, ministre de l’Intérieur, se déplaça personnellement pour organiser la manœuvre dans les jours précédant le scrutin sénatorial du 23 septembre. Les gaullistes présentèrent pour la première fois en Côte-d’Or une liste, composée du comte Bernard d’Harcourt, maire de Grosbois-en-Montagne, modéré sans étiquette favorable au président de la République, et de Henri Berger, futur député de la 2ème circonscription. Au premier tour du scrutin, André Picard (l’autre candidat investi par le CNIP, conseiller général de Précy-sous-Thil et maire de Marcigny-sous-Thil) fut élu mais Roger Duchet fut mis en ballottage, cela pour la première fois depuis 1946, une partie des vois modérées lui ayant manqué. Avec 485 voix, il avait cependant recueilli plus du double de celles obtenues par Bernard d’Harcourt. A la surprise de ses amis politiques, Marcel Roclore annonça alors qu’il était candidat pour le second tour du scrutin, avec le maire de Grosbois comme suppléant. Il obtint 507 suffrages, soit les voix gaullistes et la grande majorité de celles des grands électeurs de gauche, seul le PCF ayant maintenu son candidat. Mais Roger Duchet, bien enraciné dans son département et fort du soutien de Félix Kir, antigaulliste de toujours, l’emporta finalement avec 523 voix.
Marcel Roclore décida de ne pas se représenter aux élections législatives de novembre 1962. Le CNIP, très affaibli, investit dans la 4ème circonscription Michel Sordel, adjoint au maire de Châtillon-sur-Seine. Le candidat de l’UNR, Bernard d’Harcourt, s’étant maintenu, il ce fut Robert Morlevat, candidat radical et maire de Semur-en-Auxois, qui l’emporta.
Le 8 mars 1964, Marcel Roclore fut réélu dès le premier tour conseiller général de Saulieu et demeura président de l’assemblée départementale. Mais en mars 1965, la liste municipale qu’il conduisait n’ayant pas recueilli la majorité absolue dès le premier tour, il renonça à la mairie de Saulieu. Son bilan de près de trente années de gestion municipale était impressionnant : construction d’un hôpital, de l’hôtel des postes, de plusieurs écoles, nombreux embellissements et réhabilitations, dont celle du marché couvert. Dès lors, il se rapprocha ostensiblement de son ami François Mitterrand. Les 22 et 23 octobre 1966, il participa à Dijon aux assises régionales en vue de la création de la FGDS. Dans sa propriété de Bornoux, hameau de la commune de Dun-lès-Places où il s’était retiré depuis près de deux ans, il décéda quelques jours plus tard, dans la nuit du 26 au 27 octobre.
Il présidait diverses associations dont Côte-d’Or-Tourisme et l’Association régionale du Morvan. Il était officier de la Légion d’honneur, titulaire des croix de Guerre 1914-1918 et 1939-1945, et de la médaille de la Résistance.