Eugène, Robert des Rotours
1833 - 1895
Député au Corps législatif de 1868 à 1870, représentant en 1871, député de 1876 à 1889, né au château d'Aniche (Nord) le 23 octobre 1833, fils d'Alexandre-Antonin, baron des Rotours (1806-1868), député au Corps législatif de 1863 à 1868, Eugène des Rotours se fit recevoir docteur en droit, et fut nommé (1861) conseiller de préfecture à Lille. La mort de son père lui ouvrit l'accès du Corps législatif.
Elu, avec l'appui du gouvernement, député de la 3e circonscription du Nord, le 1er février 1868, par 21 291 voix (29 737 votants, 36 405 inscrits), contre 8 375 à M. Géry Legrand, candidat de l'opposition, il siégea dans les rangs de la majorité impérialiste, et appartint, pour les questions économiques, au groupe protectionniste : il était maire d'Avelin et conseiller général d'Orchies depuis 1868.
Soutenu à la fois par l'administration et par le clergé, il obtint sa réélection, le 24 mai 1869, par 22 316 voix (33 097 votants, 38 888 inscrits), contre 10 553 à M. Thiers. Il se rallia, dans la session de juillet, au tiers-parti libéral, signa la demande d'interpellation des 116, fit adopter (avril 1870) un amendement qui réduisait de 100 000 hommes à 90 000 le contingent annuel, et se prononça contre la déclaration de guerre à la Prusse.
Le 8 février 1871, M. des Rotours fut élu représentant du Nord à l'Assemblée nationale, le 27e sur 28, par 177 252 voix (262 927 votants, 326 440 inscrits). Il siégea à droite, fit partie de la réunion des Réservoirs, vota contre le traité douanier et contre le maintien des traites de commerce, et se prononça en politique,
- pour la paix,
- pour les prières publiques,
- pour l’abrogation des lois d'exil,
- pour le pouvoir constituant de l'Assemblée,
- pour la chute de Thiers au 24 mai,
- pour le septennat, la loi des maires, l'état de siège,
- contre l'amendement Wallon,
- contre l'ensemble des lois constitutionnelles.
En 1872, au sujet des concessions de chemins de fer faites à M. Philippart, il avait eu, avec M. de Saint-Léger, un duel dans lequel il fut blessé.
Réélu député de la 4e circonscription de Lille, le 20 février 1876, par 13 947 voix (16 636 votants, 20 523 inscrits), il soutint l'acte du Seize-Mai, et vota avec la minorité de la Chambre contre les 363.
Il fut en conséquence le candidat officiel du maréchal de Mac-Mahon aux élections du 14 octobre 1877, et obtint le renouvellement de son mandat par 13 652 voix (18 162 votants, 21 116 inscrits) contre 4 391 à M. Potié, républicain. Il reprit sa place à droite, combattit le ministère Dufaure et les cabinets républicains qui suivirent, parla (mars 1878) contre les rachats de lignes de chemin de fer par l'Etat, obtint, le 5 janvier 1879, sans être élu, 397 voix comme candidat au Sénat dans le Nord, sur 798 votants, et se prononça : contre l'article 7 de la loi sur l'enseignement supérieur, contre l'amnistie, etc.
Il fut encore réélu dans la même circonscription, le 21 août 1881, par 12 066 voix (19 317 votants, 23 150 inscrits), contre 7 129 à M. Potié. Adversaire des cabinets Gambetta et Jules Ferry, il fit une opposition constante au gouvernement, et repoussa les crédits de l'expédition du Tonkin. M. des Rotours, qui s'est toujours déclaré l'ennemi du militarisme, s'abstint de voter en 1885 sur le projet de loi de M. Ferdinand Gambon relatif à l'abolition des armées permanentes.
Porté, le 4 octobre 1885, sur la liste conservatrice du Nord, il fut élu député de ce département, le 1er sur 20, par 165 309 voix (292 696 votants, 348 224 inscrits). Il suivit la même ligne politique que précédemment, combattit les divers ministères de la législature, parla sur les tarifs de chemin de fer (février 1886), et se prononça contre l'expulsion des princes, contre la nouvelle loi militaire. Dans la dernière session, absent par congé lors du scrutin sur le rétablissement du scrutin d'arrondissement, il a voté pour l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution, contre les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes, contre le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse ; absent par congé lors du scrutin sur les poursuites contre le général Boulanger.
Né le 23 octobre 1833 à Aniche (Nord), mort le 28 mars 1895 à Paris (7e).
DDéputé du Nord au Corps législatif de 1868 à 1870.
Représentant du Nord de 1871 à 1876.
Député du Nord de 1876 à 1895.
(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. V, p. 199.)
Le baron des Rotours, député depuis 1868, fut réélu facilement le 22 septembre 1889 dans la 4e circonscription de Lille avec 10 554 voix sur 12 933 votants et le 20 août 1893 par 10 957 voix contre 3 665 à M. Synare.
Son orientation politique ne varia pas à la fin de sa vie. Au cours de la législature 1889-1893, il intervint à plusieurs reprises pour défendre ce qu'il considérait être les intérêts de l'agriculture française, notamment les productions de sucre, de lin, de vinaigre et de vin. Partisan affirmé d'une politique de hauts tarifs douaniers, le baron des Rotours exprima en outre à plusieurs reprises son souci de voir les taxes sur l'alcool fixées à un taux moyen et il tenta, par voie d'amendement, d'étendre aux producteurs de betteraves les privilèges des bouilleurs de cru.
Au début de la législature 1893-1898 il intervint à propos des secours que l'Etat apportait aux victimes des inondations dans le Nord. Sa santé était cependant chancelante et son activité parlementaire se fit moins soutenue. Il mourut le 28 mars 1895, à Paris (7e), à l'âge de 62 ans.