Alex Roubert
1901 - 1980
ROUBERT (Alexandre)
Né le 12 juin 1901 à La Colle-sur-Loup (Alpes-Maritimes)
Décédé le 14 janvier 1980 à La Colle-sur-Loup (Alpes-Maritimes)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Alpes-Maritimes)
Conseiller de la République puis sénateur des Alpes-maritimes de 1946 à 1958
Alexandre Roubert naît et grandit au sein d’une ancienne famille provençale qui a donné de nombreux hommes politiques et des personnalités marquantes, comme l’écrivain Eugène Sue. Après sa scolarité au lycée de Nice, il fait des études de droit à la faculté d’Aix-en-Provence, et s’inscrit, en 1921, au barreau de Grasse (Alpes-Maritimes), dont il est bâtonnier en 1928.
Il se lance très vite dans la vie politique. Dès 1919, il adhère aux Jeunesses socialistes et, en 1924, il devient membre de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO). Secrétaire de la section socialiste d’Antibes en 1936, il accède au poste de secrétaire fédéral en 1937.
En juin 1940, la France est défaite. Sous l’occupation allemande, Alexandre Roubert est nommé membre du comité directeur SFIO pour la zone sud, et chef départemental du Mouvement de libération clandestin.
En 1944, il devient président d’honneur du comité départemental de libération des Alpes-Maritimes. Il est élu conseiller municipal de Nice en mai 1945. Il reste à ce poste jusqu’en 1947. Il est élu à la première Assemblée nationale constituante, le 21 octobre 1945. Il siège alors à la commission des finances et du contrôle budgétaire et à la commission de la presse, de la radio et du cinéma. Lors de ce premier mandat au Palais-Bourbon, il dépose une proposition de loi et intervient à six reprises en séance publique. Il défend seize amendements et prend la parole comme rapporteur pour les sports du budget général de l’exercice 1946 pour le ministère de l’Education nationale.
Alexandre Roubert est ensuite élu à la seconde Constituante. Il retrouve la commission des finances et du contrôle budgétaire et celle de l’intérieur, de l’Algérie et de l’administration générale, départementale et communale. Il dépose alors deux propositions de loi, une proposition de résolution, un avis et un rapport sur une proposition de loi. Il prend la parole à trois reprises dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, en défendant notamment trois amendements et en qualité de rapporteur d’une proposition de loi relative à l’inéligibilité de personnes relevées de l’indignité nationale.
Dans le même temps, il dirige des sociétés sportives et collabore à des publications journalistiques. Le 8 décembre 1946, il est élu au Conseil de la République, où il rejoint le groupe socialiste, qu’il préside de 1947 à 1956. Il est membre de la commission du règlement, de la commission des finances – qu’il préside de 1951 à 1958, de la commission du suffrage universel, du règlement et des pétitions et de la commission de coordination des affaires d’Indochine.
Il est également nommé, en 1950, président du conseil de direction de l’office des biens et intérêts privés français à l’étranger, à la suite de Léon Blum. En 1956, il rejoint le Conseil supérieur du tourisme et le Conseil supérieur de l’électricité et du gaz.
Alexandre Roubert est un parlementaire extrêmement actif. Dès la première session 1946-1947, il dépose sept propositions de résolution et intervient trente-neuf fois dans les discussions parlementaires. Son intérêt porte essentiellement sur les questions d’ordre économique et financier. En 1946, il intervient sur de nombreux volets du budget : budget de l’agriculture, des travaux publics, de la jeunesse, des arts et des lettres, de l’aviation civile et commerciale ou du ministère de l’Intérieur. En 1948, il s’exprime sur l’aménagement de certains impôts directs et la répression des hausses de prix injustifiées et, en 1951, il intervient dans le débat sur les taxes sur les produits pétroliers.
L’avocat se penche également sur les institutions de la Quatrième République : en 1956, il fait entendre sa voix sur le projet de loi relatif au renouvellement de l’Assemblée nationale et, en 1958, il participe au débat sur la modification du règlement du Conseil de la République.
Ses initiatives législatives sont, pour beaucoup, animées d’un souci d’aide aux plus démunis. En 1948, le sénateur socialiste dépose une proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à déterminer, pour les produits alimentaires et les articles d’utilité sociale, la marge globale du bénéfice licite. En 1952, il dépose une proposition de loi pour assurer les réparations intégrales des dommages causés par les catastrophes naturelles imprévisibles non couvertes habituellement par les groupements d’assurance, et interroge le président du Conseil sur les mesures qu’il prévoit de mettre en place pour permettre la réouverture des usines des aciéries du Nord, « dont la cessation d’activité contraint au chômage et à la misère des millions de travailleurs ». Le sénateur a l’art de faire avancer concrètement le débat. En 1949, déjà, il a demandé au président du Conseil les mesures prises pour dédommager les habitants d’Isola (Alpes-Maritimes), dont les propriétés en Italie avaient été réquisitionnées en 1941 par le gouvernement italien. Peu après, les habitants d’Isola ont retrouvé les biens dont ils avaient été spoliés.
Alexandre Roubert s’intéresse aussi à l’actualité internationale. En 1949, alors que des raisons de santé obligent le général Marshall à interrompre son activité, il dépose une motion pour rendre hommage à l’instigateur du plan qui a aidé à la reconstruction de l’Europe au lendemain de la seconde guerre mondiale : « le Conseil de la République (…) adresse à cet illustre homme d’Etat l’expression de son admiration et de sa reconnaissance. » En mars 1948, c’est encore lui qui prend la parole, après le suicide du ministre des affaires étrangères tchèque Jan Mazaryk, contre la prise contrôle de son pays par les communistes : « Le Conseil de la République, douloureusement ému à la nouvelle de la mort tragique de Jan Mazaryk, s’incline respectueusement devant sa dépouille et salue ce nom glorieux deux fois symbole de la lutte du peuple tchèque pour sa liberté contre les régimes d’oppression. »
Les 2 et 3 juin 1958, Alexandre Roubert vote contre le projet de loi relatif aux pleins-pouvoirs et contre la révision constitutionnelle.
Alexandre - dit Alex - Roubert disparaît le 14 janvier 1980.