Mostefa Benbahmed

1899 - 1978

Informations générales
  • Né le 12 janvier 1899 à Bône (Algérie)
  • Décédé le 9 mars 1978 à Alger (Algérie)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Anciens départements d'Algérie
Groupe
Socialiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 12 janvier 1899 à Bône (Algérie)

Décédé le 9 mars 1978 à Alger (Algérie)

Député de Constantine de 1951 à 1955

Mostefa Benbahmed naît le 12 janvier 1899, dans une famille de Bône (Algérie), d'un père magistrat. Il est notamment le petit-fils de Bahmed Ali « Khalifa » de Constantine, commandeur de la Légion d'honneur sous le Second Empire. Après son cursus secondaire, il passe une licence de droit, et devient avocat.

Inscrit et militant au Parti socialiste à partir de 1927, Mostefa Benbahmed est élu, en 1929, conseiller municipal de Guelma, localité de l'intérieur située entre Bône et Constantine. Il conservera ces fonctions jusqu'en 1932. Il est, pendant la guerre, membre du comité directeur de Combat outre-mer (1943-1944).

En troisième position sur la « liste d'union socialiste et démocratique musulmane », Mostefa Benbahmed est candidat aux élections à la première Assemblée nationale Constituante (21 octobre 1945), devant le collège des Français musulmans du département de Constantine. La liste, avec 58 637 voix sur 293 083 suffrages exprimés (mais 586 322 inscrits), n'a cependant qu'un seul élu. Dans le même département et devant le même collège Mostefa Benbahmed conduit la liste du parti socialiste S.F.I.O. aux élections à la seconde Assemblée nationale Constituante de 1946. Avec 13 867 voix sur 289 668 suffrages exprimés (et 552 334 inscrits), la liste S.F.I.O. n'a aucun élu. Les six députés musulmans de Constantine à la Constituante étant des candidats de la liste d'union démocratique du manifeste algérien, conduite par le pharmacien Ferhat Abbas, Mostefa Benbahmed ne se représente pas aux élections du 10 novembre 1946.

En revanche, figurant en seconde position sur la liste des républicains indépendants, Mostefa Benbahmed se présente devant le deuxième collège du département de Constantine (2e circonscription), pour les élections législatives du 17 juin 1951. Il est élu, avec 109 638 voix sur 147 232 suffrages exprimés. La profession de foi des candidats républicains indépendants insistait sur les spécificités qui sont celles de la population musulmane d'Algérie, sur la volonté d'aboutir à une « égalité pure et simple » des personnes, sur la nécessité de réduire le train de vie de l'Etat, et surtout sur les problèmes sociaux et culturels qui se posaient dans le département.

A l'Assemblée, Mostefa Benbahmed est nommé membre de la Commission de la justice et de la législation (1951, 1953, 1954, 1955), membre suppléant de la Commission des immunités parlementaires (1952), membre de la commission chargée de proposer des mesures de grâce amnistiante en Algérie (1951) et juge titulaire de la Haute Cour de justice (1951). Il dépose notamment deux propositions de loi, tendant, la première à amnistier toute personne poursuivie ou condamnée en vertu de délits à caractère politique en Algérie (23 août 1951), et la seconde, à organiser le jury en Algérie.

Député actif, il intervient fréquemment dans les discussions parlementaires. Le 6 octobre 1953, Mostefa Benbahmed dépose une demande d'interpellation sur les événements du Maroc et leurs conséquences, et prend part à la discussion qui suit. Le 27 août 1954, il déclare : « je vous supplie de comprendre notre désarroi, et pourquoi ne pas l'avouer ? - notre amertume, quand nous assistons chaque jour à la détérioration des relations entre la France et l'Islam (...). On nous a parlé des effets ; on nous a indiqué des remèdes ; mais les origines du mal (...), on les a recouvertes d'une sorte de voile... » Il insiste en particulier sur l'émergence, en Algérie, d'une élite nouvelle, formée par l'enseignement français, et sur les difficultés croissantes du petit monde agricole ou artisanal.

L'insurrection algérienne éclate le 1er novembre 1954. Le 10 novembre, Mostefa Benbahmed dépose une nouvelle demande d'interpellation sur la politique générale suivie par le gouvernement en Algérie, et intervient largement dans les discussions qui suivent (12 novembre et 18 décembre 1954, puis 2 février 1955). II indique, dans la séance du 12 novembre 1954, que la politique de la France au Maroc et en Tunisie a eu un effet négatif sur l'état d'esprit de la population algérienne, dénonce le rôle des radios du Caire, de Madrid et de Budapest, mais aussi de Londres et de Washington, et revient sur le problème, qu'il juge crucial, de la prolétarisation des petits paysans algériens. Le 10 décembre 1954, il vote la confiance au gouvernement Mendès-France sur sa politique algérienne, ainsi que le 5 février 1955 (chute du gouvernement). Il vote en revanche contre la loi établissant l'état d'urgence en Algérie (31 mars 1955).

Les 26 mai et 21 juin 1955, Mostefa Benbahmed dépose deux nouvelles demandes d'interpellation à la suite des troubles du Constantinois. Il déclare, lors de la discussion qui suit : « l'atmosphère est maintenant littéralement empoisonnée (...). Je dis que la tragédie en Algérie est à nos portes (...). La peur devient une sorte de psychose, et un véritable sentiment de méfiance divise les deux communautés... ».

Mostefa Benbahmed intervient également lors de la discussion sur le projet de loi prorogeant l'état d'urgence en Algérie, les 28 et 29 juillet 1955. Enfin, il vote contre la confiance à Edgar Faure (29 novembre 1955).

A la suite des événements sanglants de Philippeville, les élections de 1956 sont reportées par le Gouverneur Soustelle dans les trois départements d'Algérie, et Mostefa Benbahmed ne peut donc pas se représenter.