Ali Bendjelida
1915 - 1976
BENDJELIDA (Ali)
Né le 31 mars 1915 à Cherchell (Algérie)
Décédé le 15 septembre 1976 à Alger (Algérie)
Député de Sétif (Algérie) de 1958 à 1962
Ali Bendjelida naît en 1915 dans la ville côtière de Cherchell, dans le département d’Alger. Comme ses deux parents, il est un « musulman » d’Algérie, et ne jouit pas à ce titre de l’ensemble des droits liés à la citoyenneté française. L’une des voies de la promotion des membres de cette population est l’école républicaine ; c’est celle que le jeune Ali suit. Il poursuit ses études, dans le système scolaire français, jusqu’au lycée. Il est titulaire du brevet élémentaire.
Exempté du service militaire, Ali Bendjelida accède à la profession de clerc d’avoué à l’âge de vingt ans, en 1935. Quelques années après son installation, en 1939, il épouse une jeune Algérienne de sept ans sa cadette, originaire elle aussi de la région capitale, à la mairie de la commune de Kouba dans la banlieue algéroise. De cette union naissent six enfants. Tous seront scolarisés dans le système français. L’activité politique du jeune clerc d’avoué remonte à l’après-guerre : alors âgé de trente ans, il est élu conseiller municipal de Kouba. Il exerce ce mandat pendant deux ans, de 1945 à 1947. En 1950, Ali Bendjelida est promu à la profession de greffier-notaire.
L’Algérie des années 1950 connaît des bouleversements majeurs : les attentats de la Toussaint 1954 marquent l’entrée du pays dans la guerre d’indépendance ; dans une situation des plus troublées, les élections législatives de 1956 sont ajournées sine die par le gouvernement Guy Mollet. L’arrivée au pouvoir du général de Gaulle, après les manifestations suivant le 13 mai 1958, a un impact majeur sur la situation politique. Non seulement des élections législatives sont prévues pour la fin du mois de novembre de la même année, mais les règles en sont fondamentalement modifiées. Pour la première fois, l’Algérie élit ses représentants à l’Assemblée nationale dans un collège électoral unique, comprenant aussi bien ceux qu’on appelle alors les « Français de souche européenne » (FSE) et les « Français de souche nord-africaine » (FSNA). Pour la première fois également, les femmes issues de cette dernière catégorie sont appelées à se prononcer.
Les particularités de ce scrutin tiennent aux dispositions contenues dans l’ordonnance du 16 octobre 1958 relative à l’élection des députés des départements d’Algérie à l’Assemblée nationale. Il s’agit d’un scrutin de liste majoritaire à un tour, sans panachage ni vote préférentiel. Chaque liste de candidats doit, en outre, « respecter une certaine proportion entre les citoyens de statut civil de droit commun et les citoyens de statut civil local, afin de permettre une juste représentation des diverses communautés ». Dans la dix-septième circonscription algérienne, celle de Sétif, dans le Constantinois, cette répartition est fixée à un candidat de statut civil de droit commun et trois candidats de statut civil local.
En 1958, Ali Bendjelida réside à Périgotville, dans le département de Sétif. C’est dans cette circonscription qu’il présente sa candidature au poste de député, sur la liste de Défense républicaine et d’action sociale menée par le socialiste William Widenlocher. A l’instar des deux autres candidats de la liste, parmi lesquels figure une femme, la future maire de Sétif Rebiha Kebtani, le candidat Bendjelida ne se revendique d’aucun parti politique. Si la liste à laquelle appartient le greffier-notaire est menée par un socialiste, elle affiche très clairement son soutien au général de Gaulle, et sa confiance en celui qui est apparu comme un homme providentiel « dans les jours les plus sombres. » La liste menée par Widenlocher fait campagne sur plusieurs thèmes parmi lesquels la politique économique et sociale tient une place importante. La suppression des bidonvilles et la scolarisation complète sont considérées comme autant de composantes d’une solution au problème algérien. Au-delà, la profession de foi de la liste d’Ali Bendjelida affirme la confiance de ses membres en une solution française du problème algérien, et place fermement leur action « sous les plis du drapeau tricolore que tant de musulmans ont défendu en sacrifiant leur vie. » Cette vision de l’Algérie cherche à faire triompher la « personnalité » du pays, et en son sein la « liberté pour chacun dans le domaine des croyances, des religions, des coutumes », « l’égalité des races en droits et en devoirs ». Les candidats défendent en particulier l’émancipation de la femme « musulmane ». Enfin, la « fraternité entre tous les habitants de ce pays » conclut l’énumération des principes. C’est bien une paix française que les candidats appellent de leurs vœux, capable de faire émerger une « Algérie nouvelle ». L’appel à la fin du conflit est martelé : « Trop de sang a coulé dans les rues de nos villes et de nos villages… Assez de tueries inutiles. Assez de crimes et de larmes ».
La liste d’Ali Bendjelida se présente face à une unique liste concurrente, dite d’Union pour l’Algérie nouvelle. Le scrutin est marqué par une très forte abstention, puisque 48 % des inscrits de la dix-septième circonscription ne se présentent pas au bureau de vote. Les résultats, en outre, sont serrés : la liste de Défense républicaine et d’action sociale remporte les quatre sièges de députés avec 52% des suffrages exprimés.
Le greffier-notaire de Sétif s’inscrit, à l’Assemblée nationale, dans le groupe de la Formation administrative des élus d’Algérie et du Sahara (EAS), qui prend à partir du mois de juillet 1959 le nom de groupe de l’Unité de la République (UR). A la fin de l’année 1959, il rejoint le groupe de l’Union pour la nouvelle République (UNR), dans les rangs duquel il demeure jusqu’à la fin de son mandat. Ali Bendjelida est nommé membre de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales, dans laquelle il siège régulièrement de 1959 à 1962 ; il est également désigné secrétaire de la Commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi relatif à la protection sociale en mai 1959. Au mois d’octobre de la même année, il est appelé à participer à la Commission spéciale chargée d’examiner la proposition de loi portant séparation du culte musulman et de l’Etat. Enfin en 1960, il appartient à la Commission d’élus pour l’étude des questions algériennes.
En dépit de son activité au sein de ces commissions, le parlementaire constantinois n’intervient jamais à la tribune au cours des quatre années de son mandat. Il manifeste, à l’occasion des grands votes de ces années, sa fidélité à la politique gaullienne, tant métropolitaine qu’algérienne. Si, le 16 janvier 1959, il ne prend pas part au vote sur le programme du gouvernement Debré, le 15 octobre de la même année il approuve la déclaration de politique générale faite par le Premier ministre. Le 23 décembre 1959, il se prononce pour le projet de loi concernant l’enseignement privé. Le 2 février 1960, il vote pour le projet de loi sur les pouvoirs spéciaux du gouvernement. Enfin, le 27 avril 1962, il se prononce en faveur du programme du nouveau Premier ministre Georges Pompidou.
Le 3 juillet 1962, le mandat de député français d’Ali Bendjelila prend fin, avec l’indépendance de l’Algérie. En ce jour, l’ordonnance relative au mandat des députés et sénateurs élus dans les départements algériens et sahariens y met un terme. L’ancien parlementaire passe les dernières années de sa vie en Algérie, avec sa famille ; l’un de ses fils devient directeur d’établissement scolaire. Il s’éteint dans la capitale algérienne à l’âge de soixante et un ans.