René Rousselot

1899 - 1972

Informations générales
  • Né le 5 décembre 1899 à Nicey-sur-aire (Meuse - France)
  • Décédé le 23 février 1972 à Nicey-sur-aire (Meuse - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Meuse
Groupe
Centre républicain d'action paysanne et sociale et des démocrates indépendants
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 9 février 1959 au 9 octobre 1962
Département
Meuse
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 7 janvier 1963 au 2 avril 1967
Département
Meuse
Groupe
Union pour la nouvelle République-UDT

Biographies

ROUSSELOT (René, Edmond)
Né le 5 décembre 1899 à Nicey-sur-Aire (Meuse)
Décédé le 23 février 1972 à Nicey-sur-Aire

Député de la Meuse de 1951 à 1955

Né dans une famille d’agriculteurs de Nicey-sur-Aire, René Rousselot est mobilisé en 1918, mais effectue l’essentiel de son service après l’armistice du 11 novembre, dans les troupes qui occupent l’Allemagne (zone d’Aix-la-Chapelle). Il reprend ensuite la ferme familiale avec son frère, à la mort de leur père. Tous les deux dirigent aussi pendant quelques années un commerce de vins d’Algérie. En 1925, René Rousselot épouse Henriette Meyer, fille d’agriculteurs de la région. De cette union naît quatre enfants : Yolande (1927), Monique (1929), Raymond (1931) et Claude (1934). Il s’engage dans le syndicalisme agricole et y prend vite des responsabilités. En 1929, il est élu conseiller municipal de Nicey-sur-Aire. En 1939, il succède au maire, le docteur Lefer, âgé et handicapé.
Lors de la déclaration de guerre à l’Allemagne en septembre, il est mobilisé mais, père de quatre enfants, il est affecté dans une unité assez proche de son domicile. Il est rapidement libéré. Il reste maire de la commune pendant toute la durée de la guerre. Adhérent à la Corporation paysanne – créée par l’Etat français en décembre 1940 – et favorable au maréchal Pétain, il n’en refuse pas moins l’évolution du régime vers la collaboration chaque jour plus étroite avec l’occupant nazi. Il aide la Résistance à plusieurs reprises, cela au risque de sa vie, est maintenu à son poste de maire à la Libération, puis réélu au printemps 1945. Il le sera jusqu’en 1972.
En septembre 1945, il est élu conseiller général du canton de Pierrefitte. Il est régulièrement reconduit par la suite. Se définissant comme gaulliste et membre du Mouvement républicain populaire (MRP), il adhère au Rassemblement du peuple français (RPF) lorsque Charles de Gaulle crée ce parti au printemps 1947. Comme bien des gaullistes modérés, et à l’image de Louis Jacquinot, ministre à la Libération et président du Conseil général de la Meuse, il se rallie bientôt au Centre national des républicains indépendants, créé en décembre 1948 par les sénateurs Jean Boivin-Champeaux, René Coty et Roger Duchet, devenu CNIP en février 1951 après l’accord signé avec le Parti paysan d’union sociale (PPUS) de Paul Antier et Camille Laurens.
Aux élections législatives du 17 juin 1951, il est candidat sur la liste d’union du Centre national des indépendants et paysans (CNIP) et du Rassemblement des gauches républicaines (RGR) conduite par Louis Jacquinot, alors ministre des anciens combattants et des victimes de guerre. Sur cette liste, résultat dans la Meuse de l’accord dit de « Quatrième Force » conclu au mois de mai précédent entre le CNIP et le RGR, René Rousselot représente le monde agricole départemental. Il est, en effet, président de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles, président de la Coopérative laitière de vente de la Meuse, président de la coopérative d’élevage et d’insémination artificielle de ce même département de la Lorraine. Il préside aussi plusieurs associations agricoles. Il est membre des conseils d’administration de nombre de coopératives et associations locales. La liste modérée, avec 28 876 suffrages, arrive en tête des six listes qui s’affrontent : PCF (15 473 voix), SFIO (7 582 voix), MRP (8 901 voix), Défense des libertés professionnelles et des contribuables (1 115 voix) et RPF (26 614 voix ; Jean Gillot élu). Grâce à son apparentement avec le MRP, la liste modérée a deux élus. Louis Jacquinot s’inscrivit au groupe des Républicains indépendants, auquel il appartient depuis 1945. René Rousselot s’inscrit, quant à lui, au groupe du Centre républicain d’action paysanne et sociale et des démocrates indépendants (CRAPSDI), rassemblant les élus du PPUS sous les présidences de Camille Laurens, puis de Jean Sourbet. Le groupe subit une première crise en novembre 1951 : Paul Antier, président du PPUS, crée un groupe dissident, avec l’appui des amis d’André Liautey, député de la Haute-Saône. Réunifiés en juillet 1952 dans le groupe indépendant paysan, les députés du PPUS se divisent à nouveau en décembre 1953, cette fois encore à l’initiative de Paul Antier. Dans ces crises successives, René Rousselot reste toujours fidèle à la majorité du PPUS qui, derrière Camille Laurens, souhaite l’union la plus étroite avec les Républicains indépendants dans le cadre du CNIP et, à terme, la disparition définitive du parti, ce qui se produit finalement entre 1956 et 1958.
René Rousselot devient vice-président de l’intergroupe forestier. Membre de la commission de la reconstruction et des dommages de guerre pendant toute la législature (1951-1956), de la commission de la famille, de la population et de la santé publique (1953-1964), de l’agriculture (1954-1956), il dépose vingt-cinq textes de loi : quatorze propositions de résolution, cinq propositions de loi, cinq rapports et un avis. Ces nombreuses initiatives parlementaires concernent le plus souvent le domaine agricole : teneur en matière grasse du lait pasteurisé (25 février 1954), aromatisation de la margarine (11 juin 1954 ; 28 octobre 1955), exonérations fiscales pour les jeunes agriculteurs, remises d’impôts aux sinistrés, taxation du beurre (11 juin 1954), ou distribution de tartines beurrées dans les écoles, pour remplacer le verre de lait (21 janvier 1956). Il présente ces rapports et son avis, le 20 mars 1953, au nom de la commission de la famille, de la population et de la santé publique et de la commission de l’agriculture, les 11 juin et 16 décembre 1954. Son intérêt est porté aussi sur les questions de logement et sur l’effort que le gouvernement doit y consentir (23 décembre 1954).
Il intervient à trente-neuf reprises, à la tribune du Palais-Bourbon, presque toujours sur les questions agricoles. Il s’intéresse à tous les aspects du sujet : les discussions budgétaires générales, l’ONIC, les salaires, l’habitat rural, la médecine rurale, les bouilleurs de cru, la fièvre aphteuse, endémique tout au long des années cinquante, le nombre de conseillers municipaux dans les communes de moins de 100 habitants, ou les baux à ferme. Les sujets agricoles dominent cependant. René Rousselot s’illustre, par exemple, dans la discussion d’une proposition de loi relative à la protection des appellations d’origine des fromages, le 20 juillet 1954 ; il dépose un amendement visant à autoriser, pour les fromages récompensés dans les concours, de continuer à porter l’appellation sous laquelle ils ont reçu une récompense. Il intervient aussi dans la discussion relative aux bouilleurs de cru, par le biais d’un amendement, le 25 octobre 1955. Il prend position, à plusieurs reprises, sur les questions de la reconstruction des logements dans la France de l’après-guerre, à l’occasion de la discussion du projet de loi sur l’épargne-construction (18 mars 1953) et sur le projet de loi tendant à faciliter la construction de logements économiques et familiaux (20 mars 1953). Il défend systématiquement, et à de très nombreuses reprises, les agriculteurs de son département lorsque des intempéries ou des manœuvres militaires provoquent des dégâts, ou bien pour permettre la poursuite de la fabrication dans la Meuse, malgré la nouvelle législation sur les appellations contrôlées, des fromages de Brie ou de Coulommiers. Le 30 août 1954, il prend position en faveur de la Communauté européenne de défense (CED), à l’image des députés les plus en vue du CNIP (Antoine Pinay, Paul Reynaud et Joseph Laniel), en votant contre la question préalable à la ratification du traité de Paris, déposée par le général Adolphe Aumeran et par Édouard Herriot.
René Rousselot est à nouveau candidat lors du renouvellement anticipé de l’Assemblée nationale, le 2 janvier 1956. En deuxième position sur la liste d’union des indépendants et des paysans, toujours menée par Louis Jacquinot, il ne retrouve pas son siège. La liste modérée, avec 28 857 des 101 446 suffrages exprimés, n’est pas tant gênée par la liste poujadiste (5 511 voix) que par la concurrence de la liste de défense agricole, économique et sociale d’André Beauguitte, ancien député et ancien ministre sous la Troisième République qui, avec 17 582 suffrages, retrouve un siège de député. Quatre autres listes se sont présentées aux suffrages des électeurs : PCF (22 237 voix ; André Savard élu), Union des gauches sur le programme de Mendès France (15 737 voix), MRP (8 484 voix), Défense de nos droits et de nos libertés – en fait, des bouilleurs de cru – (1 294 voix).
La carrière parlementaire de René Rousselot se poursuivit sous la Cinquième République. Elu en novembre 1958, avec l’investiture nationale du CNIP, comme suppléant de Louis Jacquinot dans la première circonscription de la Meuse (Bar-le-Duc), il est amené, en effet, à siéger à nouveau au Palais-Bourbon, avec le groupe des Indépendants et paysans d’Action sociale (IPAS), alors que Louis Jacquinot est nommé ministre d’Etat dans le gouvernement de Michel Debré.
René Rousselot disparaît le 23 février 1972. Il était chevalier de la Légion d’honneur et officier du Mérite agricole. Plusieurs petits-enfants de René Rousselot ont été conseillers municipaux de Nicey-sur-Aire depuis 1972. Depuis 2001, l’un d’entre eux, Laurent Palin, fils de la fille aînée de René Rousselot, exerce les fonctions de maire de la dite commune et de président de la communauté de communes.

ROUSSELOT (René, Edmond)
Né le 5 décembre 1899 à Nicey-sur-Aire (Meuse)
Décédé le 23 février 1972 à Nicey-sur-Aire

Député de la Meuse de 1951 à 1955 et de 1959 à 1967

Ancien député (1951-1955), conseiller général de Pierrefitte-sur-Aire depuis septembre 1945 sans discontinuer, René Rousselot est candidat aux élections législatives de novembre 1958 comme suppléant du ministre d’Etat Louis Jacquinot, dans la 1ère circonscription de la Meuse. Le retour au scrutin d’arrondissement et le découpage électoral privent désormais ce département d’un siège de député : il n’envoie plus que deux représentants au Palais-Bourbon sous la Vère République. La 1ère circonscription correspond à la partie sud de la Meuse (Bar-le-Duc, Commercy, Ligny-en-Barrois).
La Constitution de la Vème République, approuvée par référendum le 28 septembre 1958, dispose dans son article 23 que les fonctions de ministre sont désormais incompatibles avec un mandat parlementaire, et crée les parlementaires suppléants. Louis Jacquinot, bien que membre des Centre national des Indépendants et paysans, a la confiance du général de Gaulle : la probabilité est donc élevée de voir René Rousselot remplacer le ministre meusien à l’Assemblée en cas de victoire. Le candidat titulaire et le suppléant ont des profils complémentaires. Au prestige personnel du Français libre Louis Jacquinot, plusieurs fois ministre à sous la IVème République et associé à la rédaction de la nouvelle loi fondamentale, s’ajoute la bonne connaissance des problèmes ruraux chez l’agriculteur René Rousselot, secrétaire général de la Chambre d’agriculture de la Meuse et président de la Coopérative d’élevage et d’insémination artificielle du département. La solide implantation locale de ce dernier compense avantageusement les absences d’un ministre souvent retenu à Paris, malgré sa qualité de président du Conseil général de la Meuse.
Sans surprise, Louis Jacquinot, réélu dès le 1er tour de scrutin avec 34 195 voix, soit 62,3% des suffrages exprimés, se voit confirmé dans la dignité de ministre d’Etat lors de la formation du gouvernement Debré, en janvier 1959. A cinquante-neuf ans, René Rousselot rejoint alors l’Assemblée nationale, où il siège continûment jusqu’en 1967. Réélu confortablement (64,4% des voix) face à deux candidats de gauche en novembre 1962, Louis Jacquinot, chargé des départements et territoires d’Outre-mer depuis le 24 août 1961, conserve en effet ce portefeuille ministériel jusqu’au 8 janvier 1966.
Son suppléant s’inscrit au groupe des Indépendants et paysans d’action sociale (IPAS) sous la 1ère législature. Brièvement membre du Mouvement républicain populaire (MRP) puis du Rassemblement du peuple français (RPF) sous la IVème République, René Rousselot figure alors au nombre des Indépendants les plus favorables au général de Gaulle. Il siège à la Commission de la production et des échanges de 1959 à 1967 et se montre un député très actif. Il intervient à 35 reprises dans l’hémicycle pendant la première législature de la Vème République (1958-1962), puis à 29 occasions entre 1962 et 1967. Dans sa profession de foi pour les élections législatives de novembre 1962, Louis Jacquinot se félicite au reste de « l’assiduité remarquée et de la conscience » avec laquelle son suppléant exerce son mandat. Quoique nombreuses, les prises de parole de René Rousselot à l’Assemblée sont assez brèves pour la plupart.
Comme sous la IVème République, René Rousselot, qui préside la Fédération des syndicats d’exploitants agricoles de la Meuse, se consacre entre 1958 et 1967 aux débats qui intéressent les questions agricoles dans toute leur diversité. La Commission de la production et des échanges lui confie ainsi un rapport sur la réparation des dégâts causés aux cultures par le gibier (30 mai 1962). Chaque automne entre 1959 et 1966, l’examen du projet de loi de finances offre à René Rousselot l’opportunité de plaider en faveur d’une meilleure prise en compte des problèmes des campagnes en général, et des agriculteurs en particulier. La dimension européenne est cependant absente des propos du parlementaire lorrain, au moment même où la Politique agricole commune est mise en place, en application des articles 39 et 40 du traité de Rome (25 mars 1957). René Rousselot intervient en revanche lors de la discussion sur la loi créant les groupements agricoles d’exploitation en commun (GAEC) le 28 novembre 1961, plaide pour la nécessité d’encourager la culture des endives en France (6 juin 1963), regrette que le gouvernement n’ait pas décidé d’augmenter le prix administré du lait (9 octobre 1964) ou envisage les conséquences d’un éventuel renversement du gouvernement sur les prix agricoles, à l’occasion du débat sur une motion de censure (27 octobre 1964).
Le remplaçant de Louis Jacquinot à l’Assemblée entend en outre alerter le gouvernement sur le malaise paysan, sensible depuis la deuxième guerre mondiale. A l’appui de ses arguments, René Rousselot rappelle fréquemment qu’il vit « au milieu de familles paysannes» (4 novembre 1963), et se définit lui-même comme un « paysan » qui « toute sa vie a fait du syndicalisme paysan » (17 juillet 1963). Le 1er juillet 1959, lors de la discussion du projet de loi sur la promotion sociale, il s’inquiète de la « désertification massive de nos campagnes » et déplore que « les jeunes gens, les jeunes filles plus encore, refusent d’engager leur existence dans la profession de leurs parents » lorsque ceux-ci sont agriculteurs. Pour lutter contre ce phénomène, il préconise de revaloriser le travail indépendant face au salariat et de faciliter la transmission des exploitations agricoles. C’est donc fort logiquement que René Rousselot participe deux ans plus tard à la discussion du projet de loi relatif à la dévolution successorale des exploitations (22 juin 1961).
Le député de la Meuse se montre également très attentif aux intérêts de son département, qui souffre d’un exode rural massif. Il intervient par exemple dans l’hémicycle à l’occasion de l’examen du projet de loi de finances pour 1961, et insiste sur la situation difficile de l’enseignement et de l’encadrement scolaire dans la Meuse (4 novembre 1960). Il évoque à nouveau ce sujet lors du débat sur la déclaration du gouvernement relative aux problèmes de l’éducation nationale, le 21 juin 1963, ou lors de la discussion de la première partie du projet de loi de finances pour 1966 (18 octobre 1965). Il ne dépose toutefois qu’une seule proposition de loi en huit ans, le 25 avril 1961 : elle vise à créer un label de garantie destiné aux produits fabriqués par les aveugles et infirmes.
René Rousselot appartient sans ambiguïtés à la majorité et soutient les gouvernements successifs où figure Louis Jacquinot. Il approuve la déclaration de politique générale de Michel Debré (15 octobre 1959) et se prononce en faveur du projet de loi sur l’enseignement privé (23 décembre 1959). René Rousselot, qui a vécu quelques années en Algérie dans sa jeunesse, ne s’associe pas à ceux des Indépendants et paysans qui prennent fait et cause pour l’Algérie française. Il accorde au gouvernement Debré les pouvoirs spéciaux pour rétablir l’ordre en Algérie après la semaine des barricades (2 février 1960) et accepte la levée de l’immunité parlementaire de l’ancien président du Conseil Georges Bidault (5 juillet 1962). Le député de la Meuse approuve le programme de Georges Pompidou le 27 avril 1962. Beaucoup de députés des Indépendants, comme les anciens ministres Edouard Frédéric-Dupont, Raymond Boisdé, Antoine Quinson ou Roland Boscarry-Monsservin, préfèrent pourtant s’abstenir. A l’instar du député-maire de Metz Raymond Mondon, de Raymond Marcellin, élu du Morbihan ou de son collègue meusien André Beauguitte, député de Verdun, René Rousselot ne vote pas la motion de censure du 4 octobre 1962. La majorité du groupe des Indépendants et paysans d’Action sociale (IPAS), suivant Paul Reynaud, choisit au contraire de s’opposer au gouvernement de Georges Pompidou, et de dénoncer en particulier le recours au référendum législatif (article 11 de la Constitution) pour modifier les conditions d’élection du chef de l’Etat, de préférence au référendum constituant (article 89).
Tirant les conséquences de ces désaccords, c’est sous l’étiquette de l’Union pour la nouvelle république (UNR) que Louis Jacquinot et René Rousselot, qui entendent soutenir la politique du général de Gaulle, se présentent avec succès aux électeurs meusiens le 18 novembre 1962, après la dissolution de l’Assemblée nationale. René Rousselot s’apparente donc au groupe parlementaire de l’UNR-UDT sous la seconde législature (1962-1967). Ses votes sont conformes à la discipline attendue des gaullistes. Ce Lorrain se prononce notamment pour la ratification du traité de l’Elysée conclu entre la France et l’Allemagne (13 juin 1963). Il approuve le projet de loi constitutionnelle portant modifications de l’article 28 de la Constitution, qui traite des sessions de l’Assemblée nationale (20 décembre 1963), comme le projet de loi relatif à l’élection des conseillers municipaux (17 juin 1964), examiné un an avant les élections de 1965. Le 26 juillet 1963, René Rousselot vote en faveur du projet de loi relatif à certaines modalités de la grève dans les services publics. Lors de la discussion de ce texte dans l’hémicycle, le député de la Meuse estime nécessaire de « donner un coup de frein » au droit de grève, et dénonce la pratique des grèves « surprises » comme celles qui ont affectées le métro parisien les 3 et 4 juillet 1963 (séance du 17 juillet 1963).
Aux élections législatives de novembre 1967, Louis Jacquinot, dont la carrière ministérielle est achevée, brigue à nouveau les suffrages des électeurs meusiens avec René Rousselot comme suppléant. Dans un contexte national difficile pour la majorité, la candidature de Pierre Marizier, maire et conseiller général de Bar-le-Duc, la principale ville de la 1ere circonscription, met Louis Jacquinot en légère difficulté, quoiqu’il arrive largement en tête au premier tour. L’ancien chef de cabinet de Raymond Poincaré, élu député pour la première fois en 1932, est contraint au ballottage. Les électeurs du petit canton rural de Pierrefitte-sur-Aire, que René Rousselot représente au Conseil général, ont pourtant plébiscité les sortants en leur accordant 61,9% des suffrages exprimés au premier tour. Dans ce secteur, la popularité personnelle de René Rousselot s’était déjà traduite auparavant par l’obtention de résultats très flatteurs pour le tandem formé avec Louis Jacquinot, comme les 1668 voix recueillies aux élections législatives de novembre 1958 sur 2 211 suffrages exprimés, soit 75,4%. Neuf ans plus tard, le maire de Bar-le-Duc s’étant retiré en faveur de Louis Jacquinot, celui-ci n’a pour seul concurrent au second tour qu’André Savard, député communiste de la Meuse sous la IVème République, déjà candidat en 1962. Le 12 mars 1967, Louis Jacquinot l’emporte avec 62% des voix : il siège désormais sur les bancs de l’Assemblée nationale. Le rôle de René Rousselot se limite à celui de député suppléant sous la 3ème législature (1967-1968).
Après les événements de mai 1968, la dissolution de l’Assemblée nationale conduit à l’organisation de nouvelles élections législatives en juin. La santé compromise de René Rousselot le contraint à se retirer de la vie politique nationale. Il s’en explique dans une lettre publiée par la presse meusienne. Louis Jacquinot, désormais septuagénaire, choisit un nouveau suppléant en la personne de Pierre Matrot, représentant, comme René Rousselot avant lui, des milieux agricoles. L’ancien ministre évoque dans son engagement électoral la « solidarité sans faille » et « l’amitié sans nuages » qui l’unissent à René Rousselot, son fidèle second depuis les élections législatives du 17 juin 1951. Ce dernier conserve cependant le mandat de maire de Nicey-sur-Aire, qu’il détient depuis 1939. La confiance de ses concitoyens - la commune comptait 125 habitants en 1962- lui est d’ailleurs renouvelée une dernière fois à l’occasion des élections municipales de 1971.
C’est dans son village natal que René Rousselot s’éteint le 23 février 1972. Il était chevalier de la Légion d’honneur et officier dans l’ordre du Mérite agricole.