Pierre, Arthur Roux-Freissineng
1863 - 1952
Né le 27 mai 1863 à Marseille (Bouches-du-Rhône).
Député d'Oran de 1919 à 1934.
Sénateur d'Oran de 1933 à 1944.
C'est à Marseille, où il était né, que Pierre Roux-Freissineng fit ses études jusqu'à la licence en droit et à Marseille qu'il s'inscrivit au barreau. Pour peu de temps toutefois : l'Algérie, à laquelle sa vie devait pratiquement s'identifier, déjà l'attirait. Dès 1891, âgé donc de 28 ans, il y entame une carrière de magistrat qu'il poursuivra six ans durant, après quoi il reprend sa première route et le voilà avocat à Oran et même bientôt, en 1909, bâtonnier de l'ordre.
Quand la guerre survient, Roux-Freissineng est mobilisé comme capitaine de territoriale pour servir en Algérie même. Volontaire pour le Front on le verse à la division marocaine ; il y gagne la Croix de guerre, deux citations, la Légion d'honneur à titre militaire, mais âgé de plus de 50 ans, il doit bien admettre qu'on le reverse dans la territoriale. Oran, qui déjà l'avait porté à son conseil municipal dès 1903, dès son retour de la guerre, le voulut pour député. Il ne passa pourtant qu'au second tour, sur la liste d'union républicaine, avec 16.174 voix, mais toutes ses élections attestent de la fidélité oranaise : 20.090 voix en 1924, et dès le premier tour, quand la majorité absolue était de 18.117 ; léger fléchissement en 1928, avec 5.313 voix au second tour sur un peu plus de 12.000 votants ; mais scrutin superbe en 1932 : 8.160 voix dès le premier tour sur 13.896 votants.
A la Chambre, inscrit au groupe de la gauche radicale, il ne laissa pas de faire rapidement son chemin : membre, et bientôt vice-président, de la commission des pensions, mais surtout de la commission de l'Algérie et des colonies, dont il sera bientôt vice-président.
La liste est longue des projets algériens auxquels il attachera son nom en quinze ans d'assemblée : constructions scolaires, banque d'Algérie, limites des départements algériens, droits de douane, coopératives agricoles, réorganisation des assemblées algériennes, statut et état civil des indigènes, juges de paix algériens, célébration du centenaire de l'Algérie, réorganisation des territoires du Sud, création d'un service aérien entre l'Afrique centrale, l'Algérie et la métropole, etc... Cependant, sa grande idée est de lancer le chemin de fer à travers le Sahara : en 1926, il demande et obtient la création d'un office des études du Transsaharien.
Toutefois, le député d'Oran s'intéresse également à des questions d'un intérêt plus national. On l'entend comme rapporteur de la commission de la marine marchande, parler des orphelins des inscrits maritimes (1925), du transport des marchandises par mer (1927), etc..
En 1933, mourut Paul Saurin, qui représentait Oran au Sénat. Roux-Freissineng se porta, sous l'étiquette de la gauche radicale, à sa succession, mais le scrutin qui eut lieu le 31 décembre fut chaud pour lui. Au premier tour, il arrivait bien en tête avec 219 voix, mais Petit, ancien député, candidat d'union, en recueillait 105 et Jules Gasser, ancien sénateur, 102. Or Petit se désiste pour Gasser, mais il ne fut pas écouté de tous : avec 248 voix contre 181 à Gasser Roux-Freissineng est élu.
Le renouvellement du 20 octobre 1935 se passa avec beaucoup moins d'émotions : 406 voix sur 448 votants dès le premier tour.
Au Luxembourg, où il s'inscrit au groupe de la gauche radicale, il fait partie de nombreuses commissions : de l'administration générale, des colonies, de la marine, mais surtout de l'Algérie dont il sera vice-président dès 1936 et président en 1938. En 1934, il interpelle le ministre des Affaires étrangères sur le projet de cession à l'Italie de territoires français au sud de la Tripolitaine. Mais ce qui l'inquiète surtout, ce sont les menées communistes et socialistes en Algérie. Après les événements sanglants du printemps de 1937 - 14 blessés à l'Oued-el-Kheir, 2 morts aux Abdellys- il n'a pas assez de mots, à la tribune comme à la presse, pour flétrir des orateurs du parti S.F.I.O. qu'il a entendu dire aux indigènes : « Camarades, nous vous le promettons, notre parti vous rendra les terres que les Français vous ont volées ! ». Cependant, il continue de demander qu'on construise le Transsaharien, et instamment, pourfendant dans Le Matin du 6 mars 1939 les détracteurs de mauvaise foi de son projet «qui apportent dans la discussion un esprit systématique de dénigrement, un parti pris d'hostilité inexplicable ». Peu de temps auparavant, le 8 janvier 1939, il avait accueilli le président Daladier en visite à Alger par un vif remerciement « d'avoir su maintenir la paix dans une situation bien délicate ».
Le 10 juillet 1940, Roux-Freissineng ne sera pas de ceux qui donneront les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Mais sans les lui refuser non plus : il s'abstient.