Jean Salliard du Rivault
1893 - 1969
SALLIARD DU RIVAULT (Jean, Joseph, Edouard)
Né le 29 août 1893 à Saint-Gaudent (Haute-Garonne)
Décédé le 14 avril 1969 à La Forêt-sur-Sèvre (Deux-Sèvres)
Député des Deux-Sèvres de 1951 à 1958
Jean Salliard du Rivault est né le 29 août 1893, à Saint-Gaudent, dans la Viennee. Il est adopté le 29 novembre 1900 par Mademoiselle Bouthet du Rivault.
Après des études à l'école Saint-Joseph, il fréquente la faculté de droit de Poitiers où il obtient son diplôme de docteur en droit. Il épouse le 6 avril 1920 Marguerite Savary de Beauregard. De ce mariage naissent cinq enfants : Isabelle, Marie-Hélène, Hugues, Edouard et François.
Avocat inscrit à la Cour d'appel de Poitiers, Jean Salliard du Rivault n’y plaide pas. Il exerce, avant tout, sa profession de propriétaire-exploitant avec conviction, comme dans ses diverses activités politiques et publiques.
Il est élu conseiller municipal de La Forêt-sur-Sèvre le 30 novembre 1919, avant de devenir le premier magistrat de cette commune, le 10 décembre de cette même année. Il est également conseiller d'arrondissement de 1920 à 1937. En 1932, il adhère au mouvement des Croix de Feu. En 1936, il est élu conseiller général du canton de Cerizay.
Au cours de l'Occupation, il conserve ses fonctions de maire de La Forêt-sur-Sèvre et assure celles de syndic de la Corporation Paysanne, montrant ainsi un attachement à la terre, conforme à l’esprit du temps. Il est également nommé membre du Conseil départemental des Deux-Sèvres.
Démis de ses fonctions de maire à la Libération, il est déclaré inéligible. Le conseil municipal de la Forêt-sur-Sèvre l'élit cependant maire à trois reprises, mais il refuse de siéger et d'expédier les affaires courantes tant que l'arrêté le concernant n'a pas été rapporté sur la proposition du Comité départemental de Libération. Il ne retrouve et n’assure pleinement ses fonctions de maire qu’en 1947.
Jean Salliard du Rivault se présente aux élections législatives du mois de juin 1951 dans les Deux-Sèvres. Tête d’une liste d’union des Indépendants, des Paysans et des Républicains nationaux, il obtient 24 762 voix sur 149 762 suffrages exprimés : il est élu. Les trois autres sièges sont attribués au député socialiste sortant, Emile Bêche, au député MRP sortant, André Mercier et à Pierre Lebon, nouvel élu présenté par le RPF. Son élection est validée le 6 juillet 1951. Il est nommé membre de la commission de la production industrielle, commission dans laquelle il siège pour la durée de la législature (1951-1956). Il appartient également à la commission de la justice et de la législation (1952-1956). Il est également élu juge suppléant de la Haute Cour de justice, le 9 avril 1954. Elu membre du bureau départemental du Parti Paysan (groupe Antier), il en est exclu le 27 mars 1952, en raison de ses prises de position trop personnelles à l'Assemblée nationale. Durant ce premier mandat, il ne dépose aucun texte de loi, pas plus qu’il n’intervient en séance publique.
En revanche, au cours de cette deuxième législature de la Quatrième République, il vote contre l'échelle mobile des salaires, le 20 septembre 1951, mais pour les lois scolaires Barangé et Marie (21 septembre 1951). Il vote en faveur de la Communauté européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) en décembre, ainsi que pour les investitures d’Antoine Pinay (1952) et de Joseph Laniel (1953), mais il s'oppose à celle de Pierre Mendès France (1954). Il soutient la politique gouvernementale en Indochine (27 octobre 1953 ; 9 mars et 12 juin 1954), mais rejette la question préalable posée par le général Aumeran et dont le vote le 30 août signifie la fin du projet d’une Communauté européenne de défense (CED). Il adhère à l'entrée de la République fédérale d’Allemagne (RFA) dans l'Organisation du Traité Atlantique Nord (OTAN) et à la ratification des accords de Paris. Il soutient l'investiture d'Edgar Faure (février 1955) et s'exprime en faveur du report du débat sur la date des élections. Il approuve le projet de réforme électorale (novembre 1955).
Son activité de parlementaire, réduite au travail en commissions, lui permet de s’investir plus intensément dans la politique locale : il est élu président du Conseil général des Deux-Sèvres, le 27 avril 1955, poste qu’il conserve jusqu’en 1967.
Aux élections législatives de 1956, Jean Salliard du Rivault dirige une liste présentée par le Centre national des indépendants et paysans et de l’Action républicaine et sociale et par le groupement national des indépendants d’action démocratique et paysanne. Il est élu avec 28 407 voix sur 160 177 suffrages exprimés. Les trois autres sièges sont remportés par le radical Roger Chatelain, le démocrate-chrétien sortant André Mercier et le candidat poujadiste Eustache Cuicci. Son programme est celui de la droite classique : liberté de pensée et d'action des candidats, renaissance institutionnelle, matérielle et morale du pays, stabilité ministérielle, "patriotisme éclairé" ouvert à la construction européenne, conception moderne du progrès social, réformes électorale et fiscale, modernisation et revalorisation de l'agriculture dans le département des Deux-Sèvres.
Son élection validée, le 3 février 1956, il est nommé membre de la commission de la justice et de législation (1956-1958). Il est nommé juré suppléant de la Haute Cour de Justice, le 23 mai 1956. C'est au nom de cette commission qu'il dépose cinq rapports. Ces initiatives parlementaires concernent l’encadrement et le renforcement de l’état civil sur les livrets de famille (rapport du 25 janvier 1957) et dans les communes (rapport du 3 juillet 1957) et, plus précisément, l’état civil des enfants (rapport du 30 janvier 1958 et rapport supplémentaire du 3 juin 1958).
Il intervient à trois reprises, notamment sur l’urgence d’un projet de loi et d’une proposition de résolution concernant la mise en œuvre du code de procédure pénale.
Au cours de ce mandat, il s'abstient volontairement, fidèle à la position du groupe des Indépendants et paysans d’action sociale, lors de l’investiture de Guy Mollet (janvier 1956), mais accorde sa confiance à Maurice Bourgès-Maunoury (juin 1957) et à Félix Gaillard (novembre 1957). Il soutient la ratification des traités instituant la Communauté économique européenne (CEE) et la Communauté européenne de l'énergie atomique (CEEA), le 9 juillet 1957. Il s'exprime contre la proposition de résolution tendant à décider la révision de certains articles de la Constitution (27 mai 1958). Enfin, il s'oppose à l'investiture de Pierre Pflimlin, le 13 mai 1958. Il vote, le 1er juin 1958, l'investiture du général de Gaulle et lui accorde les pleins pouvoirs, le lendemain.
A nouveau candidat à la députation dans le département des Deux-Sèvres en novembre 1958, il est réélu dans la troisième circonscription, celle de Bressuire et Thouars (1958-1962), arrivant assez nettement en tête avec 15 054 voix sur 44 788 suffrages exprimés. Sous la Vème République, il assure également les fonctions de président de la commission de développement économique de la région Poitou-Charentes (1964-1967).
De plus, Jean Salliard du Rivault a assuré les fonctions de Président du conseil d'administration de la Mutualité sociale agricole des Deux-Sèvres. Il a été membre du Conseil d'administration de la Chambre d'agriculture du département.
Chevalier de la Légion d'honneur, croix de guerre 1914-1918 et 1939-1945, il était également titulaire de la Médaille d'honneur de l'éducation physique et de la Médaille d'honneur départementale et communale.
Jean Salliard du Rivault est décédé dans sa commune de la Forêt-sur-Sèvre, le 14 avril 1969.
SALLIARD DU RIVAULT (Jean, Joseph, Edouard)
Né le 29 août 1893 à Saint-Gaudent (Vienne)
Décédé le 14 avril 1969 à La Forêt-sur-Sèvre (Deux-Sèvres)
Député des Deux-Sèvres de 1951 à 1962
Jean Salliard du Rivault est né le 29 août 1893 à Saint-Gaudens, dans la Vienne, de François Etienne Salliard et de Lucie Bouthet du Rivault. A sept ans, il est adopté par sa tante, Marguerite Bouthet du Rivault. Elève au collège Saint-Joseph, il fréquente ensuite la faculté de droit de Poitiers où il obtient finalement un doctorat. Avocat inscrit au Barreau de la Cour d’appel de Poitiers, il n’a sans doute jamais plaidé. En 1914, il est mobilisé et obtient la Croix de guerre pour son comportement au combat. A l’issue de la guerre, il se marie le 6 avril 1921 avec Marguerite Savary de Beauregard, fille du Comte Charles Savary de Beauregard et de son épouse Isabelle de Brizavac. De cette union, naissent cinq enfants. Hughes Salliard du Rivault, né le 11 janvier 1923, est tué au combat en 1945 ; François Salliard du Rivault, né le 16 mars 1934, est décédé le 19 juillet 1966.
Jean Salliard du Rivault mène la vie aristocratique d’un propriétaire terrien au milieu du département rural des Deux-Sèvres. En 1961, il indique de manière significative la mention « sans profession » dans les notes biographiques qu’il adresse à l’Assemblée. Ce notable rural, homme de droite convaincu, a adhéré en 1932 au mouvement Croix-de-Feu. Pendant l’occupation, il conserve ses fonctions de maire de La Forêt-sur-Sèvre, où il a été élu en 1919. Il est également à la tête du syndic de la Coopération paysanne, puis membre du Conseil départemental des Deux-Sèvres. Compromis avec Vichy, il est déclaré inéligible à la Libération, et ne recouvre ses mandats qu’en 1947, après avoir été plusieurs fois plébiscité par ses anciens administrés.
Jean Salliard du Rivault est un député « paysan ». C’est comme Indépendant paysan qu’il est élu pour la première fois dans les Deux-Sèvres en 1951, puis sous étiquette CNIP une deuxième fois en 1956. Conseiller général des Deux-Sèvres depuis le 27 avril 1955, c’est donc avec une incontestable légitimité qu’il se présente aux élections de novembre 1958. Jean Salliard Du Rivault s’est d’ailleurs opposé à l’investiture de Pierre Pflimlin le 13 mai 1958, et il a voté celle du Général de Gaulle le 1er juin. Candidat dans la 3e circonscription des Deux-Sèvres, ce partisan de de Gaulle au pouvoir ne s’oppose pas moins à un candidat UNR dans sa circonscription. Il remporte au premier tour 15 054 voix (26,5% des inscrits, et 33,6% des exprimés) contre le candidat MRP André Mercier, avec 13 051 voix (29,1% des exprimés), l’UNR Gérard Simonet (8 635 voix, 19,3% des exprimés) et les candidats Marcel Soulat pour la SFIO (5 281 voix, 11,8% des exprimés) et Albert Revaireau pour le PCF (2 767 voix, 6,1% des exprimés). Au second tour, le désistement en sa faveur d’André Mercier contre le candidat UNR Gérard Simonet lui permet d’emporter l’élection avec 24 318 voix, soit plus de 56,6% des exprimés. Son principal adversaire a remporté 11 896 voix. Malgré cette victoire, Jean Salliard du Rivault ne se présente pas aux élections de novembre 1962. Le siège est alors emporté par l’UNR, alors qu’il lui avait échappé en 1958.
A l’Assemblée nationale, où son élection est ratifiée le 9 décembre 1958, Jean Salliard du Rivault n’intervient presque pas. Elu membre de la Commission des lois de 1959 à 1962, il est également juré titulaire de la Haute-Cour de Justice le 19 novembre 1959. Jusqu’en 1962, il soutient fermement le régime gaulliste. Il adopte le programme du gouvernement Debré, le 16 janvier 1959, puis le règlement définitif de l’Assemblée, le 3 juin 1959. Il accorde les pouvoirs spéciaux au gouvernement le 2 février 1960. Mais le 11 mai 1960, il vote contre la modification du Titre XII de la Constitution, puis ne prend pas part au vote sur le programme du gouvernement Pompidou, le 27 avril 1962. Il vote contre la levée de l’immunité parlementaire de Georges Bidault le 5 juillet 1962, et vote pour la censure du gouvernement le 4 octobre 1962. C’est l’indépendance algérienne qui a poussé Jean Salliard du Rivault dans l’opposition déterminée au régime gaulliste.
Après son retrait de la compétition politique nationale en 1962, Jean Salliard du Rivault renonce à siéger au Conseil général des Deux-Sèvres en 1967 et à sa présidence de la Commission de développement de la région Poitou-Charente. Il quitte alors la vie politique pour s’éteindre, miné par le deuil de son second fils, le 14 avril 1969 à La Forêt-sur-Sèvre, la ville dont il est resté maire pendant plus de quarante ans. Jean Saillard du Rivault est titulaire de la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur.