Ferdinand Sarrien
1840 - 1915
Député depuis 1876, ministre, né à Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire) le 15 octobre 1840, fils d'un tanneur de Bourbon-Lancy, il fit ses études à Moulins, fut reçu avocat à Paris en 1863, et se fit inscrire au barreau de Lyon (1870-1874).
Capitaine des mobilisés de Saône-et-Loire pendant la guerre franco-allemande, il fit la campagne de Dijon et fut décoré (17 septembre 1871). Il se fixa alors dans sa ville natale dont il devint maire à la mort de son père (octobre 1871), fut révoqué de ces fonctions au 24 mai 1873, et réintégré le 17 mai 1876; il était aussi conseiller général de Bourbon-Lancy (8 octobre 1871).
Elu, le 20 février 1876, député de l'arrondissement de Charolles, par 7 925 voix sur 12 535 votants et 16 604 inscrits, contre 4 611 à M. Huet, ancien député, il prit place à gauche, et fut des 363.
Réélu le 14 octobre 1877, par 8 736 voix sur 13 969 votants et 17 570 inscrits, contre 5 152 à M. Huet, bonapartiste, il appuya la politique scolaire et coloniale des ministères républicains, fit partie de la commission du budget.
Il fut réélu, le 21 août 1881, par 7 011 voix sur 9 604 votants et 18 902 inscrits, contre 2 169 à M. Villiers. Il inclina un peu plus à gauche, déposa (18 juin 1882) un rapport favorable pour les crédits destinés à l'armement de la flotte (affaires d'Egypte), et, rapporteur (décembre suivant) du budget retourné à la Chambre par le Sénat, dénia à la Chambre haute le droit d'ouvrir de nouveaux crédits.
Le 6 avril 1885, il prit dans le cabinet Brisson le portefeuille des Postes et Télégraphes, qu'il échangea, le 7 janvier 1886, dans le nouveau cabinet Freycinet, pour celui de l'Intérieur : il avait été réélu, le 4 octobre précédent, sur une liste radicale, député de Saône-et-Loire, au 1er tour, le 1er sur 9, par 74 871 voix sur 135 611 votants, et 174 124 inscrits. A la Chambre, et comme ministre, il s'efforça de justifier l'expulsion du duc d'Aumale (juin 1886), défendit (octobre) ses agents dans la grève de Vierzon, s'opposa (décembre) à la suppression des sous-préfets par mesure budgétaire, tout en se déclarant prêt à étudier cette réforme, et, accepta, dans le nouveau ministère Goblet, le portefeuille de la Justice (11 décembre 1886). Il tomba, avec ce cabinet, sur la question des économies budgétaires, le 17 mai 1887. Sept mois après, il revint aux affaires, comme ministre de l'Intérieur, dans le cabinet Tirard (12 décembre 1887); interpellé (janvier 1888) sur l'attitude prise par le conseil municipal de Paris lors de la chute de M. Grévy, président de la République, il reconnut qu'il serait bon de reinstaller le préfet de la Seine à l'Hôtel de Ville, mais qu'il ne le ferait pas sans une loi. En février, il consentit à une diminution des fonds secrets, mais non à leur suppression.
La chute du ministère Tirard ramena M. Sarrien à son banc de député (2 avril 1888). Dans la dernière session, il s'est prononcé
- pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement (11 février 1889),
- pour l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution,
- pour les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes,
- pour le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse,
- pour les poursuites contre le général Boulanger.
Né le 15 octobre 1840 à Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire), mort le 28 novembre 1915 à Paris.
Député de Saône-et-Loire de 1876 à 1908.
Sénateur de Saône-et-Loire de 1908 à 1915.
Ministre des Postes et Télégraphes du 6 avril au 29 décembre 1885.
Ministre de l'Intérieur du 7 janvier au 3 décembre 1886.
Ministre de la Justice du 11 décembre 1886 au 18 mai 1887.
Ministre de l'Intérieur du 12 décembre 1887 au 3 avril 1888 et du 30 mars au 13 avril 1896.
Ministre de la Justice et des Cultes du 28 juin au 26 octobre 1898.
Président du Conseil et ministre de la Justice du 14 mars au 19 octobre 1906.
(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. V, p. 269.)
Aux élections du 22 septembre 1889, faites de nouveau au scrutin uninominal, Ferdinand Sarrien se représenta dans son ancienne circonscription et fut réélu, au premier tour, par 9.280 voix contre 5.088 données au colonel de Ponchalon, candidat boulangiste. Il sera réélu, toujours au premier tour, jusqu'en 1906 : en 1893 et en 1898 sans adversaire, avec respectivement 9.928 et 12.377 voix ; en 1902 par 11.873 voix contre 5.160 à Toussaint ; en 1906 par 11. 931 suffrages contre 3.940 à Bouzerand et 1.174 à Bretin.
Sarrien fait encore partie du ministère Léon Bourgeois comme ministre de l'Intérieur en mars 1896. C'est sans doute à cause de son intégrité qu'il est sollicité au moment de la formation du cabinet Brisson en juin 1898, alors que le pays est traumatisé par les épisodes successifs de l'affaire Dreyfus. Indéniablement, Sarrien avait du courage en acceptant dans ces circonstances le portefeuille de la Justice.
Quand il retourne à son banc de député, il reprend la défense des intérêts de sa circonscription et prend part à toutes les discussions budgétaires, qu'il enrichit de sa déjà longue expérience.
La Chambre des députés l'élit vice-président, mais il se démettra bientôt de cette fonction, car, le 14 mars 1906, il est appelé à former un ministère après la démission du 3e cabinet Rouvier. Il forma un grand ministère, non par le nombre de ses titulaires, mais par les noms qu'il rassemblait tels que Barthou, Bourgeois, Briand, Clemenceau, Doumergue, Leygues, Poincaré, Albert Sarraut... À la tête d'une pareille équipe, Sarrien, président du Conseil pour la première fois et dont le nom est trop propice à la rime, ne laisse pas d'être brocardé par les chansonniers, ce qui est parfois le début de la notoriété sinon de la gloire, mais aussi, ce qui est plus désagréable, par les hommes politiques, et des plus proches. Il eut à souffrir des sarcasmes du « Tigre » son cadet d'un an, qui d'un mot corrosif avait le don de torpiller les meilleurs. N'avait-il pas dit à propos de son président : « ça... rien » calembour trop facile et méchant, et surtout à peu près cette phrase : « Il est bon parfois de trouver une bonne borne pour attacher le char de l'Etat », ce qui était beaucoup plus perfide.
C'est pourtant Clemenceau qui va lui succéder sept mois après, Sarrien s'étant retiré pour raison de santé. Le char était reparti pour un bon temps, surtout à l'époque ; le nouveau cabinet ne devait tomber que le 20 juillet 1909.
En toute justice, pendant les sept mois de son ministère, quelque travail fut accompli : application stricte, mais sans idée de représailles, de la séparation des Eglises et de l'Etat ; laïcisation complète de l'enseignement ; liberté syndicaliste et attribution aux syndicats de la capacité commerciale et puis annulation du jugement du Conseil de guerre de Rennes condamnant le capitaine Dreyfus ; huit jours après, le 20 juillet, nomination au grade de commandant du nouveau chevalier de la Légion d'honneur.
Il revenait ainsi au président Sarrien de clôturer une affaire qu'il avait su, alors qu'il était garde des sceaux en 1898, maintenir, contre toutes les cabales, sur le terrain strictement judiciaire.
En remplacement de Demôle, décédé, Sarrien est élu sénateur le 16 août 1908 au premier tour de scrutin par 1.081 voix contre 89 à Ducarouge sur 1.208 votants. Il est réélu, également au premier tour, le 3 janvier 1909, par 864 voix sur 1.267 votants.
Il s'inscrit au groupe de la gauche démocratique. Toutefois sa fatigue s'accroît et son activité parlementaire diminue en conséquence.
Ferdinand Sarrien, sénateur, président du Conseil général de Saône-et-Loire, conseiller municipal de sa ville natale dont il avait été maire à plusieurs reprises, et ce jusqu'en 1881, mourut à Paris le 28 novembre 1915. Il avait 75 ans.