Georges Scapini
1893 - 1976
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né le 4 octobre 1893 à Paris.
Député de la Seine de 1928 à 1942.
C'est à 22 ans que Georges Scapini reçut, tirée à bout portant par un officier allemand, la balle qui devait lui coûter la vue. Trois fois cité, il entreprit, avec une rare énergie, d'apprendre le Braille, de faire ses études de droit et de devenir avocat.
En 1928, il se présenta à la députation dans la 1re circonscription du XVIIe arrondissement de Paris et fut élu par 10.550 voix sur 13.334 votants au second tour. Il conserva son mandat en 1932 avec 9.765 voix sur 15.128 votants dès le premier tour. En 1936, enfin, il remporta une victoire du même ordre en obtenant 11.550 voix sur 17.672 votants toujours dès le premier tour.
Député inscrit au groupe d'action démocratique et sociale en 1924, puis au groupe des indépendants en 1932, et enfin à celui des indépendants républicains en 1936, il resta fidèle avant tout à son honneur d'ancien combattant.
C'est, en effet, en faveur de ceux qui avaient lutté avec lui pendant la Première Guerre mondiale qu'il déposa la plupart des propositions de loi qu'il signa dans le but, notamment, de stabiliser leur situation lorsqu'ils étaient agents temporaires ou de leur accorder le bénéfice de l'article 18 de la loi de 1924 lorsqu'ils travaillaient au service de l'Etat.
Ancien combattant, Scapini participa tout naturellement aux travaux des commissions chargées des questions de l'armement : aviation et marine militaire, ainsi qu'à ceux de la commission des affaires étrangères. Dans ces domaines, il défendit des conceptions aussi fermes que traditionnelles en s'opposant avec violence à toute forme de désarmement. En 1931, par exemple, il soutint ses amis des Croix de feu accusés d'avoir perturbé la réunion des délégués du Congrès international du désarmement qui s'était tenue au Trocadéro.
Nationaliste, il voulait pour la France une armée et un matériel militaire dignes de ce nom ; aussi ne cessa-t-il de dénoncer le caractère périmé de notre armement, en particulier de notre aviation.
Il pensait, par ailleurs, que les Allemands cherchaient, par des moyens détournés, à encourager des provinces de l'Est sur la voie de l'autonomie. Il fallait donc pratiquer, vis-à-vis de ces provinces, une politique d'apaisement qui impliquait que l'on y maintînt le régime concordataire. Or, dès 1924, le cartel des gauches avait essayé, au contraire, d'introduire les lois laïques dans les écoles des trois départements reconquis, ce qui avait valu au président Herriot de rudes attaques de la part des porte-paroles d'Alsace-Lorraine, en particulier de Robert Schuman.
Scapini reprit à son compte ce type de critiques et estima qu'il fallait à tout prix créer un ministère des affaires d'Alsace-Lorraine.
S'intéressant aux questions financières, Scapini participa, à partir de 1932, aux travaux de la commission des comptes définitifs et des économies ainsi qu'à ceux de la commission des finances. Puis, en 1936, il siégea à la commission des douanes et des conventions commerciales.
Pour faire face à la grande crise, les successeurs de Poincaré tentèrent de mener une politique de déflation qui eut pour principal effet de susciter le mécontentement des entrepreneurs et des salariés à la fois. Farouchement opposé aux syndicats - il avait, en 1933, reproché au gouvernement Paul Boncour de ne pas leur tenir tête - Scapini, en revanche, apporta son soutien aux entrepreneurs en intervenant contre les blocages de prix. A plus forte raison s'en prit-il à la politique de Front populaire en faveur des salariés.
De toute façon, selon Scapini, l'avènement de la gauche au pouvoir consacrait le déclin de la France. Il l'avait déjà montré en 1934, lorsqu'il avait accusé le gouvernement Daladier d'avoir usé de la répression armée contre les manifestants du 6 février. Les armes, on devait les réserver à l'ennemi dont la menace se précisait au moment même de l'arrivée du Front populaire au gouvernement.
Six mois avant la déclaration de guerre, Scapini, prenant position contre les persécutions raciales du gouvernement hitlérien, décida de dissoudre le Comité France-Allemagne dont il était le président.
Le 10 juillet 1940 il vota bien entendu les pouvoirs constituants au maréchal Pétain.