Eugène Schneider
1868 - 1942
Né le 29 octobre 1868 au Creusot (Saône-et-Loire).
Député de Saône-et-Loire de 1898 à 1910.
Comme Henri-Adolphe avait succédé à Joseph-Eugène, le petit-fils, Eugène Schneider va suivre, à la fois sur le plan professionnel et sur le plan politique, la voie tracée par son père et son grand-père. Dès 1887, après d'honorables études classiques, il entre aux usines du Creusot pour s'initier aux affaires. Sept ans plus tard, en 1894, son apprentissage terminé, il est nommé directeur. En 1896, son père le prend comme associé ; en 1898, il lui laisse le soin de représenter la famille au Palais Bourbon.
Dès le premier tour, le 8 mai 1898, il est élu par 11.947 voix sur 17.250 votants. Ses adversaires malheureux, Lacomme, républicain radical, et Lavaud, socialiste, en ont respectivement 3.105 et 2.065. Quelques jours plus tard, Henri Schneider meurt, et Eugène devient seul gérant de la société Schneider et Cie, qui, outre ses établissements du Creusot, possède maintenant des chantiers de constructions navales, des ateliers d'électricité et d'artillerie, des houillères, des mines de fer en divers points de la France, et qui s'est spécialisée dans la fourniture des matériels d'artillerie. Fidèle à la tradition paternelle, Eugène Schneider, le nouveau directeur, s'efforce d'améliorer les institutions de prévoyance et d'assistance, crée au Creusot des écoles Schneider pour former les ingénieurs et les contremaîtres, ouvre des crédits au personnel pour l'achat de maisons et de jardins, élargit le système des retraites. Conseiller général du canton, il est aussi maire du Creusot. Il administre diverses sociétés financières, accomplit des missions officielles à l'étranger, écrit des ouvrages sur « les relations entre patrons et ouvriers » et sur « les assurances sociales ».
Mais, pas plus que son père, il ne semble porter un grand intérêt à l'activité du parlement. Pendant les douze années où il représentera la 2e circonscription d'Autun, il se montrera remarquablement silencieux, se contentant de participer aux travaux de quelques commissions. Sans doute est-ce ce qu'il appelle « rester en dehors des luttes politiques ». Cela ne l'empêche pas d'être brillamment réélu deux fois de suite, dès le premier tour : le 27 avril 1902, par 11.586 voix sur 17.336 votants, et le 6 mai 1906, par 13.060 voix sur 17.289 votants. Son indépendance se marque dans ses votes ; ennemi de toute opposition systématique, il se prononce pour la réduction à deux ans du service militaire et le principe des retraites ouvrières, contre les lois sur les associations et sur la séparation des Eglises et de l'Etat.
En 1910, absorbé par le développement régulier de ses affaires, Eugène Schneider renonce à se présenter. Il sera élu comme membre libre de l'Académie des sciences morales et politiques, en 1934, au fauteuil précédemment occupé par l'ancien préfet de police Lépine.