Maurice Schumann

1911 - 1998

Informations générales
  • Né le 10 avril 1911 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 10 février 1998 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Nord
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Nord
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Nord
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Nord
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Nord
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 15 mai 1962
Département
Nord
Groupe
Républicains populaires et centre démocratique
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Nord
Groupe
Centre démocratique
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 5 mars 1967 au 7 mai 1967
Département
Nord
Groupe
Union démocratique pour la V° République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 23 juin 1968 au 12 août 1968
Département
Nord
Groupe
Union des démocrates pour la République

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 2 octobre 1974 au 2 octobre 1983
Sénateur
du 3 octobre 1983 au 1er octobre 1992
Sénateur
du 2 octobre 1992 au 9 février 1998

Fonds d'archives

Les Archives nationales conservent plusieurs documents évoquant l’activité de résistant de Maurice Schumann durant la Seconde guerre mondiale.
- F/1A/*/5221 Archives du service de diffusion clandestine en France du Commissariat national à l’Intérieur (1942-1944).
- 22AR/1-22AR/11 Fonds Pierre Bourdan (1910-2001), qui organisa et anima avec Maurice Schumann l'émission diffusée sur les ondes de la BBC, Les Français parlent aux Français. (Dons d'Hélène Vercors-Bourdan réalisé entre 2003 et 2009).

Les Archives nationales conservent également des témoignages de Maurice Schumann (72AJ/220 dossier n°2 pièce 8 et 6 AV 977-979). De plus, sous la cote 72AJ/81 (dossier n° 1 pièce 4) l’on trouve la documentation relative au groupe Valmy, transmise notamment par Maurice Schumann.

Le fonds des archives du général de Gaulle - De la France libre à la Cinquième République - contient plusieurs documents se rapportant à Maurice Schumann :
- AG/3(1)/251 (217-292) Documents, notes et rapports (notamment du B.C.R.A., de Georges Boris, de René Capitant, de Carcassonne, de René Cassin, du Commissariat national à l'Intérieur et au Travail, du Comité central de l'Union des Français d'Outre-mer, de l'amiral Estéva, du général de Gaulle, de la Ligue internationale contre l'antisémitisme, d'E. M. Manac'h, du docteur Morali, de Jean Moulin, d'André Philip et de Maurice Schumann) sur la situation politique en Afrique du Nord de novembre 1942 à juin 1943.
- AG/3(1)/278 (1-35) Télégrammes, circulaires et notes d'Hervé Alphand, de la direction des Affaires politiques de la France libre, de Maurice Dejean, du Foreign Office et de Maurice Schumann sur l'armistice, l'état d'esprit en France, les positions du gouvernement de Vichy et de la Grande-Bretagne à l'égard de la France Libre, les réfugiés espagnols et la politique de collaboration (1940-1941).
- AG/3(1)/330 Dossiers individuels du cabinet du général de Gaulle (Ces dossiers contiennent essentiellement de la correspondance) : Schumann (Maurice).

En outre, on trouvera au Service historique de la Défense son dossier administratif de résistant : GR 16 P 541527.

La division des Archives de l’Assemblée nationale a versé aux Archives nationales différents documents parmi lesquels les procès-verbaux de ses auditions en qualité de ministre sous la Ve République :
- 20060134 Procès-verbaux des commissions de la IIIe législature (3 avril 1967-30 mai 1968)
- 20060135 Procès-verbaux des commissions de la IVe législature (11 juillet 1968-2 avril 1973)

Les Archives nationales conservent également de nombreux documents d’archives témoignant de l’activité de Maurice Schumann en qualité de membre du gouvernement.
- Les archives de Charles de Gaulle en qualité de président de la République (1959-1969) sont classées sous les cotes AG/5(1)/1-AG/5(1)/2806. On trouvera dans ce fonds plusieurs documents concernant Maurice Schumann relatifs notamment à plusieurs déjeuners en son honneur (AG/5(1)/377, 384), ainsi que des notes et des rapports se rapportant à des sujets qu’il traitait en qualité soit de ministre d'État chargé de la Recherche scientifique et des Questions atomiques et spatiales (AG/5(1)/899) soit de ministre d'État chargé des Affaires sociales (AG/5(1)/923). Enfin sous la cotation AG/5(1)/1435 (pièce 20) est conservé le manuscrit du communiqué du président de la République au sujet de la démission du Gouvernement des cinq ministres MRP dont faisait partie Maurice Schumann (21 mai 1962).
- Les archives de Georges Pompidou en qualité de président de la République (1969-1974) sont classées sous les cotes AG/5(2)/1-AG/5(2)/1000. On trouvera également dans ce fonds plusieurs documents concernant Maurice Schumann. On peut notamment évoquer ses entretiens en qualité de ministre des Affaires étrangères avec différents homologues européens (AG/5(2)/103-104).

D’autres fonds conservés aux Archives nationales contiennent des documents relatifs à Maurice Schumann :
- Fonds relatifs aux activités du Commissariat général du Plan
81AJ/158 Dossier de correspondance par ordre alphabétique : correspondance Maurice Schumann (8 août 1950-3 décembre 1951)
- Service juridique et technique de l'information (Premier ministre) :
19870278/16 Traité de Rome, application, droit d'établissement : lettre de Maurice Schumann, ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de l'Aménagement du Territoire à Jacques Chaban Delmas, Premier ministre (25 novembre 1960)
- Service de l'information et des relations publiques (ministère de l'Intérieur) :
19890669/1 Referendum 1969 oui à la régionalisation (Durée : 33 mn.). Ce film comporte notamment une intervention de Maurice Schumann.
- Sous-direction de la gestion du personnel (ministères chargés des affaires sociales) :
19990155/10 Entretien de Maurice Schumann, ministre des Affaires sociales (1968-1969), avec Dominique Saudinos (13 novembre 1989). Cassette métal C90, durée : 39 mn 15 s.
Transcription correspondante cotée 19970439/1
- Centre d'information et de documentation international contemporain (Premier ministre) :
19900652/15 Dossiers sur la guerre d'Algérie : allocutions de M. Maurice Schumann (Commission des Affaires étrangères) (1960-1961).
- Archives de l’Université Paris Diderot (Paris 7)
20020192/20 Relations extérieures de la direction : correspondance avec Maurice Schumann.
20020192/145 Groupe de travail sur la réforme des structures de la recherche biomédicale : rapport final, notes, comptes rendus de réunions, correspondance (1967-1968). Ce groupe de travail est créé en 1967 par le ministre Maurice Schumann.

Enfin, on trouvera dans certains fonds privés conservés aux Archives nationales des documents relatifs à Maurice Schumann. D’une part, dans le fonds de Sébastien Loste, l’article 640AP/93 contient deux communications de Maurice Schumann au Conseil des ministres (26 avril et 17 mai 1967), ainsi qu’une lettre qu’il a adressé au général de Gaulle le 26 mai 1967. D’autre part, on trouvera des échanges de correspondance, notamment dans les fonds suivants : fonds de Geneviève Tabouis (27AR), archives de Martial de La Fournière (101AJ), fonds de Léon Blum (570AP), fonds de Jacques Bador (2BJ55), papiers de Michel Poniatowski AP/340(III), archives d’Édouard Balladur (543AP), papiers de Christian Fouchet (97AJ). Notons également la présence de deux photographies prises lors de la manifestation du 30 mai 1968, conservées sous la cote 569AP/265 dans la collection de photographies remises par Pierre Lefranc.

Les archives du Mouvement républicain populaire (MRP) national ont été déposées aux Archives nationales (350AP/1-154). Il existe un supplément au fonds du MRP, relatif à la fédération de la Seine (350AP/155-204), parmi lequel sont conservés des documents concernant Maurice Schumann (350AP/160). Les archives de fédérations MRP sont également conservées aux Archives départementales de l'Isère, du Nord et de la Vendée.

Aux Archives départementales du Nord, on trouvera dans différents versements de la série W des documents relatifs à l’activité politique de Maurice Schumann.

Au sein des Archives du Sénat, on trouve aussi de nombreux fonds relatifs à l’homme politique : plusieurs procès-verbaux de commissions (47S, 48S, 49S, 50S, 51S et 193S), des photographies prises lors de l’émission télévisée du 15 novembre 1984, relative au rôle du Sénat, à laquelle participait MM. Félix Ciccolini, André Fosset et Maurice Schumann. Dans le fonds d’Alain Poher (président du Sénat de 1968 à 1992), sont également conservés quelques documents concernant Maurice Schumann. Par ailleurs, les archives du Sénat conservent, sous la cote 2M2261, sa médaille de sénateur, sous la cote 2294AS, son dossier d’ancien sénateur et, sous la cote 2AV155, l’éloge funèbre de Maurice Schumann prononcé par MM. René Monory (Président du Sénat) et Lionel Jospin (Premier ministre), le 21 avril 1998.

Le Musée de l’Ordre de la Libération conserve le dossier individuel de compagnon de la Libération de Maurice Schumann, série A – n° 931, dans lequel on trouvera notamment le décret de nomination portant attribution de la Croix de la Libération, une lettre du Capitaine Marion datée du 16 juillet 1945, une de ses allocutions en qualité de vice-président du Sénat datée du 15 juin 1980, des éléments biographiques ainsi que de la correspondance. Le musée conserve aussi un fonds photographique composé d’une dizaine de photographies de la venue du général de Gaulle à Bayeux, le 14 juin 1944, d’une photographie de la Libération de Paris (août 1944), de 4 photographies de l’inauguration du monument Scamaroni en 1953 et de 3 portraits datant d’après-guerre.

L’Académie française conserve les discours et travaux académiques de Maurice Schumann.

Biographies

SCHUMANN (Jacques dit Maurice)
Né le 10 avril 1911 à Paris
Décédé le 10 février 1998 à Paris

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante
Député du Nord de 1946 à 1958
Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères du 11 août 1951 au 14 mars 1952 ; du 14 mars 1952 au 7 janvier 1953 ; du 10 janvier au 28 juin 1953 et du 2 juillet 1953 au 19 juin 1954

Du fait du mariage de son père, alsacien de confession israélite, artisan joaillier du Marais, avec une belge, fille d’un docteur namurois, il possède quelques racines familiales dans le Nord. Pendant ses années passées au lycée Janson de Sailly, ce brillant élève, atteint dans sa chair et en pleine crise morale, se convertit au catholicisme à la lecture des oeuvres de Bergson, de Simone Weil et au contact des dominicains. Après des études de lettres à la Sorbonne, Maurice Schumann, ayant échoué à l’oral d’entrée à l’Ecole normale supérieure, à la suite de sa maladie, entre à l’agence Havas en 1932. Journaliste collaborant à Sept, puis à Temps Présent, La Vie intellectuelle, La Vie catholique et à l’Aube, il milite dans la Jeune République de Marc Sangnier, puis participe aux Nouvelles équipes françaises de Francisque Gay en 1938. Ayant déjà lu les ouvrages de Charles de Gaulle avant guerre, il entend à Niort l’appel du 18 juin 1940 et, jeune capitaine engagé volontaire, y souscrit dès son retour, le 26 juin, à Londres, où il est en poste comme agent de liaison auprès du corps expéditionnaire britannique. Il se présente au général muni d’une lettre de Daniel Rops sur l’enveloppe de laquelle il a écrit : « Nous ne sommes pas l’arrière-garde d’une armée qui s’en va, mais l’avant-garde d’une armée qui reviendra ». De Gaulle lui demande aussitôt d’entrer à la BBC où il devient l’animateur de l’émission quotidienne « Les Français parlent aux Français », de 1940 à 1944. Il obtient du Général l’autorisation de participer aux combats de la Libération et entre dans Paris avec la 2e Division blindée (DB) de Leclerc, le 24 août 1944.

Connu comme « porte-parole de la France combattante », il est désigné comme député à l’Assemblée consultative provisoire le 8 novembre 1944, et choisit de siéger à la commission des affaires étrangères, à celle du travail et des affaires sociales, et à celle d’Alsace et de Lorraine. Il prend part au débat sur la politique extérieure du Gouvernement, le 22 novembre 1944. Elu président du nouveau Mouvement républicain populaire (MRP), à l’issue de son congrès national constitutif le 26 novembre suivant, Maurice Schumann incarne alors le « Parti de la Fidélité ».
Sur proposition de Jean Catrice, responsable du parti démocrate populaire (PDP) et résistant, il prend la tête de la liste MRP dans la deuxième circonscription du Nord, le 29 octobre 1945. Grâce aux 186 557 voix, celle-ci obtient quatre sièges, devançant la liste socialiste d’Augustin Laurent, et celle emmenée par le communiste Arthur Ramette. A la première Assemblée nationale constituante, il demeure membre de la commission des affaires étrangères et participe au débat sur la Constitution, en intervenant lors du discours d’Herriot sur la Constitution et en rappelant, le 19 avril 1946, que « la démocratie, c’est le gouvernement de la majorité dans le respect de la minorité ». Le 13 novembre 1945, il dépose une proposition de loi tendant à déclarer que les combattants du front, ceux qui ont lutté et souffert pour la Résistance, les armées de la Libération, le Général de Gaulle, ont bien mérité de la Patrie. Il intervient à sept reprises en séance publique, défendant notamment un amendement à l’article 14 du projet de Constitution.

Il est réélu en juin 1946 avec 169 212 suffrages, ainsi que Jules Duquesne, ouvrier, Jean Catrice, industriel roubaisien. Toujours membre de la commission des affaires étrangères, il propose des mesures en faveur des vieux travailleurs, en déposant deux propositions de loi. Il intervient à cinq reprises en séance, sur la sécurité sociale et l’école libre, notamment sur les manuels scolaires utilisés par cette dernière institution.

En novembre 1946, sa liste demeure en tête avec 131 095 voix, mais celle d’Union des républicains et de rassemblement gaulliste obtient 94 657 voix et deux élus aux côtés des trois députés SFIO, et des deux communistes. Lors de la création du parti gaulliste en 1947, il considère que « cela a été un déchirement atroce », mais qu’il n’a « pas été tenté un seul instant par le RPF ». Intéressé par les questions liées au statut de la radiodiffusion française, il continue de faire des propositions à caractère social, comme l’allocation pour les vieux médaillés du travail, la prise en compte comme enfants à charge de ceux qui sont morts pour la France. Il rappelle également le nécessaire équilibre budgétaire dans un contexte de crise et aborde la question du droit de grève et de la liberté syndicale, le 18 février 1947. Membre de la commission des affaires étrangère (1946-1951), il est aussi désigné par les commissions de la presse, de la défense nationale et des finances pour faire partie de la commission chargée d’étudier l’ensemble du problème des émissions de la radiodiffusion vers l’étranger. Sous cette première législature de la Quatrième République, il dépose neuf propositions de loi et deux propositions de résolution et intervient à vint-sept reprises dans l’hémicycle. Il sait être critique vis-à-vis des gouvernements des premières années de la Quatrième République : il dépose notamment deux demandes d’interpellation et un rappel au règlement. Le 4 janvier 1950, il défend aussi un amendement sur le projet de codification de textes relatifs aux pouvoirs publics, en demandant de reprendre ce que le Conseil de la République a voté en matière de procédure de commission d’enquête. Outre l’hommage à Gandhi, à l’annonce de sa mort le 30 janvier 1948, en politique étrangère, ses interventions portent sur les événements d’Indochine, les résultats de la conférence de Moscou, le statut de l’Algérie, l’attitude face à l’Allemagne, la ratification du Pacte atlantique. Demeuré président du Mouvement républicain populaire (MRP) jusqu’en 1949, il anime le groupe d’amitié France-Etats-Unis à l’Assemblée nationale et s’intéresse aux questions européennes. Dès 1946, il met en contact Robert Schuman et Konrad Adenauer et participe à l’Assemblée européenne.

Il est réélu député du Nord, le 17 juin 1951, avec 85 009 voix, ainsi que ses deux colistiers, grâce à un apparentement avec les listes SFIO et Rassemblement des gauches républicaines (RGR). Il entre au conseil municipal de Lille et y siège du 26 avril 1953 au 5 février 1955. Membre de la commission des affaires étrangères (1951 ; 1955), de la commission de coordination de l’énergie atomique et des recherches nucléaires à partir du 10 mars 1955, il est choisi comme secrétaire d’Etat aux affaires étrangères dans le cabinet Pleven du 11 août 1951 au 20 janvier 1952, et vient évoquer devant les députés la question de la Sarre. Il est à nouveau appelé à la même responsabilité par Edgar Faure jusqu’en mars 1952, puis par Antoine Pinay jusqu’en janvier 1953. Au Palais-Bourbon, il présente à ses collègues le traité de paix avec le Japon en mars 1952 et le traité de l’Atlantique Nord en juin 1952. Dans le cabinet de René Mayer, du 10 janvier au 28 juin 1953, il est présent pour la défense du budget de son ministère. Toujours en fonction dans le ministère de Joseph Laniel, du 2 juillet 1953 au 19 juin 1954, il intervient en séance, le 20 novembre 1953, dans un grand débat sur la politique européenne où il évoque l’absence regrettable mais inévitable du Royaume-Uni, les pouvoirs de l’autorité supranationale à créer, le projet d’armée européenne. Il préside la délégation française aux Nations-Unies en 1953. En tant que député, il continue de s’intéresser aux combattants de la France libre, à la liberté du commerce charbonnier et aux retraites des agents des collectivités locales. Comme secrétaire d’Etat, il prend la parole à vingt-neuf occasions. Il dépose trois propositions de loi et deux propositions de résolution et intervient à neuf reprises en séance, comme député.
Il est réélu député le 2 janvier 1956, avec 85 032 voix ainsi que Jules Duquesne, loin derrière les socialistes qui recueillent 160 044 voix et quatre élus. Il retrouve naturellement la commission des affaires étrangères, dès le 31 janvier 1956 et en devient le président d’octobre 1957 à novembre 1958. Il appartient aussi à la commission des affaires économiques (1956-1958). Il dépose quatre propositions de loi, une proposition de résolution et un rapport sur des thèmes aussi divers que les droits de succession entre sœurs célibataires ou veuves de guerre non remariées (2 mars 1956), l’organisation des différents corps d’officiers de l’armée de l’air et du corps des équipages de la flotte (18 mai 1956), le régime fiscal des sociétés à responsabilités limitées (17 juillet 1956), les mesures à prendre face au « coup de force » accompli sur le canal de Suez (2 août 1956) ou les pensions civiles et militaires (12 juin 1957). A vingt-deux reprises, il intervient dans les débats de la dernière législature de la Quatrième République, à l’occasion de discussions marquantes : l’affaire de Suez où il s’en prend au néocolonialisme soviétique comme rapporteur d’une proposition de résolution, sur le « drame algérien » et ses implications internationales et sur les questions de l’Afrique du Nord en général, où il précise que le MRP refuse de choisir entre une politique exclusivement fondée sur la force et une politique d’abandon. Alors qu’il a déposé une demande d’interpellation sur la politique que le gouvernement compte suivre pour aboutir à la constitution d’une communauté européenne de l’énergie nucléaire, le 26 juin 1956, il est rapporteur suppléant d’un projet de loi relatif à la représentation française à l’Assemblée unique des communautés européennes, en mars 1958. Quelques jours plus tôt, il a déposé un ordre du jour sur l’approbation de la politique générale du gouvernement en Tunisie.

En 1958, le chef de file de la Fédération du Nord est un de ceux qui favorisent le plus ardemment l’approbation du retour du général de Gaulle. Il est réélu député le 30 novembre 1958 avec Jules Duquesne comme suppléant. 1962 est l’année d’une double décision contradictoire en apparence : choisi en avril comme ministre délégué auprès du Premier Ministre chargé de l’aménagement du territoire, Maurice Schumann accepte, en mai, de démissionner du gouvernement avec les autres ministres MRP mais refuse par contre de voter Non au référendum sur l’élection du président de la République au suffrage universel en octobre. Le mois suivant, il parvient à obtenir l’investiture de la Fédération MRP du Nord pour les législatives. Il est à nouveau président de la Commission des affaires étrangères de 1962 à 1967. Réélu au premier tour député du Nord le 5 mars 1967, il est nommé le 8 avril suivant ministre d’Etat chargé de la recherche scientifique, des questions atomiques et spatiales. La révolte de Mai 68 est pour lui « sans lendemain mais pas sans avenir ». Dans le gouvernement de Maurice Couve de Murville qui suit les élections de juin, il reste ministre d’Etat, chargé des affaires sociales. Il met alors en application les accords de Grenelle et la réforme des études médicales. Il prépare un texte sur la participation des salariés dans l’entreprise, le projet de loi est prêt quand le général de Gaulle se retire après l’échec du référendum d’avril 1969. Ayant soutenu Georges Pompidou contre Alain Poher dans la campagne présidentielle, il est nommé ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de Jacques Chaban-Delmas

Battu aux législatives de 1973, il est élu sénateur du Nord en 1974, entre au RPR et devient vice-président de 1978 à 1983, siège neuf ans à la Commission des finances, six ans à celle des affaires économiques. Marié, père de trois enfants, ce brillant orateur; doué d’une mémoire étonnante, est fait compagnon de la Libération dès 1945, puis officier de la Légion d’honneur. Reçu à l’Académie française en 1974, il devient président de l’association des écrivains catholiques en 1979. Parmi ses ouvrages figurent des romans tels que Le rendez vous avec quelqu’un (1962), des ouvrages d’histoire comme Un certain 18 juin (1980), des livres de philosophie comme La mort née de leur propre vie (1974) où il évoque Péguy, Simone Weil et Gandhi, et des ouvrages à caractère politique comme Le vrai malaise des intellectuels de gauche (1957). Deux ouvrages lui sont chers : sous le pseudonyme André Sidobre, il écrit, en 1938, Le germanisme en marche préfacé par François Mauriac et, en 1945, Honneur et patrie. La voix du couvre-feu avec une préface du général de Gaulle. Au soir de sa vie, il évoque ses références : « Qu’aurais-je été si Alain ne m’avait appris à douter, Simone Weil à croire, Marc Sangnier à aimer et de Gaulle à combattre ? »

SCHUMANN (Maurice)
Né le 10 avril 1911 à Paris
Décédé le 9 février 1998 à Paris
Membre de la Ire et de la IIe Assemblée nationale constituante
Député du Nord de 1945 à 1973
Sénateur du Nord de 1974 à 1998
Secrétaire d'État aux Affaires étrangères du gouvernement René Pleven, du 11 août 1951 au 20 janvier 1952
Secrétaire d'État aux Affaires étrangères du gouvernement Edgar Faure, du 20 janvier au 8 mars 1952
Secrétaire d'État aux Affaires étrangères du gouvernement Antoine Pinay, du 14 mars 1952 au 8 janvier 1953
Secrétaire d'État aux Affaires étrangères du gouvernement René Mayer, du 10 janvier au 28 juin 1953
Secrétaire d'État aux Affaires étrangères des gouvernements Joseph Laniel, du 2 juillet 1953 au 18 juin 1954
Ministre délégué auprès du Premier ministre, pour l'Aménagement du territoire du gouvernement Georges Pompidou, du 14 avril au 16 mai 1962
Ministre d'État, chargé de la Recherche scientifique et des Questions atomiques et spatiales du gouvernement Georges Pompidou, du 6 avril 1967 au 31 mai 1968
Ministre d'État, chargé des Affaires sociales du gouvernement Georges Pompidou, du 31 mai au 10 juillet 1968
Ministre d'État, chargé des Affaires sociales du gouvernement Maurice Couve de Murville, du 12 juillet 1968 au 20 juin 1969
Ministre des Affaires étrangères du gouvernement Jacques Chaban-Delmas, du 22 juin 1969 au 6 juillet 1972
Ministre des Affaires étrangères du gouvernement Pierre Messmer, du 6 juillet 1972 au 15 mars 1973

(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1940-1958)

Entré dans l’Histoire pendant les heures sombres de l’Occupation, porte-parole de la France Libre, Maurice Schumann s’impose à la Libération comme un acteur politique majeur. Très attaché au général de Gaulle, ce démocrate-chrétien est élu député du Nord à partir de 1945. Secrétaire d’État aux affaires étrangères de 1951 à 1954, il accueille avec ferveur en 1958 le retour de l’homme du 18 juin.

Aux élections législatives de 1958, il se présente sous l’étiquette MRP (Mouvement républicain populaire) dans la 10e circonscription du Nord qui comprend les cantons d’Armentières, Quesnoy-sur-Deûle et Tourcoing-Nord. Dans une triangulaire, au second tour, il parvient à distancer Paul Theeten, présenté par le CNI, 18 631 voix et Charles Minneker, communiste, en réunissant sur son nom 24 723 voix, soit 43,6 %. Il conserve la confiance de ses électeurs aux renouvellements de 1962, 1967 et 1968 alors même que son ancrage local est relativement faible. Il n’est en effet que conseiller général de Tourcoing-Nord de 1965 à 1967, puis conseil municipal de la ville de Comines de 1971 à 1977.

Au Palais-Bourbon, le député du Nord rejoint ses collègues du MRP membres du groupe RPCD (Républicains populaires et centre démocratique) de 1958 à 1962, puis du Centre démocratique jusqu’en 1967. Spécialiste des questions internationales, il siège à la commission des affaires étrangères, qu’il préside de 1957 à 1967. Il s’exprime très régulièrement dans l’hémicycle lors des grands débats de politique étrangère. Il intervient ainsi le 30 avril 1959 dans le débat sur la déclaration du gouvernement concernant la politique étrangère alors que vient de se tenir une conférence des pays signataires du pacte de Varsovie dans la capitale polonaise. Il dénonce l’attitude soviétique présentant le maintien des Alliés dans le secteur occidental – mais auquel Nikita Khrouchtchev « est provisoirement résigné – comme un signe de la bonne volonté soviétique, afin « d'obtenir, en échange de cette apparente concession, la reconnaissance de facto de la république communiste d'Allemagne orientale ». Le 28 décembre 1959, dans le débat sur une communication du gouvernement relative à la politique extérieure, il souligne la nécessité d’« assurer à l’intérieur d’une alliance, imparfaite, mais irréversible, le poids, le prestige et le rang de la France ». Le 13 juin 1963, dans la discussion du projet de loi autorisant la ratification du traité du 22 janvier 1963 entre la République française et la République fédérale d'Allemagne sur la coopération franco-allemande, il déclare vouloir « poursuivre l'édification d'une communauté démocratique des peuples de l'Europe fondée sur des transferts de souveraineté limités et progressifs » communautaires et souhaiter « même qu'ils ne soient pas trop limités ni trop progressifs ». Le 29 avril 1964, il demande que l’on donne plus de poids à la France au sein de l’alliance Atlantique et évoque une Europe de la coopération. Il prend part le 6 décembre 1960 à la discussion du projet de loi relatif à un accord instituant l’Association internationale du développement, rappelant la compétence générale de la commission des affaires étrangères en matière d’accords internationaux. Au nom de la commission des affaires étrangères, il est rapporteur pour avis du projet de loi de programme relatif à certains équipements militaires, le 18 octobre 1960, et de plusieurs projets de loi d’autorisation de ratification d’accords de convention et de traités. Tout en soutenant la diplomatie gaullienne, Maurice Schumann défend à plusieurs reprises la nécessité pour la France de s’inscrire dans l’axe atlantique. Parlementaire d’une grande activité et brillant orateur, le député du Nord s’illustre dans les débats touchant de multiples sujets. Il défend les intérêts de sa circonscription, évoquant, par exemple, le 15 janvier 1963, dans la discussion de la deuxième partie du projet de loi de finances pour 1963, le problème de la liaison fluviale Bauvin-Marquette-lez-Lille. Le 24 juin 1965, dans la discussion du projet de loi portant réforme des taxes sur le chiffre d’affaires, il s’exprime sur la crise de l’industrie textile ainsi que les 20 et 21 avril 1966 dans la discussion du projet de loi tendant à l’institution d’une déduction fiscale pour investissement.

Souhaitant renforcer la présence du MRP, Georges Pompidou décide de faire entrer au gouvernement, le 15 avril 1962, Maurice Schumann et plusieurs autres ministresde ce parti. Chargé de l’aménagement du territoire, Maurice Schumann démissionne dès le mois suivant, avec les autres ministres MRP du gouvernement, Paul Bacon, Robert Buron, Joseph Fontanet et Pierre Pflimlin, suite aux propos du général de Gaulle tenus lors de la conférence de presse du 15 mai, exprimant son hostilité à l’intégration européenne et considérant qu’« il ne peut pas y avoir d’autre Europe que celle des États ». Pour Maurice Schumann, le raisonnement qui avait conduit les ministres MRP à « participer au cabinet Pompidou en espérant infléchir la politique européenne n’a plus lieu d’être ». C’est le Premier ministre Georges Pompidou qui, après avoir remanié le gouvernement, exerce les compétences précédemment dévolues à Maurice Schumann.

En dépit de cet acte de fidélité au MRP, Maurice Schumann glisse progressivement vers le parti gaulliste. Il se prononce, en effet, au référendum du 28 octobre 1962, pour l’élection du Président de la République au suffrage universel, qui constitue une victoire du général de Gaulle contre les partis traditionnels rassemblés dans le « cartel des non ». Aussi, le 25 novembre 1962, est-il élu au second tour des élections législatives consécutives à la dissolution de l’Assemblée nationale, avec 32 280 voix face à Gérard Haesebroeck, SFIO, maire d’Armentières. Dans sa profession de foi, il rappelle aux électeurs du oui qu’ils ont estimé que « le départ du général de Gaulle serait un immense danger, surtout au moment où la paix internationale, la paix intérieure et la vie même du Président de la République sont menacées ». À l’élection présidentielle de 1965, il prend position au premier tour en faveur du président sortant et ce faisant contre la candidature centriste de Jean Lecanuet. Aux élections législatives de 1967, c’est désormais avec l’investiture gaulliste, sous l’étiquette de l’Union des Démocrates dans la Ve République, qu’il se présente devant ses électeurs de la vallée de la Lys. Il est élu le 5 mars au premier tour avec 32 321 voix contre Gérard Haesebroeck, 15 035 voix, et Jules Gilles, maire de Roncq, 13 079 voix. Il s’inscrit au groupe UD Ve (Union démocratique pour la Ve République) puis celui de l’UDR (Union des Démocrates pour la République). Alors qu’en 1962 il était encore inscrit au groupe du Centre démocratique, il s’apparente le 6 avril 1967 au groupe de l’Union Démocratique pour la Ve République (UD Ve). En novembre 1967, aux assises de l’Union des Démocrates de la Ve République (UD Ve) à Lille, il rejoint ce parti, qui succède à l’UNR ,avec Marie-Madeleine Dienesch dans le cadre du Mouvement des Démocrates pour la Ve République. Il réintègre le gouvernement le 7 avril, d’abord en qualité de Ministre d’État chargé de la Recherche scientifique et des questions atomiques et spatiales (1967-1968). Le 7 mai 1968, il fait un long exposé de la politique du gouvernement en matière de recherche scientifique suivi d’un débat afin de dresser un bilan de l’exercice de cette fonction ministérielle et de traiter l’effort de recherche médicale, les décisions prises par le gouvernement ou qu'il compte prendre en matière électro-nucléaire et enfin, dans le domaine des satellites européens et de l'Europe spatiale, les conséquences, à l'égard des satellites de télécommunications, des décisions prises récemment par certains partenaires européens de la France.

Le 23 juin 1968, aux élections législatives, il est largement élu dès le premier tour avec 31 896 voix face à Gérard Haesebroeck, FGDS, 12 134 voix, Charles Minneker, 10 944, Gérard Vandaele, Centre démocrate PDM, 4 596, et Jean-Marie Chombeure, PSU, 11 054. Il s’apparente au groupe de l’Union des Démocrates pour la République (UDR). Le 11 juillet 1968, il est nommé Ministre d’État chargé des Affaires sociales dans le gouvernement de Maurice Couve de Murville. Après deux tables rondes organisées au ministère des Affaires sociales entre le patronat et les syndicats sur les droits syndicaux qui ne parviennent pas à éliminer les points de désaccord et des négociations paritaires sur l’emploi, le Ministre consulte séparément les organisations professionnelles et syndicales. Il présente le 4 décembre 1968 le projet de loi relatif à l'exercice du droit syndical dans l'entreprise créant la section syndicale d'entreprise, suite à la promesse faite par Georges Pompidou lors de la négociation de Grenelle. Le projet de loi est fondé sur « la garantie de la liberté collective de constitution de syndicats ou des sections syndicales dans l'entreprise » figurant dans l’annexe au protocole de Grenelle. Il s’agit, déclare-t-il, pour le gouvernement « d’intégrer le syndicalisme à un ordre nouveau fondé sur la participation ». Le projet de loi est adopté le 4 décembre en première lecture par l’Assemblée nationale par 438 voix contre 4 et 22 abstentions, 17 députés ne prenant pas part au vote. Le Sénat vote pour le projet de loi le 17 décembre 1968 à l’unanimité des 263 votants. En seconde lecture il obtient de l’Assemblée nationale qu’elle se rallie à la position du gouvernement et du Sénat sur l’âge minimum requis de 21 ans pour être délégué syndical. Ilm ùmet en application la réforme des études médicales. et prépare un texte sur la participation des salariés dans l’entreprise, le projet de loi est prêt quand le général de Gaulle se retire après l’échec du référendum d’avril 1969.

Après l’élection de Georges Pompidou à la présidence de la République, Maurice Schumann est nommé le 22 juin 1969 ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de Jacques Chaban-Delmas qui considère que cette nomination s’impose afin d’assurer la continuité du gaullisme et de donner un nouveau départ à l’Europe. Son passage au Quai d’Orsay, qui constitue l’apogée de sa carrière gouvernementale, est marqué notamment par les négociations autour de l’entrée du Royaume-Uni dans la CEE (Communauté économique européenne). Le 22 juillet 1969, le Président de la République prend l’engagement, lors d’un Conseil des ministres, à Bruxelles, de réunir un sommet ayant pour objet l’entrée éventuelle du Royaume-Uni dans la CEE. « Jamais peut-être dans l’histoire, dira Maurice Schumann, il n’y a eu de négociation plus préméditée ». Un mois après l’arrivée du nouveau président à l’Élysée, le schéma de l’élargissement du Marché commun était en place. Mais pour le chef de l’État il fallait, avant que puissent être accueillis d’autres partenaires, que deux problèmes soient résolus : celui dit de l’achèvement, c’est-à-dire du passage à la période définitive et de l’adoption d’un règlement financier agricole ; celui de l’approfondissement d’autre part, qu’on appelle aussi développement et qui recouvre les perspectives d’évolution de la Communauté. Le Ministre négocie en 1970 un accord visant à assurer la couverture de toutes les dépenses de la Communauté par des ressources propres. Maurice Schumann obtient aussi l’engagement du Royaume-Uni à une participation croissante aux dépenses communautaires en contrepartie de concessions sur l’exportation des produits laitiers néo-zélandais. Le traité d’adhésion du Royaume-Uni ainsi que du Danemark, de l’Irlande et de la Norvège est signé le 22 janvier 1972. Mais le résultat du référendum sur l’élargissement des Communautés européennes, le 23 avril 1972, atténue le succès de la négociation. En effet, le oui l’emporte avec plus de 10 millions de voix, 67,7 % des suffrages exprimés, mais le taux d’abstention s’élève à 39,64 % et celui des nuls à 7,07 % tandis que le non représente plus de 5 millions de suffrages. D’autre part, la mise en œuvre du serpent monétaire décidé au sommet de Paris des 19 et 20 octobre 1972 est compromise et la France doit se résoudre au flottement des monnaies. Le 21 décembre 1972 est signé, dans le cadre de l’Ostpolitik, afin d’assurer durablement la paix et la sécurité en Europe, le traité de reconnaissance mutuelle entre la RFA et la RDA. Maurice Schumann avait précédemment déclaré le 16 novembre 1972, dans la discussion des crédits des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale : « La France ne sera pas la dernière à tirer, dans ses rapports bilatéraux avec la République démocratique allemande, les conséquences de la situation mondiale qui résulte des événements dont elle n’a cessé et ne cessera pas de favoriser et d’accélérer le cours ». Maurice Schumann joue en outre un rôle d’apaisement dans les relations entre la France et les États-Unis au moment de l’aggravation de la situation au Vietnam en avril et en mai 1972 du fait de l’offensive nord-vietnamienne et en rétorsion du blocus par les États-Unis des ports nord-vietnamiens. Il déclare l’attachement de la France à une solution qui ne peut être que politique, « c’est-à-dire négociée entre toutes les parties intéressées, librement acceptée par les populations et garantissant leur indépendance et leur neutralité » (déclaration à l’issue du conseil des ministres du 10 mai 1972). Il joue également un rôle, comme il le dit lui-même de celui de la France, « non exclusif mais essentiel » dans le processus conduisant aux accords de Paris du 27 janvier 1973 mettant un terme au conflit du Sud-Est asiatique.

À son grand regret, il démissionne du cabinet Messmer le 15 mars 1973 après sa défaite au scrutin législatif. Victime de la division de la majorité gouvernementale, obtenant 32 833 voix, soit 49,7 %, il est en effet devancé au second tour par le candidat socialiste, Gérard Haesebroeck, 32 475 voix, 50,3 %.
L'année 1974, qui marque l'entrée au Sénat de Maurice Schumann (voir la notice biographique en ligne sur le site Internet du Sénat), est celle d'un relèvement après son échec aux élections législatives de 1973 dans le Nord et son départ du Quai d'Orsay, un relèvement qui a commencé en mars 1974 par son élection à l'Académie française au siège de Wladimir d'Ormesson.

Le sénateur du Nord Robert Liot ne souhaitant pas le renouvellement de son siège aux élections de septembre 1974, Pierre Carous, sénateur-maire de Valenciennes, propose à Maurice Schumann d'être candidat en seconde position sur la liste gaulliste qu'il mène. Avec 27,8 % des voix, ils sont élus tous les deux.
Au Palais du Luxembourg, Maurice Schumann s'apparente au groupe de l'Union des Démocrates pour la République avant d'adhérer au nouveau groupe sénatorial du Rassemblement pour la République dès sa création en décembre 1976. Cette adhésion est l'étape finale d'un rapprochement entre l'ancien président du Mouvement républicain populaire et le gaullisme de la Ve République. De 1974 à 1977, il siège à la commission des finances, puis est nommé à la commission des affaires économiques et du plan. Le 5 octobre 1977, il est élu vice-président du Sénat puis renouvelé, en octobre 1980, dans cette fonction qu'il exerce jusqu'à la fin de son premier mandat en 1983.

Le nouveau sénateur du Nord, riche d'une expérience parlementaire et gouvernementale de près de trente ans, intervient rapidement dans des débats importants. Dans la discussion budgétaire de l'automne 1974, il présente ainsi l'avis favorable de la commission des finances sur le projet de loi portant création du Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou. Quelques jours plus tard, en décembre 1974, il prend position, mais avec beaucoup de modération et en exprimant son respect pour Simone Veil, ministre de la Santé, qui défend le texte, contre le projet de loi relatif à l'interruption volontaire de grossesse, en raison de ses convictions chrétiennes. En juin 1975, il participe activement à la discussion du projet de loi portant réforme du divorce, qu'avec trente autres sénateurs il refuse d'adopter, et cette fois-ci avec vigueur en affirmant : « Si le divorce – j'insiste sur ce point – est imposé au conjoint qui le refuse, il y a négation du mariage ». En décembre 1980, il vote pour le projet de loi Peyrefitte renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes, en septembre 1981 pour le projet de loi abolissant la peine de mort, en janvier 1982 le projet de loi Defferre relatif à la décentralisation et en mai de la même année le projet de loi relatif aux prestations de vieillesse, invalidité et veuvage.

Pendant ce premier mandat au palais du Luxembourg, Maurice Schumann se manifeste par une intense activité en commission et en séance publique, sur un grand nombre de sujets. Il s'intéresse d'abord aux questions liées à la culture et, de 1974 à 1977, en rapporte le budget pour la commission des finances. À partir de 1983, il fait de même au nom de la commission des affaires économiques et du plan. Dès 1978, pour cette dernière, il avait été désigné rapporteur spécial du budget de la recherche scientifique. Maurice Schumann intervient fréquemment dans les débats sur la fiscalité, faisant montre en ce domaine d’une grande maîtrise technique de ces questions, qu'il s'agisse de la fiscalité agricole, de celle des entreprises ou encore des collectivités locales.

Les discussions concernant l'agriculture l'amènent également à intervenir fréquemment ainsi que celles qui traitent des affaires sociales, comme en juin 1977 à l'occasion du débat sur le projet de loi instituant le complément familial. Mais, au fur et à mesure que la crise économique s'accroît, c'est sur les questions économiques et en particulier industrielles que Maurice Schumann se concentre. À partir de la fin des années 1970, il ne cesse de déplorer la montée du chômage, en particulier dans sa région d'élection, meurtrie par les revers de l'industrie textile. Il multiplie, à ce sujet, les interventions et les questions orales au Gouvernement. La défense des intérêts du Nord et du Pas-de-Calais est, en effet, un thème récurrent de ses prises de parole, qu'il s'agisse des équipements de santé, de la situation du port de Dunkerque ou des problèmes de l'emploi.

Maurice Schumann est également une personnalité éminente de la majorité présidentielle et parlementaire sous le septennat de Valéry Giscard d'Estaing et intervient à ce titre dans les discussions qui suivent les déclarations de politique générale du Gouvernement. Ainsi, en mai 1977 puis en mai 1978, il apporte tout son soutien à l'action du chef de l'État et de son Premier ministre.

En septembre 1983, lorsqu'il sollicite le renouvellement de son mandat auprès des électeurs du Nord, la situation politique a complètement changé et le Sénat est devenu une Chambre où l'opposition se manifeste nettement. En dépit de son échec aux élections municipales à Lille, en 1977, où il est le second de la liste menée par Norbert Ségard, Maurice Schumann est réélu au Sénat sur la liste d'Union des gaullistes et des centristes qu'avec Pierre Carous et André Diligent il a constituée. Il s'inscrit à nouveau au groupe du Rassemblement pour la République, dont il devient d'ailleurs le vice-président. Il retrouve la commission des affaires économiques et du plan avant de rejoindre, en 1984, la commission des finances, commissions pour lesquelles, successivement, il continue de rapporter le budget de la culture.

Ce second mandat marque l'accession de Maurice Schumann à la présidence de la prestigieuse commission des affaires culturelles en octobre 1986, succédant ainsi au sénateur socialiste de Haute-Garonne Léon Eeckhoutte. Réélu deux fois à cette haute fonction, il l'exerce jusqu'en 1995. À ce titre, il participe à de nombreux débats. Ainsi, en novembre 1986, il est le rapporteur du projet de loi autorisant la ratification d'une convention internationale sur la protection des artistes interprètes ou exécutants, des producteurs de phonogrammes et des organismes de radiodiffusion. L'année suivante, la discussion du projet de loi sur le développement du mécénat l'occupe beaucoup tout comme, en novembre 1988, celle du projet de loi modifiant la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de la communication, et qui institue le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). En dépit de ses nombreuses interventions sur les questions relevant de sa commission, l'enseignement scolaire et universitaire, la communication, le patrimoine, les sports, etc., Maurice Schumann continue de s'intéresser passionnément à l'industrie du textile, décisive dans sa région, et ce d'autant plus qu'il préside le groupe sénatorial de défense des industries textiles et de l'habillement. S'il intervient moins que lors de son premier mandat sur les questions sociales, il adopte néanmoins le projet de loi instituant le revenu minimum d'insertion en novembre 1988.

Peu de temps avant le terme de son second mandat intervient au Sénat la discussion du projet constitutionnel concernant le traité de Maastricht. Maurice Schumann s'y oppose et à ceux qui voient une contradiction entre les convictions de l'ancien leader démocrate-chrétien et l'opinion du sénateur gaulliste qui refuse ce texte, il répond qu'il condamne la dérive technocratique du droit communautaire et le déficit démocratique que marque cet accord mais en aucun cas la construction européenne, qu'il qualifie en séance, le 21 avril 1992, de « communauté d'espérances ». C’est au nom d’une Europe qui ne doit pas se faire contre les peuples qu’il soutiendra par la suite le mouvement l’Alliance pour la souveraineté de la France, fondé en 1997.

En mars 1986, Maurice Schumann est élu conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais, fonction à laquelle il est réélu en mars 1992. Quelques semaines plus tard, les grands électeurs du Nord lui confirment leur confiance en l'appelant à exercer un troisième mandat sénatorial. En dépit du fait qu'il a dépassé 80 ans, son activité à la Haute assemblée reste considérable et ses interventions en séance nombreuses jusqu'en 1995. Le 2 octobre de cette même année, il préside la séance de rentrée parlementaire en qualité de doyen d'âge du Sénat. C'est pour lui l'occasion de revenir sur l'ensemble de sa carrière parlementaire et politique et de rappeler sa double fidélité à la démocratie chrétienne et au général de Gaulle.

Quittant la présidence de la commission des affaires culturelles, Maurice Schumann retourne à la commission des finances, pour laquelle, à nouveau, en novembre 1995, 1996 et 1997, il rapporte le budget de la culture lors de l'examen du projet de loi de finances. En juin 1993, il adopte le projet de loi relatif aux pensions de retraite et à la sauvegarde de la protection sociale. Le 3 décembre 1997, il intervient dans la discussion du budget de l'industrie textile, dont il signale, une nouvelle fois, la fragilité et appelle le Gouvernement à prendre des mesures afin de la défendre contre la concurrence étrangère. C'est sa dernière prise de parole en séance publique du Sénat. Il décède le 10 février 1998, dans sa quatre-vingt-septième année.

Le 21 avril 1998, le président Monory termine ainsi l'éloge funèbre de Maurice Schumann : « Intellectuel en politique, il nous a proposé, des années durant, une véritable vision du monde : la culture comme condition de la liberté, l'Europe comme facteur de la paix. Ses paroles résonneront encore longtemps sur les bancs de notre assemblée parce qu'elles avaient parfois un parfum d'éternité. » Le Premier ministre Lionel Jospin ajoute que « par sa personnalité, et par son intransigeance lorsqu’étaient en cause les principes et les valeurs de notre République, Maurice Schumann a conquis le respect de tous, quelles que fussent leurs opinions politiques. »

L'ancien porte-parole de la France Libre fut, selon sa volonté, inhumé dans le cimetière de la commune normande d'Asnelles, non loin de l'endroit où il avait débarqué en juin 1944.

Il était chevalier de la Légion d'honneur, compagnon de la Libération, décoré de la Croix de guerre 1939-1945 et grand officier de l’Ordre de Léopold de Belgique. On a de lui le Germanisme en marche (1938), Mussolini (1939), Honneur et patrie (1945), Le vrai malaise des intellectuels de gauche (1957), Rendez-vous avec quelqu'un (1962), Les flots roulant au loin (1973), La mort née de leur propre vie (1974), Angoisse et certitude (1978), Un certain 18 juin (1980), Le concerto en ut majeur (1984), Qui a tué le duc d'Enghien ? (1984), Une grande imprudence (1986), La victoire et la nuit (1989), Bergson ou le retour de Dieu (1995), ainsi que de nombreux articles et études publiés dans la Vie catholique, le Temps présent et l'Aube, sous le pseudonyme d'André Sidobre.

Le 10 juin 2009 a eu lieu dans l’hémicycle du Sénat une cérémonie de dévoilement d'une plaque commémorative à l'effigie de Maurice Schumann.