Cheikh Benssedick
1911 - 1980
BENSSEDICK Mohamed dit Cheikh
Né en 1911 à Renault (Algérie)
Décédé le 28 avril 1980 à Sidi M’Hamed Ben Ali (Algérie)
Député de Mascara de 1958 à 1962
Mohamed dit Cheikh Benssedick naît en 1911 dans le village de Kasbal, dans la commune mixte de Renault, en plein pays agricole. Ainsi nommée en l’honneur du général français Pierre Hippolyte Publius Renault, la commune est située près de la ville côtière de Mostaganem, dans le nord de l’Oranais. Elevé dans une famille arabe, Benssedick est un Musulman d’Algérie : s’il jouit de la nationalité française, il ne bénéficie pas de l’ensemble des droits compris dans la citoyenneté républicaine. Après des études primaires et secondaires, qu’il mène à l’école française et à l’école coranique, il obtient un diplôme de droit musulman. Il embrasse pourtant le métier de ses parents : il devient agriculteur. Il en vient à exercer des responsabilités dans ce domaine : directeur d’une société agricole de prévoyance, il est également membre de la Chambre d’agriculture de son département. Il devient membre du conseil central de l’Office national interprofessionnel des céréales (ONIC), et représente à Paris les agriculteurs algériens auprès de cette institution.
Les attentats simultanés du 1er novembre 1954 font basculer les trois départements ultramarins dans la guerre d’indépendance. Dans ce contexte, la réforme municipale de 1956 crée les délégations spéciales, qui remplacent les conseils municipaux de façon provisoire : Benssedick devient le vice-président de celle de Renault. En 1957, il se présente aux élections municipales, et devient maire de sa commune, alors intégrée dans le département de Mostaganem nouvellement constitué. Il est également élu conseiller général de Mostaganem, et occupe ce siège durant deux mandats, de 1957 à 1962.
Le retour au pouvoir du général de Gaulle, après les manifestations du 13 mai 1958, constitue un tournant majeur pour la situation politique algérienne. Pour la première fois depuis plus de deux ans, des élections législatives sont organisées dans les départements algériens. Cette décision n’est pas sans poser de nombreux problèmes dans un pays en guerre. L’intervention de l’administration conjuguée à celle de l’armée crée en effet un environnement qui ne satisfait pas aux règles démocratiques de la République. La constitution des listes électorales, la campagne, le scrutin enfin sont marqués par l’exercice d’une pression importante des militaires sur la population. L’armée soutient bien souvent les candidats proches des Comités de salut public, créés au printemps 1958. Par ailleurs, l’ordonnance du 16 octobre 1958 relative à l’élection des députés des départements d’Algérie à l’Assemblée nationale introduit des changements majeurs dans le scrutin. Le principe du collège unique pour tous les électeurs, musulmans et européens, est instauré. Le mode de scrutin de ces élections est propre aux circonscriptions algériennes : scrutin de liste majoritaire à un tour, il permet d’élire en une fois la liste arrivée en tête des suffrages. Chaque liste de candidats doit enfin « respecter une certaine proportion entre les citoyens de statut civil de droit commun et les citoyens de statut civil local, afin de permettre une juste représentation des diverses communautés. » Dans la onzième circonscription d’Algérie, celle de Mascara en Oranie, cette répartition est établie par l’ordonnance à un candidat de statut civil de droit commun et trois candidats de statut civil local ou Français musulmans d’Algérie. Le cultivateur oranais est de ces derniers.
Cheikh Benssedick se présente aux élections législatives du 30 novembre 1958 dans la circonscription de Mascara, au sud-ouest de Mostaganem, sur la Liste de la rénovation, menée par Armand Legroux. La profession de foi de la liste se place sous le signe du changement et de la régénération ; elle s’adresse aux « Français et Françaises de toutes confessions. » Les candidats se présentent comme des novices en la matière : « sans passé politique », ils sont d’autant mieux placés pour condamner les « tenants du système » et leur « politique d’abandon » qu’ils n’y ont pas participé. Ils en appellent à la victoire de « l’Algérie du 13 mai », celle de la rupture introduite par la fin de la IVème République, dont ils estiment qu’elle « ne doit pas être souillée par les combinaisons des partis. » Le programme de ces candidats, c’est l’intégration totale de l’Algérie à la France, et la victoire contre le FLN avec lequel ils n’acceptent aucune sorte de compromis, grâce au maintien de l’armée française en Algérie « pour qu’elle poursuive son œuvre de rapprochement des cœurs. » Nettement opposée à l’indépendance, la profession de foi s’achève sur le vœu d’une « Algérie à jamais française. »
La liste sur laquelle figure Benssedick se présente face à deux autres listes d’inspiration analogue : la Liste pour le renouveau de l’Algérie française dans l’union et la paix, et la Liste pour le renouveau de l’Algérie française fraternelle. Elle remporte, le 30 novembre 1958, 48% des suffrages exprimés, soit à peine trois mille voix de plus que l’une de ses concurrentes. Les quatre candidats sont élus députés. Au Palais Bourbon, le représentant de la onzième circonscription algérienne s’inscrit au groupe de la Formation administrative des élus d’Algérie et du Sahara (EAS), qui prend à partir du mois de juillet 1959 le nom de groupe de l’Unité de la République (UR). Il cesse d’appartenir à ce groupe au mois d’avril 1960 et s’inscrit au groupe de l’Union pour la nouvelle République (UNR). L’agriculteur oranais est nommé membre de la Commission de la production et des échanges (1959-1960), ainsi que de la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République à trois reprises (1960-1962).
Outre son activité au sein de ces commissions, le parlementaire oranais reste un député discret : il n’intervient pas à la tribune au cours des quatre années que dure son mandat. Il manifeste, à l’occasion des grands votes de ces années, sa fidélité à la politique gaullienne, tant métropolitaine qu’algérienne. Le 16 janvier 1959, il s’exprime en faveur du programme du gouvernement Debré. Le 15 octobre de la même année en revanche, il ne prend pas part au vote sur la déclaration de politique générale faite par le Premier ministre. Le 23 décembre 1959, il se prononce pour le projet de loi concernant l’enseignement privé. Le 2 février 1960, il approuve projet de loi sur les pouvoirs spéciaux du gouvernement. Enfin, le 27 avril 1962, il se prononce en faveur du programme du nouveau Premier ministre Georges Pompidou. Le 3 juillet 1962, le mandat de député français de Cheikh Benssedick prend fin, avec l’indépendance de l’Algérie. En ce jour, l’ordonnance relative au mandat des députés et sénateurs élus dans les départements algériens et sahariens y met un terme. Marié, père de onze enfants, il meurt le 28 avril 1980 à Sidi M’Hamed Ben Ali, nouveau nom de sa commune natale dans l’Algérie indépendante.