François Porteu de la Morandière
1928 - 2021
PORTEU DE LA MORANDIERE (François)
Né le 20 mai 1928 à Sèvres (Seine-et-Oise)
Décédé le 14 octobre 2021 à Sèvres (Hauts-de-Seine)
Député du Pas-de-Calais de 1986 à 1988
François Porteu de la Morandière naît le 20 mai 1928 à Sèvres, dans l’ancien département de la Seine-et-Oise. Ses origines familiales se trouvent notamment en Ille-et-Vilaine. Son grand-oncle et son oncle furent y parlementaires. Son père Emmanuel Porteu de la Morandière est médecin et sa mère, Henriette née, Guillemot, est une artiste peintre rennaise connue sous le pseudonyme de Lucie Couvreur. Dans ses jeunes années, François Porteu de la Morandière est engagé dans la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC). Scolarisé au collège Saint-Jean-de-Béthune puis au lycée Louis-le-Grand, il étudie à la faculté de droit et à l’IEP de Paris. Docteur en droit, il est tout d’abord chef d’entreprise : président directeur général de la Société des galeries malouines et dinardaises à partir de 1955, président de la Société Dinard Product Ltd à partir de 1961 et directeur général de 1970 à 2008, de la société La Découverte-Expansion, à l’origine du premier centre commercial de Saint-Malo.
Il effectue son service national en Allemagne, puis est rappelé en 1956 en Algérie. Il épouse, le 22 mai 1964, Michèle Cazes avec qui il aura quatre enfants. Décoré de la Croix de la valeur militaire, il est chevalier de la Légion d’honneur, officier de l’Ordre national du Mérite et grand officier de l’Ordre du Saint-Sépulcre, ainsi que comte de la République de Saint-Marin. En 1982, il adhère au Cercle renaissance, une association qui se présente comme « une association culturelle, statutairement apolitique et aconfessionnelle, dont l'objet est de promouvoir une renaissance des valeurs culturelles, civiques, morales et spirituelles ». Président général de l’Union nationale des combattants d’Afrique du Nord depuis 1960, il occupe également les fonctions de président général adjoint de l’Union nationale des combattants en janvier 1975 et devient administrateur de l’Office national des anciens combattants en 1979. Il publie cette année-là, en collaboration avec le colonel Henri Le Mire, l’ouvrage, Soldats du Djebel : histoire de la guerre d’Algérie, préfacé par le général Massu.
En 1985, François Porteu de la Morandière décide de s’engager en politique en rejoignant le Front national (FN), présidé par Jean-Marie Le Pen. D’abord groupuscule, le FN connaît une dynamique progressive et croissante à partir du début des années 1980. Son discours, axé sur la critique du système politique français et s’articulant autour des thèmes préoccupant une partie de l’opinion publique, notamment l’immigration et l’insécurité, lui permet de croître en audience. L’élection municipale partielle de Dreux en septembre 1983 puis les élections européennes de 1984, où le FN obtient près 11 %, marquent la confirmation du parti comme acteur important de la vie politique française.
Lors des élections législatives de 1986, qui ont lieu à la proportionnelle dans le cadre de listes départementales, François Porteu de la Morandière conduit la liste FN dans le Pas-de-Calais. Il renonce à une partie de ses fonctions dans les associations d’anciens combattants où il représente le FN. Son nom et son visage n’apparaissent pas sur la profession de foi, qui se compose d’un texte de la main de Jean-Marie Le Pen et du programme national du FN. Quatorze sièges sont à pourvoir et neuf listes sont en concurrence. La liste FN termine en sixième position avec 7,83 % des voix, ce qui est suffisant pour obtenir un siège. François Porteu de la Morandière est par conséquent élu député. A l’échelle nationale, son parti obtient 35 élus. L’alliance RPR (Rassemblement pour la République, parti gaulliste) et UDF (Union pour la démocratie française, une confédération de partis de droite et de centre-droit) obtient une courte majorité de sièges entraînant la première cohabitation. Le président François Mitterrand nomme Premier ministre le chef de la première force de la nouvelle majorité, Jacques Chirac.
Au sein du groupe FN, François Porteu de la Morandière est classé comme modéré. Il sera mal à l’aise avec certains propos de Jean-Marie Le Pen, dont ceux sur les chambres à gaz qui seraient « un point de détail de l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale ». Il est membre de la commission de la production et des échanges, puis rejoint en juillet 1986 la commission de la défense nationale et des forces armées ainsi que la commission spéciale chargée de vérifier et d’apurer les comptes. Il est particulièrement engagé sur les questions relatives aux anciens combattants. Il présente en mai 1986 une proposition de loi tendant à accorder le bénéfice de la campagne double aux anciens combattants d’Afrique du Nord. En 1987, il est nommé secrétaire national du FN aux Anciens combattants. En séance publique, il pose notamment, en mai 1987, une question au gouvernement sur la présence de publicités à caractère pornographique sur le Minitel. Il intervient aussi sur de nombreux projets de loi, devenant ainsi l’un des orateurs de référence de son groupe politique.
Mais la proportionnelle est abandonnée, permettant le retour du scrutin uninominal à deux tours. François Porteu de la Morandière représente le FN dans la deuxième circonscription du Pas-de-Calais (Arras-Nord). Dans sa profession de foi, il met en avant sept raisons de voter pour lui, candidat du Front national, incluant notamment l’assiduité, qualité qui ferait défaut aux autres partis politiques, et l’opposition frontale aux socialistes. Ce dernier élément est un rouage essentiel de la stratégie du FN, qui espère capter le vote des électeurs traditionnels de la droite en dénonçant une collusion entre les partis classiques et le PS. Mais François Porteu de la Morandière est éliminé dès le premier tour, avec seulement 8,98 % des suffrages exprimés (4 206 voix). Il n’arrive qu’en quatrième position, loin derrière ses compétiteurs socialiste, UDF et communiste. C’est le candidat socialiste André Delehedde en tête au premier tour (43,72% des voix) qui l’emporte au second tour (59,81%). A l’échelle nationale, le Front national obtient 9,66 % soit 2 359 280 voix, ce qui représente une légère baisse par rapport à 1986 (9,65 % soit 2 703 442 voix).
Lors des élections municipales de 1989, François Porteu de la Morandière est second de la liste FN à Arras. Le maire socialiste Léon Fatous est réélu dès le premier tour avec 50,03 % des voix tandis que la liste FN obtient 9,09 % et deux élus, permettant à François Porteu de la Morandière d’entrer au conseil municipal. En 1992, il est également élu conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais et le reste jusqu’en 1998, assurant les fonctions de secrétaire de la commission des finances de la région.
L’ancien député est à nouveau candidat pour le FN dans la seconde circonscription du Pas-de-Calais lors des élections législatives de 1993, très difficiles pour la gauche. A l’issue du premier tour, il termine en quatrième position avec 12,41 % des voix. Le second tour oppose le candidat UDF Charles Gheerbrant (32,88%) au candidat socialiste Jean-Marie Alexandre (21,97%) et voit la victoire du premier par 52,90 % des voix.
Lors de l’élection présidentielle de 1995, Jean-Marie Le Pen améliore encore les performances du Front national en obtenant 15 %. Il arrive en tête dans sept départements et second dans douze. Dans la foulée sont organisées les élections municipales, au mois de juin 1995. François Porteu de la Morandière est tête de liste à Arras. Contrairement à 1989, un second tour est nécessaire. Mais avec 9,33 % des voix, la liste FN ne peut se maintenir et n’obtient aucun élu. François Porteu de la Morandière commence dès lors à prendre quelques distances avec son parti. Il n’est pas candidat lors des élections législatives de 1997. L’année suivante, il quitte le Front national, en désaccord avec la ligne anti-européenne du parti. Il reste actif dans les affaires devenant, en 1997 et jusqu’en 2003, président de Western Seas Investment Company, une société commerciale de fonds de placement dont le siège se trouve à Atlanta aux Etats-Unis. Mais il ne se désintéresse pas pour autant de la vie politique française : en 2001, il publie un ouvrage intitulé Sacrée Marianne ! Fausse crise politique et vraie crise morale.
Le large spectre de ses activités le conduit à présider, en 2005, l’Institut des relations Europe-Asie-Amérique qui se transforme, en 2013, en Institut européen de relations internationales (IERI). Il devient également président honoraire de l’Union nationale des combattants (UNC).
Il décède le 14 octobre 2021 dans sa ville natale de Sèvres.