Raymond Poutier
1897 - 1981
POUTIER (Raymond)
Né le 27 mars 1897 à Rochefort-sur-Mer (Charente-Maritime)
Décédé le 15 septembre 1981 à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques)
Député de la Seine de 1958 à 1962
Né le 27 mars 1897 à Rochefort-sur-Mer de parents commerçants, Raymond Poutier devient, après l’obtention de son baccalauréat, agent immobilier. Ancien combattant des deux guerres mondiales et colonel d’aviation du cadre de réserve, il est conseiller municipal de Sceaux depuis 1947 lorsqu’il décide de représenter les couleurs de l’UNR aux premières élections de la Ve République dans la 54ème circonscription de la Seine.
Dix candidats se disputent le siège à pourvoir. Le communiste Guy Ducoloné, député sortant, obtient le meilleur score en totalisant 23,8% des suffrages. Raymond Poutier est second (20,3% des voix), devant notamment Edouard Depreux du PSA (12,9%), Maurice Dolivet de la SFIO (11,4%), Irène Mancaux du MRP (9%). Au second tour, la division de la gauche profite au représentant de l’UNR. En effet, elle propose trois candidats : le PCF, le PSA et la SFIO. Ces derniers recueillent respectivement 27%, 11,5% et 8,8% des voix. Raymond Poutier, qui a obtenu 52,6% des suffrages exprimés, est très confortablement élu.
Inscrit au groupe de l’UNR dès son arrivée au Palais-Bourbon, Raymond Poutier se montre rapidement critique à l’égard de l’évolution du Président sur le problème algérien. Le 17 décembre 1960, il signe avec dix de ses collègues UNR un manifeste condamnant la politique menée par de Gaulle qu’il accuse de faire « trop souvent la politique antinationale d’une certaine gauche et la politique antisociale d’une certaine droite ». Le 14 avril 1961, il quitte l’UNR. Le député de la Seine rejoint alors les rangs du Regroupement national pour l’Unité de la République, groupe hostile à l’indépendance algérienne.
Le député de la Seine est un parlementaire peu actif. De 1959 à 1962, il siège à la Commission de la défense nationale et des forces armées. En son nom, il dépose deux rapports : l’un porte sur le projet de loi relatif aux corps des commissaires de l’air (13 juillet 1960) et l’autre au projet de loi sur le chargement d’arme des officiers d’active (28 juin 1962). Il n’intervient que six fois à la tribune dont cinq pour évoquer la situation de l’armée. Lors de l’examen du projet de loi de finances pour 1960, Raymond Poutier défend les militaires de carrière dont le nomadisme difficilement compatible avec une vie de famille et la faible rémunération posent problème (17 novembre 1959). Rapporteur spécial sur le sujet, Raymond Poutier milite avec conviction pour la création d’un statut juridique pour les commissaires de l’air (21 juillet 1960, projet de loi relatif au corps des commissaires de l’air). Le 7 novembre 1960, lors de l’examen du budget, le député de la Seine déplore l’insuffisance des crédits pour la revalorisation de la fonction militaire. Il demande au gouvernement de mettre fin au décalage entre la condition militaire et à la fonction publique et de remédier à la crise du recrutement de l’armée.
Son évolution à l’égard du pouvoir se traduit dans les scrutins d’importance nationale. Dans un premier temps, il respect la discipline de vote du groupe gaulliste : il approuve le programme du gouvernement Debré (16 janvier 1959), s’exprime en faveur du nouveau règlement de l’Assemblée nationale qui rompt avec les pratiques de la IVe République (3 juin 1959) et soutient la déclaration de politique générale du Premier ministre le 15 octobre 1959. Il s’associe également à la réforme du financement de l'enseignement privé (23 décembre 1959) et accorde les pouvoirs spéciaux au Gouvernement pour ramener l’ordre en Algérie après la semaine des barricades (2 février 1960). En revanche, il désapprouve le programme du gouvernement de Georges Pompidou (27 avril 1962), s’oppose à la levée de l’immunité de Georges Bidault le 5 juillet 1962 et vote la motion de censure du 4 octobre 1962.
En 1962, en rupture avec l’UNR, Raymond Poutier décide de ne pas se représenter. Le député de la Seine s’est éteint le 15 septembre 1981. Il était commandeur de la Légion d'honneur, décoré de la Croix de guerre (quatre citations), de la Médaille des évadés et de la Croix des combattants volontaires.