Aristide, Emile Prat
1870 - 1929
Né le 2 août 1870 à Saint-Quentin (Aisne), mort le 29 mars 1929 à Dakar (Sénégal).
Député de Seine-et-Oise de 1914 à 1919.
Professeur agrégé de l'Université, Aristide Prat est élu député pour la première fois aux élections législatives de 1914, dans la 3e circonscription de Versailles. Il obtient 6.288 voix sur 12.546 suffrages exprimés contre 5.383 à son prédécesseur, Thalamas.
Dans ses déclarations électorales, il se montre surtout soucieux de défendre les libertés : liberté de conscience, des cultes, de l'enseignement et libertés locales. Il préconise une décentralisation administrative plus poussée, génératrice d'économies ; se montre favorable à la représentation proportionnelle, scrutin qui lui vaudra pourtant d'échouer aux élections de 1919 ; soutient enfin des idées très modernes en matière de réforme institutionnelle : il veut limiter les initiatives parlementaires concernant les dépenses en rendant la compensation obligatoire, propose de diminuer l'indemnité parlementaire en cas d'absence injustifiée aux séances et d'imposer le vote personnel. Il veut également améliorer la législation sociale, mais bien qu'il dise appartenir à la gauche progressiste, il reste hostile à l'impôt progressif sur le revenu qu'il juge inquisitorial et vexatoire, veut maintenir la loi des trois ans et protéger le travail national et le petit commerce. Ce programme ne pourra guère être réalisé étant donné les circonstances. Aussi bien, toutes les interventions de Prat en tant que député seront inspirées par les problèmes de la guerre, à laquelle il a participé d'ailleurs directement. Il est d'abord affecté à l'état-major de la 12e brigade (3e corps) puis est nommé lieutenant porte-drapeau du 5e régiment d'infanterie en 1916. Il se serait engagé volontairement, semble-t-il, ses fonctions universitaires le dispensant de services. Il fut décoré de la croix de guerre.
Au Palais Bourbon, il dépose de nombreuses propositions de loi tendant à défendre le pays contre les infiltrations ennemies, à libérer les classes enrégimentées plus tôt que prévu ou les militaires ayant perdu trois frères à la guerre, à augmenter les pensions des officiers retraités. Il s'intéresse particulièrement aux prisonniers disparus, préside une association créée sur son initiative : l'Union des familles de disparus ; dépose une proposition de loi tendant à donner aux délégués des pays neutres le droit de visiter les camps de prisonniers en Allemagne et dans les pays envahis par les Allemands et pose au ministre de la Guerre une question sur les militaires portés disparus.
Au moment de la création de l'Office national des pupilles de la Nation, il demande le rattachement de cet organisme au ministère de la Justice et non au ministère de l'Instruction publique. Malgré son attachement à l'Université, où il voit fleurir les plus grandes vertus intellectuelles et morales, il veut en effet respecter la liberté des familles et leur garantir la totale impartialité de l'aide accordée. Cet amendement est rejeté. Il s'intéresse également aux terres abandonnées du fait de la guerre et veut, là aussi, laisser une large initiative aux agriculteurs.
En 1919, il est élu 8e secrétaire de la Chambre, après avoir été membre de la commission du travail et de celle de l'enseignement et des beaux-arts, à laquelle son passé professionnel le destinait.
Battu aux élections de 1919, il est nommé inspecteur général de l'enseignement primaire de l'A.O.F.
Il meurt à Dakar le 29 mars 1929, à l'âge de 59 ans.