Marcel Prenant
1893 - 1983
PRENANT (Eugène, Marcel)
Né le 25 janvier 1893 à Champigneulles (Meurthe-et-Moselle)
Décédé le 15 juillet 1983 à Paris
Membre de la première Assemblée nationale constituante (Marne)
La jeunesse de Marcel Prenant est influencée par son père Auguste Prenant, homme de gauche et professeur de médecine. En 1911, Marcel Prenant passe avec succès le concours d’entrée à l’Ecole normale supérieure. Il milite à la SFIO. Après une guerre qu’il fait comme officier d’infanterie et dont il sort décoré de la Légion d’honneur, il est reçu à l’agrégation de sciences naturelles. Dix ans plus tard, il est nommé professeur à la Sorbonne. Parallèlement, il enseigne la biologie à l’Université ouvrière. Au moment de la scission de Tours, en décembre 1920, Marcel Prenant a choisi le communisme. Il a ensuite adhéré à la CGTU. Après avoir participé au mouvement Amsterdam-Pleyel, il est un des animateurs du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes. Malgré les sollicitations de Maurice Thorez, il refuse cependant de se lancer dans l’arène électorale, privilégiant ses travaux scientifiques. Mobilisé au début de la guerre, il prend part à la campagne de France. Fait prisonnier par les Allemands en juin 1940, libéré à la fin de l’année suivante, il retrouve sa vie professionnelle. Contacté par la direction clandestine du PC, il est chargé de rédiger des opuscules techniques pour les FTP, puis d’en être le chef d’état major. En janvier 1944, il est arrêté par la Gestapo. Il est déporté au camp de concentration de Neuengamme. Rapatrié en juin 1945, il est élu au Comité central du PC et nommé membre de l’Assemblée consultative. Il fait partie du comité de patronage de l’Université nouvelle, laquelle est fondée pour éduquer au matérialisme dialectique les militants de la classe ouvrière.
Au début de l’automne 1945, le parti envoie Marcel Prenant dans la Marne prendre la tête de la liste communiste. Aux élections du 21 octobre 1945, celle ci n’est opposée qu’à deux listes, celles de la SFIO et du MRP. Cette dernière l’emporte avec 74 367 voix contre 55 812 voix à la liste communiste et 45 238 voix à la liste socialiste. MRP et PC ont chacun deux élus, le cinquième siège du département revenant à la SFIO. Marcel Prenant est nommé membre de deux commissions : celle de la défense nationale, celle de l’éducation nationale, des beaux arts, de la jeunesse, des sports et des loisirs. Au nom de la première, il dépose un rapport sur le projet de loi portant création d’un Office national d’études et de recherches aéronautiques. Président de la commission de l’éducation nationale, il prend part au débat portant sur le budget de ce ministère pour l’exercice 1916. C’est là sa seule intervention en séance.
Marcel Prenant préfère ses travaux scientifiques à sa fonction de parlementaire. Il refuse de se représenter aux élections suivantes. En 1948, le parti lui demande de cautionner les thèses soviétiques sur l’opposition entre science bourgeoise et science prolétarienne et de soutenir les théories de l’agronome Lyssenko. Estimant le lyssenkisme absurde, il joue cependant la conciliation pour ne pas s’opposer frontalement à la direction du PCF. A ses articles prudents et nuancés publiés de janvier à juillet 1949 dans la Pensée répond une série de textes orthodoxes d’autres intellectuels communistes, tels Louis Aragon ou Pierre Daix. Dans la Nouvelle Critique de novembre 1949, le journaliste Francis Cohen reproche à Marcel Prenant de ne pas appliquer le matérialisme dialectique et contre toute évidence de mettre en cause « l’efficacité, la justesse, l’unité du stalinisme », alors que, pour tout communiste, « Staline est la plus haute autorité scientifique du monde ». Son attitude équivoque vaut à Marcel Penant d’être évincé du Comité central au congrès de 1950. Cependant, durant la deuxième partie de la Quatrième République, il continue de soutenir de son prestige scientifique les combats du PC. Il cautionne la thèse selon laquelle les Etats-Unis mènent en Corée une guerre bactériologique. Dans la Nouvelle Critique de janvier 1955 (« Mendès France, la science et les trusts »), il attaque le président du Conseil pour la faiblesse des crédits accordés à la recherche. Dans le numéro d’avril 1955, il s’emploie à dénoncer le « génocide » des Français et des Américains sur les peuples d’Asie. Il ne quitte le parti qu’après le retour au pouvoir du général de Gaulle. Resté militant révolutionnaire, il critique cependant le mouvement de mai 1968 dont il estime néfastes les conséquences sur l’université. En 1980, Marcel Prenant publie ses mémoires, Toute une vie à gauche.
Il disparaît le 15 juillet 1983 à Paris, dans sa quatre-vingt-onzième année.