Stéphane Alaize
1964 - 2014
ALAIZE (Stéphane)
Né le 16 mars 1964 à La Tronche (Isère)
Décédé le 16 mai 2014 à Valence (Drôme)
Député de l'Ardèche de 1997 à 2002
Stéphane Alaize naît le 16 mars 1964 à La Tronche, en Isère. Son père, Jean-Marie Alaize, est professeur de philosophie, député socialiste de l'Ardèche de 1981 à 1986, puis de 1988 à 1993, conseiller général du canton d’Aubenas (1976-1982), conseiller régional de la région Rhône-Alpes (1986-1992), maire (1989-1993) et conseiller municipal de Vals-les-Bains (1993-2001). Après avoir obtenu une maîtrise de lettres modernes, Stéphane Alaize devient à son tour professeur de lettres et enseigne en lycée à Aubenas. De 1988 à 1993, Stéphane Alaize est secrétaire parlementaire de son père. En 1989, aux élections municipales, il se présente à Aubenas sur la liste socialiste conduite par Robert Eymery, qui est battue par la liste Rassemblement pour la République (RPR) du maire sortant Bernard Hugo.
L’année 1994 est marquée en politique par un important renouvellement des élus du conseil général de l'Ardèche. Représentatif d'une nouvelle génération politique, Stéphane Alaize se présente dans le canton d'Aubenas. Il est élu le 27 mars 1994 au deuxième tour, avec 51,3 % des voix, contre le candidat RPR Yves Nogier (48,7 %). En 1998, le conseil général passe à gauche et Stéphane Alaize en devient vice-président, chargé des voies de communication et des transports. Il perd son mandat départemental en mars 2001, lorsqu'il est battu au second tour avec 47,9 % des suffrages exprimés par le candidat du RPR Jean-Pierre Constant (52,1 %). Il ne se représente pas aux élections cantonales suivantes.
En juin 1995, Stéphane Alaize mène la liste d'Union de la gauche du Parti socialiste (PS) et du parti communiste français (PCF) aux élections municipales d'Aubenas. La liste arrive en tête au premier tour, devançant celle du RPR menée par le maire sortant Bernard Hugo (35,3 %), ainsi que la liste Union pour la démocratie française (UDF) conduite par Pierre Chastanier (24,6 %) et la liste des Verts conduite par Odile Arnou-Duflot. Au second tour, la liste Union de la gauche PS-PCF-Les Verts remporte 52,8 % des voix, face à la liste Union de la droite RPR-UDF (47,2 %), et Stéphane Alaize est élu maire. Dans cette ville détenue par la droite depuis 1947, la victoire de Stéphane Alaize fait figure d'exploit historique. Cinq ans plus tard cependant, en avril 2000, la démission de conseillers municipaux de sa majorité, liée à certaines tensions entre le maire et son adjoint communiste, Henri Delauche, entraîne la dissolution du conseil et l'organisation d'élections partielles. Lors du scrutin, Stéphane Alaize est battu par la candidate du RPR, Jeanne Chaussabel. Il est à nouveau élu conseiller municipal en 2008, à la tête d'une liste qui obtient 13,6 % des voix au second tour et remporte deux sièges. Stéphane Alaize siège désormais dans les rangs de l'opposition. Aux municipales de mars 2014, il ne se représente pas.
La carrière élective nationale de Stéphane Alaize débute en 1997, lorsqu'il se présente dans la troisième circonscription de l'Ardèche, comme candidat du PS, aux élections législatives qui suivent la dissolution parlementaire prononcée par le Président de la République. La circonscription est composée des cantons d’Antraigues-sur-Volane, Aubenas, Burzet, Coucouron, Joyeuse, Largentière, Montpezat-sous-Bauzon, Saint-Étienne-de-Lugdarès, Thueyts, Valgorge, Vals-les-Bains, Vallon-Pont-d'Arc, Villeneuve-de-Berg et des Vans. C'est un territoire à dominante rurale, où la droite domine traditionnellement les scrutins nationaux. Stéphane Alaize a pour suppléant Pascal Bonnetain, maire-adjoint de Labastide-de-Virac. Dans sa première circulaire de campagne, le candidat socialiste propose de « changer complètement d'avenir en changeant de député et de politique », de réaliser « une nouvelle société, faite de solidarité, de cohésion sociale, de justice fiscale en France, mais aussi ici, en Ardèche du sud, qui en a de plus en plus besoin ». Il plaide pour la « redistribution sous toutes ses formes », le « droit au progrès » pour la « ruralité », et s'engage à mettre en œuvre une « nouvelle manière de faire de la politique ». Un député, affirme-t-il, doit « rendre régulièrement compte de ses actes, et pas seulement à quelques jours des élections ».
Au premier tour du scrutin, le 25 mai, Stéphane Alaize, candidat de l’ « Association Parti socialiste, Parti radical socialiste et apparentés », recueille 12 363 voix soit 28,3 % des suffrages exprimés. Son père avait obtenu 20,3 % des voix au premier tour des législatives de 1993. Il est cependant devancé par le député sortant Jean-Marie Roux, maire et conseiller général des Vans, soutenu par l’UDF, arrivé en tête avec 31,4 % des suffrages. Il devance Thierry Arsac, candidat du Front national (14,3 %) et Henri Delauche, maire adjoint communiste d’Aubenas (12,5 %). Dans sa deuxième circulaire de campagne, Stéphane Alaize propose « un contrat clair pour l'Ardèche du sud », et promet en particulier « des routes nationales dignes de ce nom et des équipements culturels et ludiques de qualité ». Il se présente comme un « homme de dialogue et de terrain, engagé depuis de nombreuses années pour le développement de l'Ardèche » et qui « entend mettre sa jeunesse et son énergie » au profit du département. Entre les deux tours, Stéphane Alaize reçoit le soutien du PCF et bénéficie au second tour, le 1er juin 1997, d’un très bon report des voix de gauche. Il remporte le scrutin avec 24 540 voix, soit 52,5 % des suffrages exprimés, face à Jean-Marie Roux (47,5 %). Au même moment, les deux autres circonscriptions législatives ardéchoises sont également remportées par la gauche : Pascal Terrasse est élu dans la première et Jacques Dondoux dans la deuxième.
À l'Assemblée nationale, où il rejoint le groupe socialiste, le nouveau député est membre de la commission de la production et des échanges. Il y siège pendant toute la législature. Du 24 mai 2001 au 18 juin 2002, Stéphane Alaize est également membre de la commission d’enquête sur les causes, les conséquences et la prévention des inondations. Durant son mandat, il siège également au Conseil national de la montagne. Il est membre suppléant du Conseil national du tourisme jusqu’en 2000. Il siège aussi à la mission d'information commune sur les perspectives économiques et sociales de l'aménagement de l'axe européen Rhin-Rhône.
Durant cette législature, Stéphane Alaize est également rapporteur pour avis sur les crédits de l’Aménagement du territoire et de l’environnement pour les projets de loi de finances pour 1999 et pour 2001. En séance publique, l’enseignant élu d’une circonscription rurale pose régulièrement des questions au gouvernement et intervient assez fréquemment dans les débats sur les questions agricoles et environnementales, et les dossiers relatifs à l'éducation nationale. Il intervient par exemple le 20 octobre 1998, lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1999, sur la participation budgétaire scolaire des collectivités territoriales, pour souligner les « difficultés accrues » de financement des collèges par les départements et s'inquiéter des disparités inter-académiques dans l’attribution des postes techniques.
Élu d’un département qui compte des milliers de pratiquants de la chasse, Stéphane Alaize, lui-même ancien administrateur fédéral de la Fédération des chasseurs de l'Ardèche, s'implique dans la discussion du projet de loi relatif à la chasse. Lors de la première lecture du texte, le 28 mars 2000, il souhaite que les dérogations prévues par les directives européennes qui interdisent le tir des oiseaux migrateurs sur leur passage soient utilisées afin de réconcilier « le monde cynégétique avec l’Europe, trop souvent perçue à tort comme un espace de décisions hostile au monde rural et à ses pratiques sociales et culturelles dont la chasse occupe une place de choix ».
Sensible aux questions européennes, Stéphane Alaize intervient d'ailleurs longuement lors de la première lecture du projet de loi constitutionnelle qui adapte l'article 88.2 de la Constitution à certaines dispositions du traité dit d'Amsterdam, en se définissant comme un « militant européen ».
Au cours de son mandat, Stéphane Alaize vote en conformité avec les membres de son groupe. Le 10 février 1998, il vote pour l'ensemble du projet de loi d'orientation et d'incitation relatif à la réduction du temps de travail. Le 20 mai 1998, il approuve le projet de loi d'orientation relatif à la lutte contre les exclusions, le 30 mars 1999 celui renforçant la protection de la présomption d'innocence et les droits des victimes et, le 13 octobre 1999, la proposition de loi relative au pacte civil de solidarité. Le 21 mars 2000, il vote pour le projet de loi relatif à la solidarité et au renouvellement urbains et, le 20 juin 2000, pour le projet de loi constitutionnelle qui réduit le mandat du président de la République de sept à cinq ans.
Stéphane Alaize se représente aux législatives de 2002, au titre du parti socialiste. La situation est moins favorable qu'en 1997. Il a en effet perdu la mairie d'Aubenas en 2000, puis son siège départemental l'année suivante. Par ailleurs, il doit affronter une candidature dissidente, celle de Gérard Bruchet, maire de Meyras et conseiller général Divers gauche. Lors du premier tour, le 9 juin, le scrutin voit s'affronter seize candidats. Stéphane Alaize arrive en deuxième position, avec 10 928 voix, soit 23,4 % des suffrages exprimés. Jean-Claude Flory, maire de Vals-les-Bains et conseiller régional, candidat de l'Union pour la majorité présidentielle (UMP), le devance avec 38,5 % des voix. Au deuxième tour, le 16 juin 2002, Stéphane Alaize recueille 18 493 voix, soit 42,8 %, des suffrages exprimés, laissant la victoire à Jean-Claude Flory. La « vague bleue » qui traverse alors le département, comme le reste de la France, fait perdre à la gauche ardéchoise deux des trois circonscriptions qu'elle avait gagnées cinq ans plus tôt. Le socialiste Pascal Terrasse en est désormais l'unique représentant à l'Assemblée nationale.
Stéphane Alaize est à nouveau candidat aux élections législatives de 2007, mais le Parti socialiste choisit d'investir Véronique Louis, conseillère régionale. Il se présente alors sous l’étiquette Divers gauche et n’obtient, au premier tour, le 10 juin, que 3 952 voix et 8,3 % des suffrages exprimés, un score honorable qui lui permet de se classer en troisième position, derrière la candidate socialiste (18,5 %) et le député sortant Jean-Claude Flory, également maire de Vals-les-Bains, candidat de l'UMP, arrivé très largement en tête (46,9 %). Derrière eux, une douzaine de candidats se partagent le reste des suffrages. Au second tour, le 17 juin, Véronique Louis (44,4 %) est battue par Jean-Claude Flory.
Aux législatives de 2012, Stéphane Alaize, qui a renoué avec son métier de professeur de lettres, ne se représente pas.
Le 13 mai 2016, en circulant en moto dans les rues du centre-ville d'Aubenas, il est victime d'un grave accident. Il décède le 16 mai 2014 à l'hôpital de Valence, dans la Drôme. Dans un communiqué de presse, le Premier ministre Manuel Valls rend hommage à « un homme de caractère, passionné par l'engagement politique » et « profondément attaché à son territoire ardéchois, qu'il a défendu avec beaucoup de convictions ». Le président du conseil général de l'Ardèche, Hervé Saulignac, salue « un homme de gauche engagé et toujours resté fidèle à ses principes : modeste et ouvert aux autres ». Le 21 mai, un dernier hommage est rendu à l'ancien député-maire sur la place du château d'Aubenas. Stéphane Alaize était marié et père de deux enfants.