Léon, Félix, Joseph, Louis Bérard
1876 - 1960
Né à Sauveterre-de-Béarn (Basses-Pyrénées) le 6 janvier 1876, mort à Paris le 25 février 1960.
Député des Basses-Pyrénées de 1910 à 1927.
Sénateur des Basses-Pyrénées de 1927 à 1944. Sous-Secrétaire d'Etat aux Beaux-Arts de janvier 1912 à décembre 1913. Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts de novembre 1919 à janvier 1920 et de janvier 1921 à mars 1924. Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, de janvier 1931 à février 1932 et de juin 1935 à Janvier 1936.
Fils de parents aisés, comptant parmi ses ancêtres des « jurats » de Salies-de-Béarn, Félix-Joseph-Louis-Léon Bérard fit ses études secondaires au collège Moncade d'Orthez, puis à Pau au collège de l'Immaculée Conception. Il étudia le droit à Paris ; reçu docteur en 1900, il se fit avocat et fut en 1901-1902 premier secrétaire à la conférence du stage, devant laquelle il prononça l'éloge d'Ernest Picard. De 1901 à 1910, il fut, au barreau, le secrétaire de Me Raymond Poincaré.
Maire de sa ville natale du 16 mai 1904 au 17 mai 1908, il fut élu Conseiller général du canton de Sauveterre le 28 juillet 1907 ; il devait le rester jusqu'en 1940, et succéder à Louis Barthou le 17 octobre 1934 à la présidence du Conseil général.
Il se présenta aux élections générales du 24 avril 1910, dans la circonscription d'Orthez, et fut élu au premier tour de scrutin par 11.100 suffrages sur 16.756 votants, distançant son principal concurrent de 6.747 voix. Ses électeurs allaient lui garder constamment leur confiance : il obtint 11.187 suffrages sur 15.132 votants aux élections de 1914 ; à celles de 1919, il fut élu avec 25.515 voix, le deuxième de la liste de concentration républicaine ; enfin, en 1924, avec 31.251 suffrages, il fut le seul élu de cette liste, prise entre la liste d'union nationale et la liste d'union des gauches.
A son arrivée à la Chambre, il s'inscrivit au groupe de la gauche démocratique ; il appartint ultérieurement au groupe des républicains de gauche, puis au groupe de la gauche républicaine démocratique.
Pendant la dixième législature, il siégea à la Commission de réforme judiciaire et au comité consultatif des assurances contre les accidents du travail, et il montra dès l'abord l'intérêt particulier qu'il portait aux questions juridiques sans se désintéresser pour autant des questions agricoles.
Il soutint les deux premiers gouvernements Briand et le gouvernement Caillaux. Il prononça hors du Parlement de nombreux discours, tel celui qu'il consacra à Oloron à la politique de Gambetta.
Dès le 14 janvier 1912, son ancien « patron » Poincaré le prit, comme sous-secrétaire d'Etat aux Beaux-Arts, dans le gouvernement qu'il formait pour la première fois ; Léon Bérard devait conserver son portefeuille jusqu'au 9 décembre 1913, dans les troisième et quatrième Cabinets Briand et dans le Cabinet Barthou.
Au cours de la onzième législature, il fut membre de diverses Commissions, dont celles de l'Enseignement et des Beaux-Arts et de la Législation civile. Il déposa une proposition de loi relative à la durée des droits de propriété littéraire et artistique et rapporta le projet de loi instituant les pupilles de la nation. Il prit une part active à la discussion de la loi sur les pensions militaires, où il soutint le principe du droit à réparation, et participa à de très nombreux débats intéressant les arts et les lettres, le ravitaillement, le prix des loyers, le traitement des fonctionnaires, ainsi que la politique générale du Gouvernement. Il fut un des plus ardents soutiens de Clemenceau.
Celui-ci le prit, le 27 novembre 1919, dans son deuxième Cabinet, - qui resta au pouvoir jusqu'au 18 janvier 1920 - comme Ministre de l'instruction publique et des Beaux-Arts.
Léon Bérard retrouva ce portefeuille le 16 janvier 1921 dans le septième Cabinet Briand et le conserva, jusqu'au 29 mars 1924, dans le deuxième Cabinet Poincaré. Son passage au Ministère fut marqué, en 1921, par le relèvement des traitements des fonctionnaires et, en 1923, par une réforme des programmes de l'enseignement secondaire; profondément convaincu de la valeur des humanités gréco-romaines, il voulut, contre la Commission de l'Enseignement et contre le Conseil supérieur de l'Instruction publique, rendre l'étude du latin obligatoire pour tous les élèves de l'enseignement secondaire ; la réforme fut de courte durée : son décret du 3 mai 1923 fut rapporté par son successeur.
En 1920, Léon Bérard avait été élu vice-président de la Chambre. Il appartenait à la Commission de la Législation et à la Commission de l'Enseignement et des Beaux-Arts. Il fut également membre de cette Commission au cours de la treizième législature, pendant laquelle il déposa une proposition de loi relative à l'impôt cédulaire sur les bénéfices des professions non commerciales. Il prit part à la discussion des crédits de l'Instruction publique et demanda à interpeller le Gouvernement sur l'ouverture de classes secondaires d'enseignement moderne. Le 3 novembre 1925, il interpella le Cabinet Poincaré sur sa politique générale.
Au renouvellement du 9 janvier 1927, il fut élu sénateur des Basses-Pyrénées ; il devait voir son mandat renouvelé le 20 octobre 1935. Le 10 février 1927, il épousa Laure de Souhy, fille d'un conseiller général de Mauléon, républicain conservateur : cette union consacra l'évolution politique de Léon Bérard qui, entré dans la vie publique comme républicain radical, s'affirmait dès lors comme libéral.
Au Sénat, il s'inscrivit au groupe de l'Union républicaine, dont il devint le Président, et fit partie de la Commission de l'Enseignement. Le 23 février 1928, il interpella le Gouvernement sur la situation de l'enseignement secondaire, et intervint en 1929 et 1930 dans des débats portant sur la place des langues méridionales dans l'enseignement et sur le baccalauréat. Il proposa d'accorder la gratuité de l'enseignement secondaire aux élèves dont la famille n'était pas en condition de supporter les frais d'éducation de ses enfants et réclama la réorganisation du régime de la licence ès lettres. Il intervint à plusieurs reprises sur les budgets de l'Instruction publique et de la Justice et dans les ébats relatifs aux rapports entre bailleurs et locataires des locaux d'habitation, à l'organisation judiciaire et à la défense des épargnants.
Le 27 janvier 1931, il entra à nouveau au Gouvernement: Laval le prit comme Garde des Sceaux dans ses trois premiers Cabinets, qui exercèrent le pouvoir jusqu'au 16 février 1932. Il lui confia encore une fois les mêmes fonctions dans son quatrième Cabinet qui se maintint du 7 juin 1935 au 22 janvier 1936. Comme Ministre de la Justice, Léon Bérard soutint d'abord la discussion du projet de loi relatif aux expropriations pour cause d'utilité publique et de divers autres projets d'ordre juridique, puis la discussion de propositions de loi sur les baux à ferme et d'un projet sur les « ligues » politiques. Simple sénateur de 1932 à 1935, il appartint encore à la Commission de l'Enseignement, mais aussi à la Commission de Législation, et en 1934, à la Commission de réforme de l'Etat, et il continua à manifester par ses interventions l'intérêt qu'il portait aux questions juridiques et aux problèmes de l'instruction publique.
Après 1936, il demeura membre de la Commission de l'Enseignement. Résolument opposé au « front populaire », il intervint au sujet de l'Office national du blé, des mises à la retraite par ancienneté, des crédits budgétaires et de la liberté de la presse ; il demanda à interpeller, en 1937 « sur les anomalies constatées dans le fonctionnement de la justice et l'application des lois », en 1938 sur l'organisation des enseignements du premier et du deuxième degré. Il partageait son activité entre la politique, le barreau et les lettres. Il avait été élu en 1930 président de l'Académie de Béarn et porté en 1932 au Conseil de l'ordre des avocats de Paris. Le 15 novembre 1934, l'Académie Française lui avait ouvert ses portes : par 17 voix contre 11 à Georges Duhamel, elle lui offrit le fauteuil de Camille Jullian, et sans doute l'aurait-elle accueilli plus tôt si son compatriote Louis Barthou n'avait tenu à rester le seul Béarnais de l'Académie. La cérémonie de réception n'eut d'ailleurs lieu qu'en 1938 ; Léon Bérard fut reçu par Louis Madelin.
Chargé de mission par le Gouvernement Daladier, il alla, en février 1939, négocier à Burgos la reconnaissance « de jure » par la France du Gouvernement du général Franco.
Le 10 juillet 1940, à Vichy, il vota les pouvoirs constituants au Maréchal Pétain. En octobre de la même année celui-ci le fit ambassadeur de l'Etat Français près le Saint-Siège ; il occupa ce poste jusqu'en août 1944. En mai 1945, il reçut l'autorisation de rester à Rome en qualité d'hôte, mais il se vit frappé d'inéligibilité parlementaire.
Rentré en France en 1946, retiré de la vie politique, il se consacra à l'Académie, au barreau et aux lettres. Il fit des conférences et collabora à la Revue des Deux Mondes. Sur la fin de sa vie, il faisait de fréquents séjours dans sa ville natale et dans ce Béarn auquel il se glorifiait d'être resté fidèle. Il repose dans le petit cimetière de Saint-Gladie, au pied de Sauveterre, non loin de la maison où sa mère était née.
Léon Bérard a laissé, avec deux livres, Pour la réforme classique de l'enseignement secondaire (1923) et Au service de la pensée française (1925), recueil de ses principaux discours, le souvenir d'un esprit fin et lettré, d'un orateur clair et précis, d'un brillant causeur et d'un fervent défenseur des humanités.
Né le 6 janvier 1876 à Sauveterre-de-Béarn (Basses-Pyrénées)
Décédé le 25 février 1960 à Paris
Député des Basses-Pyrénées de 1910 à 1927
Sénateur des Basses-Pyrénées de 1927 à 1944
Sous-secrétaire d'Etat aux Beaux-Arts de janvier 1912 à décembre 1913
Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts de novembre 1919 à janvier 1920 et de janvier 1921 à mars 1924
Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, de janvier 1931 à février 1932 et de juin 1935 à janvier 1936
(voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome II, pp. 543 à 545)
Le 10 juillet 1940, Léon Bérard se prononce en faveur de la réforme constitutionnelle. Nommé en octobre 1940 ambassadeur auprès du Saint-Siège, il occupe cette fonction jusqu'en août 1944. Il ne regagne Paris qu'en 1946 ; il est frappé d'inéligibilité, du fait de son vote de 1940.
Il se consacre alors à son activité littéraire, et meurt en 1960.