Gérard Prioux
1922 - 1987
PRIOUX (Gérard)
Né le 9 juillet 1922 à Couhé (Vienne)
Décédé le 9 juin 1987 à Saint-Laurent-du-Var (Alpes-Maritimes)
Député de Seine-et-Oise de 1962 à 1967
Né dans la Vienne à Couhé-Verac le 9 juillet 1922, Gérard Prioux quitte enfant la métropole pour le Maroc où son père décide de s’installer comme agriculteur. Il étudie aux collèges et lycées de Marrakech, de Casablanca et d’Alger puis à la faculté de droit d’Alger. Mobilisé en 1940 alors qu’il commence son service militaire, il participe à la campagne de France et est fait prisonnier. Une fois libéré, il parvient à regagner l’Afrique du Nord où il reprend son cursus universitaire. Il décroche sa licence en droit puis réussit le concours de rédacteur. Il est alors affecté à ce titre au service général de l’Information à Rabat en 1953. Marié depuis 6 avril 1946 à Suzanne Jourdan dont il a trois enfants, il décide de préparer le concours d’entré à l’École nationale d’administration qu’il réussit en 1954 et où il étudie durant deux années. Nommé administrateur civil à sa sortie de l’ENA, il rejoint en 1957 la préfecture des Landes puis celle de la Savoie, toujours en qualité de chef de cabinet du préfet. En 1958, il est nommé administrateur au service des affaires politiques au sein de l’administration centrale du ministère de l’intérieur. En 1958, il est nommé sous-préfet à Mantes puis à Bonneville deux ans plus tard.
De retour à l’administration centrale à l’automne 1960, il est remarqué par Roger Frey alors ministre délégué auprès du premier ministre qui le recrute comme conseiller technique. Lorsque ce dernier devient ministre de l’Intérieur le 6 mai 1961, il nomme Gérard Prioux chef de son cabinet dont il acquiert toute la confiance. La dissolution de l’Assemblée nationale le 9 octobre 1962 et l’organisation d’élections législatives anticipées placent Roger Frey au cœur de la préparation du scrutin et des investitures. Décidé à présenter des candidats sur qui il sait pouvoir compter, le ministre de l’Intérieur propose ainsi à son chef de cabinet d’aller défier Jean-Paul David dans sa circonscription de Mantes dans laquelle il a tissé quelques années plus tôt de solides relations en tant que sous-préfet.
Investi candidat pour l’Union pour la nouvelle République dans la 18e circonscription de la Seine-et-Oise qui regroupe entre autres les communes de Mantes-la-Jolie, Magny-en-Vexin et Bonnières-sur-Seine, Gérard Prioux est opposé à trois concurrents dont deux principaux, le communiste Maurice Quettier et Jean-Paul David, le député sortant et maire de Mantes-la-Jolie qui se présente sous l’étiquette de l’Union des républicains. Au soir du premier tour, le 18 novembre 1962, le candidat gaulliste, avec 14 139 des 38 455 suffrages exprimés, soit 36,8% des voix, s’impose sur le communiste et l’ancien responsable du Rassemblement des gauches républicaines (RGR) qui n’obtiennent respectivement que 23,4% et 22,5% des voix. Les trois principaux candidats décident de se maintenir pour le second tour dont Gérard Prioux sort vainqueur. Avec 18 038 des 41 323 suffrages exprimées, il recueille 43,7% contre 33,8% à Maurice Quettier et 22,5% des voix à Jean-Paul David.
À l’Assemblée, il s’inscrit au groupe UNR et est nommé membre de la Commission des finances, de l’économie générale et du plan. Il est en particulier nommé rapporteur spécial de cette commission sur le budget des affaires algériennes et des rapatriés. Il dépose également trois propositions de loi dont la première tend à créer une taxe sur le prix de vente des sables et graviers extraits à l’intérieur des limites du district de la région parisienne, la seconde tend à modifier l'article 5 de la loi du 25 ventôse an XI contenant organisation du notariat, modifié par le décret n° 64-27 du 9 janvier 1964 et la dernière tend à améliorer l’exercice des professions d’assistantes ou d’auxiliaires du service social et d’infirmières ou d’infirmiers.
Il se révèle un parlementaire assez actif puisqu’il intervient à près de trente reprises en séance publique. La plupart de ses interventions porte sur le budget des rapatriés dont il est, pour les exercices 1963 et 1964, le rapporteur spécial, et sur celui des affaires algériennes et du Sahara. Dans le cas des populations rapatriées, il fait montre d’une réelle compréhension mâtinée d’une certaine empathie et prône des solutions généreuses et rapides. Tout au long de cette législature, il aura à cœur de défendre leur sort, les conditions de leur relogement, l’alignement de leur statut fiscal et social sur celui des métropolitains. Gérard Prioux, en tant qu’élu d’Île-de-France, prend également part aux discussions relatives à la réorganisation de la région parisienne où il n’eut de cesse de défendre l’identité du Val-de-Seine comme le respect de celle des communes rurales trop rapidement noyées dans un mouvement d’absorption urbaine venu de Paris.
Lors de cette législature, il vote pour la ratification du traité franco-allemand, le projet de loi relatif à certaines modalités de grève dans les services publics, la réforme électorale municipale, celle du service militaire et pour le projet de loi constitutionnelle portant modification des dispositions de l’article 28 de la Constitution sur la durée des sessions parlementaires.
Candidat à sa propre succession à l’occasion des élections législatives des 5 et 12 mars 1967, Gérard Prioux se trouve confronté aux mêmes adversaires que cinq ans plus tôt. Si avec 14 021 des 43 804 suffrages exprimés, soit 32% des voix, il devance Maurice Quettier (28,3%) et Jean-Paul David (23,7%), il échoue au second tour en raison du maintien de ce dernier. Avec 17 028 des 44 299 suffrages exprimés, soit 38,4% des voix, il s’incline devant le candidat communiste qui recueille 42,1% des suffrages.
La dissolution voulue l’année suivante par le général de Gaulle aurait pu offrir à Gérard Prioux l’occasion de retrouver son siège mais les instances gaullistes lui refusent leur investiture lui préférant Pierre Ribes. Il décide donc de se présenter sous les couleurs des Républicains indépendants. Au soir du premier tour, Gérard Prioux n’obtient que 8 280 des 44 077 suffrages exprimés, soit 18,8% des voix et est devancé par Maurice Quettier et Pierre Ribes qui recueillent respectivement 29,8% et 20,7% tandis que Jean-Paul David rassemble 18,3% des voix. Gérard Prioux choisit de se désister en faveur du candidat gaulliste qui l’emporte finalement sur le député sortant avec 51,6% des suffrages.
Marqué par ses deux échecs, Gérard Prioux, qui a demandé en 1967 et obtenu sa réintégration au ministère de l’intérieur comme administrateur civil, devient l’année suivante secrétaire général de la préfecture des Alpes-Maritimes. En 1972, il est nommé préfet des Hautes-Pyrénées puis, trois ans plus tard, des Deux-Sèvres. Placé hors cadre en mai 1977, il prend la direction du cabinet de René Haby confirmé dans ses fonctions de ministre de l’éducation nationale dans le second gouvernement Barre. Lorsque ce dernier est remercié en avril 1978, Gérard Prioux est nommé préfet des Vosges où il reste en fonction jusqu’en 1980. De nouveau hors cadre, il est nommé président du conseil d’administration de l’Office national d’immigration de janvier 1981 à décembre 1982, date à laquelle il est admis, sur sa demande, au bénéfice du congé spécial. Gérard Prioux se rapproche alors du Front national auquel il adhère en 1984. Tête de liste du parti lepéniste dans les Alpes-Maritimes à l’occasion des élections régionales du 16 mars 1986, il est l’un des vingt cinq élus du mouvement d’extrême droite dans la région PACA. Il décède subitement, le 9 juin 1987, moins d’un an après sa mise à la retraite officielle.
Gérard Prioux éprouvait une grande passion pour la construction et l’urbanisme aux États-Unis et au Canada où il avait effectué de nombreux voyages. Il a consacré à son violon d’Ingres plusieurs articles, textes et conférences ainsi que deux documentaires filmés intitulés Maisons à volonté et Maisons pour tous…au Canada.
Croix de guerre 39-45, officier du mérite agricole, commandeur des palmes académiques, Gérard Prioux était également officier de la Légion d’honneur et de l’ordre national du mérite.