Albert Privat
1909 - 1980
PRIVAT (Albert, Gustave, Marius)
Né le 5 avril 1909 à Canet-de-Salars (Aveyron)
Décédé le 18 novembre 1980 à Dreux (Eure-et-Loir)
Député de la Seine de 1956 à 1958
Fils de Joseph Privat et d’Eugénie Guibert, Albert Privat naît à Canet-de-Salars le 5 avril 1909. Il est originaire d’une famille d’instituteurs et de paysans. Ses études secondaires terminées avec l’obtention du baccalauréat et son service militaire effectué, il épouse, le 2 septembre 1930, à Rodez, Mademoiselle Suzanne, Yvonne, Marcelle Rey, qui lui donnera deux enfants.
Mobilisé comme adjudant en septembre 1939, il est fait prisonnier en mai 1940. Evadé, il prend part à la Résistance en assurant une liaison postale clandestine entre Toulouse et Tarbes.
Il s'oriente, à la Libération, vers une activité commerciale et ouvre une épicerie en gros au Kremlin-Bicêtre, dans la banlieue parisienne. Depuis 1945, il milite dans les comités des commerçants et artisans. Il sympathise avec les idées de Pierre Poujade et, en juin 1954, devient délégué pour Paris et la Seine de l’Union de défense des commerçants et artisans (UDCA).
Albert Privat conduit la « liste d'Union et de fraternité française, présentée par Pierre Poujade », dans la quatrième circonscription de la Seine, aux élections du 2 janvier 1956. Ses engagements électoraux sont ceux du mouvement poujadiste : « Nous ne promettons rien, sinon de nettoyer la maison (...). Tous les membres de notre liste ont fait le serment de sauver la Nation (...). Votez en masse dans l'union et la fraternité. Sortez les sortants ». Avec 42 162 voix (9,1 %) sur 465 075 suffrages exprimés, sa liste arrive en quatrième position derrière celle du PC (37,5 %), de la SFIO (13,4 %) et des Radicaux (10,4 %). Albert Privat devient ainsi député de la Seine et s'inscrit au groupe d'Union et de fraternité française (UFF).
Une fois son élection validée, le 20 janvier 1956, Albert Privat s'affirme comme l’un des principaux porte-parole du groupe parlementaire d'Union et fraternité française. Il est nommé membre titulaire de la commission des finances et le reste jusqu’en 1958. Par ailleurs, pour les deux années de cette législature écourtée, il est désigné par ce dernier aréopage pour faire partie de la sous-commission chargée de suivre et d’apprécier la gestion des entreprises nationalisées et les sociétés d’économie mixte. Il ne dépose, au cours de cette brève législature, pas moins de cinq propositions de loi et un rapport. Ces initiatives parlementaires reflètent bien l’idéologie de son groupe, sa méfiance à l’égard de l’administration - notamment fiscale - et son antiparlementarisme.
Effectivement, le 14 février 1956, il dépose une proposition de loi tendant à rétablir «des rapports humains normaux » entre les contribuables et les administrations publiques par une mesure générale d’amnistie fiscale et pénale. Le 12 juin 1956, il dépose une proposition de loi tendant à encourager et à promouvoir les économies dans les administrations publiques. Une autre de ses propositions de loi, déposée le 26 novembre 1957, a littéralement pour objet d’indemniser un citoyen français, « collaborateur de l’Etat », de la confiscation injustifiée de ses biens, industriels et privés, par l’administration coloniale.
Albert Privat intervient aussi très fréquemment en séance, soit trente fois en deux ans. Ces interventions concernent essentiellement les domaines fiscaux, l’un des chevaux de bataille du mouvement poujadiste. C’est ce qui ressort de ses nombreuses prises de parole, de la défense des établissements artisanaux (6 mars 1956 et 5 février 1958) à celle du maintien des bas loyers des HLM (21 juin 1956 ; 11 et 12 avril 1957 ; 17 mai 1957). Ses prises de parole se confondent avec des critiques véhémentes contre la politique économique, financière et fiscale menée par le gouvernement français. Il affûte ses arguments lors de la discussion relative à l’ajustement des dotations budgétaires de plusieurs ministères : intérieur (5 juin 1956) ; PTT (20 juin 1956) ; anciens combattants et victimes de guerre (26 juin 1956) ; guerre (26 juillet 1956) ; travaux publics, transports et tourisme (10 mars 1958). Son combat contre la fiscalité excessive le conduit à défendre vigoureusement les entreprises (31 juillet 1956 ; 15 mars 1957), ainsi qu’un nombre très varié d’intérêts particuliers : les artisans (26 juillet 1956) ; les agriculteurs (19 octobre 1956) ; les familles françaises (allocations familiales, 7 décembre 1956) ; l’armée (12 avril 1957). Il s’exprime même au sujet de la taxe sur les domestiques, sur la création d’un autre impôt sur le stationnement des véhicules automobiles sur la voie publique, ainsi que sur l’augmentation des taxes sur la propriété bâtie et les patentes. Il est en pointe dans la défense de la fiscalité de l’essence (17 mai 1957 ; 21 juin 1957). Spécialiste, également, de la fiscalité locale (19 mars 1958), il s’insurge très régulièrement contre les impôts nouveaux (19 octobre 1956 ; 15 mars 1957). Il est un orateur assidu aux discussions des projets de loi de finances, notamment à la fin de l’année 1957, à celles qui organisent la préparation à l’entrée dans le marché commun. A deux reprises, il sort des thèmes strictement fiscaux, pour s’intéresser à l’indépendance du pouvoir judiciaire, « libre d’interpréter les textes » (19 juin 1957) et s’il ne s’oppose pas à l’installation du vote électronique à la Chambre, il souhaite qu’une économie équivalente à cette dépense soit réalisée sur le budget de l’Assemblée nationale (23 juillet 1957).
Albert Privat vote contre l'investiture de Guy Mollet (31 janvier 1956) et contre les pouvoirs spéciaux en Algérie (12 mars). Le 25 octobre 1956, il s'abstient volontairement sur la politique générale du gouvernement (affaire de Suez), puis refuse la confiance à Maurice Bourgès-Maunoury (12 juin 1957) et à Félix Gaillard (5 novembre). Après s'être opposé à la ratification du traité instituant la CEE et l'Euratom (9 juillet 1957) et à la loi-cadre sur l'Algérie (30 septembre), il refuse la confiance à Pierre Pflimlin (13 mai 1958), vote contre l'état d'urgence en métropole (16 mai 1958) et contre la révision constitutionnelle (27 mai 1958). En revanche, il donne sa confiance au général de Gaulle (1er juin 1958), accorde les pleins pouvoirs et se prononce pour la révision de la Constitution (2 juin).
Albert Privat se présente le 31 novembre 1958 dans la quarante-huitième circonscription de la Seine (Saint-Maur-des-Fossés) aux élections à la première législature de la Cinquième République. Il n’arrive qu’en dixième position avec 710 voix sur 54 174 suffrages exprimés.
Il quitte alors la politique active, vend son épicerie et s’installe comme hôtelier à Saint-Flour (Cantal).
Albert Privat meurt le 18 novembre 1980 à Dreux.