Jacques Queinnec
1885 - 1956
Né le 7 octobre 1885 a Saint-Thégonnec (Finistère).
Député du Finistère de 1928 à 1932.
Sénateur du Finistère de 1937 à 1945.
Après avoir brillamment terminé son doctorat à la Faculté de droit de Paris dont il fut proclamé lauréat, Jacques Queinnec s'installa en qualité de notaire à Pont-l'Abbé.
Par son labeur quotidien, il s'y créa une situation prépondérante. D'une serviabilité que rien ne décourageait, il ne cessa d'animer de nombreuses œuvres sociales : jardins ouvriers, œuvres scolaires, patronages, sociétés sportives, dispensaire d'hygiène sociale, section locale de l'union nationale des combattants.
En contact journalier avec les différentes professions, il connaissait parfaitement les besoins et les aspirations de chacun. Aussi, à titre privé ou public, ses concitoyens trouvèrent-ils toujours en lui un ami sûr et un utile conseiller. On ne saurait donc s'étonner de ses élections et réélections constantes, avec des majorités croissantes au conseil municipal de Pont-l'Abbé à partir de 1919, au conseil d'arrondissement de 1922 à 1932 et au Conseil général à partir de 1932.
Une telle réussite autant qu'un certain atavisme familial - il comptait un aïeul député du Finistère en 1792 - le conduisit naturellement à solliciter des mandats nationaux.
Après un brillant succès en 1928 contre le député sortant Georges Le Bail que personne n'osait affronter dans ce fief de la «gauche», il fut battu au renouvellement suivant de la Chambre, en 1932, par le propre fils de son ancien rival, Albert Le Bail. Il échoua à nouveau, en 1936, contre celui-ci, qui était alors candidat unique du Front populaire, pour 14 voix seulement, en ayant gagné près de mille depuis le précédent scrutin. C'est encore à Georges Le Bail, devenu sénateur et décédé, qu'il succéda, surclassant facilement, le 25 avril 1937, dès le premier tour, son concurrent qui appartenait cependant comme le défunt au parti radical-socialiste.
Les cinq sièges du Finistère étant renouvelables l'année suivante, Jacques Queinnec obtint aussi brillamment la confiance des électeurs sénatoriaux puisqu'il fut seul élu au premier tour, le 23 octobre 1938.
Se classant parmi les républicains indépendants, il combattit les gouvernements issus du cartel des gauches, puis du Front populaire. Il était attaché au respect de toutes les libertés de conscience, de réunion, de l'enseignement, du travail, compatibles avec l'ordre public, sans domination d'aucune classe sociale. S'opposant à la mainmise de l'Etat sur les corps de métiers, il souhaitait la création et le développement de chambres professionnelles (d'agriculture, des pêches, du commerce, des métiers...) qui donneraient leur avis sur les projets ou propositions de loi les intéressant au sein d'un conseil national économique dont les décisions seraient obligatoirement soumises au Parlement.
En politique extérieure, il était partisan d'un renforcement de la Société des Nations pour lui permettre d'arbitrer tous les différends susceptibles de menacer la paix.
Son activité législative fut, malgré la brièveté de ses fonctions parlementaires, relativement importante.
A la Chambre des députés, secrétaire de la commission de législation, il rapporta plusieurs textes juridiques relatifs, notamment, aux immeubles dotaux ou aux études et examens notariaux.
Dans les deux assemblées, il intervint à plusieurs reprises en faveur des marins du commerce. Au Sénat, il fut, du reste, membre de la commission de la marine.
Il utilisait beaucoup la procédure des questions écrites, interrogeant les ministres sur les sujets les plus variés : pensions, questions juridiques, économie et fiscalité, problèmes administratifs d'ordre intérieur, éducation nationale, postes et télégraphes, droit du travail et prévoyance sociale, santé publique. Le 10 juillet 1940, au Congrès de Vichy, il vota les pouvoirs constitutionnels demandés par le maréchal Pétain. Jacques Queinnec servit aussi bien son pays que ses concitoyens, sa conduite au cours du premier conflit mondial lui ayant valu d'être décoré de la Croix de guerre.