René Quentier
1903 - 1976
QUENTIER (René)
Né le 20 juin 1903 à Chambly (Oise)
Décédé le 18 novembre 1976 à Paris (Seine)
Député de l’Oise 1958 à 1976.
Fils d’un notaire de Chambly, René Quentier connut une enfance heureuse et une scolarité des plus honorables. Brillant élève au collège de Pontoise et au lycée Félix-Faure de Beauvais, il est admis au lycée Louis-le-Grand puis à la Faculté de droit de Paris. Il s’installe en 1930 comme notaire dans sa commune natale, s’associant à son père au sein de l’étude fondé par son grand-père maternel, un an après avoir épousé Germaine Daunois dont il eut un enfant, Bernard. Il exercera cette profession jusqu’en 1970. Sportif de haut niveau, il a été dans l’entre-deux-guerres international de football et s’est révélé un passionné d’aviation. Il fut au reste président de l’aéro-club d’Île-de-France à partir de 1947.
La guerre et l’Occupation le conduisirent à faire le choix de la Résistance. Il fut à ce titre élevé au grade de colonel de réserve et décoré à la Libération de la Croix de guerre 39-45, de la Médaille de la Résistance et de la rosette de la Légion d’honneur. Il décide alors, en 1945, de s’engager activement en politique, dans un premier temps à l’échelon local. Gaulliste fervent, il rejoint le RPF dès sa création et a appartenu à tous ses avatars successifs. Candidat aux élections municipal de 1945 à Chambly, il en est élu conseiller. Il gagne également la même année le canton de Neuilly-en-Thelle qu’il conservera sans discontinuer jusqu’en 1976, date à laquelle il renonce à se représenter. Il a par ailleurs été vice-président du conseil général de l’Oise de 1962 à 1976. Il a en outre été maire de Chambly de 1969 jusqu’à sa mort.
Candidat malheureux aux élections législatives de juin 1951 sous les couleurs du RPF dans le département de la Seine-et-Oise, il doit attendre le scrutin de novembre 1958 pour faire son entrée au Palais Bourbon. Investi par l’UNR dans la quatrième circonscription de l’Oise, il doit faire face à la concurrence du communiste Maurice Bambier et Robert Strauss qui se présente au nom de l’Union des oui. Avec 11 702 des 48 663 suffrages exprimés soit 24,05% des voix, René Quentier arrive en seconde position derrière Robert Strauss qui recueille 30,48% mais devant Maurice Bambier qui obtient 23,26% des suffrages. Le candidat SFIO et député sortant Maurice Mérigonde, avec 10,72% des voix, n’est pas en mesure de se maintenir au second tour. Une triangulaire met en compétition les trois premiers candidats. Avec 40,85%, René Quentier l’emporte face à Maurice Bambier et Robert Strauss qui rassemblement respectivement 27,8% et 31,35% des voix.
Le 9 décembre 1958, René Quentier est nommé membre de la Commission de la défense nationale et des forces armées. Il ne dépose aucune proposition de loi ou de résolution ni aucun rapport et n’intervient qu’une fois en séance à propos du projet de loi relatif à l’organisation de la région de Paris pour défendre les intérêts de sa circonscription.
Durant cette première législature de la Ve République, il vote la confiance au gouvernement Debré, soutient le projet de règlement définitif de l’Assemblée nationale. Il ne prend pas part au vote sur le projet sur l’enseignement privé, vote les pouvoirs spéciaux ou encore la réforme du titre XII de la Constitution relatif à la définition du périmètre comme des attributions des collectivités territoriales. Il vote l’investiture du gouvernement Pompidou, la demande de levée de l’immunité parlementaire de Georges Bidault et refuse de voter la motion de censure qui conduit à la dissolution de l’Assemblée nationale.
Candidat à sa succession aux élections de 1962, Quentier arrive très largement en tête au soir du premier tour. Avec 19 530 des 44 482 suffrages exprimés, soit 43,9% des voix, il s’impose face au communiste Maurice Bambier qui ne rassemble que 28,34% sur son nom. Au second tour, René Quentier obtient 26 538 des 46 119 des suffrages soit 57,54% face au communiste.
L’Assemblée nationale prend acte de son élection le 6 décembre 1962. Inscrit au groupe UNR-UDT, il est élu secrétaire de l’Assemblée nationale et retrouve la Commission de la défense nationale et des forces armées dont il finira par démissionner le 28 avril 1964. Il rejoint alors celle des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Il la quitte le 9 juin suivant pour retrouver celle de la défense nationale. Par la suite, il réintègre celle des lois constitutionnelles.
Dans le cadre de son activité parlementaire, il prend huit fois la parole en séance. Se interventions ont pour la plupart partie liée aux divers projets de loi de finance, aux baux ruraux, à la réorganisation de la région parisienne ou encore aux sociétés civiles professionnelles.
Lors de cette législature, il vote pour la ratification du traité franco-allemand, le projet de loi relatif à certaines modalités de grève dans les services publics, le projet de loi constitutionnelle portant modification des dispositions de l’article 28 de la Constitution qui fixe la durée et les dates légales des sessions parlementaires, la réforme électorale municipale et la réforme du service militaire.
Il se présente tout naturellement aux élections législatives des 5 et 12 mars 1967. De nouveau confronté à la candidature de Maurice Bambier ainsi qu’à Antoine Chanut, le maire FGDS de Creil, il les distance tous deux dès le premier tour. Avec 40,32% des voix soit 23 770 suffrages exprimés, il s’impose face à ses adversaires qui recueillent à cette occasion respectivement 31,15% et 18,5% des voix. Le désistement du candidat socialiste au profit du communiste profite à ce dernier qui recueille sur son nom quelque 27 114 suffrages soit 47,41% des voix exprimées, score néanmoins insuffisant pour empêcher la réélection de René Quentier.
Le 4 avril 1967, il est élu membre du Bureau de l’Assemblée nationale comme secrétaire. Il est également nommé membre de la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Il intègre en outre celle de la production et des échanges le 4 avril 1968 mais en démissionne un mois plus tard. Il n’est pas intervenu en séance publique et n’ pas effectué de dépôt durant cette année législative.
René Quentier refuse tout naturellement de voter les deux motions de censure déposées contre le gouvernement Pompidou les 20 mai et 9 juin 1967.
La dissolution de l’Assemblée nationale et l’annonce d’élections législatives avancées aux 23 et 30 juin 1968 renvoient devant les électeurs René Quentier. Une fois encore confronté à Maurice Bambier, il recueille dès le premier tour 49,98% des voix, manquant à 12 suffrages près la réélection dès le premier tour, le communiste ne rassemblant que 27,20% des voix mais pouvant compter sur les scores honorables des candidats PSU et FGDS. Quentier remporte finalement le scrutin avec une large majorité de 59,84% au second tour.
Le 11 juillet 1968, il s’inscrit au groupe UDR et rejoint, cette fois-ci, la Commission de la défense nationale et des forces armées. Il a également été rapporteur au nom de la Commission de la défense nationale d’un projet de loi tendant à permettre à certains officiers de réserve de postuler au grade supérieur dans l’honorariat.
Durant cette quatrième législature, il vote comme toujours à l’unisson du groupe gaulliste. Il se prononce ainsi en faveur des projets de loi d’orientation de l’enseignement supérieur, relatif à l’exercice du droit syndical dans les entreprises, tendant à renforcer la garantie des droits individuels des citoyens, à réprimer certaines formes nouvelles de délinquance, relatif au service national, relatif aux incompatibilités parlementaires ou portant création et organisation des régions. Il vote également la confiance au gouvernement les 15 octobre 1970 et 24 mai 1972.
René Quentier se présente aux élections législatives des 4 et 11 mars 1973. Il se trouve une fois de plus opposé à Maurice Bambier qui obtient 26,38% des suffrages exprimés, demeurant cependant en léger retrait par rapport au député sortant qui rassemble sur son nom quelque 19 515 des 66 748 voix exprimées, soit 29,24%. Ce scrutin, assez peu favorable à la majorité présidentielle n’épargne pas Quentier dont les réserves de voix pour le second tour se situent du côté du candidat du Mouvement réformateur, d’un dissident pompidolien et du représentant du tout jeune Front national. À l’issue d’un second tour des plus incertains, Quentier retrouve de justesse son siège. Avec 33 235 des 65 231 suffrages exprimés, il l’emporte sur Maurice Bambier avec 50,94% des voix.
Le 2 avril 1973, il s’inscrit de nouveau au groupe UDR. Il est à nouveau nommé membre de la Commission de la défense nationale et des forces armées. Durant cette législature, il n’effectue pas de dépôt ni n’intervient en séance publique.
Il vote la confiance au gouvernement les 12 avril 1973 et 6 juin 1974, le projet de loi constitutionnelle portant modification des articles 6, 7 et 25 de la Constitution fixant respectivement l’élection du président de la République au suffrage universel direct pour une durée de sept ans, les modalités de son élection et la durée des pouvoirs de chaque assemblée, le nombre de ses membres. En revanche il s’oppose au projet de loi relatif à l’interruption volontaire de grossesse et ne prend pas part au vote de celui portant réforme du divorce.
René Quentier meurt brutalement le 18 novembre 1976. Son éloge funèbre fut prononcé le 1er décembre suivant par Edgar Faure.