Pierre Quillet
1930 - 2007
QUILLET (Pierre)
Né le 8 octobre 1930 à Amiens (Somme)
Décédé le 17 décembre 2007 à Meaux (Seine-et-Marne)
Député de Seine-et-Marne de 1993 à 1997
Pierre Quillet naît le 8 octobre 1930 à Amiens. Au terme de ses études de médecine et après son mariage en 1958 avec la médecin Solange Van Caeyseele, il s’établit en 1960 à Meaux comme anesthésiste et conseiller de la Croix-Rouge. En Seine-et-Marne, il assure également les fonctions d’inspecteur départemental de la sécurité routière. En 1974, il fonde et anime le service médical d’urgence et de réanimation de Meaux.
Ce gaulliste entre en politique à l’occasion des municipales de 1971. Membre de la liste Union des démocrates pour la République (UDR) dirigée par le chef d’entreprise Guy Millot, il participe à la victoire de ce dernier qui met un terme à la présence du radical socialiste Jean Bouvin à l’hôtel de ville depuis 1959. Adjoint au maire (Guy Millot étant remplacé en 1976 par le médecin Jean-Louis Happert) jusqu’en 1977, il rejoint fin 1976 le Rassemblement pour la République (RPR) chiraquien et figure de nouveau sur la liste de droite lors des municipales de 1977. Mais le professeur socialiste Jean Lion l’emporte et Pierre Quillet devient conseiller municipal d’opposition. En mars 1985, il est élu, à la surprise générale, conseiller général RPR du canton de Meaux-Nord. Après avoir éliminé le candidat de l’Union pour la démocratie française (UDF) lors d’une primaire, il a battu l’influent Robert Le Foll, alors député socialiste de Seine-et-Marne et proche de Lionel Jospin. Au sein de l’assemblée départementale, il siège à la commission de l’action sociale et de la santé publique. Fort de ce nouvel ancrage, Pierre Quillet relance la droite meldoise qui se structure à la fin des années 1980 autour d’une puissante fédération RPR locale. Lors des municipales de mars 1989, alors que la candidature de Pierre Quillet semble évidente à Meaux face au socialiste Jean Lion, le conseiller général RPR doit s’effacer pour laisser la place au chiraquien Guy Drut, ancien champion olympique. Celui-ci est éliminé dès le premier tour, permettant au maire sortant de conserver l’hôtel de ville. Pierre Quillet prend sa revanche en étant réélu conseiller général lors des cantonales de 1992 face au député-maire socialiste de Crégy-lès-Meaux, Robert Le Foll.
Aux élections législatives de mars 1993, Pierre Quillet, qui incarne depuis une quinzaine d’années, l’opposition au maire socialiste, obtient l’investiture du RPR dans la 6ème circonscription de la Seine-et-Marne (Meaux-Nord). Profitant d’un contexte politique national très favorable à la droite, le « bon docteur Quillet », très apprécié des Meldois pour avoir dirigé le Samu régional depuis de longues années, s’impose face à Jean Lion. Après avoir battu ce dernier dès le premier tour, il affronte au second l’ancien député Front national (FN) de Seine-et-Marne, Jean-François Jalkh. Avec l’aide de son suppléant, Daniel Maurice, agriculteur et maire de Gesvres-le-Chapitre, il l’emporte avec 64,2 % des suffrages exprimés.
Au Palais-Bourbon, Pierre Quillet rejoint le groupe RPR et la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il est également membre du Conseil supérieur de la mutualité. Très intéressé par les questions sociales, il participe à l’examen du projet de loi quinquennale relatif au travail, à l’emploi et à la formation professionnelle (octobre 1993) et du projet de loi relatif à la famille (janvier 1994) où il intervient lorsqu’on débat des allocations parentales, des allocations d’éducation, des allocations veuvages et pensions de réversion. Membre en octobre 1995 de la commission spéciale chargée d’examiner la proposition de loi relative à l’adoption, il suit également les discussions lors de l’examen du projet de loi de finances pour 1996 quand il est question de solidarité entre générations (prestations familiales, prestations d’autonomie, fonds de solidarité vieillesse).
Lors de la présidentielle de mai 1995, Pierre Quillet fait partie de ces députés RPR d’Ile-de-France qui soutiennent la candidature du Premier ministre Edouard Balladur. Un positionnement risqué alors que la fédération RPR de Seine-et-Marne est très chiraquienne. Au demeurant, Meaux vote majoritairement pour Jacques Chirac lors du premier tour de la présidentielle, après une campagne locale marquée par un grand meeting chiraquien où interviennent Guy Drut et un jeune énarque de 31 ans encore inconnu, Jean-François Copé, candidat RPR malheureux aux cantonales de 1992 et suppléant de Guy Drut. La victoire du maire de Paris au second tour fragilise politiquement le docteur Quillet… Ce dernier s’en rend compte très vite à l’occasion des municipales de juin 1995 face au maire sortant, Jean Lion, socialiste. Il monte une liste où figure à la septième place Jean-François Copé. Ancien directeur de cabinet de Roger Romani, ministre des Relations avec le Parlement, cette étoile montante de la droite locale se serait vu promettre en cas de victoire de Pierre Quillet le poste de premier adjoint attaché aux finances (certains laissent même entendre que les deux hommes auraient prévu un passage de relais en cours de mandat). Persuadé que Jean-François Copé le suivra, Pierre Quillet entame sa campagne face à Jean Lion, qu’il a déjà battu lors des cantonales de 1992 et des législatives de 1993. Il met en avant l’échec du maire sortant dans deux domaines : l’économie (le candidat RPR préconise l’implantation d’entreprises dans la circonscription) et la sécurité (il annonce le recrutement de vingt-cinq policiers municipaux tout en recommandant d’aider les quartiers difficiles de Beauval et de la Pierre-Collinet).
Mais bientôt les jeunes chiraquiens de Seine-et-Marne règlent leurs comptes avec les élus balladuriens, sans tenir compte des investitures officielles accordées depuis plusieurs mois par les états-majors RPR et UDF. A Melun, Christian Jacob, député européen de 35 ans et ancien président du Centre national des jeunes agriculteurs (CNJA), laisse entendre que s’il n’obtient pas une place de premier adjoint sur la liste du maire sortant Jacques Marinelli, il mènera sa propre liste. A Meaux, Jean-François Copé va plus loin. Ayant gagné en notoriété et en légitimité en devenant député de la Seine-et-Marne après l’entrée au gouvernement de Guy Drut comme ministre de la Jeunesse et des Sports, il décide, après un appel public aux Meldois relayé par La Marne et Le Parisien, de se présenter aux municipales face au RPR Pierre Quillet et au socialiste Jean Lion. Pierre Quillet a beau se dire « Meldois depuis trente-cinq » pour mieux dénoncer le parachutage de Jean-François Copé, ce dernier parvient à occuper le terrain médiatique. Reprenant à son compte le slogan de campagne de Jacques Chirac en inscrivant sur ses affiches la formule « Meaux pour tous », menant une campagne dynamique sur le triple thème de la sécurité, de la rénovation urbaine et de la lutte contre la pauvreté (Meaux compte alors 56 % de logements sociaux et un taux de chômage record dans le département), déplorant le « manque de punch » du député Quillet pour administrer la principale ville du département, il obtient le soir du premier tour 31 % des voix contre 37 % pour Jean Lion et 17 % pour le frontiste Jalkh. Avec seulement 15 % des suffrages, Pierre Quillet est déjà éliminé. Il appelle à voter pour Jean-François Copé. Ce dernier, soutenu par Jacques Chirac qui lui envoie deux de ses ministres, Jean-Louis Debré et Eric Raoult, l’emporte lors de la triangulaire du second tour avec 47 % des voix, contre 43 % pour le maire socialiste sortant et 10 % pour le candidat FN.
Déçu par cette défaite inattendue, Pierre Quillet se recentre sur son mandat local de conseiller général de Meaux-Nord et ses engagements professionnels dans la santé. Lors des législatives de 1997, il s’efface au profit de Jean-François Copé qui est battu par Nicole Bricq. Lors des cantonales de 1998, Pierre Quillet s’impose d’une centaine de voix d’avance face à Nicole Bricq à la faveur d’une triangulaire avec le Front national. En 2004, le médecin cède son siège de conseiller général à Olivier Morin. Ce gaulliste social, simple et accessible, qui résidait dans une modeste maison de la Pierre-Collinet où son épouse était médecin dans ce quartier très populaire, décède le 17 décembre 2007. Jean-François Copé rend hommage à l’ancien député dont il rappelle « l’humanisme profond ».