Maria Rabaté
1900 - 1985
RABATÉ (Maria)
Née le 3 juillet 1900 à Moncontour (Vienne)
Décédée le 9 février 1985 à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine)
Député de la Seine de 1946 à 1958
Maria Bernuchon est née le 3 juillet 1900 à Moncontour, dans le département de la Vienne. Ses grands-parents sont artisans ; son père et sa mère sont instituteurs. En 1912, elle entre à l’école primaire supérieure de Saint-Gaultier (Indre), puis, en 1916, à l’école normale d’institutrices de Châteauroux (Indre). De 1919 à 1928, elle est institutrice dans l’enseignement public et défend immédiatement des idées socialement très radicales. Ayant refusé de chanter La Marseillaise – elle est alors institutrice stagiaire –, elle est mutée de Rosnay à Prissac. Syndiquée dès 1919, elle adhère au Parti communiste français (PCF) en 1921-1922 et participe également aux Groupes féministes de l’enseignement laïque. En 1927, elle rencontre son futur mari - ils se marieront en 1953 - dont elle aura deux enfants : Claude, née en 1928, et Jean, né en 1931. S’étant mise en congé de l’enseignement en 1928, elle devient sténodactylo à L’Humanité, puis à la représentation commerciale soviétique, avant de devenir permanente du PCF à partir de 1933. Elle appartient alors à la direction de la région de Gironde. A ce titre, elle organise le Comité des femmes contre la guerre et le fascisme, puis devient, en mars 1935, une des trois secrétaires administratives de la branche française du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme. Cette branche est dirigée par son compagnon, Octave Rabaté. Depuis plusieurs années, Maria Bernuchon l’aide, lui qui fut d’abord spécialiste du travail antimilitariste du PCF, puis intégré à l’appareil clandestin de l’Internationale communiste et enfin spécialisé dans l’intervention pacifiste communiste. Elle l’accompagne ainsi dans ses séjours à Moscou (février 1930-novembre 1931), puis en Espagne (novembre 1931-septembre 1932). Pendant la guerre civile, elle se rend de nouveau en Espagne pour soutenir les républicains.
Militante déjà expérimentée et très liée à l’appareil central, elle est troublée par le pacte germano-soviétique mais, déclare-t-elle plus tard, « l'URSS ne se trompe jamais ». Elle reste donc fidèle au PCF pour lequel elle effectue, pendant la drôle de guerre, diverses missions de liaison.
Sous l’Occupation, elle commence par seconder son compagnon qui dirige le PCF dans plusieurs départements de l’ouest de la France. Après l’arrestation d’Octave Rabaté à Saintes le 27 mars 1942 (condamné à mort, il sera déporté à Mauthausen en avril 1943), Maria Bernuchon part pour Paris. D’abord responsable de l’organisation des femmes du Front national pour la Normandie, elle codirige, avec Claudine Chomat, à partir de mai 1943, les Comités féminins zone nord du Front national qui se transforment en Union des femmes françaises.
A la Libération, membre du Comité parisien de Libération, Maria Bernuchon représente le XIVème arrondissement à l’Assemblée municipale provisoire et, aux élections municipales d’avril-mai 1945, elle est élue dans le premier secteur de la capitale (Vème, XIIIème, XIVème arrondissement). Membre du conseil général de la Seine, elle en est la vice-présidente de 1945 à 1947. En 1947, elle ne sollicite pas le renouvellement de son mandat d’élue municipale pour se concentrer sur son activité de député. En effet, depuis la Libération, le PCF propose la candidature de cette militante aux électeurs de la première circonscription de la Seine. Mais en octobre 1945 et en juin 1946, elle n’est pas placée en position éligible : elle occupe la sixième, puis la quatrième place. En revanche, en novembre 1946, elle figure en troisième position, ce qui est rendu possible par le désistement d’Hélène Solomon-Langevin. Ainsi, Maria Bernuchon-Rabaté est-elle élue député de la Seine en novembre 1946, avec André Marty, secrétaire du parti, et Ambroise Croizat, alors ministre. Elle est réélue en 1951, après le décès de ce dernier. En 1956, elle est élue avec Roger Garaudy. En revanche, en 1958 et en 1962, Maria Rabaté est battue par le candidat du parti gaulliste.
En tant que parlementaire, elle appartient pendant les trois législatures à la commission de la famille, de la population et de la santé publique, commission dont elle la vice-présidente et à la commission de la justice et de législation. En outre, de 1946 à 1951, elle siège également à la commission de la reconstruction et des dommages de guerre. Pour l’essentiel, les propositions de loi que Maria Rabaté dépose portent sur trois sujets principaux : en premier lieu, l’enfance et spécialement le problème de la protection maternelle et infantile et celui de l’adoption ; en deuxième lieu, elle intervient également à de nombreuses reprises sur le problème hospitalier : formation professionnelle du personnel, défense des revendications des infirmiers, sages-femmes et assistants sociaux. Enfin, elle se fait le porte-parole de revendications diverses en faveur des locataires, tels le moratoire des loyers ou l’interdiction des expulsions.
Parallèlement à son activité de parlementaire, Maria Rabaté n’occupe que des fonctions modestes dans l’appareil du PCF. De 1947 à 1950, elle est membre de la commission centrale de contrôle financier. Elle apporte également son soutien et son expérience au nouveau mouvement pacifiste communiste, puisqu’elle adhère le 14 mars 1948 aux Combattants de la liberté dont elle est déléguée au congrès de Pleyel d’avril 1949. Après 1958, elle ne remplit que des fonctions locales.
Maria Rabaté était titulaire du brevet supérieur et du certificat d’aptitude pédagogique. Elle était également titulaire de la carte de combattant volontaire de la Résistance. Elle était chevalier de la Légion d’honneur et chevalier de la Santé publique.
Elle disparaît le 9 février 1985 à Saint-Cloud.