Jean-Pierre Raffin-Dugens

1861 - 1946

Informations générales
  • Né le 3 décembre 1861 à Saint-pierre-d'allevard (Isère - France)
  • Décédé le 26 mars 1946 à Grenoble (Isère - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Xe législature
Mandat
Du 8 mai 1910 au 31 mai 1914
Département
Isère
Groupe
Parti socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIe législature
Mandat
Du 10 mai 1914 au 7 décembre 1919
Département
Isère
Groupe
Parti socialiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né le 3 décembre 1861 à Saint Pierre d’Allevard (Isère).

Député de l'Isère de 1910 à 1919.

Après avoir exercé les fonctions d'instituteur, Jean-Pierre Raffin Dugens s'engage dans la vie politique et se présente aux élections de 1910. Il est élu, au second tour de scrutin, député de l'Isère dans la 2e circonscription de Grenoble par 7.842 voix contre 5.556 à son concurrent M. Diday.

Durant cette première législature il s'emploiera inlassablement à défendre à la Chambre les principes qu'il avait exposés durant sa campagne électorale, si bien que la République de l'Isère l'avait surnommé « M. Touche-à-tout ».

Il intervient à plusieurs reprises lors de la discussion des budgets de l'Instruction publique, sur la défense de l'école laïque et des instituteurs républicains en Gironde. Il réclame la multiplication des bourses à tous les échelons de l'enseignement, le relèvement des traitements des instituteurs pour multiplier le nombre des candidats aux écoles normales, et la mise en congé de longue durée des maîtres atteints de tuberculose et pouvant ainsi contaminer leurs élèves. C'est à la défense de la paix que Raffin Dugens va consacrer l'essentiel de ses forces.

Pacifiste convaincu il votera contre la prolongation du service militaire. Dès son programme électoral il avait pris parti énergiquement contre les dépenses militaires.

Il est réélu en 1914 au second tour de scrutin par 6.922 voix contre 6.742 à son concurrent Zevaes. Il avait obtenu au premier tour 4.698 voix contre 3.407 à Zevaes. Fidèle à ses convictions Raffin Dugens va se classer dès l'ouverture des hostilités parmi les socialistes « minoritaires » qui regrettent le vote du groupe socialiste en faveur des crédits de la défense nationale et réclament une reprise des contacts entre socialistes des divers pays.

Il critique dès 1915 la position de « guerre jusqu'au bout » adoptée par Guesde et acceptée par Sembat.

Il parviendra à se rendre en Suisse à la Conférence de Kienthal du 24 au 30 avril 1916 en compagnie de Brizon et de Blanc. Le 14 juin 1916 les Kienthaliens provoquent un incident à la Chambre en lisant un manifeste des minoritaires allemands qui réclament un armistice immédiat.

Mais leurs interventions parfois inopportunes et l'aggravation de la situation militaire vont rendre plus difficile leur action. Raffin Dugens va vivre au tout premier plan la crise morale du parti socialiste ouverte par la guerre. L'essentiel de ses interventions va d'ailleurs porter sur la guerre et la conduite à adopter.

Ainsi en 1916, il soutient son collègue Brizon qui dépose une demande d'interpellation sur les mesures prises ou à prendre au cours de l'hiver au profit de la défense du pays et pour conduire la guerre à sa fin la plus rapide et la meilleure possible.

Il est un des sept députés à voter contre l'incorporation de la classe 1919 de même qu'il avait voté contre l'incorporation des précédentes, pour protester contre la politique belliqueuse des gouvernants, et il réclame une paix de conciliation. Il insiste pour que le peuple allemand ne soit pas rendu responsable de l'impérialisme de ses dirigeants et appelle de ses vœux l'instauration d'une République allemande.

Raffin Dugens continue à faire preuve d'un grand courage dans la défense de ses opinions puisqu'il est le seul le 11 novembre 1918 à voter contre une proposition de loi ayant pour objet de rendre un hommage national aux armées, au président du Conseil, Georges Clemenceau et au maréchal Foch. Il proteste ce faisant contre l'injustice qui consiste à ne pas associer à cet hommage les prédécesseurs de Clemenceau et les armées alliées, mais la Chambre ne le suit pas et l'article litigieux est adopté par 495 voix contre une, la sienne.

Dès mai 1919, il réclame avec insistance l'amnistie des condamnations militaires.

Mais ses prises de position courageuses ne lui vaudront pas la reconnaissance de ses électeurs et il sera battu en 1919 en n'arrivant qu'en sixième position sur la liste du parti socialiste.

Il ne renoncera pas pour autant à toute action politique puisqu'il quittera le parti socialiste après le Congrès de Tours pour s'inscrire au parti communiste.