Edgar, Raoul Raoul-Duval

1832 - 1887

Informations générales
  • Né le 9 avril 1832 à Laon (Aisne - France)
  • Décédé le 10 février 1887 à Monte-carlo (Principauté de monaco)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Assemblée Nationale
Législature
Mandat
Du 2 juillet 1871 au 7 mars 1876
Département
Seine-Inférieure
Groupe
Union des Droites
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Ire législature
Mandat
Du 20 février 1876 au 25 juin 1877
Département
Eure
Groupe
Union des Droites
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 25 mai 1884 au 14 octobre 1885
Département
Eure
Groupe
Union des Droites
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IVe législature
Mandat
Du 4 octobre 1885 au 10 février 1887
Département
Eure
Groupe
Union des Droites

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Représentant à l'Assemblée nationale de 1871, député de 1876 à 1877 et de 1884 à 1887, né à Laon (Aisne) le 9 avril 1832, mort à Monte-Carlo le 10 février 1887, fils de Charles-Edmond Raoul-Duval (1807-1893), sénateur de 1876 à 1879, et petit-fils, par sa mère, de J.-B. Say, Edgar Raoul-Duval suivit lui aussi, à l'exemple de son grand-père et de son père, la carrière de la magistrature, et, ses études de droit terminées, fut, dès 1853, nommé substitut à Nantes. « À peine, dit un biographe satirique, avait-on attendu la majorité du blondin pour l'envoyer s'asseoir sur les abeilles. Précoce Edgard ! pauvre Raoul ! À l'âge où tant d'autres font leur première tragédie ou ébauchent leur première idylle, il requérait tout le long de l'aune qu'il plût au tribunal appliquer le maximum et refuser les circonstances atténuantes. C'était la chanson de ses vingt ans. » (Les Portraits de Kel-Kun, 1875.)

Envoyé successivement comme avocat général à Angers, à Bordeaux et à Rouen, il occupa ce dernier poste de 1866 à 1870, et donna sa démission au Quatre-Septembre pour se faire inscrire au barreau rouennais, en attendant l'heure prochaine de son entrée dans la politique militante.

Après une première tentative malheureuse aux élections générales du 8 février 1871, M. Raoul Duval fils se présenta avec succès lors du scrutin complémentaire du 2 juillet, comme candidat conservateur, dans la Seine-Inférieure, où il y avait quatre sièges vacants. Il fut élu le 4e et dernier, par 58 387 voix (115 759 votants, 206 414 inscrits), représentant à l'Assemblée nationale. Il alla s'asseoir sur les bancs du centre droit, qu'il abandonna plus tard pour se faire inscrire au groupe de l'Appel au peuple.

Le nouvel élu ne tarda pas à se signaler comme un des membres les plus actifs de la majorité conservatrice et comme un de ses orateurs préférés. Dans un discours sur la décentralisation, il reprit à son compte, aux applaudissements de la droite, la définition de Montesquieu : « La liberté, c'est le droit de faire tout ce que la loi ne défend pas. » Il eut un succès moins vif lorsqu'il entreprit, le 16 septembre 1871, de combattre le traité passé par Thiers avec l'Allemagne en vue d'une libération anticipée du territoire. Il voulait que l'Assemblée ajournât la ratification, mais elle s'y refusa. Le 20 décembre, son interpellation sur « l'attitude du ministère relativement à plusieurs membres de la Commune de Paris, et notamment au sieur Ranc », fit assez de bruit. On remarqua aussi, vers la même époque, sa déposition, comme témoin à décharge, dans le procès de M. Janvier de la Motte, ancien préfet de l'Eure.

M. Raoul Duval cherchait encore sa voie. L'année 1872 lui fournit plusieurs occasions d'intervenir dans des débats importants. Il fut le rédacteur et le signataire de l'ordre du jour qui renversa M. Victor Lefranc, ministre de l'intérieur, à propos d'adresses politiques envoyées au chef du pouvoir exécutif par divers conseils municipaux. Rapporteur des pétitions dissolutionnistes, il conclut aux droits illimités de la Chambre souveraine. Il se mêla aussi à l'incident de Carayon-Latour-Challemel, qui fut un des plus orageux de la législature. Le 25 avril 1873, M. Raoul Duval développa une interpellation relative à la participation de magistrats municipaux à « des manifestations hostiles à la majorité de l'Assemblée ». Il se fit enfin, en mainte circonstance, l'accusateur des membres de l'ex-gouvernement de la Défense nationale. Après avoir combattu, avec la même persistance, l'administration de M. Thiers, il concourut, le 24 mai, à son renversement, mais se sépara presque aussitôt du parti orléaniste avec lequel il avait jusque-là marché d'accord. Invité par le général Changarnier, président du Comité des Neuf, à se joindre à ce comité, qui préparait la restauration de la monarchie, M. Raoul Duval refusa net, alléguant, dans une lettre qui fut rendue publique, l'impopularité en France de la royauté légitime.

Les premières lois constitutionnelles, et l'établissement du « grand conseil » rêvé par M. de Broglie l'eurent pour adversaire, et il combattit avec la même énergie la proposition de proroger pour sept ans les pouvoirs du maréchal de Mac-Mahon. Modifiant son opinion première sur l'étendue des pouvoirs de l'Assemblée nationale, il prit à son tour l'initiative d'une demande de dissolution qu'il répéta plusieurs fois, de 1873 à 1875. Durant cette période, M. Raoul Duval siégea dans le groupe bonapartiste. En 1875, il mena une vive campagne contre les lois constitutionnelles, présenta, d'ailleurs sans succès, un très grand nombre d'amendements au dernier projet sur l'institution du Sénat, proposa qu'on inscrivît en tête de la loi relative à l'organisation des pouvoirs publics « une déclaration des droits de la souveraineté nationale », réclama un plébiscite pour sanctionner l'ensemble de la Constitution, et vota contre cet ensemble le 25 février.

Dans les questions économiques, M. Raoul Duval montra plus de constance : il défendit toujours les principes du libre-échange.

Aux élections législatives de 1876, il posa sa candidature à la fois dans le 8e arrondissement de Paris et dans l'arrondissement de Louviers : il échoua à Paris contre deux candidats, le duc Decazes et M. Victor Chauffour, et fut élu, au second tour (5 mars 1876) député de Louviers, par 7 666 voix sur 15 331 votants et 18 668 inscrits, contre 7 476 à M. Meunier. Il reprit sa place dans le groupe bonapartiste, fut rapporteur du budget de la marine et des colonies pour 1877, et intervint à plusieurs reprises dans la discussion de ce budget (8-9 novembre 1876).

Après l'acte du 16 mai, il fut un des onze députés qui s'abstinrent lors du vote de confiance demandé par le ministère de Broglie.

Aux élections qui suivirent la dissolution de la Chambre (14 octobre suivant), il échoua dans l'arrondissement de Louviers, avec 7,893 voix contre 8,250 à M. Develle, républicain, élu.

Le renouvellement général du 21 août 1881 ne lui fut pas plus favorable : il n'obtint que 7 307 voix contre M. Develle, réélu avec 8 791 suffrages.

Mais il rentra à la Chambre, le 25 mai 1884, à la faveur du scrutin complémentaire qui eut lieu dans l'arrondissement de Bernay pour remplacer M. Janvier de la Motte, décédé. M. Raoul Duval réunit alors 8 905 voix (14 603 votants, 18 919 inscrits), contre M. Albert Parisot, 5 572. Il s'associa aux derniers votes de la minorité contre le gouvernement.

Porté, le 4 octobre 1885, sur la liste conservatrice de l'Eure, il fut élu, le 3e sur 6, député de ce département, par 45 070 voix (86 584 votants, 106 598 inscrits), vota d'abord avec la droite, puis tenta bientôt d'accomplir, avec le concours d'un petit groupe d'amis, une nouvelle évolution politique : il rompit brusquement avec les bonapartistes, renonça à toute opposition systématique, et prépara la formation d'une droite républicaine, qui, froidement accueillie des deux côtés de la Chambre, ne rencontra que très peu d'adhérents. Il se disposait, au commencement de l'année 1887, à reprendre cette campagne, lorsque l'état de sa santé, qui avait rendu nécessaire, en décembre 1886, son départ pour Monte-Carlo, s'aggrava subitement. Il mourut d'un refroidissement le 10 février 1887.

« Raoul Duval, écrivit alors le Figaro, était d'une taille au-dessus de la moyenne. Avec sa barbe blonde, bien fournie, où ne se mêlait aucun poil argenté, ses cheveux drus et coupés ras, son œil bleu clair, vif, il avait toutes les apparences de la jeunesse conservée. On aurait pu croire également que sa constitution physique devait résister aux assauts de la maladie. Ses épaules larges et bien tombantes, sa nuque puissante indiquaient la force. Du reste, il était grand partisan de tous les sports qui développent l'organisme. Excellent cavalier, gymnaste merveilleux, il a exécuté un jour, devant des intimes, les plus difficiles tours de trapèze de Léotard ; il disait volontiers, comme un autre homme d'Etat, M. Gladstone, qu'il était excellent de fendre du bois pour essayer ses muscles. Et il prêchait d'exemple. »

M. Raoul Duval appartenait à la religion protestante.