Mary Raynaud

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né le 25 juillet 1844 à Andelat (Cantal), date et lieu de décès inconnus.

Député du Cantal en 1890.

Hippolyte Mary-Raynaud naquit dans une honorable famille de cultivateurs du Sailhant-d'Andelat, dont plusieurs membres dirigèrent les mairies de communes voisines.

Personnage extraordinaire, n'entreprenant rien sans consulter les tables tournantes, sa vie fut semée d'escroqueries et de démêlés avec la justice. Propriétaire d'un cabinet d'affaires, rue Grammont en 1878, il est rapidement déclaré en faillite, ce qui ne l'empêche nullement l'année suivante d'installer, passage des Princes, la Banque de la Bourse. Cette fois-ci il réussit et demande en 1880 sa réhabilitation, qu'il obtient.

Il transfère sa banque 7, place de la Bourse et se fait appeler Sergent ; cependant, c'est le krach et, en 1884, il est condamné à trois ans de prison pour avoir disposé des dépôts de ses clients. L'appui d'amis influents lui apporte sa grâce et en 1887, il installe, 15, place de la Bourse, la Banque d'Etat, qui donnait des revenus de ... 30 % par an, même sur des valeurs comme le Panama, qui ne rapportaient plus rien.

Menant grande vie, hôtel avenue du Bois, campagne à Bièvres, châteaux dans le Cantal, établissement thermal de Chaudesaigues, Mary-Raynaud inonde sa région natale de largesses, installant l'électricité, avant 1890, dans diverses communes. Comment ne pas être tenté dans cette situation de solliciter les suffrages de ses concitoyens ?

Aussi se présente-t-il dans la circonscription de Saint-Flour aux élections de septembre-octobre 1889 contre Amagat, le député sortant. Il avait obtenu au premier tour 1.068 voix sur 10.816 votants et ne s'était pas maintenu au second.

Amagat étant mort le 5 juin 1890, une élection partielle fut organisée le 31 août suivant. Soutenu par l'Indépendant du Cantal, « le plus ancien de tous les journaux républicains du département », qui plaçait d'ailleurs l'ancien député Chanson en première ligne, Mary-Raynaud, en tête au premier tour avec 4.368 voix sur 10.182 votants, l'emporte au scrutin de ballottage le 14 septembre, en perdant des voix d'ailleurs, par 4.026 suffrages, sur 10.220 votants, contre 3.263 à Chanson et 2.807 à l'ancien préfet de police Andrieux, pour qui n'importe quel département était valable.

Malheureusement pour le nouvel élu, la Banque d'Etat court à la faillite : le 25 novembre 1890, Mary-Raynaud disparaît et on va le retrouver quelques jours plus tard à Bruxelles. Le 27 novembre, l'expert nommé conclut à la faillite et le tribunal de commerce prononce le 29 la « réouverture de la faillite personnelle de Mary-Raynaud ». Le même jour, la Chambre décide sans phrases l'annulation de son élection.

On aurait pu espérer que l'âge venant, la sagesse elle aussi viendrait : il n'en était rien. A 72 ans, en mars 1916, Mary-Raynaud, qui avait installé 5, rue de Mogador la Banque de la Nation, fondée pour l'acquisition d'actions de la Banque de France, est arrêté, mais laissé en liberté provisoire à cause de son âge. Il promettait pour 1.000 francs à lui confiés un rapport de... 150 francs par mois ! La crédulité humaine ne connaît, elle, aucune borne.

Après la guerre, à peine sorti de prison, il se fait arrêter pour la 5e fois en fin juin 1921, sous le nom de comte de Rockland ; il avait installé 19, rue Bergère un cabinet d'affaire dénommé « Le Syndicat de Bourse et de Banque ». « C'est dommage, regrette-t-il incorrigible, je venais de trouver une nouvelle combinaison financière qui m'aurait rapporté près d'un million ! »

Des recherches très poussées n'ont pas permis de déterminer la date de sa mort qui serait survenue deux ou trois ans plus tard, probablement en Angleterre.