René Regaudie
1908 - 2000
REGAUDIE (René, Rémy)
Né le 14 avril 1908 à La Croisille-sur-Briance (Haute-Vienne)
Décédé le 23 janvier 2000 à Altkirch (Haut-Rhin)
Député de la Haute-Vienne de 1946 à 1958
René Regaudie est né le 14 avril 1908 à la Croisille-sur-Briance. Son grand-père était notaire ; son père est pharmacien. René Regaudie et sa fille Marie-Claude exerceront la même profession que le père de René.
Après des études secondaires au lycée Gay-Lussac à Limoges, il fréquente l'école de médecine et de pharmacie de Limoges, puis la faculté de pharmacie de Toulouse où il obtient son diplôme de pharmacien. Il adhère, très jeune, aux Jeunesses socialistes, en 1924, puis à la SFIO en 1928. Il débute sa carrière professionnelle à Châteauneuf-la-Forêt en 1935, époque à laquelle il entame également sa carrière politique en devenant maire de Châteauneuf (1935-1971) et conseiller général de ce canton (de 1935 à 1982, avec une interruption de 1942 à 1945 au cours du régime de Vichy).
Aux premières élections législatives de la Quatrième République, en novembre 1946, fort d'un militantisme déjà ancien, il se présente en troisième position sur la liste socialiste en Haute-Vienne, derrière Jean Le Bail, député sortant, et l’avocat Gaston Charlet. Avec 61 456 voix sur 166 647 suffrages exprimés, sa liste talonne celle des communistes (64 367 voix) et obtient deux élus. La démission de Gaston Charlet, élu au Conseil de la République le 8 décembre suivant, entraîne la validation – le 30 janvier 1947 – de l’élection de René Regaudie. Il est alors nommé membre de la commission de la famille, de la population et de la santé publique (1947-1951), membre (1947-1951), puis secrétaire de la commission des moyens de communication, à partir de l’année d’après. Il est nommé juré de la Haute Cour de justice, le 26 janvier 1948.
L’activité parlementaire de René Regaudie est soutenue. De 1946 à 1951, il dépose sept propositions de loi, deux propositions de résolution, cinq rapports et deux rapports supplémentaires. Conformément aux idées de son parti et guidé par son expérience professionnelle, ses initiatives se rapportent à l'amélioration des conditions de vie des salariés, à l'application des lois sociales (envers les cultivateurs, les artisans et les anciens combattants et victimes de guerre notamment), à la simplification du régime fiscal, aux droits des anciens combattants, à la conservation et à la reconstruction d'Oradour-sur-Glane. Comme Noël Barrot, l’un de ses collègues au Palais-Bourbon, il se distingue rapidement sur les questions en lien avec l’activité pharmaceutique. La règlementation des produits, laboratoires et officines est l’un des thèmes récurrents de ses textes. Il est rapporteur des propositions de loi relatives aux spécialités pharmaceutiques, en discussion durant le mois de mai 1948. En 1948, 1950 et 1951, il est rapporteur pour avis des projets de loi portant crédits du ministère de la santé et de la population. Par ailleurs, il acquiert une technicité parlementaire sur la question des transports ferroviaires et routiers et leur réglementation. Il intervient à quinze reprises, principalement au cours des discussions du budget des travaux publics et des transports et de celui de la santé publique et de la population. Il prend longuement la parole au sujet de la réorganisation des transports de voyageurs dans la région parisienne, au mois de décembre 1947. Il intervient notamment dans la définition de la Régie autonome des transports parisiens (RATP). Il est de ceux qui prennent part à la discussion du projet de loi instituant la compagnie Air France, à la fin du mois d’avril 1948. Il souhaite notamment soumettre le programme d’achat et de créations de lignes au ministre des transports.
Au cours de cette première législature, il vote pour le projet de loi relatif à la transformation des écoles privées des houillères nationales en écoles publiques (14 mai 1948), en faveur du Conseil de l'Europe (9 juillet 1949) et pour la ratification du pacte de l'Atlantique (26 juillet 1949). Il s’oppose à la proposition de loi Thamier relative aux unions familiales et au décret Poinso-Chapuis (10 juin 1948).
Député sortant, en deuxième position sur la liste du parti socialiste SFIO, René Regaudie est à nouveau élu aux élections législatives de 1951, obtenant 55 366 voix sur 170 635 suffrages exprimés. Il retrouve alors, pour toute la législature, la commission de la famille, de la population et de la santé publique et la commission des moyens de communication et du tourisme qu’il préside les cinq années de la législature.
A nouveau, son activité est très soutenue, puisqu’il dépose dix-sept textes : trois propositions de résolution ; une proposition de loi ; douze rapports ; un rapport supplémentaire. Au nom de la commission dont il est le président, il rédige un nombre important de rapports, d’intérêt local ou de portée nationale : rapport du 2 juillet 1953 sur le projet de loi relatif au déclassement de la Bayse entre Saint-Jean-Poutge et le pont de Bordes (commune de Lavardac) ; rapport du 17 juillet 1953 sur la proposition de résolution d’Edouard Ramonet tendant à inviter le gouvernement à mettre à l'étude un projet routier de grand itinéraire entre La Rochelle – Châteauroux – Zurich ; rapport du 18 mars 1954 sur l’immobilisation obligatoire de certains véhicules routiers défaillants ; rapport du 24 juin 1954 sur la réforme du Code de la route. La seule proposition de loi qu’il dépose a trait aussi au domaine routier. Elle vise à réglementer le travail dans les transports sur route en vue d’assurer la sécurité du public et du personnel (23 mars 1955).
Ses dix-huit interventions restent marquées par les questions budgétaires et les crédits de fonctionnement, que ce soit dans le secteur de la santé publique ou dans celui des travaux publics et des transports (proposition de loi relative aux taxes intérieures de consommation frappant les produits pétroliers, 14 décembre 1951 ; projet de loi relatif aux dépenses d'équipement des services civils en 1952 ; projet de loi portant réforme, dégrèvements et dispositions fiscales, avec la réorganisation de la SNCF par initiative gouvernementale, le 4 janvier 1952 et le 28 février 1952. Il prend part à la discussion du projet de loi de finances pour l'exercice 1952, à la discussion du projet de loi relatif aux dépenses des ministères (exercice 1954) et à la discussion, en deuxième lecture, du projet de loi relatif aux comptes spéciaux en mars 1955.
Au cours de ses deux premiers mandats (1946-1956), les questions relatives aux anciens combattants et victimes de guerre restent également au cœur des préoccupations de René Regaudie. A la suite de ses initiatives de la législature précédente, sur le statut et les droits des anciens combattants (proposition de loi du 4 mai 1947), il dépose un nouveau rapport, le 25 juin 1954, tendant à inviter le gouvernement à prévoir des exceptions en faveur des anciens transporteurs mutilés de guerre. Il est également intervenu à plusieurs reprises, sous la précédente législature, dans les débats concernant la conservation et la reconstruction d'Oradour-sur-Glane : proposition de loi du 13 mai 1948 tendant à modifier et à compléter la loi du 10 mai 1946 relative à la conservation et à la reconstruction d'Oradour-sur-Glane ; dépôt d'une demande d'interpellation le 9 mars 1948 sur le jugement des responsables de l'affaire d'Oradour-sur-Glane. Il est entendu le 9 mars 1954 sur la fixation de la date de discussion des interpellations sur les affaires du Limousin : Sanction des crimes de droit commun commis sous le couvert de la Résistance.
Lors de la deuxième législature de la Quatrième République, il vote pour l'échelle mobile des salaires (20 septembre 1951), pour l'adoption du projet de loi relatif au pool charbon acier (CECA) (13 décembre 1951), pour l'investiture de Pierre Mendès France (17 juin 1954), pour la question préalable du général Aumeran dont l’adoption signifie le rejet de la Communauté européenne de défense (CED), le 30 août 1954. Il se prononce en faveur de l'entrée de la RFA dans l'OTAN (12 octobre 1954), pour la ratification des accords de Paris (29 décembre 1954), contre les lois Marie et Barangé (21 septembre 1951) d’aide à l’enseignement privé et contre les investitures d’Antoine Pinay et Joseph Laniel (6 mars 1952 et 26 juin 1953). Il refuse enfin sa confiance à Edgar Faure, le 23 février 1955.
Aux élections législatives de 1956, René Regaudie parvient à conserver son mandat. Figurant toujours en seconde position sur la liste de la SFIO, il est réélu avec 48 432 voix sur un total de 179 276 suffrages exprimés. Son élection validée, le 20 janvier 1956, il conserve les fonctions qu'il assurait au sein des précédentes commissions : il est nommé membre de la commission de la famille, de la population et de la santé et préside, dès les débuts de la législature, la commission des moyens de communication et du tourisme.
En deux années seulement, il dépose dix textes : trois propositions de loi, une proposition de résolution et six rapports. La législation sur les transports, les droits des anciens combattants, la règlementation sur produits pharmaceutiques et les laboratoires et officines de pharmacie demeurent parmi ses principaux sujets de préoccupation. A ce titre, il dépose, le 19 avril 1956, un rapport sur le projet de loi relatif au laboratoire national de la santé publique. Il en commettra un deuxième, qu’il dépose le 17 janvier 1957. Le 28 novembre 1956, il en fait de même, avec une réflexion relative aux officines de pharmacie. Le 6 décembre 1956, il remet un rapport sur le projet de loi relatif à la prolongation du mandat de certains administrateurs de la Régie autonome des transports parisiens et, le 3 avril 1957, dépose une proposition de loi tendant à régler la situation administrative des agents du secrétariat général à l'aviation civile et commerciale, victimes de la guerre 1939-1945. Ses interventions en séance sont un peu plus rares, mais ses prises de parole retiennent l’attention, lorsqu’il intervient comme président de commission ou comme rapporteur. Dans cette dernière fonction, il soutient le projet de loi relatif au laboratoire national de la santé publique, corollaire des rapports précités et qu’il a signés sur ce sujet. Le 24 avril 1956, il décrit le rôle du laboratoire, intervient sur la rémunération du personnel, sur le financement du projet comme sur celui des stocks de médicaments nécessaires à la protection civile. Lors de la deuxième lecture de ce projet de loi, le 19 février 1957, il en est à nouveau le rapporteur. Il précise les conditions d’octroi du visa des spécialités pharmaceutiques. En 1956 et 1957, il est rapporteur pour avis sur les questions budgétaires (projet de loi portant ajustement des dotations budgétaires pour 1956 ; projet de loi de finances pour 1957) du ministère de la santé et de la population.
Ses votes, au cours de cette troisième législature, sont conformes aux consignes de son groupe. Il accorde ainsi sa confiance à Guy Mollet (janvier 1956), à Maurice Bourgès-Maunoury (juin 1956), à Félix Gaillard (novembre 1957) et à Pierre Pflimlin (mai 1958). Il soutient la ratification des traités instituant la Communauté économique européenne (CEE) et la Communauté européenne de l'énergie atomique (CEEA), le 9 juillet 1957. Il approuve la politique gouvernementale en Algérie, le 12 mars 1956, et les pouvoirs spéciaux, le 12 novembre 1957. Il vote enfin pour la révision de certains articles de la Constitution, le 27 mai 1958, et pour l'investiture du général de Gaulle, le 1er juin 1958. Il lui accorde les pleins pouvoirs le lendemain.
Sa carrière politique se poursuit activement sous la Cinquième République. Il conserve son mandat de député de la Haute-Vienne (1ère circonscription Limoges-Est-Nord-Sud) de 1958 à 1973, date à laquelle il ne se représente pas.
Chevalier de la Légion d'honneur, René Regaudie est décédé le 23 janvier 2000 à Altkirch (Haut-Rhin).