René Renoult dit René-Renoult
1867 - 1946
Né le 29 août 1867 à Paris.
Député de la Haute-Saône de 1902 à 1919.
Sénateur du Var de 1920 à 1944.
Sous-secrétaire d'Etat aux Finances du 24 juillet 1909 au 3 novembre 1910.
Ministre du Travail et de la Prévoyance sociale du 27 juin 1911 au 14 janvier 1912.
Ministre de l'Intérieur du 9 décembre 1913 au 17 mars 1914. Ministre des Finances du 17 mars au 9 juin 1914.
Ministre des Travaux publics du 13 juin au 26 août 1914.
Ministre de la Justice du 14 juin 1924 au 17 avril 1925. Ministre de la Justice du 28 novembre 1925 au 9 mars 1926. Ministre de la Marine du 19 au 23 juillet 1926.
Ministre de la Justice du 3 juin au 18 décembre 1932.
Né à Paris, René Renoult était le fils d'un militant républicain, ce qui lui valut d'être mêlé très tôt à la lutte antiboulangiste et le frère de Daniel Renoult, futur maire de Montreuil et communiste éminent.
Après des études particulièrement brillantes puisqu'il fut huit fois lauréat du concours général, docteur en droit, il embrassa la carrière d'avocat en 1888.
Très jeune, René Renoult se tourne vers la politique, devenant en 1889 secrétaire particulier, puis chef de cabinet du président de la Chambre des députés Charles Floquet, en remplacement de Paul Doumer, élu député de l'Yonne. En 1894, il crée, sous le patronage de Ch. Floquet, L. Bourgeois, R. Goblet, C. Pelletan et H. Brisson, le «Comité central d'action républicaine » de la rue Tiquetonne, qui deviendra plus tard le comité exécutif du parti radical socialiste et pour lequel il lance la célèbre formule : « Pas d'ennemis à gauche ! ».
L'un des premiers présidents du jeune parti radical en 1903, René Renoult en sera nommé président d'honneur en 1931. En 1902, il est élu député de la Haute-Saône, dans l'arrondissement de Lure, en battant au premier tour le député sortant : M. de Salignac-Fénelon, grâce à une majorité de 9.491 voix sur 16.610 votants. Il sera régulièrement réélu en 1906 et 1910.
René Renoult va accomplir pendant ces dix-sept années passées au Palais Bourbon une œuvre parlementaire considérable en particulier dans le domaine économique et social. C'est ainsi qu'il participe à l'élaboration des lois sur les retraites ouvrières, qu'il fait voter la loi garantissant un salaire minimum aux ouvrières à domicile du vêtement et surtout qu'il rapporte, au nom de la commission de législation fiscale, le projet d'impôt global et progressif sur le revenu déposé par Joseph Caillaux.
Plusieurs fois vice-président de la Chambre, il jouera un rôle important au sein de la commission de l'armée dont il fut président pendant toute la durée de la Première Guerre mondiale. C'est à ce titre et à celui de ministre des finances, puis des travaux publics, que René Renoult devait participer à l'organisation de la victoire, en étroite collaboration avec le président Clemenceau.
Lors de la séance historique du 11 novembre 1918, il rend hommage aux armées, au président Clemenceau et au maréchal Foch, et surtout « à la République qui a fait le miracle de la victoire ». Son discours sera longuement acclamé par les députés qui décideront à l'unanimité son affichage.
En 1920, René Renoult est élu sénateur du Var, en remplacement de Georges Clemenceau, démissionnaire. Réélu en 1927 et 1935, plusieurs fois vice-président de la Haute Assemblée, il appartiendra successivement aux commissions des finances, de l'armée, des affaires étrangères et de législation civile.
Son activité parlementaire extrêmement fertile, sera interrompue en quatre occasions par ses responsabilités ministérielles. Edouard Herriot et Aristide Briand lui confieront notamment le portefeuille de la Justice en 1924, 1925 et 1932.
Au Sénat, dans le domaine de la politique extérieure, il interviendra en 1921 pour s'opposer au nom de la laïcité, au rétablissement des relations diplomatiques de la France avec le Vatican, craignant qu'une telle mesure ne conduise fatalement à de nouvelles violations de la loi de séparation. René Renoult a également rapporté plusieurs projets de ratification de conventions internationales et n'a cessé, dans les années précédant la Seconde Guerre mondiale, de mettre en garde contre la menace d'une nouvelle agression allemande.
Mais son activité la plus importante se situe dans le domaine du droit auquel le destinaient sa formation et ses préférences.
En tant que garde des Sceaux, il a également déposé trois projets touchant à l'organisation judiciaire.
En 1932 notamment, il déposa un projet sur la capacité civile de la femme mariée que, redevenu sénateur, il rapporta devant la Haute Assemblée et qui est devenu la loi du 18 février 1938. Dans cette discussion, il se révèle soucieux de mettre le droit en concordance avec la place que la femme a su conquérir dans la société moderne, tout en conservant les prérogatives du mari, mais en s'opposant au vote féminin. Eclaboussé en 1934 par l'affaire Stavisky - on reprochait à l'avocat d'avoir en 1934 fait peser l'autorité de l'ancien garde des sceaux dans la conduite d'une transaction, qui n'aboutit d'ailleurs pas, entre Stavisky et certains de ses créanciers escroqués de 7 millions de francs - il fut exclu comme indésirable » du parti radical lors du congrès tenu par celui-ci à Clermont-Ferrand du 11 au 13 mars 1934 et fut même radié momentanément du barreau.
Appelé à se prononcer le 10 juillet 1940 à Vichy sur l'armistice et les pleins pouvoirs demandés par le maréchal Pétain, René Renoult fut l'un des quatre-vingts parlementaires qui refusèrent de voter la délégation.
Toute sa vie politique apparaît ainsi dominée par les principes de l'union nationale, du progrès social et de la défense républicaine.