François Reste de Roca
1879 - 1976
RESTE DE ROCA (Dieudonné, François-Joseph, Marie)
Né le 2 mai 1879 à Pia (Pyrénées-Orientales)
Décédé le 15 mars 1976 à Paris (5ème)
Membre de la première Assemblée nationale constituante (Côte d’Ivoire)
François-Joseph Reste de Roca est né dans une famille de propriétaires terriens dont certains ont occupé de hautes fonctions dans le passé. Ainsi, par son père, Joseph, docteur en droit, il compte, parmi ses ancêtres un général ainsi que deux Capitouls de Toulouse, tandis que sa mère Marie, née Merlue d’Ancourt, retrouve, parmi ses ascendants, un médecin-chirurgien en chef aux armées de Napoléon, et un directeur de la Compagnies des Indes. Il acquiert dans cet environnement le goût des voyages en même temps que le sens du service public.
Après des études secondaires au collège de Narbonne puis au lycée de Marseille, il entre à l’Ecole coloniale, section africaine, en 1898 dont il sort breveté en même temps que licencié ès sciences et licencié en droit de l’Université de Paris en 1900. Il sert d’abord à Madagascar sous les ordres de Gallieni puis comme chef de cabinet du gouverneur général Augagneur qui a succédé à ce dernier. A partir de 1910, il est muté en Afrique équatoriale française (AEF) où il occupe tour à tour diverses fonctions dont la direction des affaires économiques ; il est gouverneur du Tchad en 1922, puis chargé de l’intérim du gouverneur général Antonetti, en 1927-1928. L’année suivante, il devient gouverneur du Dahomey où il mène une politique à la fois économique et culturelle marquée entre autres par l’ouverture, le premier novembre 1930, de la première route terrestre menant de la capitale, Porto-Novo, à Cotonou, le port principal, et par celle du Musée d’Abomey inauguré le 21 décembre suivant. Il est choisi par le ministre des Colonies, Paul Reynaud, pour diriger son cabinet en 1931-1932. Revenu en Afrique occidentale française (AOF) en tant que gouverneur de la Côte d’Ivoire, il propose, en 1933, un plan de mise en valeur économique pour tenter de surmonter la crise. Parmi ses réalisations, il crée la première foire-exposition à Abidjan, le 21 janvier 1934. En 1935, il est nommé gouverneur général de l’AEF où il met sur pied un programme exposé dans son ouvrage Action politique, économique et sociale en AEF, ouvrage publié en 1938. Il y remplit ses fonctions jusqu’à la limite d’âge, le 2 mai 1939, puis rentre en métropole. Pendant la guerre, il participe à la Résistance dans les Pyrénées. Il préside le Comité local de Libération puis devient maire du Perthus.
C’est en tant que gouverneur général honoraire qu’il est élu, par le collège des citoyens, député du territoire de la Côte d’Ivoire à la première Assemblée nationale constituante, sous l’étiquette « radical et radical-socialiste ». Onze candidats étaient en lice. Arrivé en tête au premier tour, devant un autre ancien gouverneur général, Brunot, il remporte le siège au second tour, le 4 novembre 1945, avec 1 821 voix sur 2 802 votants (65%). Dans le même temps, Félix Houphoüet-Boigny est choisi par le collège des non-citoyens.
Pendant son mandat, il est nommé juré à la Haute Cour de justice qui avait pour mission de juger les hommes de Vichy. Il est également membre de la commission des territoires d’Outre-mer au nom de laquelle il dépose, le 25 avril 1946, un rapport sur le projet de loi autorisant la transmission éventuelle par télégramme des énonciations essentielles des actes authentiques entre la France et les colonies, loi qui sera adoptée sans débat le 22 mai 1946. Prenant la parole pendant la discussion d’interpellation sur la situation de la France d’Outre-mer, en avril 1946, il expose un véritable programme d’équipement économique et social pour l’Afrique noire au sein de l’Union française, et il condamne fermement le travail forcé, soutenant de fait la campagne de Félix Houphoüet-Boigny. Cette prise de position, mal accueillie par les colons et coloniaux, lui aliène une partie du collège des citoyens de Côte d’Ivoire, lors des élections à la deuxième Assemblée nationale constituante, en juin 1946. Il arrive pourtant en tête des six candidats au premier tour, mais il est battu au second, avec 35,5% des suffrages, par André Schock, un importateur soutenu par les milieux d’affaires locaux, et affilié au Mouvement républicain populaire (MRP), qui a réuni 1 101 voix sur 2 414 votants, soit 46% des suffrages exprimés. Il n’a pas plus de succès au scrutin de novembre 1946 en Oubangui-Chari-Tchad où il rassemble 1607 voix sur 22 444 suffrages exprimés, loin derrière Bathélémy Boganda qui en rassemble 10 846. Il ne briguera plus aucun mandat parlementaire par la suite.
Il se consacre alors entièrement à faire connaître l’Afrique noire française sur laquelle il a publié nombre d’articles et plusieurs livres dont Le Dahomey. Réalisations et perspectives d’avenir (1934), Terres d’ombre et de lumière (1936), A l’ombre de la grande forêt (1943). Il est élu, le 21 septembre 1951, à l’Académie des sciences d’Outre-mer, au siège d’Albert Lebrun auquel il rend hommage lors de sa réception, le 22 janvier 1954.
Lorsqu’il meurt à l’âge de 96 ans, il est grand-croix de la Légion d’honneur et membre d’honneur du conseil de cet Ordre, commandeur du Mérite agricole, grand-croix de l’Ordre du Bénin, commandeur de l’Ordre du Mérite saharien, et de plusieurs ordres étrangers.