Joseph Rey
1899 - 1990
REY (Auguste, Joseph)
Né le 10 septembre 1899 à Colmar (District de Haute-Alsace, Empire allemand)
Décédé le 26 juillet 1990 à Colmar (Haut-Rhin)
Député du Haut-Rhin de 1956 à 1958
Fils de Joseph Rey, ouvrier de tissage à Colmar, et de Philomène, Marie Kraemer, Joseph Rey épouse le 3 juillet 1926, à Colmar, Louise, Mathilde Iselé, fille de Henri Iselé, employé municipal de la préfecture du Haut-Rhin, et de Louise Mathilde Burgelé. Une fille naîtra de cette union.
Joseph Rey voit le jour dans un foyer modeste et de confession mixte : son père est un protestant luthérien, alors que sa mère est catholique ; c’est dans cette dernière religion qu’il est élevé avec ses deux sœurs. Mobilisé dans l’armée allemande en 1914, son père est tué sur le front de Champagne en 1918.
Après l’école primaire, Joseph Rey devient apprenti-comptable à Colmar. Mobilisé dans l’armée allemande le 8 novembre 1917, il regagne sa ville natale après l’armistice, puis effectue une période dans l’armée française de décembre 1920 à juin 1921. A son retour, il entre en qualité d’employé administratif à l’Elsaesser Kurier (Le Courrier d’Alsace), organe du parti catholique alsacien, l’Union Populaire Républicaine d’Alsace (UPR). En 1925, il est comptable à la savonnerie Thomas à Colmar et en devient gérant en 1927, après le décès de son patron. Politiquement, Joseph Rey est proche de l’aile nationale de l’UPR, puis de l’Action Populaire Nationale d’Alsace (APNA), fondée en novembre 1928 par des dissidents de l’UPR hostiles à l’alliance avec les partis autonomistes. Il se rapproche, cependant, peu à peu du mouvement royaliste et finit par adhérer à l’Action Française à la veille de la deuxième guerre mondiale. Dans le domaine associatif, Joseph Rey, qui avait suivi dans sa jeunesse des cours de musique et était devenu bon violoniste, est directeur de l’harmonie Saint-Martin de Colmar dès 1922.
Lorsque l’armée allemande entre à Colmar le 17 juin 1940, Joseph Rey refuse de collaborer avec l’occupant et se retire de toute activité associative. Viscéralement opposé au nazisme, il entre en résistance au sein d’un réseau créé à Colmar en novembre 1940. Accusé d’avoir aidé des prisonniers français évadés, il est arrêté par la Gestapo le 1er avril 1942. Condamné à la détention par le tribunal allemand de Strasbourg, il est interné successivement au camp de redressement de Schirmeck, à la prison de Kehl et enfin à celle de Fribourg-en-Brisgau. Il s’y lie d’amitié avec des prisonniers politiques allemands, qu’il retrouvera plus tard à des postes de responsabilité dans la vie publique d’Outre-Rhin. Il est libéré le 25 avril 1945 par l’avancée des troupes de la 1ère Armée française.
Nommé membre du Comité départemental de la Libération, Joseph Rey retrouve son poste de gérant de la savonnerie Thomas. Populaire grâce à son rôle de dirigeant de l’harmonie Saint-Martin, il est coopté, le 23 septembre 1945, au sein du Conseil municipal provisoire, par le maire socialiste Edouard Richard. Le même jour, il est élu conseiller général du canton de Colmar Sud, après avoir rejoint les rangs du Mouvement républicain populaire (MRP). Il est premier vice-président du Conseil général du Haut-Rhin de 1953 à 1982, puis renonce à se représenter aux élections cantonales. Le 2 décembre 1958, il échoue d’une seule voix dans l’élection à la présidence du Conseil général. Il siège au Conseil régional d’Alsace de 1973 à 1983. Elu maire de Colmar le 25 octobre 1947, il est régulièrement réélu à ce poste jusqu’à son retrait au profit d’Edmond Gerrer, le 2 décembre 1977. Il est membre du conseil municipal de Colmar jusqu’en 1983. Joseph Rey est candidat au Conseil de la République, puis au Sénat sur une liste MRP en novembre 1948, en septembre 1951 (élection partielle), en mai 1952 et en juin 1958, liste battue par la liste RPF, puis UNR. Joseph Rey est président du MRP du Haut-Rhin, probablement de 1951 à 1966. Il est président de l’Association des maires du Haut-Rhin durant de nombreuses années, ainsi que de l’Association départementale du tourisme du Haut-Rhin.
Joseph Rey est élu député à l’Assemblée nationale le 2 janvier 1956, comme tête de la liste MRP du Haut-Rhin, apparentée à la liste du Centre national des indépendants (CNI) et du Centre national des républicains sociaux, qui recueille 40,7 % des suffrages exprimés. Le 31 janvier, il est nommé membre de la commission de l’éducation nationale et de la commission de l’intérieur. Il siège dans ces deux commissions durant les deux années de son mandat de député. Au cours de ce dernier, il est absent à seize séances (excuses ou congés) et n’intervient dans aucun débat. Son activité parlementaire est cependant caractérisée par le dépôt de quatre rapports et de cinq propositions de loi. Il consacre cette dernière au statut général du personnel des communes et des établissements publics communaux (27 février 1958) et les quatre premiers textes à des thèmes très divers : autorisation des conseils municipaux et établissements publics à aligner les régimes de retraites locaux ou particuliers sur le régime de retraite de la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales (21 février 1957) ; création d’un service départemental d’information sur les « objets trouvés » (28 novembre 1957) ; modification du Code général des impôts en vue de maintenir l’exonération de patente pour les artisans employant un compagnon en remplacement d’un fils effectuant son service militaire (28 novembre 1957) ; extension aux départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de la Moselle de dispositions du Code général des impôts relatifs aux patentes (28 novembre 1957). L’activité parlementaire de Joseph Rey est d’autant plus restreinte que son ancrage municipal est fort. Il peut y relayer des informations de première main et des arguments solides dans les grands débats du moment, et notamment sur la question de l’Algérie. Par ailleurs, il est très actif dans le domaine de la construction de l’Europe. Partisan inconditionnel du rapprochement franco-allemand, il s’investit dans la Communauté économique des régions frontalières européennes, organise des rencontres régulières entre les maires de Colmar et de Fribourg-en-Brisgau, crée et préside la Communauté d’intérêt Moyenne Alsace-Brisgau (CIMAB), ainsi que l’association touristique franco-allemande de la Route Verte.
Aux élections législatives de novembre 1958, il obtient 45 % des suffrages au premier tour, le 23 novembre, contre 35 % à son principal rival, Edmond Borocco (UNR), et 14,6 % à l’ancien maire de Colmar, Edouard Richard (SFIO). Au second tour, après une campagne de l’UNR, soutenue et très médiatique, Edmond Borocco l’emporte avec 50,2 % des voix. Lors des élections législatives de 1967 et 1968, il est suppléant de Jean-Paul Fuchs dans la même circonscription. Maire très populaire de Colmar, Joseph Rey ne semble pas avoir particulièrement souhaité faire une carrière parlementaire. Il se préoccupe avant tout de ses dossiers municipaux et ne s’intègre pas au milieu politique parisien.
Sur le plan municipal, il préside à l’urbanisation de l’ouest colmarien, à la restauration de quartiers historiques du centre ville, à la création de la vaste zone industrielle nord, à la création du port rhénan de Colmar-Neuf-Brisach et de l’aérodrome de Colmar-Houssen. Dans le domaine scolaire, Colmar s’enrichit de douze écoles maternelles, cinq groupes scolaires primaires, deux collèges d’enseignement secondaire, un lycée technique et un institut universitaire de technologie. Par ailleurs, la municipalité réalise cinq stades sportifs, un stade nautique, des crèches, des haltes-garderies, la cité de l’enfance et une résidence pour personnes âgées. Enfin, dans le secteur des sports et des loisirs s’ouvrent l’atelier lyrique de l’Opéra du Rhin, la bibliothèque des jeunes, le centre socio-culturel Europe, ainsi que le parc des expositions où se tient notamment la Foire régionale des vins d’Alsace.
Joseph Rey obtient de très nombreuses décorations et distinctions françaises et étrangères : Croix de guerre 1939-1945, médaille de la Résistance, Officier de la Légion d’honneur, Commandeur de l’Ordre national du Mérite, Chevalier du Mérite agricole, Palmes académiques, Médaille d’honneur départementale et communale en or. Il lui a été décerné les décorations étrangères suivantes: Grand croix de l’Ordre du Mérite de la République fédérale allemande, Chevalier dans l’Ordre du Mérite de la République italienne. Joseph Rey disparaît le 26 juillet 1990, dans sa quatre-vingt-onzième année.