Camille Reymond
1884 - 1967
REYMOND (Camille, Mary, Augustin)
Né le 8 septembre 1884 à Entrepierres (Basses-Alpes)
Décédé le 8 février 1967 à Château-Arnoux (Alpes-de-Haute-Provence)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Basses-Alpes)
Fils d’un instituteur, Camille Reymond est admis à l’Ecole normale d’Avignon. Il débute à Solignac, puis enseigne dans diverses communes du département, avant de finir sa carrière à Marseille en 1940. Très jeune, il milite au sein des amicales d’instituteurs qui devaient donner naissance au syndicalisme enseignant. A la veille de l’unité socialiste de 1905, il fonde, à Volonne, le premier groupe socialiste avec Victor Gérard. Lors de la scission de la SFIO en décembre 1920, il rejoint la SFIC avec toute sa fédération des Basses-Alpes. En 1922, il est élu conseiller général communiste de Volonne, mais revient à « la vieille maison » socialiste en mars 1924. Il entre alors dans l’équipe de Victorin Maurel, et demeure conseiller municipal de Château-Arnoux de 1925 à 1940. Vice-président du conseil d’administration de l’organe socialiste Le Travailleur des Alpes depuis 1926, il est le candidat de la SFIO à trois élections législatives dans la circonscription de Digne, en 1928, 1932 et 1936. Lors de cette dernière échéance, il défend la logique politique du Front populaire et permet au candidat radical-socialiste d’être élu, en se désistant en sa faveur.
Le régime de Vichy l’ayant mis à la retraite, il joue un rôle dans la résistance locale, en relation avec Paul Martin-Bret, au parti socialiste clandestin et à l’Armée secrète. Il est arrêté avec son fils, Guy, par la Gestapo le 3 juin 1944. Alors que ce dernier est déporté, Camille Reymond est libéré en raison de son âge. Président du comité local de libération et de la délégation municipale provisoire de Château-Arnoux-Saint-Auban en 1944, il est régulièrement élu maire de cette ville à partir d’avril 1945, et ne démissionne qu’en décembre 1965, pour raison de santé. En septembre 1945, il retrouve également son siège de conseiller général, qu’il occupe jusqu’en 1954, et préside régulièrement la commission des finances.
En octobre 1945, il est élu député SFIO à la première Assemblée nationale constituante avec 17 221 voix, soit 41,3 % des suffrages exprimés, en devançant largement le député communiste, Pierre Girardot. Il est nommé membre de la commission des affaires économiques, des douanes et des conventions commerciales, et intervient en faveur de la reconstruction de la vallée de l’Ubaye et de la région de Barcelonnette. Il vote en faveur des nationalisations de la Banque de France (décembre 1945), du gaz et de l’électricité (mars 1946) et de certaines sociétés d’assurance (avril 1946) avec le reste du groupe socialiste. Et le 11 avril 1946, il approuve le projet de Constitution.
Il est réélu, en juin 1946, à la seconde Assemblée nationale constituante, avec 14 972 voix, soit 35 % des suffrages exprimés, mais l’écart avec son concurrent communiste se resserre. Il devient membre de la commission du ravitaillement, le 26 juin 1946. Il est également désigné comme juré à la Haute Cour de justice, le 4 juillet de la même année. Il ne dépose alors qu’une proposition de loi, le 23 juillet 1946, tendant à simplifier et à accélérer la procédure relative aux opérations immobilières poursuivies par les collectivités publiques. Il n’intervient pas en séance.
Il accorde l’investiture à Georges Bidault (19 juin 1946) et approuve la Constitution (28 septembre 1946). Mais lors des législatives de novembre 1946, avec 12 928 voix, soit 31,7 % des suffrages exprimés seulement, il est devancé non seulement par le communiste Pierre Girardot, mais aussi par le démocrate-chrétien Philippe Farine (MRP) : il n’est pas réélu.
Parallèlement, sa position au sein de la fédération socialiste s’est affaiblie. Il est remplacé au secrétariat fédéral dès septembre 1945 par Delorme, qui lui conteste la tête de liste aux élections de juin et de novembre 1946. Candidat à l’investiture pour les élections au Conseil de la République en 1948, il est écarté par la fédération au profit d’Emile Aubert. Dès lors, il s’éloigne du parti socialiste et se consacre surtout au développement de Château-Arnoux, en particulier avec la construction d’un grand lycée, et à la vie politique locale. Après la crise de mai 1958, il rejoint le parti socialiste automne (PSA), né de la scission avec la SFIO en septembre. Il est élu à sa délégation permanente lors de son congrès à Montrouge en mai 1959. Puis il adhère au parti socialiste unifié (PSU) en 1960, où il milite jusqu’en 1962. Un mois après la disparition de sa femme, qui l’avait accompagné dans tous ses combats, il décède, le 8 février 1967, à quatre-vingt trois ans, laissant l’image d’une grande figure locale.
Camille Reymond était chevalier de la Légion d’honneur.