Victor, Alexis Reymonenq
1858 - 1933
Né le 6 octobre 1858 à La Roquebrussanne (Var), mort le 3 mars 1933 à Toulon (Var).
Sénateur du Var de 1909 à 1919.
Député du Var de 1919 à 1924.
Victor Reymonenq fidèle à son ascendance paysanne invoquera avec fierté tout au long de sa carrière sa qualité de cultivateur alors même que son passage dans les « cols bleus » l'aura depuis longtemps conduit à travailler comme ouvrier à l'arsenal de Toulon. Et si, bien noté de l'administration, il accède aux responsabilités, c'est grâce à une éloquence de tribun populaire, servie par une prodigieuse mémoire qui l'impose à ses camarades comme à ses concitoyens.
C'est ainsi que le décès survenu en avril 1902 de Denormandie, sénateur inamovible, accordant au département du Var le troisième siège que lui octroyait la réforme de 1884, donne à Victor Reymonenq l'occasion d'affirmer son influence. C'est le temps où la loi sur les associations est votée : le général Mercier, l'homme de l'état-major, vient d'être élu -sénateur de la Loire-Inférieure avec tous les suffrages de la droite ; les républicains du Var entendent profiter de la vacance ouverte pour donner la réplique. Sur la proposition de Victor Reymonenq, ils demandent à Georges Clemenceau, anti-dreyfusard notoire, d'être leur candidat. Dès le premier tour de scrutin, celui-ci est élu sénateur !... Désormais, ombre de Clemenceau dont il est le représentant sur le plan local, Victor Reymonenq, tout en demeurant d'esprit et de cœur, quand ce n'est de fait, un fils de la terre devenu ouvrier à l'arsenal, accède à l'escalade des mandats électifs.
Colistier de Clemenceau, il entre, avec une liste radicale socialiste, au Conseil municipal de Toulon avant de briguer avec succès les suffrages de La Roque brussanne natale qui le portent au fauteuil de maire, puis de 1907 à 1913, sur l'élan, au Conseil général du Var. Préfigurant la tendance future du département, ce dernier lui sera infidèle en 1913 lui préférant le candidat de la S.F.I.O. Mais c'est au renouvellement triennal de la Haute Assemblée en date du 3 janvier 1909 que la carrière politique de Reymonenq prend sa dimension nationale. Georges Clemenceau qui se sépare des deux autres sortants Sigallas et Méric cependant inscrits au même groupe que lui, recueille pour sa part 390 voix sur 485 votants, entraînant dans son succès les deux colistiers qu'il s'est choisis : Louis Martin qui obtient 370 suffrages et Victor Reymonenq, 320.
Inscrit au groupe de la gauche démocratique radicale et radicale socialiste, ce dernier participe activement et d'emblée aux débats, dès lors que le sujet touche les problèmes de la condition ouvrière qu'il connaît d'expérience.
Le gouverneur général Abel qui conduit aux élections législatives du 16 novembre 1919 la liste du bloc républicain varois, laquelle groupe socialistes, radicaux et indépendants, face aux candidats du parti socialiste unifié, offre à Victor Reymonenq de figurer au nombre des candidats députés.
Tous les candidats de la liste étant élus, Reymonenq recueillant pour sa part 24.195 voix sur 46.598 suffrages exprimés, ira grossir les rangs du « Bloc national » au sein de la petite formation du groupe d'action républicaine et sociale qui apporte ses 46 voix à la majorité de 319 voix que constitue l'ensemble des formations adhérentes.
Reste que l'étoile politique de son maître Georges Clemenceau pâlissant, la participation aux discussions de Victor Reymonenq est moins fréquente au Palais Bourbon qu'au Sénat. Non point que le personnage ait perdu du pittoresque ou de la truculence, ni qu'il devienne infidèle à ses préoccupations. Sa remarquable intervention à la Chambre le 8 juillet 1922 à l'occasion d'une interpellation sur la fermeture d'ateliers dans les arsenaux en est un bel exemple qui soulève les applaudissements de la plupart de ses collègues émus et amusés, par une faconde où le pathétique le dispute à la musique de l'accent, et aux sonorités de la poésie provençale dont il n'hésite pas à faire citation à l'appui de sa péroraison.
Il renonce à demander la reconduction de son mandat en 1924. Ses ex-colistiers qui se présentent sur une liste d'union républicaine et socialiste sont étrillés par la liste de « coalition rouge » du parti socialiste. Il s'éteindra à Toulon le 3 mars 1933.