Arthur Richards

1890 - 1972

Informations générales
  • Né le 19 juin 1890 à Pointe-à-pitre (Guadeloupe - France)
  • Décédé le 2 décembre 1972 à Bordeaux (Gironde - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Gironde
Groupe
Union pour la nouvelle République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Gironde
Groupe
Union pour la nouvelle République-UDT

Biographies

Biographie de la Ve République

RICHARDS (Arthur, Fortuné)
Né le 19 juin 1890 à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe)
Décédé le 4 décembre 1972 à Bordeaux (Gironde)

Député de la Gironde de 1958 à 1967

Arthur Richards est un de ces hommes qui participent, en Gironde, au lancement et à l’installation du gaullisme politique, du RPF à l’UNR, aux côtés de Jacques Chaban-Delmas ce qui lui permet d’être élu député au début de la Ve République – 1958 et 1962 – avant de se voir retirer l’investiture en 1967 et d’échouer en se présentant face aux électeurs « sans étiquette ».
Né le 19 juin 1890 à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) de parents commerçants, Arthur, Fortuné Richards, titulaire du seul certificat d’études primaires, s’engage très jeune, en 1910, dans l’armée et sa première affectation l’amène en Gironde, au 57ème régiment d’infanterie de Libourne. C’est sa carrière militaire qui dure pendant quinze ans, dont quatre durant la première guerre mondiale où il se bat au Sénégal et en Syrie, qui font de lui « le commandant Richards » comme tous les électeurs le désignent quand il entre au Parlement, fort de ses décorations : croix de guerre 1914-1918, croix de guerre des TOE et chevalier – puis officier – de la Légion d’honneur. L’armée lui permet de poursuivre ses études et il passe la première partie du baccalauréat pendant la première guerre mondiale. C’est à Dakar qu’il se marie, en 1920, avec Marie Gombeau dont il a une fille.
Après l’armée, Richards a commencé, à la fin des années 1920, un autre parcours professionnel, dans l’industrie automobile, comme chef comptable chez Citroën jusqu’en 1938, puis chef du personnel chez Dassault et enfin, dans une usine bordelaise de savons jusqu’en 1958.
Son engagement gaulliste s’inscrit dans la continuité de son action dans la Résistance où en tant qu’officier FFI, à la tête du réseau « Richards », il participe à la libération de la poche du Médoc. Il commence sa carrière politique au MRP puis rejoint, dès sa fondation en 1947, le RPF. Il figure sur la liste conduite par le jeune « général Chaban-Delmas » aux élections municipales d’octobre 1947 à Bordeaux. Il reste conseiller municipal jusqu’en 1959 et consolide son assise politique en se faisant élire conseiller général du 1er canton de Bordeaux en octobre 1951, puis en avril 1958. Il est secrétaire du conseil général de la Gironde entre 1955 et 1958. Fort logiquement, ce sont sa fidélité gaulliste et son ancrage dans la vie politique bordelaise locale qui expliquent que le commandant Richards figure sur la liste des républicains sociaux pour les élections législatives du 2 janvier 1956. Mais mal placé, il n’est pas élu dans ces élections difficiles où le gaullisme n’obtient que deux sièges sur dix en Gironde (Jacques Chaban-Delmas, Emile Liquard) au lieu de cinq en 1951. Avec le retour du Général au pouvoir, Richards devient le porte-drapeau de l’UNR dans la première circonscription de la Gironde, celle de Bordeaux nord, lors des premières élections législatives de la Vème République en novembre 1958. Le candidat rappelle dans sa profession de foi : « Depuis douze ans, nous avons combattu le “système” ». Il se présente comme « un homme fidèle dans son attachement au général de Gaulle » qui, « au sein des administrations municipale et départementale », a « accompli avec scrupule la mission que vous m’avez confiée ».
Malgré la concurrence de huit autres candidats, allant du PCF au député poujadiste sortant – Reoyo -, Arthur Richards, avec pour suppléant un notable politique local bien installé depuis la Libération, l’avocat Raymond Moynet, lui-même conseiller général et adjoint au maire de Bordeaux, arrive assez nettement en tête au premier tour avec 12594 voix devant le candidat du CNI, Paul Estèbe, ancien proche du maire de Bordeaux Adrien Marquet, ancien député (1951-1956) qui recueille 10351 voix et le candidat SFIO, André Treuillé (8439 voix). Le maintien de quatre candidats au second tour – aux précédents s’ajoute le communiste Jean Basile – Richards l’emporte largement (26 388 voix soit plus du double de celles d’Estèbe) le 30 novembre. Quatre ans plus tard, dans la même circonscription, la situation politique s’est éclaircie et Richards n’a plus que trois adversaires au premier tour, trois des candidats de 1958 (Basile pour le PCF, Treuillé pour la SFIO et Estèbe pour le CNI). Il a pour suppléant une figure politique locale du gaullisme depuis l’époque du RPF, William Lacoste, adjoint de Jacques Chaban-Delmas à la mairie de Bordeaux et conseiller général du 2ème canton de Bordeaux. Si le nombre d’électeurs inscrits s’est accru (76 416), celui des votants baisse (49549 au lieu de 57078) et le député sortant double presque son score du premier tour de 1958 (22 208) alors que celui de ses adversaires se maintient. Au second tour, Richards doit encore affronter Estèbe, arrivé en deuxième position le 18 novembre (10 567) et Treuillé (8 666). Il appelle les électeurs à « voter national ». Au soir du 25 novembre, il l’emporte aisément (25 286 voix) devant Estèbe (14 445 voix) et Treuillé (8 559 voix) sans toutefois retrouver son capital de voix de 1958.
Au Palais-Bourbon, Richards, inscrit au groupe UNR (1958-1962) puis UNR-UDT (1962-1967) appartient à ces députés gaullistes si discrets et si disciplinés qu’ils ont suscité l’appellation de « godillots ». Il siège durant la première législature dans deux commissions seulement, celle « spéciale chargée de vérifier et d’apurer les comptes de l’Assemblée nationale » et celle de la défense nationale et des forces armées, sans doute en raison de son passé militaire. Il n’intervient qu’une fois à la tribune, en novembre 1959, lors de la discussion budgétaire pour défendre les chantiers de constructions navales de la Gironde. Durant la seconde législature, il siège dans les mêmes commissions. Il est élu représentant suppléant de la France à l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe (décembre 1962) et secrétaire de l’Assemblée nationale (1965) mais ne prend jamais la parole à la tribune. Durant toute la durée de son mandat, Arthur Richards a toujours voté en conformité avec la majorité du groupe gaulliste.
Malgré cette fidélité absolue, Richards se voit refuser l’investiture en 1967, certainement d’abord pour des raisons d’âge – il a 77 ans –, ensuite par usure politique – il est battu aux cantonales de 1964 – et enfin parce que Jacques Chaban-Delmas, « patron » des gaullistes girondins a pour souci de récompenser d’autres fidèles et de donner leurs chances à des plus jeunes. C’est alors, Jean Valleix, un très proche collaborateur du maire de Bordeaux, président de l’Assemblée nationale, depuis le milieu des années 1950 et âgé de trente-neuf ans, qui est choisi pour incarner l’UNR-UDT dans la première circonscription de la Gironde où il est élu. Arthur Richards vit douloureusement sa mise à l’écart. Il refuse de s’effacer devant le candidat « imposé par M.Chaban-Delmas » et maintient en vain une candidature « sans étiquette ».
Parallèlement à ses fonctions de député, Richards a continué à siéger au conseil général jusqu’en 1964 et dans un conseil municipal, entre 1959 et 1965, dans la petite commune du Pian-Médoc, au nord ouest de Bordeaux. Retiré de toute activité politique, Arthur Richards meurt à Bordeaux le 4 décembre 1972.