Germain Rincent

1899 - 1986

Informations générales
  • Né le 30 octobre 1899 à Saint-phal (Aube - France)
  • Décédé le 22 novembre 1986 à Jargeau (Loiret - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Aube
Groupe
Socialiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Aube
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Aube
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Aube
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Aube
Groupe
Socialiste

Biographies

Biographie de la IVe République

RINCENT (Germain, Désiré)
Né le 30 octobre 1899 à Saint-Phal (Aube)
Décédé le 22 novembre 1986 à Jargeau (Loiret)

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Aube)
Député de l’Aube de 1946 à 1958

Germain Rincent est petit-fils de cultivateurs et fils d’un instituteur laïque et radical-socialiste. Son grand-père a été maire de Barcenay-en-Othe et son père lui a succédé. Boursier à l’école primaire supérieure de Bar-sur-Seine, il est admis en 1915 à l’école normale de Chaumont (Haute-Marne) et, titulaire du brevet supérieur, débute sa carrière d’instituteur à Latrecey. Engagé volontaire en 1916, il fait partie des troupes qui occupent la Rhénanie. Rendu à la vie civile, il enseigne dans les écoles de Saint-Dizier (Haute-Marne), puis de Pont-Sainte-Marie (Aube) et de Troyes (Aube). Par la suite, il est nommé conseiller départemental de l’enseignement primaire.
En 1923, il adhère au parti socialiste SFIO à Saint-Dizier, devient secrétaire adjoint de la fédération de la Haute-Marne, puis est élu à la commission exécutive de l’Aube. Après le 6 février 1934, il se montre partisan de l’unité d’action avec le parti communiste et hostile aux désistements en faveur des radicaux. En 1936, il est élu secrétaire fédéral adjoint, puis secrétaire fédéral en 1938.
Parallèlement, Germain Rincent milite activement au sein des organisations laïques et du syndicalisme enseignant. Il est l’un des dirigeants de l’Union laïque et sportive de Pont-Sainte-Marie depuis 1935, secrétaire du Syndicat national des instituteurs (SNI) de la Haute-Marne, puis secrétaire adjoint de ce même syndicat dans l’Aube. Depuis la réunification de la CGT en décembre 1935, il est membre de l’Union départementale (UD)-CGT et le demeure jusqu’à la guerre.
Partisan d’une politique de fermeté face à Hitler, il démissionne de sa charge de conseiller départemental de l’enseignement primaire par opposition aux accords de Munich, en septembre 1938. Il désapprouve le pacte germano-soviétique d’août 1939 et, après sa démobilisation, rejoint la résistance. Il participe aux activités de propagande de son camarade Pierre Brossolette dans l’Aube, loge un émetteur clandestin et héberge des aviateurs alliés. Il reconstitue le parti socialiste clandestin dans la Marne, la Haute-Marne et l’Aube et, en 1943, Libération Nord lui confie l’organisation du mouvement dans son département natal. Traqué par la Gestapo, il entre dans la clandestinité en novembre 1943. Il est nommé secrétaire du Comité départemental de Libération en décembre et représente la Champagne au Conseil national de la Renaissance française. Ses activités lui valent la croix de guerre avec palmes, la médaille de la Résistance avec rosette et la Légion d’honneur au titre de la résistance militaire.
Membre de la délégation municipale provisoire de Troyes en 1944, il est élu conseiller municipal en avril 1945. Il est premier adjoint au maire jusqu’en 1947. Redevenu simple conseiller municipal, il est réélu en 1953. Il administre également les Hospices de Troyes, de 1946 à 1952.
Secrétaire fédéral du parti socialiste, il mène une liste en octobre 1945 : il est le seul à être élu à l’Assemblée nationale constituante, avec 29,5 % des suffrages exprimés. Ses concurrents sont deux députés du Parti républicain de la liberté (PRL) et un communiste. Il est alors désigné à la commission de l’éducation nationale et des beaux arts, de la jeunesse, des sports et des loisirs. S’il n’intervient pas en séance publique, lors de ce premier mandat, il présente néanmoins un avis au nom de sa commission d’appartenance visant à instituer le prêt d’installation à long terme et sans intérêt, pour les jeunes ménages paysans prenant l’engagement d’exploiter (19 mars 1946). Il vote en faveur des nationalisations de la Banque de France (décembre 1945), du gaz et de l’électricité (mars 1946) et de certaines sociétés d’assurance (avril 1946).
En juin 1946, il est réélu, bien que sa liste ne remporte plus que 22 % des suffrages exprimés. Il retrouve la commission de l’éducation nationale et des beaux-arts, de la jeunesse, des sports et des loisirs. Il siège également à la commission de l’équipement national et de la production (travaux publics, mines, forces motrices). Il ne dépose aucun texte, sous la deuxième Constituante, mais intervient à deux reprises en séance publique, notamment à l’occasion de la discussion du projet et des propositions de loi sur les dommages de guerre. Il défend un amendement à l’article 31 du texte présenté, tendant à soumettre les mutations entre vifs à l’autorisation du tribunal civil, le 4 octobre 1946. Il accorde l’investiture à Georges Bidault (19 juin 1946) et approuve la Constitution de la Quatrième République, le 28 septembre 1946.
En novembre 1946, sa liste SFIO perd encore des voix, avec 20,4 % des suffrages exprimés seulement. Germain Rincent est néanmoins réélu, retrouve la commission de l’éducation nationale, qu’il ne quittera plus, à l’exception de la session 1949-1950, jusqu’en 1958, et rapporte en son nom auprès de la commission des finances. Il siège également à la commission de la production industrielle (1946-1947), à celle des moyens de communication (1948-1949), à celle du ravitaillement (1949-1950), à celle de l’agriculture (1949-1951). Enfin, il siège à la commission des immunités parlementaires, de 1949 à 1950. Le 27 décembre 1946, il est désigné pour les fonctions de juré à la Haute Cour de justice. Le 11 janvier 1951, il est élu secrétaire de l’Assemblée nationale. Son activité législative est importante : il dépose trois propositions de loi, quatre propositions de résolution, cinq rapports et deux avis. Ses initiatives parlementaires ont trait, la plupart du temps, au statut des enseignants - en particulier des écoles normales (23 mai 1947) - et des employés des télécommunications (22 avril et 1er juillet 1948), ainsi qu’en faveur de nouvelles bourses aux élèves de cours complémentaires (20 octobre 1950). Ses préoccupations premières semblent se porter sur l’école et son organisation : il s’intéresse au traitement du professeur certifié (16 juin 1949), à la gratuité intégrale des fournitures scolaires individuelles dans les établissements publics d’enseignement (22 décembre 1950) et à la valorisation de l’indemnité dite de « frais de bureau » des inspecteurs de l’enseignement primaire (6 février 1951).
Il intervient souvent à la tribune, puisqu’il prend la parole à trente-trois reprises, de 1946 à 1951. D’une part, il cherche à obtenir une augmentation des crédits d’équipement pour les mouvements de jeunesse et d’éducation populaire, les œuvres post-scolaires et les maisons de la culture, et en faveur de l’enseignement agricole (5 avril 1949); d’autre part, il se bat en faveur d’un fonds national de solidarité viticole et de son extension à toute l’agriculture (4 août 1950). Ses prises d’initiatives sont remarquées à l’occasion de la discussion du projet de loi relatif à la titularisation des instituteurs et institutrices intérimaires, du 28 janvier au 9 mars 1949. Il défend alors deux amendements dont celui qui vise à laisser aux instituteurs le choix du département. Son action est remarquée dans trois autres discussions : celle du projet de loi portant amnistie relative aux faits de collaboration – il propose un amendement tendant à spécifier que l’amnistie n’entraîne pas de réintégration dans les emplois et fonctions publiques, le 28 novembre 1950 - ; celle du projet de loi relatif à l’allocation vieillesse des personnes non salariées, le 6 décembre 1950 ; celle, enfin, d’une proposition de loi relative au statut du métayage – il dépose deux amendements, le 26 janvier et le 6 avril 1951-.
Le 4 décembre 1946, alors que son groupe parlementaire a décidé d’accorder l’investiture au communiste Maurice Thorez, il est absent, mais se montre discipliné le lendemain, en l’accordant au MRP Georges Bidault. Il soutient le gouvernement socialiste de Léon Blum, investi le 12 décembre 1946. Il vote le départ des ministres communistes du gouvernement Ramadier (4 mai 1947), le statut de l’Algérie (août 1947), refuse un statut particulier aux écoles privées des houillères nationalisées (mai 1948), approuve la création du Conseil de l’Europe (juillet 1949) et ratifie le Pacte de l’Atlantique (juillet 1949) avec les autres socialistes. En 1950, il est représentant suppléant à l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe.
Aux élections de juin 1951, sa profession de foi est clairement anticommuniste et antigaulliste. Il obtient 14,9 % des suffrages exprimés, soit près de dix mille voix de moins qu’en 1946. Il est toutefois élu. Il retrouve sa charge de secrétaire de l’Assemblée, le 11 juillet, ainsi que les commissions de l’éducation nationale (1951-1956) et de l’agriculture (1951-1952 ; 1954-1955). Il est désigné, par cette dernière commission, pour représenter l’Assemblée nationale au sein de la commission consultative des assurances sociales agricoles, le 22 août 1951. Durant cette législature, il dépose deux propositions de loi, une proposition de résolution et deux rapports. A leur presque unanimité, ils concernent la question de l’école : titularisation par promotion des élèves des écoles normales d’instituteurs (11 décembre 1951) ; préservation de la situation matérielle et morale des élèves-maîtres des écoles normales du premier degré (7 février 1952) ; traitement indiciaire des élèves maîtres et des élèves maîtresses en stage de formation professionnelle (15 octobre 1953) ; organisation de l’enseignement du premier degré agricole post-scolaire (19 janvier 1954).
De nouveau, il intervient à plusieurs reprises – vingt-neuf fois-, notamment en faveur de l’enseignement agricole et du maintien des exploitations familiales. Au total, il dépose trente-cinq amendements et deux contre-projets. Ces initiatives parlementaires interviennent la plupart du temps lors des discussions budgétaires des ministères de l’éducation nationale et de l’agriculture. Laïc convaincu, il s’oppose à la loi Marie-Barangé favorable à l’enseignement privé et exprime le désaccord des socialistes à la tribune (septembre 1951). Avec l’ensemble de son groupe, il approuve la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier – la CECA - (décembre 1951), de même qu’il investit Mendès France (17 juin 1954). Alors que le projet d’une Communauté européenne de défense (CED) déchire son parti, Germain Rincent, en accord Guy Mollet, approuve la ratification du traité, qui est néanmoins rejetée (31 août 1954). En 1955, il se présente au Conseil de la République, mais connaît l’échec.
En janvier 1956, aux élections législatives, il améliore son score de 3 732 voix et obtient 16,3 % des suffrages exprimés. Toujours membre des commissions de l’éducation nationale (1956-1957) et de l’agriculture (1956-1958), il devient vice-président de cette dernière, en février 1956. Il conserve cette fonction jusqu’en 1958. Il dépose deux propositions de loi, une proposition de résolution, cosigne quatre rapports et un rapport d’information. Ces textes visent à l’application du salaire minimum national interprofessionnel garanti à l’agriculture, dans les mêmes conditions que les professions industrielles et commerciales (26 juillet). Le 30 octobre de la même année, le député socialiste de l’Aube est rapporteur d’une proposition de loi qui reprend cette idée. Il doit l’obtention du rapport sur la question à son expérience de rapporteur pour avis du projet de loi modifiant le régime des congés payés (23 février 1956), du projet de loi relatif à la réduction des taux d’abattement servant au calcul des prestations familiales (6 mars 1956). Il a été aussi rapporteur de la proposition de loi portant création d’attachés agricoles, le 23 mars 1956. Parmi ses quatorze interventions en séance publique, il souhaite défendre les petits producteurs de lait ou de blé. Il montre le danger présenté par l’indexation du prix du lait sur les prix de revient industriels, insiste sur la nécessité d’accorder une garantie aux petits producteurs de lait et en soutient la fixation des prix (30 octobre 1956). Il investit le gouvernement socialiste de Guy Mollet en février 1956 et soutient sa politique en Algérie, en lui accordant les pouvoirs spéciaux avec la majorité de son groupe (mars 1956). Il renouvelle d’ailleurs ceux-ci aux gouvernements Bourgès-Maunoury (juillet 1957) et Félix Gaillard (novembre 1957). Il ratifie le traité de Rome instaurant la Communauté économique européenne (CEE) et l’Euratom (juillet 1957). Lors de la crise du 13 mai 1958, il soutient le gouvernement de Pierre Pflimlin avec l’ensemble du groupe socialiste. Puis il refuse, avec quarante-six autres socialistes, d’investir le général de Gaulle, le 1er juin, et de lui accorder les pleins pouvoirs, le lendemain. Lors des premières élections législatives de la Cinquième République, en novembre 1958, il est battu dans l’Aube et se retire de la scène politique nationale. Il disparaît le 22 novembre 1986, à l’âge de 87 ans.