Alphonse, Jean, Marie Rio
1873 - 1949
Né le 28 octobre 1873 à Carnac (Morbihan).
Député du Morbihan de 1919 à 1924.
Sénateur du Morbihan de 1924 à 1941.
Sous-secrétaire d'Etat aux Ports à la Marine marchande et aux Pêches du 16 janvier 1921 au 26 mars 1924.
Sous-secrétaire d'Etat à la Marine du 2 mars au 13 décembre 1930.
Ministre de la Marine marchande du 13 septembre 1939 au 16 juin 1940.
Alphonse Rio est né à Carnac, dans une vieille famille bretonne, famille de marins aussi : son père, Jean-Marie Rio, était capitaine au long cours, son grand-père avait couru les mers et c'est lui qui le poussa à entrer dans la carrière. Alphonse Rio avait à peine 15 ans quand il embarqua comme mousse sur son premier voilier. Novice, puis matelot, il poursuit seul ses études pour devenir capitaine au long cours et il a tout juste l'âge légal (24 ans) quand il reçoit, en 1898, son premier commandement. Pendant dix ans, il parcourt les océans à bord de trois-mâts ou de quatre-mâts, avec lesquels il sera un des derniers à doubler le cap Horn à la voile.
Nommé en 1909 inspecteur de la navigation, il sert à Saint-Nazaire puis à Nantes, s'initiant ainsi à l'administration navale. En 1914, quoique dégagé de toute obligation militaire, il demande à faire la guerre. Il la fait d'abord au commandement du patrouilleur Le Courageux qui fut son premier vapeur et avec lequel il opéra contre les sous-marins ennemis en Méditerranée. Puis, envoyé à l'armée d'Orient, il prit part à l'organisation du port de Salonique. Fin 1916, nommé chef du pilotage de la Loire, il prend une part active à l'organisation des convois et au débarquement des Américains.
En 1917, il fait partie de la mission Tardieu aux Etats-Unis et il collabore jusqu'à la fin de la guerre à la direction de la flotte.
Ses services devaient lui valoir la croix de chevalier de la Légion d'honneur le 15 juillet 1919.
Rio, qui était conseiller municipal de Quiberon depuis le 22 mars 1914, en fut élu maire le 10 décembre 1919. Cette même année, sollicité par Nail, député sortant et ministre de la Justice, d'entrer sur une liste d'union républicaine qui se présentait aux élections législatives contre une liste d'union des républicains indépendants et des conservateurs et contre une liste socialiste, il est élu député du Morbihan le 16 novembre 1919, à l'âge de 46 ans. Sa liste a cinq élus sur huit ; il en est le quatrième avec 50.121 voix (sur 105.322 suffrages exprimés et 153.950 inscrits), bien qu'il n'ait été présenté qu'en septième position.
Mais Rio abandonnera la Chambre avant la fin de son mandat pour le Sénat. Au scrutin du 6 janvier 1924, il obtient 515 voix sur 1.019 votants et est élu au premier tour derrière son colistier de la liste républicaine, Brard, 522 voix ; la fédération républicaine aura aussi deux élus, mais au troisième tour. Au renouvellement de 1933 - qui a lieu le 16 octobre 1932 - les républicains emportent les quatre sièges, deux au premier tour, deux au second. Rio est alors réélu en tête au premier tour avec 576 voix sur 1.034 votants, devant Brard (542).
Les débuts de Rio à la tribune de la Chambre des députés furent brillants. C'était le 18 mars 1920, on interpellait le gouvernement sur le naufrage de l'Afrique : bondissant à la tribune, Rio montra avec ardeur et autorité que la catastrophe n'était due ni à la négligence des constructeurs ni à la défaillance de l'équipage. Ayant convaincu l'assemblée, il fait adopter le 19 un ordre du jour favorable au gouvernement par 500 voix contre zéro. Il est désormais connu et Millerand, président du Conseil, le désigne en juin 1920 comme délégué de la France à la Conférence internationale de Gênes sur le travail maritime.
Au Palais Bourbon, il dépose ou rapporte plusieurs textes intéressant la marine et c'est dans la discussion du budget de la Marine qu'il intervient à plusieurs reprises en 1920. Aussi, ne s'étonne-t-on pas de le voir sous-secrétaire d'Etat aux Ports, à la Marine marchande et aux Pêches dans le 7e cabinet Briand, du 17 janvier 1921 au 12 janvier 1922. Comme il restera à ce poste sous le même ministre des Travaux publics, Le Trocquer, dans le 2e cabinet Poincaré (15 janvier 1922 - 26 mars 1924) il aura été à la tête de la Marine marchande pendant plus de trois ans sans discontinuer.
Il eut d'abord à régler le sort de tous ces navires de la flotte d'Etat que le retour à la paix avait rendu inutiles. Il y fallut quelque énergie mais il sut faire accepter le désarmement rapide d'environ 200 navires. Dès juillet 1921, la situation était à peu près assainie sur ce point.
Dans le même temps, il fallait créer : Rio développa les lignes dites « impériales » .qui assuraient la liaison entre la métropole et ses colonies et il accrut grandement l'outillage maritime. On lui doit aussi, entre autres, le décret du 5 septembre 1922 améliorant les conditions du travail dans la marine marchande.
Au palais du Luxembourg, où il revint siéger comme simple sénateur après la chute du cabinet Poincaré, Rio, membre de la gauche démocratique, entre immédiatement à la commission de la marine, où il restera durant toute sa carrière parlementaire et dont il sera président à partir de 1931.
Dès 1925, Rio entre également à la commission des finances ; sauf en 1927, il y siégera jusqu'en 1929 et sera rapporteur spécial du budget de la Marine marchande. Il entre enfin à la commission de l'air en 1929 et y restera jusqu'à la guerre.
Rio fut appelé au gouvernement comme sous-secrétaire d'Etat à la Marine (militaire) par Tardieu lorsque celui-ci constitua, le 2 mars 1930, son 2e cabinet, Dumesnil étant ministre de la Marine. Il y restera jusqu'au 4 décembre, date de la démission du ministère. C'est au cours de ces neuf mois qu'il réussit à annihiler les manœuvres tendant au démantèlement du port militaire de Lorient. Cette ville lui doit donc beaucoup puisque c'est aussi Rio qui, sous-secrétaire d'Etat à la Marine marchande, avait triomphé de ceux qui déniaient à Lorient le droit d'avoir un grand port de pêche.
Président de la commission de la marine du Sénat, Rio fut, en février 1932, porté, à l'unanimité, à la présidence de la Ligue maritime et coloniale. Le même mois paraissait dans la Revue des Vivants un important article sur « les difficultés navales » où Rio, constatant que « la France ne peut pas vivre, encore moins combattre sans le libre usage de la mer », demandait que le gouvernement ne fit aucune concession nouvelle à la Conférence générale de limitation et de réduction des armements, ayant « déjà et par avance réduit la flotte au minimum compatible avec les besoins les plus stricts de la défense nationale ».
Sa compétence fit d'ailleurs désigner Rio comme représentant de la France à cette conférence de Genève (juin 1932). Il avait déjà été appelé à la précédente conférence de limitation des armements (Londres, décembre 1929) comme conseiller technique de la délégation française. Après avoir participé, en 1920, à la conférence de Gênes sur le travail maritime, il prit part, en juin 1929, à la conférence de Londres sur les conditions que doivent remplir les navires pour assurer la sauvegarde de la vie humaine en mer.
Mais, cet intérêt que Rio portait aux gens et aux choses de la mer, ne l'empêchait pas de se consacrer aussi aux gens et choses de la terre. En 1930, au concours d'agriculture du Morbihan, il fit à Pontivy un discours approfondi sur les questions agricoles qui étonna tous ceux qui ne voyaient en lui qu'un marin. Au Sénat, il suivait les travaux des groupes agricole, viticole, cidricole, de défense paysanne, de l'élevage et de l'électrification des campagnes.
Devant la montée des périls, il fit preuve d'une grande inquiétude. Il voulait que nous demeurions « forts par les armes » et il réclama à plusieurs reprises un « gouvernement d'union ».
Rio, qui avait encore ajouté à ses titres ceux de président de l'Association des grands ports français, de membre de l'Académie de marine (section navigation) et de délégué au conseil d'administration de la Caisse autonome de la défense nationale, fut appelé par Daladier dans son 3e cabinet pour remplacer comme ministre de la Marine marchande Louis de Chappedelaine, démissionnaire avec Georges Bonnet, Champetier de Ribes et Jean Zay. Il revint aussi à la marine mais cette fois en tant que ministre, le 13 septembre 1939 ; Il y resta dans le cabinet Paul Reynaud (21 mars - 16 juin 1940) et fut donc encore au pouvoir un peu plus de neuf mois.
Le 10 juillet 1940 il votait les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.
RIO (Alphonse, Jean, Marie)
Né le 28 octobre 1873 à Carnac (Morbihan)
Décédé la 13 novembre 1949 à Paris (Seine)
Député du Morbihan de 1919 à 1924
Sénateur du Morbihan de 1924 à 1941
Sous-secrétaire d'Etat aux ports, à la marine marchande et aux pêches du 16 janvier 1921 au 26 mars 1924
Sous-secrétaire d'Etat à la marine du 2 mars au 13 décembre 1930
Ministre de la marine marchande du 13 septembre 1939 au 16 juin 1940
Membre de la première Assemblée nationale Constituante (Morbihan)
(Voir la première partie de la biographie dans le Dictionnaire des Parlementaires français 1889-1940, tome VIII, p. 2860, 2861)
Né à Carnac (Morbihan), dans une famille de marins bretons, Alphonse Rio fut d’abord un jeune capitaine au long cours (à 24 ans), avant d’occuper des postes dans l’administration maritime et de participer activement à la première guerre mondiale. En 1919, il devient maire de Quiberon et est élu député du Morbihan sur la liste républicaine de centre gauche. Ce républicain socialiste est appelé dès 1921 au gouvernement par le Nantais Aristide Briand et y reste jusqu’en 1924 dans les cabinets du Bloc national présidés par Raymond Poincaré. Lors des élections sénatoriales de 1924, Alphonse Rio rejoint le Palais du Luxembourg où il siège jusqu’à la fin de la Troisième République en juillet 1940. Ce grand notable laïc morbihannais est, au Parlement et dans différentes conférences internationales, un spécialiste des questions maritimes et de la marine marchande. En 1930, il revient brièvement, dans le gouvernement d’André Tardieu, qu’il avait accompagné dans sa mission aux Etats-Unis en 1917, comme sous-secrétaire d’Etat à la marine. Et, le 13 septembre 1939, succédant à son collègue des Côtes-du-Nord Louis de Chappedelaine, Alphonse Rio est nommé ministre de la marine marchande, dans le troisième cabinet d’Edouard Daladier, puis dans le gouvernement Reynaud. Hostile à l’armistice, il n’appartient plus au gouvernement Pétain. Pourtant, le sénateur républicain et radical Alphonse Rio vote les pleins pouvoirs le 10 juillet 1940, comme dix des douze parlementaires de son département présents à Vichy.
Sous l’Occupation, Alphonse Rio se replie à Quiberon, ville appartenant à la poche de Lorient jusqu’au 8 mai 1945, prenant assez rapidement ses distances avec le régime de Vichy qui le surveille. Partisan de la France libre, il encourage les jeunes gens à rejoindre les Forces Françaises libres (FFL) et est favorable à la Résistance qui se développe dans le Morbihan. Enfermé dans la poche de Lorient assiégée par les Américains et les FFI bretons, il utilise ses déplacements pour renseigner les Alliés, mais aussi pour protester contre certains bombardements meurtriers. Ayant été relevé de son inéligibilité par le Comité départemental de Libération du Morbihan, Alphonse Rio, âgé de 72 ans, réélu maire de Quiberon, se présente pour la première fois aux élections cantonales en septembre 1945. Dans ce canton littoral votant pour les radicaux, il prend la relève de Joseph Le Rouzic, conseiller général de 1925 à 1940, ancien maire de Carnac et ancien député du Morbihan (1910-1919). De surcroît, Alphonse Rio préside le Conseil général en 1945-1946. Un mois plus tard, il conduit la liste radicale-socialiste qui rassemble 28 011 suffrages exprimés (11,9 %) et entre à la première Assemblée nationale constituante, à la plus forte moyenne. Mais comme ailleurs en Bretagne, un nouveau rapport de forces s’établit à gauche avec un glissement de l’électorat laïc et radical vers la SFIO et surtout vers le PCF. Le nouveau MRP a obtenu quatre sièges, la SFIO et le PCF un chacun.
Redevenu député, Alphonse Rio appartient à la commission des moyens de communication et des PTT. Il est nommé juré à la Haute Cour de justice. Peut-être est-ce pour cette raison que l’activité parlementaire de l’ancien ministre paraît restreinte. Il intervient à trois reprises, en prenant part, en premier lieu, à la discussion du budget de la marine marchande. Il s’exprime également sur le projet de loi relatif aux effectifs, au recrutement et aux limites d’âge des fonctionnaires. Plus longuement, il intervient dans les débats relatifs au projet de loi portant dévolution des biens d’entreprises de presse. Il propose, à cet égard, huit amendements. En revanche, il ne dépose aucun texte.
Le 2 juin 1946, Alphonse Rio conduit à nouveau la liste alliant le Rassemblement des gauches républicaines (RGR) au parti radical-socialiste mais, avec 24 055 voix seulement (9,3 %), alors que le nombre de votants s’est accru, il n’est pas réélu. Le radicalisme, en cours d’élimination parlementaire en Bretagne, est victime, dans le Morbihan, de la poussée en sièges du MRP (cinq élus) et de la forte progression en voix du PCF. La nouvelle candidature d’Alphonse Rio à l’Assemblée nationale, le 10 novembre 1946, n’obtient que 6 % des voix et confirme cet affaiblissement. De même, en décembre 1946, il échoue dans sa tentative de retour au Palais du Luxembourg comme conseiller de la République. Aux élections municipales de 1947, il soutient à Quiberon son « dauphin » Victor Golvan, un radical militant au RPF, qui lui succède aussi aux élections cantonales de 1949 et devient député RPF du Morbihan de 1951 à 1956.
Quelques jours avant sa mort à son domicile parisien, le 13 novembre 1949, Alphonse Rio, qui avait présidé la Ligue maritime et coloniale (1931), est élu vice-président de l’Académie de Marine.