Alain Signor

1905 - 1970

Informations générales
  • Né le 28 septembre 1905 à Pont-l'abbé (Finistère - France)
  • Décédé le 6 février 1970 à Menton (Alpes-Maritimes - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Finistère
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Finistère
Groupe
Communiste

Biographies

Biographie de la IVe République

SIGNOR (Alain, Pierre, Marie)
Né le 28 septembre 1905 à Pont-L’Abbé (Finistère)
Décédé le 6 février 1970 à Menton (Alpes-Maritimes)

Député du Finistère de 1946 à 1955

Né dans une famille de petits paysans du pays bigouden (Sud-Finistère) installée comme commerçante à Pont-L’Abbé, Alain Signor entre à l’Ecole normale d’instituteurs de Quimper en 1924. Il adhère au syndicat CGTU de l’enseignement, dans lequel l’influence de militants anarcho-syndicalistes comme Josette et Jean Cornec est forte. Fondateur d’un groupe des Jeunesses communistes à Pont-L’Abbé, Alain Signor s’affirme comme l’un des responsables de la région. Après son service militaire (1926-1927), il adhère au PCF en 1927. En 1929, Alain Signor entre au comité régional du PCF et, en 1930, il devient secrétaire départemental, responsabilité confirmée en 1934 lorsque la « région bretonne Finistère-Morbihan » est créée. Alain Signor, l’un des principaux cadres bretons du PCF et l’un des principaux propagandistes finistériens, dirige les délégations de sa « région » aux congrès nationaux de Villeurbanne en 1936 et d’Arles en 1937, et y défend la politique de la « main tendue ». Il entre alors comme suppléant au Comité central. En 1935, il a contribué à recréer un journal communiste régional, La Bretagne Ouvrière, Paysanne et Maritime ; il participe à l’essor du PCF dans le Finistère pendant les luttes du Front populaire. Candidat aux élections législatives d’avril 1936 dans la troisième circonscription de Quimper, il recueille 15,5 % des voix au premier tour, se désistant au second pour Albert Le Bail, député radical-socialiste sortant favorable au Front populaire qui est réélu. Mais dans ce fief électoral des Le Bail, père et fils, la percée communiste, notamment dans les ports de pêche, n’est pas négligeable.
A la déclaration de guerre, Alain Signor, militant connu, alors instituteur à Pont-L’Abbé, est particulièrement visé par la répression anticommuniste. D’abord astreint à résidence dans l’arrondissement de Quimper au 1er octobre 1939, son domicile est perquisitionné ce qui ne l’empêche pas, selon Eugène Kerbaul, de contribuer à la mise en place des premières structures clandestines du Parti dans la région. Il n’a pas été mobilisé pour des raisons de santé (ancien tuberculeux, problèmes cardiaques). Selon ses Souvenirs d’un militant, Alain Signor subit en 1940 de nombreuses pressions de l’inspecteur d’Académie et de la police : demande de condamnation de l’URSS et du pacte germano-soviétique en janvier 1940, suspension de son poste d’instituteur en février et nouvelle perquisition policière le 13 mars 1940. La police cherche à éliminer les cadres qui tentent de réorganiser le PCF et le 25 mars 1940, Alain Signor est arrêté et interné, d’abord à l’île d’Yeu, puis dans le Cantal, au camp de Saint-Augeau. Avec deux autres instituteurs du Finistère, Alain Signor, père de quatre enfants, est révoqué par Vichy, le 28 octobre 1940. Il parvient à s’évader de son lieu de détention et participe à la Résistance en zone sud, où il obtient le grade de lieutenant-colonel. Dans ses professions de foi, il figure comme grand invalide de la Résistance.
Après la Libération, Alain Signor revient dans le Finistère où il joue un rôle important dans la mise en place de la nouvelle direction d’une fédération en plein essor. Membre du secrétariat du Finistère, il est élu au Comité Central du PCF, lors du congrès de 1945. Il occupe également des responsabilités dans Les Cahiers du Communisme. Aux élections législatives de 1946, Alain Signor figure aussi sur les listes du parti communiste du Finistère conduites par Pierre Hervé. Placé en troisième position, il est élu député le 10 novembre 1946, lorsque le PCF à son apogée obtient une moyenne de 27,8 % des voix (3 sièges sur 10). Alain Signor fait partie des 26 membres du Comité central (15 titulaires et 11 suppléants) écartés lors du XIIème Congrès du PCF, en avril 1949. C’est sans doute le résultat de la crise politique qui a frappé sa fédération en 1948-1949, liée à la stalinisation du parti et à la guerre froide. Il participe pourtant à la reprise en main et au durcissement de la ligne. Cette fidélité au Parti explique qu’en juin 1951, c’est Alain Signor qui conduit la liste du PCF dans le Finistère (20,9 % des voix). Il y est réélu député (78 923 voix) avec Gaby Paul. Mais, en janvier 1956, après un nouveau changement de direction fédérale et la dénonciation du sectarisme passé, Alain Signor ne se représente pas à la députation.
Lors des deux législatures, Alain Signor déploie une importante activité parlementaire, siégeant de 1946 à 1951 à la commission de l’agriculture (1946-1947), à la commission de la marine marchande et des pêches (1946-1951) et à la commission de l’éducation nationale (1949-1951). Sous cette première législature de la Quatrième République, Alain Signor dépose neuf propositions de loi, onze propositions de résolution, sept rapports et un rapport supplémentaire. Ces initiatives parlementaires concernent aussi bien les petits agriculteurs bretons (rapporteur de l’extension du statut du fermage et du métayage aux domaniers du domaine congéable en 1947), que les marins et les pêcheurs (la protection de la pêche goémonière en 1950). En 1947, ses rapports ont pour objet l’amélioration de la couverture sociale et des conditions salariales de ces catégories socio-professionnelles (ouvriers agricoles ou chômage partiel pour les ouvrières des usines de conserves). Le député communiste intervient régulièrement dans les débats, notamment sur la guerre d’Indochine, parfois de manière véhémente : le 20 janvier 1950, il proteste contre le fait que la présidente lui a retiré la parole. Arrêté quelques jours avec sa collègue Marie Lambert lors d’incidents violents à Brest, à la suite de grèves en avril 1950 (un ouvrier tué lors d’une manifestation), Alain Signor est condamné à six mois de prison avec sursis. Il n’en poursuit pas moins son travail parlementaire. Ainsi, l’ancien instituteur suit de près les questions de l’école primaire, en défendant, par exemple, en 1949, un projet de loi sur la titularisation des instituteurs et des institutrices intérimaires, ainsi que des améliorations indemnitaires pour les élèves-maîtres et les instituteurs. De 1946 à 1951, le député communiste du Finistère intervient à vingt-neuf reprises en séance publique et défend dix-huit amendements, un sous-amendement et dépose une demande d’interpellation. A une reprise, le 19 août 1947, il remplit les fonctions de rapporteur, à l’occasion de la discussion d’une proposition de loi étendant au domaine congéable le statut du fermage et du métayage.
Réélu en 1951, Alain Signor est tout aussi actif au Palais-Bourbon. Il retrouve la commission de l’éducation nationale pour la durée de la législature (1951-1955). C’est le cas également avec la commission de la marine marchande et des pêches. Son activité de décroît pas, puisqu’il dépose quarante-sept textes : vingt propositions de loi ; vingt-trois propositions de résolution et quatre rapports. Aussitôt après la formation du deuxième gouvernement Pleven, il signe, le 11 juillet 1951, plusieurs textes pour défendre l’école laïque ; il s’oppose vigoureusement à la loi Marie-Barangé permettant de financer l’école confessionnelle. Parallèlement, par ses multiples initiatives parlementaires, il poursuit la défense des intérêts des agriculteurs, des pêcheurs, des goémoniers et des normaliens (droit syndical intégral pour les normaliens supérieurs et les normaliens en formation professionnelle, hausse des bourses et du recrutement en 1952). Il prend ainsi la parole sur vingt-neuf thèmes différents, en séance publique, défendant pas moins de trente-trois amendements, trois amendements indicatifs, au moins quatre sous-amendements et deux rappels au règlement. Il dépose également quatre demandes d’interpellation du gouvernement, suggère une demande de renvoi en commission et deux demandes de disjonction. A l’Assemblée nationale, Alain Signor est le spécialiste du PCF pour les écoles normales d’instituteurs.
En 1956, Alain Signor redevient instituteur à Pont-L’Abbé et passe sa retraite sur la Côte d’Azur pour des raisons de santé, disparaissant à Menton le 6 février 1970. Le militant et le député ont marqué l’histoire du PCF dans le Finistère pendant un demi-siècle.