Jean Silvandre

1896 - 1960

Informations générales
  • Né le 27 janvier 1896 à Schoelcher (Martinique - France)
  • Décédé le 4 février 1960 à Periers (Manche - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Soudan
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Soudan
Groupe
Socialiste

Biographies

Biographie de la IVe République

SILVANDRE (Jean, Chrysostome, Antoine)
Né le 27 janvier 1896 à Schoelcher (Martinique)
Décédé le 4 février 1960 à Périers (Manche)

Député du Soudan de 1946 à 1955

Jean Silvandre est issu d'un milieu martiniquais relativement privilégié : son père est notaire et sa mère institutrice et directrice d'école. Après avoir fréquenté le lycée de Fort-de-France où il passe le baccalauréat (section mathématiques), il s'installe à Paris. Réformé en 1914 pour malformation cardiaque, le jeune homme ne participe pas aux combats de la Grande guerre. Il entre dans l'administration de l'enregistrement comme surnuméraire, le 23 septembre 1914. Nommé, à la même qualité en Afrique occidentale française (AOF), le 22 avril 1916, il est affecté au Gouvernement général, à l'inspection des domaines. Receveur de sixième classe en juin 1917, il sert successivement en Guinée française, au Dahomey, comme séquestre des biens austro-allemands en 1919-1920, en Haute-Volta et enfin au Soudan français, à Bamako, où il est muté pour la première fois, le 20 mai 1922. En 1934, lorsqu'il quitte le service, il a obtenu le grade de receveur de première classe, des douanes et du timbre.
Dans le même temps, Jean Silvandre, qui a suivi des cours de la faculté de droit de Paris, obtient une licence en 1925. Elle lui permet de s'installer en 1934 à Dakar. Il y prend une étude de notaire en 1937, qu'il conserve jusqu'à son décès.
Jean Silvandre a adhéré à la SFIO, peu après le congrès de Tours, à 25 ans. Il contribue au développement d'organisations socialistes en l'Afrique occidentale française (AOF). À Dakar, il est membre du Parti socialiste sénégalais (PSS), fondé en 1936 par Lamine Gueye, Tety et Alibert. Ce parti fusionne avec la fédération SFIO du Sénégal en 1938. Jean Silvandre préside par ailleurs la dynamique Association des Antillais et, à ce titre, est président de la fête du tricentenaire des Antilles de 1936, à Dakar.
Après la défaite de la France, sous la direction du gouverneur général Boisson, l'Afrique occidentale française (AOF) reste fidèle à Vichy. Jean Silvandre, suivant l'exemple de Félix Eboué qui a rallié l'AOF à la France Libre, milite dès 1940 pour le ralliement du Sénégal au général de Gaulle. Il est arrêté lors de la tentative anglo-française de débarquement à Dakar, en septembre de l'année suivante et interné au camp de Louza (Sénégal). Puis, il est envoyé en résistance surveillée au Maroc, où il prend des contacts avec les résistants. Le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord, le 8 novembre 1942, et le ralliement de l'AOF lui permettent de retrouver l'Afrique noire.
Jean Silvandre reprend sa place dans la fédération socialiste du Sénégal. En 1945, il est élu adjoint au maire de Dakar, son camarade Lamine Gueye. Mais le maire de Dakar et Léopold Sédar Senghor étant désignés pour représenter le mouvement socialiste au Sénégal, Jean Silvandre se présente à la première Assemblée constituante, dans le premier collège, au Soudan Niger voisin. Le vote se fait au scrutin majoritaire à deux tours, les 21 octobre et 4 novembre 1945. Avec 632 voix au premier tour, sur 3 243 inscrits et 2 478 votants, il arrive en deuxième position au premier tour, mais est battu nettement au second tour par Maurice Kaouza (1375 voix contre 912).
Pour l'élection de la deuxième Assemblée constituante, les 2 et 16 juin 1946, Jean Silvandre, toujours candidat SFIO dans l'ensemble Soudan Niger, est battu de justesse au deuxième tour, obtenant 1 128 suffrages contre 1 193 au candidat MRP, Robert Lattès. Par contre, son camarade Fily Dabo Sissoko est élu dans le collège des non-citoyens. Ensemble, ils fondent le Parti progressiste soudanais (PPS), qui entend combattre pour l'émancipation africaine et la libre association avec la France. Le parti revendique une entière autonomie par rapport aux partis métropolitains, mais tous ses élus au Parlement s'inscrivent par la suite au groupe parlementaire du PS-SFIO. Avec Sissoko, ils s'opposent au Rassemblement démocratique africain (RDA), dès le congrès de Bamako en octobre 1946. Ils entraînent leur parti dans la lutte anti-RDA et le PPS l'emporte nettement au Soudan jusqu'en 1952.
Le collège unique étant établi pour le Soudan à l'occasion de la première législature de la Quatrième République, Fily Dabo Sissoko, Jean Silvandre et Sali Ibrahim sont candidats sur la liste du Parti progressiste soudanais. Elle recueille 60 759 suffrages sur 160 464 inscrits et 94 803 exprimés. Jean Silvandre et Fily Dabo Sissoko sont élus. Jean Silvandre se montre très vite un parlementaire actif, dans l'orbite de Lamine Gueye. Il est nommé secrétaire de l'Assemblée le 3 décembre 1946 et reconduit à cette fonction en 1947 et 1948. Il entre à la commission des territoires d'outre mer (1946-1951). Il en est le vice-président la première année. Cet aréopage le charge de nombreux rapports sur des textes présentés par ses collègues et le désigne pour représenter l'Assemblée au Comité directeur du Fonds d’investissement pour le développement économique et social d’Outre-mer (FIDES), le 8 juillet 1949 et le 21 février 1951. Il est aussi désigné à la commission de la marine marchande et des pêches (1946-1947) et à la commission de la justice et de législation (1947-1951). En octobre 1947, Jean Silvandre préside la délégation française du Bureau international du travail en Inde. L'année suivante, il entre à la commission du travail et de la sécurité sociale ; il y demeure une année. Il est, par ailleurs, nommé membre de la commission chargée de proposer des mesures de grâce amnistiante en Algérie, le 17 février 1951. Il est nommé juré à la Haute Cour de justice, le 1er juin 1948. Sous cette législature, il dépose dix-sept rapports, deux propositions de loi et une proposition de résolution. Il fait quarante-quatre interventions à la tribune, défend douze amendements. Il remplit les fonctions de rapporteur à sept reprises au cours de la législature, ce qui en fait un parlementaire particulièrement actif. A titre d’exemple, le 9 août 1947, dans le débat sur le statut des chefs indigènes, il apporte un hommage vibrant à ceux qui constituent la clientèle du PPS, en affirmant que " quelques brebis galeuses ne compromettent pas le troupeau. Il convient de rendre hommage aux chefs de canton et à tous les chefs en général ".
En septembre 1948, Jean Silvandre, comme la plupart des élus africains, demande de suspension des poursuites contre les députés malgaches. Mais le groupe socialiste empêche le débat en s'abstenant. Jean Silvandre fait alors partie des huit députés qui démissionnent du groupe socialiste (avec Philip, Rivet, Lamine Guye, Pouyet, Rabier, Eugène Reeb et Tanguy Prigent). Mais, il ne maintient pas cette décision qui vise à montrer sa solidarité avec Lamine Gueye, avocat des députés malgaches.
La préparation des législatives du 17 juin 1951 agite le Parti progressiste soudanais où la candidature Silvandre est discutée. De jeunes progressistes observent qu'il a peu d'attaches avec le Soudan et que son gendre, M. Bordier, est alors chef adjoint du cabinet du Haut Commissaire. Sa désignation fait un temps courir le risque d'une scission du jeune parti, mais Sissoko et la SFIO l'imposent. Sa fidélité au mouvement socialiste français et les questions de financement de la campagne jouent un rôle dans la décision. Silvandre, l'instituteur Hammadoun Dicko et Fily Dabo Sissoko, toujours têtes de liste, font campagne pour la défense de l'Union française. Dans leur profession de foi, ils préconisent " une franche collaboration entre tous les éléments de la population soudanaise, blancs et noirs, métropolitains comme autochtones, dont le devoir impérieux est d'oeuvrer dans ce pays en parfaite entente pour la réalisation intégrale de la Constitution qui fait du Soudan, ne l'oublions pas, une partie intégrante de la République française au même titre que les départements de la Seine, d'Alsace ou la Bretagne ". Le collège électoral a triplé : la liste du PPS obtient 201 866 suffrages sur 916 944 inscrits et 337 989 exprimés et emporte trois des quatre sièges du territoire. Jean Silvandre entre à l'Assemblée avec Sissoko et Dicko.
Il siège à la commission de la justice et de législation (1951-1955) et à la commission des territoires d'Outre-mer (1951-1955), commission dont il est le vice-président entre 1951 et 1952. Il est désigné par cette commission pour faire partie de la sous-commission chargée de suivre et d’apprécier la mise en œuvre de la Convention de coopération économique européenne et du programme de relèvement européen (21 septembre 1951). Il est encore membre suppléant, chargé de représenter les territoires d'Outre mer à l'Assemblée consultative prévue par le statut du Conseil de l'Europe, de 1951 à 1955. Il fait partie de la commission chargée de proposer des mesures de grâce amnistiante en Algérie, le 18 décembre 1951. A partir du 29 juin 1954, il représente l’Assemblée nationale au sein de la commission chargée de donner son avis sur les modalités d’application du code de la santé publique, concernant la pharmacie, applicables aux territoires d’Outre-mer, au Togo et au Cameroun. Entre-temps, le 28 août 1951, il est membre de la commission d’instruction de la Haute Cour de justice.
Durant ce qui est son dernier mandat, Jean Silvandre dépose deux propositions de loi, quinze rapports, un rapport supplémentaire et un avis. Son activité en séance est soutenue : il prend la parole à quarante-sept reprises, en défendant quarante amendements, deux sous-amendements et huit amendements indicatifs, dépose trois demandes d’interpellation, une motion préjudicielle et quatre articles additionnels. Il est rapporteur à deux reprises : du projet de loi relatif à l’amnistie dans les territoires d’Outre-mer (26 juillet 1955) ; du projet de loi relatif à l’amnistie pour certaines infractions commises en Tunisie (23 novembre 1955). Il est également rapporteur suppléant d’une proposition de loi relative à la réorganisation municipale dans les territoires d’Outre-mer (15 octobre 1955).
Jean Silvandre décède d'une "longue et pénible maladie", le 4 février 1960. Ses obsèques religieuses sont célébrées le 6 février 1960 à Périers (Manche).
Décoré de la croix de guerre 1939-1945 avec palme, médaillé de la Résistance, Silvandre a été élevé au grade de chevalier de la Légion d'honneur au titre de la défense nationale pour faits de Résistance, chevalier de l'ordre du Bénin et de l'ordre de la Grande Comores.