Jean Bernard
1912 - 1995
BERNARD (Jean)
Né le 12 octobre 1912 à Plan (Isère)
Décédé le 16 avril 1995 à Plan
Député de l’Isère de 1962 à 1967
Originaire d’une famille d’agriculteurs, Jean Bernard devient exploitant agricole au terme de ses études secondaires. Son engagement politique débute à la Libération. En 1945, il devient maire de Plan, son village natal gros d’une centaine d’habitants, puis conseiller général du canton de Saint-Etienne de Saint-Geoirs, où il est élu en 1951, puis réélu en 1958.
Jean Bernard se présente aux élections législatives de 1958. Marié et père de neuf enfants, il est le candidat d’Action paysanne familiale et sociale, investi par le Mouvement républicain populaire (MRP) dans la sixième circonscription de l’Isère. Dans un scrutin qui voit s’affronter neuf candidats, il se classe en troisième position avec 5 560 voix, soit 15,1 % des suffrages exprimés, derrière le communiste André Ferréol qui réunit 6 295 voix (17,1 %), le représentant du Centre national des indépendants paysans et républicains nationaux, Raymond Bouillol, qui recueille 7 641 voix et le candidat modéré de l’Union démocratique et progrès social René Bisch 5 175 voix. Le candidat de la SFIO Victor Goudard obtient 3 708 voix, le radical socialiste Louis Montagnat, candidat républicain-paysan, 4 887 voix, le député poujadiste Joannès Ruf 1 834 voix, le maire de la Verpillière Jean Blein, soutenu par l’Union pour la nouvelle République (UNR), 1 686 voix. Au second tour, trois candidats restent en lice. Raymond Bouillol remporte 20 380 voix, soit 54,9 % des suffrages exprimés, Louis Montagnat 23,1 % et André Ferréol 21,9 %.
En 1962, Jean Bernard se présente à nouveau pour défendre la liberté et la démocratie, mais aussi les campagnes et l’agriculture. Il affronte cinq candidats, dont le député sortant. A l’issue du premier tour, les électeurs le placent en deuxième position en lui accordant 6 859 voix, soit 21,7 % des suffrages exprimés, devant le gaulliste Marcel Diamant-Berger (6 391 voix) et le sortant Raymond Bouillol (6 139 voix), mais derrière le candidat communiste Roger Coste (8 294 voix). Suivent le candidat de la SFIO Jean Marcel, avec 3 122 voix et le candidat du Front national populaire Gérard Brun, 833 voix. Au second tour, Jean Bernard se présente comme candidat d’union « pour l’intérêt national » face au candidat communiste. Il est confortablement élu avec 53,8 % des suffrages contre 38,4 % à Roger Coste, et 7,8 % au député sortant qui s’est maintenu.
A son arrivée au Palais-Bourbon, le député de l’Isère s’inscrit au groupe du Centre démocratique. Il est nommé membre de la commission de la production et des échanges de 1962 à 1964. Il en démissionne pour devenir membre de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République de 1964 à 1967. Il dépose, le 16 avril 1964, une proposition de loi tendant à rendre le vote obligatoire, mais ses interventions à la tribune restent limitées. Lors de l’examen du budget de 1964, il interpelle le ministre de l’Agriculture sur la situation des communes rurales : « Si toutes nos communes de montagne sont désertées par tous les éléments jeunes de leur population, c'est bien parce que le gouvernement français ne fait pas l'effort nécessaire pour les y maintenir et qu'il ne fait pas tout son devoir » (4 novembre 1963). Il demande, l’année suivante, également lors de l’examen du budget de 1965, l’instauration de taxes spécifiques sur la presse pornographique, « presse malsaine, cette presse qui a toujours déprimé l’esprit des jeunes, qui quelquefois déprime l'intelligence et attaque la moralité de tous les jeunes, filles et garçons. Et l’on se plaint ensuite de ceux que l’on appelle, dans toutes les villes de France, les "blousons noirs" » (5 novembre 1964). Dans la même intervention, il critique les dépenses excessives de l’Assemblée nationale en matière de chauffage et la réduction des subventions aux petites communes : « Comme les villes, nos communes rurales méritent la bienveillance du gouvernement ; elles font partie intégrante de la nation. Je veux espérer que vous ne resterez pas insensible, monsieur le ministre à ces considérations, non pas par indulgence mais pour la justice, car nous avons le droit de vivre en France sans être contraints d’habiter des villes de cinq cent mille ou de cent mille habitants. » Lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1966, il intervient à nouveau sur les questions agricoles, rappelant notamment que l’agriculture fait « travailler l’industrie » (28 octobre 1965).
Lors des scrutins d’importance, Jean Bernard se démarque nettement de la majorité gaulliste. S’il vote en faveur de la ratification du traité de l’Elysée (13 juin 1963) sur la coopération avec la RFA, le député de l'Isère refuse d’accorder son suffrage à l’obligation du préavis de cinq jours dans les grèves des services publics (26 juillet 1963), à la modification de la Constitution révisant les dates des sessions parlementaires (20 décembre 1963) et enfin aux réformes du mode d’élection des conseillers municipaux (17 juin 1964) et du service national (26 mai 1965).
Le député sortant décide de ne pas se représenter en 1967, ce qui permet l’élection du communiste Roger Coste. Après les événements de mai 1968, il est à nouveau candidat sous l’étiquette Progrès et démocratie moderne (PDM), mais ne recueille que 5 617 voix soit 13,2 % des suffrages exprimés contre 13 271 voix au député communiste sortant Roger Coste et 18 530 voix soit 43,6 % des suffrages pour le candidat des Républicains indépendants Jean Boyer, finalement élu lors du duel du second tour par 57,1 % des suffrages. Il devançait cependant le candidat de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) Jean Lacharme (3 081 voix) et celui du candidat du Parti socialiste unifié (PSU) George Videcocq (1 941 voix).
Jean Bernard s’éteint à 82 ans dans son village natal, le 16 avril 1995. Il était officier du Mérite agricole et chevalier du Mérite civil.