Jean-Claude Simon
1932 - 1976
SIMON (Jean-Claude)
Né le 11 avril 1932 à Brioude (Haute-Loire)
Décédé le 19 août 1976 à Saugues (Haute-Loire)
Député de la Haute-Loire de 1973 à 1976
Né dans le sud de l’Auvergne d’un père chirurgien-dentiste, Jean-Claude Simon reste fidèle à sa région d’origine pendant toute son existence. Après avoir poursuivi des études de médecine à la faculté de Clermont-Ferrand, il travaille comme externe des hôpitaux de la capitale auvergnate. Il regagne ensuite la Haute-Loire pour y exercer à partir de 1957 comme médecin généraliste dans la petite ville de Saugues, au cœur du Gévaudan. L’estime de ses nouveaux concitoyens lui permet d’entrer au conseil municipal dès 1959. Deux ans plus tard, le souci de servir la chose publique le pousse à se présenter aux élections cantonales. Cette tentative est couronnée de succès, et le docteur Simon entre au Conseil général de la Haute-Loire. Il n’est alors âgé que de 29 ans. Porté à la vice-présidence de l’Assemblée départementale en 1964, il devient maire de Saugues l’année suivante.
Jean-Claude Simon entend exercer son mandat édilitaire dans un esprit de dialogue. C’est à cette fin qu’il entreprend de consulter régulièrement ses administrés sur des questions d’intérêt local : les habitants de Saugues sont dès lors associés à une politique d’équipement qui doit permettre de dynamiser leur ville, et consultés sur le niveau des impôts locaux. Le docteur Simon crée en outre une radio municipale, sur les ondes de laquelle alternent émissions, informations et musique. Son action lui vaut de recevoir le titre de « maire de l’année » décerné par une émission de radio en 1975.
Modéré, le maire de Saugues est très tôt sensible au discours de centristes comme Jean Lecanuet ou Jacques Duhamel. Ces derniers s’opposent au général de Gaulle et au Premier ministre Georges Pompidou au nom du projet européen, de la solidarité du monde libre et d’une lecture plus parlementaire de la Constitution. Jean-Claude Simon décide de se présenter au nom du Centre démocrate aux élections législatives de mars 1967 dans la 2e circonscription de la Haute-Loire. Il rassemble 11 515 voix au premier tour de scrutin, soit 23% des suffrages exprimés. Plébiscité dans son canton de Saugues (68,1%), il arrive également en tête dans les cantons ruraux de Loudes (25,7%) et de Pinols (30,7%). Le docteur Simon est devancé par le sortant UD-Vème République Marcel Raffier et par le candidat de la FGDS René Chazelle dans le reste de la circonscription, mais refuse de se désister. Son maintien au second tour n’est pas désavoué par les électeurs, puisque 12 459 d’entre eux lui apportent leur confiance le 12 mars 1967 (23,5% des voix). La triangulaire provoquée par Jean-Claude Simon permet l’élection du socialiste René Chazelle, magistrat de profession et conseiller général. En juin 1968, le maire de Saugues ne renouvelle pas l’aventure d’une campagne législative. Le gaulliste Marcel Raffier échoue à reprendre le siège de député à René Chazelle à cette occasion, dans un contexte pourtant favorable à la majorité, après les événements de mai 1968.
A l’inverse de Jean Lecanuet qui demeure dans l’opposition jusqu’en 1974, des centristes comme René Pleven font le choix de se rallier à Georges Pompidou en 1969. Jean-Claude Simon suit une évolution semblable, qui rejoint les Républicains indépendants de Valéry Giscard d’Estaing, ministre des finances de 1969 à 1974 et élu du Puy-de-Dôme. Il obtient l’investiture de cette formation politique pour les élections législatives de mars 1973. Le docteur Simon se présente aux électeurs de la deuxième circonscription de Haute-Loire comme un homme de terrain. Il estime dans sa proposition de foi qu’un « député doit avant tout se consacrer entièrement à son département » et s’en prend à une Union de la gauche qui ne représente à ses yeux que « l’aventure ». Les voix modérées lui sont disputées en particulier par l’UDR Adrien Gouteyron, professeur agrégé et chargé de mission au cabinet du ministre de l’éducation nationale Olivier Guichard. Quoiqu’il rassemble 30,7% des suffrages exprimés au premier tour de scrutin, le docteur Simon est devancé par le sortant socialiste René Chazelle dans l’ensemble des cantons, hors celui de Saugues. Il lui faut compter sur un parfait report des voix des gaullistes et des Réformateurs pour l’emporter. Malgré une hausse de la participation qui favorise son adversaire et une poussée de la gauche au niveau national, Jean-Claude Simon conquiert le siège de député de la 2ème circonscription de la Haute-Loire au second tour. Le 11 mars 1973, il est élu avec 112 voix d’avance sur son adversaire René Chazelle.
Il s’inscrit au groupe des Républicains indépendants et siège à la Commission de la production et des échanges de l’Assemblée nationale. Il se familiarise avec les usages parlementaires et les rythmes du travail législatif au cours de sa première année de mandat, mais intervient à cinq reprises dans l’hémicycle dès 1973. Le 22 juin 1973, lors de l’examen de sa question orale sans débat sur les difficultés de l’adoption, il s’interroge devant ses collègues sur la contradiction qui existe entre le souci de faciliter les adoptions et l’aménagement des textes relatifs à l’interruption volontaire de grossesse. Il ne figure pourtant pas au rang des défenseurs inflexibles du « droit à la vie » contre la légalisation de l’avortement. Comme de nombreux autres députés, médecins de profession, il approuve en effet la loi sur l’interruption volontaire de grossesse en décembre 1974. Jean-Claude Simon préside aux travaux de l’Intergroupe parlementaire sur l’eau à partir de décembre 1973 : l’objectif en est d’apporter des solutions aux problèmes de production, de consommation et de pollution.
Le député de la Haute-Loire s’affirme peu à peu comme un parlementaire très actif et aborde en priorité des sujets intéressant le monde rural ou les questions sociales dans ses interventions. Il insiste par exemple sur la nécessité d’une loi en faveur des veuves civiles (9 octobre 1974), afin que leurs droits soient mieux établis. Convaincu de la nécessité de revitaliser les « bourgs centres ruraux » (30 avril 1975), il voit dans la décentralisation industrielle et l’implantation d’usines à la campagne un des moyens de cette politique. A l’automne 1974, Jean-Claude Simon est désigné comme rapporteur pour avis du budget du Commerce et de l’artisanat pour 1975. Il assure également ces responsabilités pour le budget 1976.
Son approbation de l’action du président Giscard d’Estaing - élu au printemps 1974 - ne va pas jusqu’au soutien inconditionnel, même s’il vote en faveur de la loi portant réforme du divorce, en juin 1975, par exemple. Membre du bureau politique de la Fédération des républicains indépendants dont il est délégué national au développement rural, il critique l’absence d’une politique globale d’équipement et d’aménagement des campagnes françaises à l’occasion de la discussion du budget pour 1976, le 5 novembre 1975. Le maire de Saugues justifie sa liberté de ton et d’appréciation en citant Ivan Tourgueniev, pour qui « seuls ceux qui aiment avaient le droit de blâmer ». Il vote néanmoins le budget 1976.
Membre du groupe d’amitié France-Israël de l’Assemblée nationale et de l’Association parlementaire Europe-Afrique, Jean-Claude Simon occupe en outre la vice-présidence de l’intergroupe sur la réforme de l’entreprise sous la 5ème législature de la Vème République. Face à la montée du chômage, il dénonce les abus commis au détriment de la collectivité par ceux qui ne souhaitent pas vraiment retrouver un emploi (23 juin 1976). Il entend empêcher que soit créée « une sorte d’entreprise du chômage, où l’on s’embaucherait comme on le ferait dans une autre entreprise ». Cette déclaration provoque l’indignation de l’opposition de gauche.
Président du Conseil général de la Haute-Loire depuis octobre 1973, et parlementaire très actif, Jean-Claude Simon semble à l’orée d’une brillante carrière politique lorsqu’il disparaît, âgé d’à peine 44 ans. Le 19 août 1976, il prend place avec deux autres personnes à bord d’un canoë pour naviguer sur le plan d’eau récemment aménagé dans sa commune de Saugues. Après que l’embarcation a chaviré, le docteur Simon tente de porter secours à un de ses compagnons. Tous deux perdent la vie dans ce drame. La population de Saugues rend un hommage ému à son maire lors de ses obsèques, quelques jours plus tard.
Le 5 octobre 1976, à la reprise de la session parlementaire, le président de l’Assemblée nationale Edgar Faure prononce l’éloge funèbre de Jean-Claude Simon. Il y salue la mémoire d’« un novateur » et d’« un précurseur » attaché néanmoins à la recherche de solutions de consensus dans l’exercice de ses responsabilités électives.